Bulletin écologique du Maghreb du 15/11/2019

Vendredi 15 Novembre 2019

Tunis - Entre 35 et 40 % des quantités d'eau distribuées par la Société Tunisienne d'exploitation et de distribution des eaux sont perdues dans des fuites de canalisations, selon Menana Zitouni, coordinatrice du programme Dynamique autour de l'eau "Water Dynamic".
Bulletin écologique du Maghreb du 15/11/2019
Il s'agit d'un gaspillage énorme dans un pays qui vit, "depuis 25 années en situation de pénurie d'eau absolue avec moins de 377 m3 par habitant par an", a précisé la responsable de "Water Dynamic", une plateforme qui milite en faveur du droit d'accès à l'eau, en marge du deuxième salon de l'eau "Water Expo", organisé récemment à Tunis.

Elle a ajouté que la gouvernance de l'eau semble être le problème majeur derrière les crises et les pénuries en cette ressource vitale en Tunisie, soulignant que "si on travaille sur la réhabilitation du réseau de la SONEDE, on évitera le recours à d'autres alternatives coûteuses et on fera des économies d'eau considérables".

"Le réseau national de distribution des eaux a une durée de vie. Il est très ancien et il est temps de le réhabiliter même s'il s'agit d'un grand chantier à entreprendre", a-t-elle insisté.

D'après elle, "intervenir sur les canalisations vétustes, pourrait aussi aider à économiser de l'argent. Car, il faut aussi tenir compte de l'argent que dépense la SONEDE pour dédommager les citoyens en cas de pannes".

Dans ce sens, elle a plaidé aussi pour l'application de la carte agricole et le changement des techniques d'irrigation afin de les adapter à la nouvelle donne des changements climatiques et à la hausse des températures.

En exemple d'agriculture inadaptée au climat, l'activiste a cité les cultures maraîchères pratiquées à Gafsa, une région qui souffre le plus de la rareté des ressources en eau en Tunisie.

"On travaille actuellement sur un projet d'atelier pour mettre en place l'Assise de la société civile sur l'eau et une charte de l'eau", a-t-elle dit.

La deuxième édition de "Water Expo" a été organisée, cette année, par la société "Art des événements" en collaboration avec le réseau "Eveillé pour notre environnement".

-. L'eau pluviale se perd et se heurte à des sols imperméables, donc elle ne sera pas d'un grand apport pour la recharge des nappes phréatiques en Tunisie, pays menacé, pourtant, par la pauvreté hydrique et les impacts irréversibles des changements climatiques, a fait savoir l'universitaire et experte tunisienne en gestion des ressources en eau, Raoudha Gafrej.

"Cette ressource cruciale pour la vie et le développement économique, n'est pas bien gérée et ne sera pas toujours disponible sans une bonne gouvernance des écosystèmes et des infrastructures hydriques", a-t-elle expliqué dans des déclarations à la presse.

Elle Gafrej a estimé impératif d'agir et de trouver une solution à travers le changement des comportement et de la manière de gérer cette denrée vitale.

Elle a relevé que même avec la construction de barrages et les projets de dessalement, "nous aurons moins d'eau en 2030 parce qu'on perd plus d'eau que l'on en retient".

Les ressources en eau perdues dans les fuites de canalisations sont estimées à 150 millions m3, des ressources de loin plus élevées que celles prévues par le dessalement (30 à 40 millions de m3), a-t-elle révélé.

"Si on réhabilite les systèmes de distribution, on peut faire des économies de 86 millions de m3, soit beaucoup plus de ressources obtenues à travers les traitements coûteux du dessalement", a insisté l'universitaire.

Elle prévient, par ailleurs, que la Tunisie devrait agir, car cela relève de sa sécurité alimentaire et de la stabilité économique du pays.

"Dans un pays pauvre en eau, il faut revoir l'allocation de cette ressource", a-t-elle déclaré, plaidant en faveur d'une réduction des pertes dans les réseaux (systèmes d'eau intelligents et comptage de l'eau), pour une réduction des pertes liées au gaspillage alimentaire et une révision de la tarification de l'eau.

En somme, l'experte a appelé à opter pour un nouveau modèle de gouvernance de l'ensemble des ressources en eau et le partage de la connaissance des enjeux environnementaux afin de faire évoluer la demande sociale vers des formes urbaines intégrant mieux les objectifs du Code des eaux.

Toujours selon elle, il faut adopter une politique coordonnée d'aménagement du territoire entre la planification spatiale et la gestion de l'eau et intégrer la connaissance des enjeux sur l'eau dans les procédures d'urbanisme.



Source : https://www.maafrique.com/Bulletin-ecologique-du-M...

MAP