Avec sa fondation, le milliardaire nigérian Tony Elumelu veut "institutionnaliser la chance"

Samedi 27 Janvier 2018

Davos (Suisse) - Venu à Davos pour plaider en faveur des entrepreneurs africains, le patron-philanthrope nigérian Tony Elumelu, veut avec la fondation qu'il a créée encourager les vocations en "institutionnalisant la chance", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Je suis conscient d'être arrivé là où je suis grâce à un travail acharné, à mes capacités, mais aussi à la chance", dit cet homme d'affaires de 54 ans, patron de l'une des principales banques du continent, United bank of Africa, lors d'un entretien en marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse.
"Beaucoup de gens en Afrique meurent avec leurs idées, parce qu'ils n'ont jamais eu la possibilité d'en faire quelque chose", poursuit-t-il, installé à une table dans le hall de l'hôtel Hilton bourdonnant de conversations.

"J'ai donc décidé d'institutionnaliser la chance (...)n pour que ceux qui ont une idée puisse avoir l'opportunité de tenter l'aventure".

En 2015, il a créé une fondation à son nom pour financer des projets de créations d'entreprises "d'hommes ou femmes" venus des quatre coins du continent. Doté de 100 millions de dollars sur 10 ans, le programme affiche l'ambition de soutenir 10.000 entrepreneurs et de créer "un million d'emplois".

A Davos, Tony Elumelu a croisé la chancelière allemande Angela Merkel. Vendredi, il était au côté d'autres patrons pour évoquer l'univers des start-ups.

Pour lui, la philanthropie fait partie de la culture africaine. "Les gens se soutiennent mutuellement, cela a toujours été ainsi. Ce qui est nouveau aujourd'hui c'est que cela se structure davantage".
Mais il ne s'agit pas selon lui de se substituer aux gouvernements.

"L'apparition (en Afrique) de philanthropes qui veulent apporter leur contribution n'est pas liée à un échec de l'Etat, mais au fait que les Etats seuls n'ont pas les ressources nécessaires pour tout faire".
L'homme d'affaires plaide par ailleurs pour une aide internationale mieux pensée.

"L'Afrique a besoin d'investissements, pas nécessairement d'aide. L'Afrique a besoin d'investissements dans l'éducation, dans la santé, dans les infrastructures, ce qui aidera à produire une richesse sociale pour tous".

"Il y a des situations d'urgence, qui réclament des interventions (extérieures) mais au delà nous devons recourir au secteur privé pour résoudre les problèmes", estime-t-il.

Habitué de Davos depuis quelques années, il assure tenter de convaincre ses homologues du monde des affaires que le monde doit regarder l'Afrique d'un oeil nouveau.

"Et la bonne nouvelle, c'est que le monde commence à écouter", conclut-il.

AFP