Audience accordée aux représentants de la communauté catholique sénégalaise : L’ouverture marocaine

Lundi 18 Mars 2013

Audience accordée aux représentants de la communauté catholique sénégalaise : L’ouverture marocaine

Le Maroc culturel et religieux se définit de plus en plus dans la diversité, la tolérance et la reconnaissance de l’autre tout en préservant les invariables de l’identité nationale. En offrant audience aux représentants des familles et communautés religieuses sénégalaises, le Roi Mohamed VI a tenu à rappeler au monde ces valeurs qui font aujourd’hui ce Maroc aspirant à parachever son projet moderniste. 

En effet, ce 16 mars 2013, le souverain marocain a reçu les chefs religieux des confréries, tidjane, mouride, layène et khadre du Sénégal. Cette audience s’inscrit tout à fait dans la logique des choses si l’on tient compte du statut du Roi en tant que commandeur des croyants et chef religieux mais aussi du lien spirituel séculaire existant entre les communautés musulmanes marocaines et sénégalaises. Toutefois, la solidité de ce lien spirituel ne saurait faire oublier que la relation entre les deux peuples concerne ses différentes composantes, y compris celles d’obédience religieuse différente.

C’est dans ce cadre que le roi a accordé une audience aux représentants de la communauté catholique sénégalaise. Cet évènement est en lui-même riche d’enseignements. Il témoigne d’un Maroc dont la manière de comprendre et d’exercer la religion n’est nullement celle de l’exclusion et du refus de l’autre. L’Islam  est en effet celui qui reconnaît la diversité de la composition sociale et qui en fait un élément de solidarité sociale qui cimente l’effort des différents cultes pour le bien de la société entière.

L’évènement est également porteur d’une dimension politique fondamentale. Elle a, à notre avis, pour objet d’adresser une lettre au peuple sénégalais. Celle-ci est d’abord un moyen de le féliciter de la convivialité et de la coexistence qui depuis toujours marque la relation entre les communautés religieuses à l’intérieur du pays. C’est une manière de présenter le Sénégal comme modèle à certains de ses voisins qui peinent à sortir des interprétations réductrices des préceptes de la religion. C’est aussi une façon de confirmer le lien d’amitié existant entre le peuple marocain et celui sénégalais dans le respect réciproque des croyances de leurs différentes composantes.

Sur ce point, il y a  lieu de rappeler le climat de tranquillité et de paix dans lequel les Tijanis sénégalais effectuent leur pèlerinage au mausolée de Cheikh Sidi Ahmed Tijani à Fès. Ces pèlerins appartiennent désormais corps et âme à cette ville millénaire. Ensuite, il y a lieu aussi de rappeler que la tolérance religieuse et la reconnaissance de l’unité dans la diversité font partie de la politique culturelle et cultuelle marocaine et de l’esprit de coexistence ancré chez les marocains. Dernièrement, le roi avait adressé un message à la communauté juive marocaine à l’occasion de l’inauguration, en février dernier, de la synagogue Slat Alfassiyine au centre de la ville de Fès. Le message royal a surtout salué la richesse et la diversité des composantes spirituelles du Maroc. Le message fut lu par le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, chef du parti islamiste au pouvoir. En recevant sur un pied d’égalité les représentants des musulmans et les représentants de la communauté catholique sénégalaise, le roi du Maroc semble vouloir renvoyer le même message au peuple sénégalais.

Abderrahmane HADDAD
Enseignant Chercheur


Abderrahmane HADDAD