Au Nigeria, les autorités annoncent la libération de plusieurs lycéennes enlevées par Boko Haram

Jeudi 22 Février 2018

Les autorités de l’Etat de Yobe, dans le nord-est du Nigeria, ont annoncé la libération de plusieurs lycéennes parmi les dizaines de jeunes filles disparues à la suite d’une attaque de Boko Haram contre une école, lundi 19 février. Abdullahi Bego, porte-parole du gouverneur de l’Etat de Yobe, a affirmé que « certaines » des lycéennes manquantes avaient été secourues et prises en charge par l’armée. Il n’a pas précisé le nombre de lycéennes retrouvées ni les circonstances dans lesquelles elles avaient « été libérées des terroristes qui les avaient enlevées ».


Ce rapt a ravivé la crainte d’un « nouveau Chibok », du nom de la ville de l’Etat voisin du Borno où Boko Haram avait enlevé 276 élèves d’un internat en avril 2014, provoquant une vague d’indignation mondiale. Cinquante-sept des lycéennes étaient parvenues à s’enfuir rapidement et, depuis mai 2017, 107 autres se sont évadées ou ont été libérés en vertu d’un accord passé entre le gouvernement et Boko Haram.

Turbans noirs, blancs et rouges

Lundi, selon des témoignages d’habitants, les insurgés du groupe jihadiste nigérian, lourdement arm  és, ont attaqué le village de Dapchi, tirant en l’air et faisant exploser  des grenades. Les assaillants « sont restés moins d’une heure », raconte Muhammad Kabo, un vendeur de thé, qui affirme avoir  vu « environ neuf véhicules » se diriger  vers l’école. Un peu plus tard, « j’ai entendu les filles crier  dans un camion et il était clair qu’ils en avaient enlevé certaines », a-t-il ajouté. Safai Maimagani, autre résident de Dapchi, explique qu’« un groupe de combattants, habillés avec des uniformes de l’armée et des turbans noirs, blancs et rouges, ont demandé à un vendeur de rue de les conduire  jusqu’à l’école. »

Les circonstances de l’attaque et même le nombre de filles enlevées restent très flous, étant donné que la plupart des enseignants et élèves de ce pensionnat de plusieurs centaines de lits ont fui dans l’obscurité à travers la brousse pour échapper  aux jihadistes en entendant des coups de feu. Une délégation du gouvernement fédéral conduite par le ministre nigérian de la défense  était attendue jeudi à Dapchi.

Un véhicule tombé en panne

Inuwa Mohammed, dont la fille de 16 ans, Falmata, est portée disparue, confie qu’il éprouve « un sentiment mitigé d’espoir et d’appréhension »« Nous ne savons pas combien de nos filles ont été retrouvées et aucun parent n’est sûr que sa fille soit parmi elles, déclare-t-il à l’AFP. Nous attendons simplement que les filles soient amenées pour être  identifiées physiquement par les parents. » Un autre proche, Abubakar Shehu, ne veut pas non plus se réjouir  trop vite : « Je prie juste pour que ma nièce soit parmi celles qui ont été secourues. »
Une source militaire basée à Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, a déclaré à l’AFP que les filles de Dapchi avaient été retrouvées « à la frontière entre les Etats de Yobe et Borno »« Les filles ont été abandonnées avec un véhicule. Il était tombé en panne et les terroristes ont paniqué parce qu’ils étaient pourchassés par les soldats, a ajouté cette source.

Le président Muhammadu Buhari a ordonné mercredi soir à l’armée de « prendre immédiatement les choses en main ». Si les jeunes filles ne sont pas retrouvées rapidement, ce sera un coup dur pour le président élu en 2015 sur la promesse de mettre  fin à l’insurrection de Boko Haram. Le groupe djihadiste, dont le nom signifie « l’éducation occidentale est un péché », mène depuis 2009 une insurrection sanglante dans le nord-est du Nigeria ayant fait plus de 20 000 morts et 2,6 millions de déplacés.


Aisha, 14 ans, ancienne otage de Boko Haram, à Maiduguri, au Nigeria, en septembre 2017.
Aisha, 14 ans, ancienne otage de Boko Haram, à Maiduguri, au Nigeria, en septembre 2017. Crédits : ADAM FERGUSON / REUTERS

Source : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/02/21/n...