Alinfini: Quand fashion rime avec écologie

Jeudi 2 Février 2017

Rabat - "Joindre l'utile à l'agréable", adage certes très connu mais qui prend toute sa signification et son ampleur quand il s’agit de recyclage qui est déjà une action géniale. Autrement, lorsqu’il s’agit de transformer de vieux objets en de nouvelles choses utiles, mais surtout chics et fashion, cela est encore plus impressionnant.


Ce concept s’applique à Alinfini, la nouvelle marque fashion éco-chic qui propose une infinité de sacs et de pochettes utiles et indispensables fabriqués à partir de simples sangles de voiture recyclées, pour offrir aux amoureux de la mode une élégance métropolitaine, tantôt unisexe, tantôt féminine, mais toujours surprenante.

Sacs à emplettes ou de balades, pochettes de soirée ou de travail, étuis pour effets personnels ou technologiques, colliers et ceintures … tant d’accessoires avec des couleurs subtiles qui chatoient au gré des ondulations, happant la lumière en même temps que le regard.

Fabriqués à la main par des maîtres artisans, ces accessoires sont réalisés avec une sangle servant à la fabrication des ceintures de sécurité pour les automobiles.

La mise en volume transfigure cette bande jusque-là plate, lisse et inerte. Cousue, la sangle acquiert tenue, allure et caractère. Dénouée, elle surprend d’espièglerie.

Synthétique, la sangle est ultra solide, facile d’entretien en machine et donc incroyablement durable, vu qu’elle provient de chutes neuves de production.

Le format de la sangle recyclée, à la fois standard et aléatoire, n’est pas une contrainte mais un atout. Bandes continues, coutures nervurées, mises en volume, bordures insolites, matière autosuffisante, poches malines…les possibilités de création sont vastes et Alinfini poursuit inlassablement son exploration.

Approchée par la MAP, l’initiatrice de ce projet, Sandrine Dole, a indiqué que les déchets de production des sangles de ceintures de sécurité sont neufs mais rejetés pour diverses raisons: problèmes de teinture, tissage, longueur...

"Je conçois les modèles et réalise moi-même tous les prototypes. J’ai appris à coudre par moi-même, donc la qualité est basique! Mais cela me permet de vérifier la viabilité d’un nouveau modèle: faisabilité, volumes, ergonomie, esthétique..", a confié cette designer française installée à Marrakech.

La confection est ensuite faite à Marrakech par un atelier artisanal indépendant d’une dizaine de personnes. Les produits passent dans les mains d’au moins quatre personnes différentes correspondant aux principales étapes de production: la coupe, le montage, la finition et la coordination/contrôle qualité.

Formée en France dans une école de design industriel, Sandrine privilégie une logique de petites séries, avec une organisation rigoureuse, des interventions manuelles fréquentes, des savoir-faire rares et délicats et des finitions soignées.

Produit artisanalement en série limitée à Marrakech-Maroc, la collection comprend actuellement une cinquantaine de modèles haut-de-gamme, à destination d’une clientèle urbaine, contemporaine, chic et anticonformiste, avec comme devise "faire très peu mais très bien".

Concernant la commercialisation, elle a commencé au Maroc en 2012 par un petit réseau de boutiques select. "Aujourd’hui, nous sommes à Marrakech, Casablanca, Rabat, Tanger et Essaouira", se félicite-t-elle.

Vu l’intérêt rencontré sur le marché local, mais aussi auprès des touristes étrangers, Sandrine a tenté l’aventure à l’international en 2013, via une vente en ligne éphémère, et à plus grande échelle en 2014 via des salons professionnels (Maison & Objet et Who’s next à Paris, puis Tokyo Lifestyle).

"Notre réseau de points de vente s’est ainsi élargi à 2 continents, en l’occurrence l’Europe et l’Asie, plus un point de vente en ligne, et d’ici peu, nous serons également présents en Océanie", lance-t-elle avec fierté.

Pour développer davantage son idée, Sandrine travaille depuis 2015 sur un nouveau développement: le recyclage de ceintures usagées, en provenance d’avions ou de voitures, c’est-à-dire de la matière usagée en très petits morceaux.

"J’ai conçu une petite gamme d’accessoires à forte identité dédiée à cette matière spécifique, qui sera lancée début 2017", a annoncé Sandrine, notant que ce développement favorise le partenariat avec des compagnies aériennes et des constructeurs automobiles soucieux de leur emprunte environnementale, pour des séries limitées personnalisées.

Sur le choix d’installation au Maroc, Sandrine dit avoir plusieurs raisons, notamment pour l’artisanat à la fois omniprésent et diversifié, accessible et vivant.

Il faut faire le tri, car il y a le pire au milieu du meilleur ! Mais les artisans de Marrakech montrent par ailleurs une grande ouverture à la nouveauté et à l’expérimentation. Condition sine qua non pour une designer !

Par ailleurs, Sandrine relève que l'une des difficultés d'un projet de recyclage est le coût. "On a tendance à penser que recycler veut dire moins cher. Or, souvent il est plus onéreux de recycler une matière ayant servi que d’employer une matière neuve", a-t-elle expliqué.

Il y a plus d’interventions et plus d’intervenants. Pour la préparation: collecte d’éléments épars et/ou arrivage irrégulier, tri d’éléments hétéroclites en termes de dimensions, qualités, couleurs…, lavage spécifique d’éléments plus sales que la normale, interventions supplémentaires pour remettre la matière aux normes voulues. Et ensuite pour la transformation, a ajouté Sandrine, soulignant que, dans ce cas, le recyclage est un choix éthique et non pécuniaire.

MAP - Malika Mojahid