Algérie: les manifestants du "Hirak" promettent de "ne pas s'arrêter"

Samedi 25 Janvier 2020

Alger - Plusieurs milliers de manifestants anti-régime ont défilé vendredi à Alger, pour la 49e semaine consécutive, une mobilisation qui persiste malgré un certain essoufflement face à un pouvoir qui dit vouloir le dialogue.
Algérie: les manifestants du
"On ne s'arrêtera pas, soit vous partez, soit on continue", a scandé la foule, encadrée par un important dispositif policier.

Elle a aussi repris le slogan le plus populaire du "Hirak", le puissant mouvement de protestation populaire qui ébranle le pouvoir algérien depuis le 22 février 2019: "Etat civil, pas militaire".

"On attend que tous les détenus soient libérés, que les médias travaillent en toute liberté et que la police nous laisse manifester", a déclaré à l'AFP Rima, une enseignante de 28 ans.

Un total de 124 opposants restent emprisonnés tandis que 94 ont été libérés ces dernières semaines, a précisé à l'AFP le coordinateur du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), Kaci Tansaout.

Parmi leurs autres revendications, les "hirakistes" ont dénoncé plus particulièrement l'exploitation du gaz de schiste au Sahara, accusant la France d'avoir des visées sur les ressources gazières et pétrolières de l'Algérie.

"Gaz toi tu me fais schister!", ironisait une pancarte.

A l'approche du 1er anniversaire du mouvement, la mobilisation reste importante mais marque le pas par rapport aux manifestations monstres de l'hiver et du printemps 2019 ou encore comparée aux cortèges durant la campagne de l'élection présidentielle du 12 décembre, massivement boycottée.

Il est cependant impossible d'évaluer précisément le nombre des manifestants en l'absence de tout comptage officiel.

"Ils disent que le +Hirak+ est en baisse mais en réalité le nombre n'a aucune importance. Il y a un an on n'était pas nombreux mais on a quand même empêché le 5e mandat (présidentiel) de Bouteflika", a confié à l'AFP Hamid, un fonctionnaire de 32 ans.

L'ex-président Abdelaziz Bouteflika a été contraint de démissionner sous la pression populaire en avril après avoir voulu briguer un nouveau mandat.

"Il y a un an, personne ne pensait que les Algériens pouvaient manifester dans la capitale et grâce au +Hirak+ on a arraché ce droit et on continuera jusqu'à la fin du régime", a assuré le jeune fonctionnaire.

La manifestation s'est dispersée dans le calme en fin d'après-midi. Des marches similaires ont eu lieu dans le reste du pays.

Les opposants continuent d'exiger le démantèlement du "système" en place depuis l'indépendance du pays en 1962.

Mais beaucoup s'interrogent sur la direction que doit prendre aujourd'hui ce mouvement inédit, pluriel et pacifique depuis l'élection d'un nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, et l'intronisation de son gouvernement.

En réponse à la contestation, M. Tebboune, 74 ans, un ancien fidèle de M. Bouteflika, a promis une révision de la Constitution et un comité d'experts a été instauré à cet effet.

Le président algérien, qui s'efforce de ne pas se mettre à dos le "Hirak", a entamé des consultations avec des personnalités politiques afin de parvenir à la promulgation d'une "Constitution consensuelle", dont le projet serait soumis à référendum.

Selon M. Tebboune, "l'avis de tous sera pris en compte en ce qui concerne la méthodologie à suivre, mais également les problèmes dont souffre le pays".

En face, les forces du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) -- une plateforme de différents partis politiques, d'associations et de représentants de la société civile -- organisent samedi à Alger des "assises pour l'alternative démocratique" afin de préparer une "conférence nationale" de l'opposition au régime.

Une récente chronique de l'écrivain algérien Kamel Daoud dans laquelle il concluait à "l'échec provisoire" du mouvement et à une "révolution perdue", a continué à faire des vagues, notamment sur les réseaux sociaux.

"En affirmant que le Hirak" a échoué et que le régime a remporté sur lui une victoire, Kamel Daoud aura justifié à l'avance la répression qui risque de s'abattre" sur le mouvement, lui a répondu cette semaine le sociologue Lahouari Addi, figure du débat politique en Algérie.



Source : https://www.maafrique.com/Algerie-les-manifestants...

AFP