Algérie: enquête sur un contrat entre un oligarque emprisonné et un lobbyiste américain

Mardi 4 Août 2020

Alger - La justice algérienne a ouvert une enquête préliminaire sur des informations de presse selon lesquelles un ancien grand patron proche de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika, en prison pour corruption, aurait eu recours aux services d'un cabinet de lobbying américain pour 10 millions de dollars, a-t-on appris lundi de source officielle.


"Suite aux informations relayées par certains titres nationaux au sujet d'un contrat conclu par des représentants du prévenu Ali Haddad avec une société américaine d'un montant de 10 millions de dollars (...), le parquet général près la Cour d'Alger informe l'opinion publique de l'ouverture d'une enquête préliminaire sur cette affaire pour déterminer les circonstances de conclusion de ce marché et en définir le véritable objectif", selon un communiqué publié par l'agence de presse officielle APS. 

Incarcéré depuis mars 2019, Ali Haddad, ex-dirigeant de la principale organisation patronale algérienne, le Forum des chefs d'entreprises (FCE), a été condamné le 1er juillet à 18 ans de prison ferme pour corruption. 

Les biens des membres de la famille Haddad ont été saisis et leurs comptes bancaires gelés. 

Selon les médias algériens, qui cite le site d'information indépendant américain Foreign Lobby, M. Haddad a loué les services du Sonoran Policy Group, une firme de lobbying fondée par Robert Stryk, qui a occupé un poste de conseiller du président américain Donald Trump lors de sa campagne présidentielle en 2016. 

Signé le 26 juillet 2020, ce contrat de 10 M USD (8,5 M EUR) liant le cabinet américain à Ali Haddad court jusqu'au 25 juillet 2021, précise Foreign Policy. 

Il été paraphé au nom de l'ex-patron des patrons algérien par une proche conseillère établie à Paris, selon la même source. 

Fondateur et PDG d'ETRHB, première entreprise privée du BTP en Algérie et attributaire de gigantesques contrats publics, M Haddad est apparu lors de son procès comme l'un des symboles des liens troubles entre certains milieux d'affaires et l'entourage du président déchu Abdelaziz Bouteflika. 
 

AFP