Afrique du Sud : Une puissante centrale syndicale s’oppose à la réduction des salaires

Jeudi 27 Février 2020

​Johannesburg - Le Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu), la plus puissante centrale syndicale du pays, a exprimé, mercredi, son opposition à toute tentative du gouvernement du Congrès National Africain (ANC) de réduire les salaires des employés dans un contexte de grave crise économique.
Afrique du Sud : Une puissante centrale syndicale s’oppose à la réduction des salaires
Réagissant au budget de l’Etat, présenté devant le parlement par le ministre des Finances, Tito Mboweni, le Cosatu s’est dit « profondément irrité » par la présentation du ministre, la qualifiant de « provocatrice ».

Dans son discours devant les députés de la nation arc-en-ciel, Mboweni a indiqué que son gouvernement procédera à une réduction de la masse salariale du secteur public dans le but d’assainir les finances publiques poussées à l’extrême notamment par les nombreux plans de sauvetage mis à la disposition des entreprises publiques au bord de l’effondrement.

« Les syndicats comprennent où nous sommes à présent. Ils ont fait des propositions constructives sur un large éventail de questions », a dit Mboweni, ajoutant que le gouvernement devra entamer des négociations avec les syndicats sur les moyens de mettre en œuvre la réduction de la masse salariale.

La forte réaction du Cosatu est à prendre au sérieux d’autant plus que la centrale fait partie, avec le parti communiste et l’ANC, d’une alliance tripartite ayant permis au parti de l’icône Nelson Mandela de se maintenir au pouvoir depuis la fin de l’apartheid en 1994.

L’Afrique du Sud se bat depuis des années dans une crise multidimensionnelle avec une croissance en berne, une détérioration des finances publiques et un chômage en hausse (environ 30 pc de la population active).

La crise de l’électricité qui affecte le pays avec des coupures quasi-quotidiennes du courant a aggravé la situation, sapant la confiance d’investisseurs de plus en plus craintifs des perspectives d’avenir de cette puissance économique continentale.

Porté à la présidence du pays en 2018 en remplacement de Jacob Zuma, éclaboussé par plusieurs scandales politico-financiers, le président Cyril Ramaphosa aura tout essayé pour sauver l’économie d’un effondrement total. Cependant, ses efforts ne semblent pas donner l’effet escompté. La croissance continue à être molle.

En 2019, le Produit Intérieur Brut (PIB) a réalisé un piètre taux de croissance de 0,5 pc. Pour 2020, les institutions de Bretton Woods, Banque mondiale et Fonds monétaire international, prévoient une croissance tout aussi faible de 0,8 pc ou, au mieux, de 1 pc.

Les défis sont de taille. En présentant le budget de l’Etat, Mboweni gardait à l’esprit le souci de préserver la note souveraine du pays, maintenu à un cran du niveau spéculatif mais avec perspective négative par Moody’s.

Cette dernière est la seule des trois grandes agences à ne pas avoir dégradé la note sud-africaine au rang spéculatif. Fitch and Standard & Poor’s ont déjà relégué l’Afrique du Sud dans cette catégorie en 2017.

Par ailleurs, plusieurs syndicats ont brandi la menace de grève après avoir appris que le gouvernement entend renoncer à un accord sur les salaires conclu en 2018.

Selon les syndicats, des responsables gouvernementaux les ont informés que le gouvernement est incapable de procéder à des augmentations des salaires du secteur public conformément à l’accord. Ces augmentations devraient entrer en vigueur dès le mois d’avril prochain.

Dans une telle situation aussi tendue, le gouvernement a fait savoir que le déficit budgétaire devrait atteindre 6,8 pc du PIB en 2020-21 contre 6,5 lors de l’exercice actuel.

La Trésorerie sud-africaine a également indiqué que la dette publique devra continuer à s’aggraver durant les trois prochaines années pour atteindre 71,6 pc du PIB en 2022-23, avec une forte hausse du service de la dette.

Dans la foulée, la trésorerie a revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB à 0,9 pc en 2020 contre une prévision initiale de 1,2 pc.

« Dans ce contexte, la dernière note souveraine sud-africaine semble plus que jamais en danger », a dit Mboweni devant les députés.



Source : https://www.maafrique.com/Afrique-du-Sud-Une-puiss...

MAP