AD TALKS/PCNS: experts et universitaires analysent l'impact de la Covid-19 sur les marchés et la transition énergétique

Mardi 22 Décembre 2020

​Rabat - Plusieurs experts et universitaires se sont attelés, lors d'une nouvelle session des "AD Talks", édition spéciale en ligne de la conférence Atlantic Dialogues qu’organise le Policy Center for the New South (PCNS), sur l'impact induit par la pandémie de Covid-19 sur les marchés et la transition énergétiques.


Modéré par Rim Berahab, économiste du Senior Fellow du Policy Center for the New South, le débat tenu le 16 décembre a permis de brosser un tableau de la transition énergétique vue depuis l’Atlantique élargi. 

Intervenant lors de cette session, Andreas Kraemer (Allemagne), fondateur de l'Ecologic Institute, qui a fait un tour des pays de l’Atlantique pour décrire la situation, a indiqué que "l'Amérique latine n'innove guère", et qu'"elle suit - en dehors du méthanol au Brésil", alors que l'Europe suit le Green Deal de l’Union européenne, notant que l'essentiel du budget sera consacré dans les 7 ans à venir pour faire la transition énergétique.

Il a souligné par ailleurs qu'en Afrique, le continent n'est pas homogène. Si le Maroc et l'Afrique de l’Ouest "ont vraiment développé le solaire et l’éolien", l'Afrique du Sud est "dominée" par le charbon, l'Angola et le Nigeria par le pétrole, a-t-il relevé. 

En outre, les prix du pétrole ont dégringolé durant la pandémie, entraînant des banqueroutes dans le secteur pétrolier, essentiellement dans le transport, a-t-il ajouté 

Pour sa part, Sunjoy Joshi (Inde), président de l’Observer Research Foundation, est revenu sur l'incertitude causée par la pandémie et ses conséquences économiques, relevant que "nombre d'organes vitaux de la globalisation étaient défaillants quand le Covid-19 a frappé et que les réactions à la pandémie ont été financières, avec peu de coopération globale. 

La crise économique va durer, même si les vaccins doivent nous mettre hors du Covid d'ici l’été 2021, a mis en garde M. Joshi, notant que certaines tendances vont demeurer, allant vers la déglobalisation, et "creusant encore les inégalités". 

Il a prévenu que les PIB vont être réduits de 9% d'ici 2050, par rapport à ce qu’ils étaient avant la pandémie, précisant que de nouveaux modes de travail – en ligne et à domicile – vont réduire l’intensité énergétique des PIB, "un bon signe pour la décarbonisation des économies".

Au sujet de la transition énergétique, l'intervenant a relevé la mauvaise nouvelle que celle-ci "ne se produira pas, tant qu'on ne trouvra pas les moyens de se préoccuper de ce qu’elle implique". 

De son côté, Valeria Aruffo, directrice des relations extérieures du Think Tank Dii Desert Energy, a souligné que "la pandémie a été un signal d'alarme et qu'elle "nous a rappelé que le changement climatique, lui non plus, ne connaît pas de frontières". 

Revenant sur l'exemple du Maroc, Saïd Mouline, directeur de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), a relevé que la chute des prix du pétrole à moins de 20 dollars cette année a suscité un débat sur la question d'aller plus loin dans l’économie grise, ou d'accélérer les réformes vers une économie verte. Classé 7e dans l'Index de protection du climat depuis 2005, le Maroc a rempli ses objectifs d’énergies renouvelables, et s’est fixé une cible de 52% de renouvelables d’ici 2030, avec des politiques d’efficacité énergétique dans tous les secteurs de l’économie, a-t-il fait remarquer.

Lancé en 2014 à Rabat avec plus de 40 chercheurs associés du Sud comme du Nord, le Policy Center for the New South offre une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement. Il vise notamment à faciliter les décisions stratégiques et les politiques publiques relevant de ses principaux programmes. 

MAP