A Davos, craindre "l'apocalypse" et se méfier des plombiers

Mercredi 22 Janvier 2020

Davos (Suisse) - Entre une passe d'armes sur l'"apocalypse climatique", des arbres par milliards et une histoire de plomberie: cinq moments à retenir ou choses vues lors de la première journée du 50e Forum économique de Davos.

Le Forum de Davos, parfois taxé d'hypocrisie climatique en raison du ballet de jets, hélicoptères et limousines qu'il occasionne chaque année, vante ses multiples efforts pour se verdir.

Tout est dans le détail: les ustensiles à usage unique ont été bannis, des blocs de quatre poubelles à recyclage sont omniprésents, un buffet avec "protéines alternatives" (sans viande) sera proposé mercredi, les moquettes sont fabriquées à partir de filets de pêche usagés, et les peintures du décor sont à base d'algues.

Et tout le monde parle de planter des arbres, beaucoup et partout: le WEF a lancé une plateforme "1.000 milliards d'arbres" (à planter ou à sauver) pour "unifier" les projets de plantation ou de conservation de forêts du globe.

L'assureur Zurich Insurance a promis de planter autant d'arbres qu'il distribue de gros bonnets bleus aux visiteurs frileux de la station de ski enneigée: la barre des 5.000 est déjà franchie.

Vedette de cette première journée, la militante du climat Greta Thunberg a ouvert une session à l'intitulé sans équivoque: "Eviter l'apocalypse climatique".

Et c'est autour de ce lexique de la fin du monde que la Suédoise de 17 ans et le président américain Donald Trump, ouvertement climato-sceptique, se sont affrontés mardi à Davos par discours interposés.

"Nous devons rejeter les éternels prophètes de malheur et leurs prédictions d'apocalypse", a martelé l'hôte de la Maison Blanche, devant une salle comble où se tenait Greta Thunberg.

Celle-ci a répliqué moins de deux heures plus tard, interpellant grands patrons et responsables politiques: "Notre maison brûle toujours. (...) Il faut paniquer".

Vicky, euh, Rachel? Le modérateur d'une table ronde s'est emmêlé les pinceaux entre les prénoms de deux participantes, Rachel Kyte, représentante spéciale des Nations-unies pour l'énergie durable pour tous, et Vicky Hollub, directrice générale du groupe Occidental Petroleum.

Mme Kyte a eu cette observation narquoise: "C'est étrange, n'est-ce pas, d'avoir deux femmes dans un panel?".

Une façon de rappeler que l'habitué de Davos reste tout d'abord l'homme d'affaires ou l'homme politique: selon le WEF, les femmes ne représentent cette année que 24% des participants.

L'épisode semble sorti d'un roman d'espionnage: la police suisse a découvert l'an dernier à Davos deux agents russes présumés, porteurs de passeports diplomatiques mais dont l'un disait être plombier, ont révélé mardi les médias suisses.

"C'était un contrôle de police régulier. Les deux hommes avaient des passeports diplomatiques russes mais n'étaient pas officiellement accrédités comme diplomates en Suisse", a indiqué à l'AFP une porte-parole de la police cantonale des Grisons.

Selon la presse locale, les deux suspects étaient soupçonnés d'avoir effectué des travaux préparatoires pour une opération lors de l'édition 2020 du Forum.

Quant à savoir pourquoi l'un d'entre eux a déclaré être plombier, il pourrait s'agir d'une "blague stupide", a commenté mardi un attaché de presse de l'ambassade de Russie à Berne

Alors que de nombreux panels à Davos évoquent les promesses heureuses de l'intelligence artificielle ou du traitement des données, Yuval Noah Harari, auteur israélien des best-sellers "Sapiens" et "Homo Deus", a dressé mardi un scénario beaucoup plus inquiétant.

"Vous n'aurez pas besoin d'envoyer des soldats si vous avez suffisamment de données sur un pays particulier (...) Les nouvelles technologies offriront bientôt la possibilité à des grands groupes, à des gouvernements, de +pirater+ des êtres humains (...) Pour ce faire, vous avez besoin de beaucoup de pouvoir informatique, de beaucoup de connaissances biologiques, et de beaucoup beaucoup de données. Si c'est le cas, vous pouvez +pirater+ mon corps, mon cerveau, ma vie, me connaître mieux que moi-même. Une fois ce point atteint, et nous en sommes proches, personne n'a aucune idée de ce qui se passera".

AFP