PASCALE *****

13/11/2006

Mots à insérer :

TAQUIN : torrent, tentation, autre, aspirer, quatre, qualité, union, urgent, inique, irriter, nausée, naturel.

JOKERS : facile, bien, ciel.



Dans le torrent
Sur les galets
Entrelacés
Les mots urgents
Quatre par quatre
Font des emplâtres
Aux mots susés

Dans les ruelles
Sur les pavés
D’autres voyelles
Moins irritées
Sans trait d’union
Ni apostrophe
Servent de liaison
Aux mots en strophe.

Pris de nausée
Soudain inique
L’H aspiré
Tente une pique :
Dit-on « héros »
Ou bien « z’éros »
Quand au pluriel
On met le mot ?
Consonnes, voyelles
Bien trop cruelles
Seraient la cause
De ce fiasco ?

Dame nature
Dans sa bonté
Je vous le jure
A oublié
Des qualités
Quand je suis née !
Pourtant le ciel
N’est pas malin
Qui m’inspira
Toujours taquin
Cet arc-en ciel
De mots trop plats !

Un peu facile
Me direz-vous
De faire du style
En brouillant tout
Oui, mais c’est fait !
Et tous ces mots
Même imparfaits
Pris en photos
Et imprimés
Dorment en paix

Les yeux fermés
Déjà je songe
Cœur amusé
Au mot « éponge »
Oui… éponge.
Ce sera bien
Pour effacer
Ces quelques traits

Pascale pour le 13 novembre 2006.


Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/11/2006 à 20:38

PASCALE *****

13/11/2006

Deux textes pour deux chapitres ..

Mots à insérer :

CAGES : cascade, casser, acrobate, amical, géant, gare, ennemi, enlever, souvenir, sourire.
JOKERS : joie, brillant, rose (plus solitude )

TAQUIN : torrent, tentation, autre, aspirer, quatre, qualité, union, urgent, inique, irriter, nausée, naturel.


JOKERS : facile, bien, ciel.





Chapitre 1

Tout en descendant quatre à quatre les marches, elle se demandait comment elle pouvait supporter une telle vie ! La cage d’escalier était immonde, et les murs barbouillés de tant de graffitis qu’on n’en voyait même plus la couleur originelle. Ennemi sournois qui s’insérait jusque dans ses rêves les plus secrets, le desespoir tenait tête à ses espoirs les plus fous.
Ses yeux brillaient pourtant d’une joie innaccoutumée et au souvenir récent des trois dernières soirées qu’elle venait de passer, elle souriait aux anges… comme si les anges ne l’avait pas abandonnée depuis longtemps !
Tout en se hâtant, elle jetait des coups d’œil à droite et à gauche car ici, dans la cité, on n’est jamais à l’abri d’un incident. Gare à l’imprudent qui oserait lever les yeux sur « qui il ne faut pas » ! Elle qui révait, petite, d’être enlevée par un beau prince, sur un magnifique destrier, était vite revenue sur terre en découvrant son nouvel univers ! Et c’est souvent tête baissée, pour éviter les imaginaires outrages à autrui, qu’elle rejoignait le centre ville à pas de géant. Plus vite elle quittait ce bastion maudit, plus vite elle pouvait de nouveau se croire « normale », tout simplement « normale » et pas soumise à la vindicte des petits caïds du quartier.

La semaine précédente avait été plutôt chaude et les jeunes avaient cassé avec rage des centaines de voitures. En ville, mais aussi ici, dans leur propre quartier, touchant ainsi leurs frères de galère sans même imaginer que pour ceux-là, ce serait pire encore qu’aujourd’hui.

Arrivée au centre, elle dénoua ses cheveux qui retombèrent en cascade sur ses frêles épaules.
D’un geste rapide, elle déposa un peu de rose sur ses joues palichonnes et au souvenir des mots tendres qu’elle avait entendus au téléphone, elle sentit son coeur battre la chamade.

D’abord amical puis plus pressant, l’homme s’était peu à peu imposé à elle comme le seul et unique moyen de sortir de ce ghetto. Mais était-il vraiment sincère ? Ne serait-il pas choquer d’apprendre, car elle n’avait pas encore osé lui dire, d’où elle venait, où elle habitait, et ce qu’elle avait vécu qui l’avait amenée là ? Comme un funambule, mais acrobate d’opérette, elle se savait jongleant sur un fil aussi fragile que la toile d’araignée dans laquelle elle se sentait engluée depuis si longtemps ! Solitaire par accident, par force aussi, elle avait décidé de prendre son destin en main et tout s’était plutôt bien passé jusqu’à présent. Mais là, au moment de passer là l’acte, acte qui n’était pourtant qu’une simple entrevue, ses jambes refusaient presque de la porter. Elle apercevait déjà la brasserie moderne où ils s’étaient donnés rendez-vous. Ouf ouf ouf …

La peur au ventre, elle cherchait en elle les ressources suceptibles de la rassurer.

- Tu t’en moques bon sang : c’est juste un café ! Il ne va pas te manger. Et puis depuis le temps que tu l’as au téléphone, il est attentif, prévenant, et n’a jamais eu de paroles déplacées ! Si tu n’essaies pas, tu resteras dans ton trou et tu regretteras toujours de pas y être allée alors fonce, gourde !

Plus que quelques pas. Elle tire sur sa robe, ajuste son gilet, passe la main dans ses cheveux comme pour les lisser encore plus, se refuse à jeter un dernier coup d‘oeil dans son miroir de sac et d’un pas qu’elle veut ferme se présente devant la porte du café.
Elle pousse un ou deux gros soupirs :

- ouf ouf, j’y vais.

Elle ouvre la porte et timidement, jette un coup d’oeil circulaire.

Là, vous vous demandez ce qui va se passer : j’aime bien hi hi mais vous ne le saurez qu’au prochain épisode !


Chapitre 2


Pendant une seconde, prise de nausées, elle résiste à la tentation qui lui prend de fuir à toutes jambes. Sans réfléchir. Sans autre raison que cette peur irrépressible de l'inconnu. Mais son naturel vindicatif reprend vite les rênes de son destin et c’est quatre par quatre qu'elle franchit les dernières marches qui les séparent encore.
Lui la regarde s’avancer vers elle, l'oeil taquin, la moue ravageuse, le sourire aux lèvres...
Il n’espérait plus la convaincre mais l’amitié qui les unissait déjà lui suffisait à cette heure. Il n’aspirait plus qu'à une seule chose : la rencontrer ! Vérifier qu'il ne s'était pas trompé. Qu’elle pouvait bien être la femme de sa vie. Les qualités qu'il avait perçues chez elle ne pouvait être feintes. Ou alors, elle méritait vraiment l'oscar du plus jeune espoir féminin. Le sort de cette femme lui semblait tellement inique qu’il se sentait déjà prêt, pour elle, à soulever des montagnes.
Dieu qu'elle était belle ! Du regard, déjà irrité, il fusillait ceux qui osaient se retourner sur cette grâcile silhouette... (Comme quoi c’est bien de la fiction!)

Elle s’arrête à deux pas de la table.

-- Pierre ? Vous êtes bien Pierre, n'est-ce pas ?
-- Oui. En effet. Mais tu peux me tutoyer, tu sais. Assieds-toi.

La jeune femme, rougissante, se faufile sur la banquette.

-- tu veux boire quelque chose ?
-- euh... Oui... Un café... S'il vous plaît.

La tension est palpable. Bientôt elle semble gagner une partie de la clientèle.

-- tu crois qu’elle sort avec ce mec ?
-- pas facile de savoir. Regarde-là ! On dirait une statue. Elle semble pétrifiée...

Pétrifiée. C'était bien le mot ! Pire même. Le ciel lui tombait sur la tête et la jeune femme avait même du mal à ne pas déverser le torrent de larmes qui la gagnait. Il lui semblait urgent de tenir. De garder sa dignité. De ne pas blesser non plus, car, quel intérêt, le presque vieil homme qui la dévorait les yeux.
Enfin elle retrouve la parole...

-- euh… je suis un peu surprise... Je ne m'attendais pas à...
-- à quoi ? Mon âge ?
-- ben... euh... oui... Un peu quand même !
-- quelle importance ! L’amour n’a pas d’âge voyons !
-- euh... Oui... Sans doute. Mais... Au téléphone, votre voix semblait si jeune !
-- elle l’est...
-- oui. Mais... Oh et puis tant pis, dites, puisque nous sommes là, autant parler avec franchise, non ? Peu... peut-être pourrions-nous de... devenir amis...

Elle en bégayait de surprise…

-- ce n'est pas exactement ce que j'espérais. Mais bon, pourquoi pas en effet. Mais dis-moi, à part la différente d’âge, y a-t-il autre chose qui te dérange chez moi ?
-- ben... euh... Je peux être directe ?
-- oui. Bien sûr, je te demande.
-- vos... euh... Vos cheveux ? C'est une moumoute non ?

L'homme soudain gêné plonge le nez dans son verre.

-- oui. Je suis chauve...
-- et alors ? Qu'est-ce que ça peut faire ? À la cité, les jeunes se rasent tous ! Et vous, vous posez ce truc hideux sur votre tête. Vous ne devriez pas vous savez. Ces pas moche d’être chauve ! Euh... Et ça se colle ?
-- tu poses de drôles de questions toi ? Non, ça ne se colle pas. Il y a un filet dessous. Ça tient tout seul..
-- j'y crois pas !...

Soudain, la fille éclate d’un rire aussi léger et clair que le chant d’un ruisseau. Ses yeux pétillent...

-- ça alors, quand je vais raconter ça aux copines...

Elle a déjà oublié ses espoirs, son attente, sa déception. L'homme lui, hésite un quart de seconde puis rit aussi de bon coeur.

-- tu as raison, dit-il. Allez, hop, poubelle !

Et toujours riant, il envoie valser perruque et complexes. Alors qu'un peu plus loin :

-- alors, tu crois qu’ils sont ensemble ?
-- mais non voyons. N'importe quoi ! C'est sûrement son père. On voit bien qu’ils se connaissent depuis longtemps ces deux-là...



Pascale pour le 6 et le 13 novembre 2006.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/11/2006 à 20:29

PASCALE *****

Une personne au langage châtié utilise un langage cru hi hi...


C'est un grand jour pour Mlle de la Pince des Ormeaux de Boisredon. Elle trépigne, ne tient plus en place. Sa vie touche à l'aventure... Rendez-vous compte, elle est invitée ce soir à la cité 9000 par le fils de son valet Hector qui habite là, dans une studette. Quelle mouche l’a piquée, me direz-vous, de se rendre dans un lieu aussi peu fréquentable ?
Eh bien figurez-vous que Julien, fils d’Hector, l’a sauvée de la noyade alors qu'elle tentait de traverser à cheval le gué situé dans l’ormeraie du château. Fichtre, elle a eu une peur bleue, et elle n'en finit pas de remercier ce brave Julien qui passait par là prendre son père à la fin de son service... Au point que l'on peut se demander si cette visite impromptue n'est pas impulsée par une passion naissante... En effet, depuis deux jours, à la grande surprise des domestiques, Mlle de la Pince des Ormes de Boisredon, Adélaïde-Hélène-Marie pour les intimes, a stupéfié son petit monde : monter et descendre des marches, dans un blouson de cuir à franges, en invectivant les personnes rencontrées pour juger de l'effet produit. Dérapages contrôlés en santiags cirés. Bref elle se mettait en condition, essayant de se rapprocher ou mieux de ce qu'elle sentait devenir le grand Amour... Alors je ne vous dis pas l'effet produit par cette volée de bois vert :

-- tu te la pousses ta meule ou je t’en colle une, commença-t-elle en s'adressant au facteur.


Le facteur, abasourdi, n'en croyait pas ses oreilles !

-- et ben quoi ? Tu veux ma photo ou quoi ?

Le pauvre homme fila sans demander son reste.

Bon, c'est pas l’tout d’ça se dit Adélaïde-Hélène-Marie qui, dans ce quartier populaire, ce ferait appeler Achème, (A-H-M), faut que j’trouve mon Juju maintenant.
Julien lui, est enchanté de cette transformation. Même si tous les copains de la cité se moquent de lui à chaque rencontre.
-- alors, comment va Môssieur? Bon Môssieur a-t-il nettoyé son carrosse pour trimballer sa princesse ?
Et ils partaient en s'esclaffant.
Juju, lui, serrait les dents et briquait les pares chocs de sa vieille deudeuche comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort.
Elle était si belle ! Adélaïde. Trop belle pour lui peut-être ?
-- oh, putain, c'est de la balle, j’te jure confie-t-il à son meilleur ami.
-- tu lui as fait sa fête ?
-- ça va pas la tête ! Un bijou comme ça, faut y aller doucement. Ça mérite mieux.
Achème, elle, pendant ce temps, garait la décapotable de papa sous un platane. Puis elle attendit le prochain bus, histoire ne pas affoler le quartier.
Elle s’était attifée de triste manière. Le ventre à l’air, jean moulant, boucles créoles tintinabulantes et voyantes mais même ainsi vêtue, ne paraissait pas vulgaire.
Par contre, les hommes dans le car n’en perdait pas une miette. Ils la lorgnaient du coin de l'oeil et certains regards lubriques en disaient long...
En descendant du bus, elle chercha aussitôt Julien. Il lui avait promis d'être là. A l’heure. Elle repéra la deux chevaux stationnée un peu plus loin.

-- allez, je t'emmène à la plage. T’es partante ?
-- bah ouais. Ça baigne... Mais j'ai pas mon maillot.
-- Pôs grâve. On fera sans.

Sur le chemin, le coeur battant déjà la chamade, Julien suivait distraitement les courbes de la route. Il en imaginait déjà d'autres, sculpturale créature dont jamais il n’avait espéré faire la connaissance d’aussi près !
Quelle chance il y avait eu : s'il n'avait pas ce jour-là, décidé de rejoindre le château pour s'y livrer à de menus larcins, jamais il aurait pu sauver cette gonzesse et jamais elle n’aurait « baissé » les yeux sur lui..

-- ouais, il avait bien joué, putain !

Pascale jeu du 23 octobre 2006. (merci Chantal!)

Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 25/10/2006 à 23:58

PASCALE *****

écrire une lettre à un juge afin de demander une remise de peine (innoncence?)
(en italique la réponse écrite par Chantal)




Mont-de-Marsan le 23 octobre 2006

Mme Sophie Fonfec

A.

Madame le juge du tribunal de Pau.

Madame,

j'ai l'honneur de vous demander de bien vouloir réviser mon dossier et ce, en vue d'alléger, voire, de commuer ma peine en travaux d'intérêts généraux, sursis sans condition ou non-lieu.
Je vous écris sur les conseils de mon avocat, Me Gredin qui est convaincu de mon innocence, comme la plupart des gens qui m’entourent.
En effet, il se trouve que le calice en argent, objet du soi-disant crime de ma part, appartient à ma famille depuis plus de cinq siècles.
Cette famille, protestante de confession, l'avait caché dans une grange qui, au moment des persécutions du XVIe siècle, servait à l'occasion de temple.
Cette grange, isolée dans les collines béarnaises, fut pillée puis brûlée. Les quelques pauvres protestants réunis alors, massacrés sans pitié jusqu'au dernier...
Je n'ai guère de preuve à vous offrir sauf peut-être, ce psautier miniature que mes ancêtres cachaient entre leurs seins afin d'échapper au contrôle des sbires du royaume, qui jamais, à cette époque, n'auraient eu l'audace d’effleurer, ne serait-ce qu'un jupon…
Ce calice, je ne l'ai pas volé. Mais récupéré. De droit ! Car jusqu'à quand les protestants seront-ils poursuivis comme hérétiques ! Je suis étonnée de constater, cinq siècles plus tard, que des relents de haine subsistent encore. Et cette famille qui me poursuit me semble avoir le bras bien long ! Sinon, comment expliquer le verdict et mon incarcération ?
Je suis anéantie, stupéfaite. Et je compte sur votre lucidité pour mettre fin à mon sort injuste.

Sincères salutations.

Madame Fonfec. (par Pascale)



Pau, le 24 octobre 2006.

Madame Balancelle
Juge au tribunal de Pau

A.

Mme Sophie Fonfec.

Madame, je prends acte de votre courrier en date du 23 octobre 2006 me demandant de commuer votre peine en travaux d'intérêts généraux.
Je vous remercie de ce tracé historique qui m'a fort intéressée. L'affaire est effectivement peu ordinaire et je veux bien convenir que ce calice d'argent, arrivé entre vos mains, n'est qu'un juste retour à sa famille originelle. Mais il me semble, chère Madame, qu’il est un détail d’importance que vous semblez oublier : c'est l'utilisation de ce calice qui a amené votre incarcération. Que penserait à la lecture de cette lettre, s’il avait encore tous ses sens, le pauvre homme que vous avez gratifié de plusieurs dizaines de coups de calice ? L'argent est un métal malléable, certes, mais sa boîte crânienne n'y a pas résisté. Et depuis lors, j'ai l'occasion de le voir tourner sous mes fenêtres sur une petite trottinette... Imaginez à quel point je suis tentée de vous accorder quelque indulgence quand je sais que cet homme, votre mari, n'avait d'autre défaut que celui d'être un catholique fervent ! Oui, Madame, la bataille fait encore rage mais votre amnésie ne vous permet plus de parler de ce jour d’hérésie...


(Chantal jeu du 23 octobre 2006.)





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 25/10/2006 à 19:48

PASCALE *****

23/10/2006

Mots à insérer :

VIRTUEL : virus, voie, image, indulgence, rencontre, retour, tentation, tournure, usure, unanime, écho, étourdie, larmes, lampion.

JOKERS : pur, ciel, chose.




Chapitre 2.




Elle refusait pourtant de renoncer à ses rêves. Virtuels ou pas, elle avait correspondu avec des hommes de tous milieux. Touchée par la naïveté des uns, stupéfaite par la vanité d'autres, mais rarement désolée vu que, jusqu'à hier soir, elle n'avait jamais pris le risque de « rencontrer ». Cependant, indulgente, elle pardonnait même à cet homme-là. Elle avait toutefois cédé à une douce tentation : dans un dernier message d'adieu, elle avait fait part de sa surprise, et lui avait envoyé quelques piques bien à accérées, regrettant de ne pas maîtriser suffisamment l'informatique pour expédier un méchant gros virus qui lui aurait « bouffé » tout son carnet d'adresses ! Depuis, plus d'image ni de son ! Mais vu la tournure des événements, c'était plutôt une bonne chose.
De retour dans son petit appartement elle avait aussi immédiatement ôté sa fiche et rejoint, la foule de celles qui, unanimement, juraient les grands dieux qu'on ne les y reprendrait plus ! Frustrées de services, garde à vous...
Elle ne verserait plus jamais non plus des flots de larmes, inutiles puisque que, aussi bien, il valait finalement mille fois mieux « vivre seul que mal accompagnée ».
J'aurais sûrement plus « l’avoir » à l’usure se disait-elle en souriant. Parce que « ce que femme veut... Tout le monde le sait ». Mais elle, elle ne voulait rien. Rien de bien précis en tout cas.
Les voies du ciel sont impénétrables, récitait-elle en triturant son portable, chapelet Oh combien plus alléchant qu'une prière.
Mais cette fois c’est décidé : elle avait reçu quelques échos d'histoires similaires et n’était en fait qu’à demi surprise. Pure, elle imaginait difficilement le monde inpur. Et pourtant ! Du matin au soir, médias et journaux s'acharnaient à éviter la méfiance.

- Un petit déjeuner : catastrophe ferroviaire. Dix morts.
- Un déjeuner : détournement d'avion. Quatre-vingts morts.
- Un dîner : raz-de-marée : des milliers de victimes...

Mais non. Elle, naïve, continuait à y croire : « oui, d'accord, c'est affreux, le monde est affreux, les gens sont moches mais ça n'est pas toujours comme ça. Et tout le monde n'est pas pareil.
C'est vrai. Sauf qu'elle avait le chic, elle, pour tomber sur des cas soc’.
Mythomanes, manchots, éclopés de la vie, tordus du ciboulot, hommes mariés à la recherche d'un peu de piment, pire, affichant leurs portraits, leur statut et leurs propositions obscènes sans complexe, sur des sites assidûment fréquentés. Peut-être même par leurs épouses ! Non, décidément, le monde allait de travers et ce n'était pas demain la veille qu'elle allumerait des lampions à la gloire d’Eros !
Étourdie, elle renonçait à réfléchir plus avant. Demain serait un autre jour. Sûrement meilleur. Tiens, se dit-elle en entendant une petite sonnerie émanant de son ordinateur ! J'ai un message... Allons, tout n'est pas si triste... Allons voir de qui il s'agit...


Pascale Martin-Debève pour le 23 octobre 2006.



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 23/10/2006 à 18:54

PASCALE *****

16/10/2006

Mots à insérer :

CHALEUR : comédie, cœur, hardi, habitude, adieu, artiste, logghorée, lueur, époque, énoncer, urgence, union, ramer, râleur.

JOKERS : doux, jaune, dire.






Grand, brun, belle âme, cherche …



Ce matin, elle n’avait pas très envie d’aller aider, encore et encore alors qu’elle même se trouvait dans une situation délicate. Elle n’avait pas fini de « ramer » mais elle commençait à s’y faire ! La chaleur inssupportable incitait plutôt à de savoureuses baignades. Mais par solidarité, elle avait hardiment proposé ses services gracieux à la propriétaire du magasin dans lequelle elle était employée à temps partiel. A une époque ou l’indifférence tient trop souvent lieu de religion, elle était heureuse de pouvoir le faire.
Cela faisait à peine une semaine que la petite boutique avait brûlé en partie et le travail était immense puisqu’il fallait, de toute urgence, compter le plus petit sac, la plus petite épingle, de quoi satisfaire la fringale d’assureurs anxieux à l’idée de payer ! De jaune d’or, les pochettes cadeaux étaient devenues grisâtres et hideuses.
Bousculant ses habitudes, elle avait pourtant accepté l’invitation d’un inconnu. Il avait de l’humour, semblait correct et puis, depuis le temps que ses amies la taquinaient à ce sujet : « hé, Blanche Neige, t’attends quoi ?? » .
Le site sur lequel elle avait fait sa conaissance était réputé pour son sérieux et malgrè ses réticences, elle voulait se donner une chance : essayer, au moins essayer ! Prendre un verre n’engage à rien. Un seul et puis on verra… Elle eut une pensée pour son ami René !

En quittant le magasin vers 16h30 elle se demandait comment elle ferait pour ôter toute cette suie et paraître reposée alors qu’elle était plutôt épuisée !

Mais, mais, elle se l’était promise à elle, elle lui avait dit oui à lui et tiendrait sa promesse. Ce soir elle allait franchir un pas ! Un tout petit certes : oser rencontrer. Rien de plus. Rien de moins non plus.

Ils s’étaient donnés rendez-vous devant la mairie et elle s’appliqua à ne pas arriver trop tôt : au cas ou l’homme serait en retard, elle se connaissait, elle serait morte de trouille et peut-être même tomberait dans les pommes ! Là, elle songea à son amie Marie !!

A 17h50, elle commençait son manège discret devant l’hôtel de ville. Elle se sentait un peu bête mais enfin, se disait-elle, le ridicule ne tue pas !

Une femme aux cheveux gris lisait tranquillement assise sur un banc. Devant la mairie…
Un homme vêtu d’une chemisette fouillait son sac à dos posé à même le sol . Devant la mairie lui aussi. Mais ses cheveux gris-blanc ne laissait pas supposer qu’il puisse être ce grand brun mystérieux qu’elle cherchait ! Ou alors, il y a très très très longtemps !! Elle en était plutôt soulagée d’ailleurs car il ne lui inspirait rien mais alors rien du tout .

L’air était doux à cette heure de la journée et elle tournait, tournait puis apercevait enfin un homme qui pouvait correspondre : il était lui aussi assis sur un banc et lisait. Comme s’il en avait l’habitude. Ses cheveux correspondaient à la description succinte qu’elle avait eu mais il stationnait devant la banque postale ! Elle n’allait quand même pas demander à tous les inconnus bruns s’ils s’apellaient Pierre !! Il lui avait écrit qu’il était grand : cet homme là semblait immense, bien que la position assise qu’il avait adoptée ne lui permette que de supputer. Son cœur battait à tout rompre ! Une lueur d’espoir venait d’éclairer son quotidien maussade.

Alors, elle approcha à pas de loup, feignant regarder à droite alors qu’elle ne regardait que cet homme. Il ne pouvait pas ne pas la voir mais il ne semblait chercher personne. A peine libérée, elle se dit que c’était quand même à l’homme de faire le premier pas !A 6h02 pétante à l’horloge de la banque postale, l’homme, impatient, se leva : pas plus de 10 mètres les séparaient mais il fit un grand détour. Non pas en passant par l’hôtel de ville, le chemin le plus direct, mais en l’évitant. Sans un regard d’adieu, sans râler mais sans un seul sourire dans sa direction, il quitta les lieux.

Elle était pourtant presque certaine, presque… Mais non, il l’aurait abordée ! A moins que s’attendant à mieux, à autre-chose (si tant est qu’une personne puisse être une chose !) il avait tout simplement changé d’avis. Car sinon, comment expliquer qu’il fasse un détour pour finalement prendre le trottoir opposé, juste à droite de la mairie. Pour y accéder directement, il aurait du passer à côté d’elle ! Non, sa fuite était volontaire. Enfin, si c’était lui !

L’homme était vêtu d’un pantalon beige et d’une chemise de la couleur du ciel. Elégant en tous cas. Sans doute qu’il n’avait pas envie de « perdre » plus de temps ! Ce qu’il avait vu lui suffisait pour savoir que ce n’était pas la peine…

Elle s’interdit de le traiter de goujat en pensée (encore que !) parce que de toutes façons, cet homme qu’elle ne connaissait pas ne pouvait la blesser déjà, camouflet ou pas ! Mais cette fois, elle en était certaine : rien de bon ne peut advenir lorsque l’on prend le risque de faire confiance à l’autre sans le connaître vraiment.

Il y avait bien longtemps qu’elle ne comptait plus que sur elle et elle continuerait. Ce soir elle allait reprendre la lecture d’un vieux livre qu’elle affectionnait autrefois : « la tête contre les murs » d’Hervé Bazin : ça lui changerait surement les idées !!

Et puis se dit-elle comme pour se consoler un peu : peut-être qu’elle l’a échappé belle en fait ou que lui a raté quelque chose ! Ou l’inverse. Ils ne le sauront jamais ! De l’union improbable de deux êtres, plus rien sauf quelques mots sur une feuille hâtivement griffonnée. Comme on énonce un verdict, elle écrivait sa surprise, ses doutes, et se gaussait d’elle-même en relisant la comédie vaudevillesque qu’elle voyait peu à peu se dessiner sur le papier.

Pauvre artiste en solo qui fait son numéro de clown comme pour conjurer le sort !

Aucune larme. Aucun regret : si ça tombe finit-elle par penser, ce grand brun mystérieux n’est qu’une femme qui se fait passer pour un homme et qui se délecte en regardant ses proies en prise à d’horribles questions sans réponse.

Non, il ne viendra pas et le monde entier devient coupable à tort : tiens, cette femme qui s’esclaffe sur le banc est-elle l’auteur de cette farce odieuse ??
Tant pis : il n’y aura pas d’autres fois. Pour personne…


Pascale pour le 19 octobre 2006.

Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 16/10/2006 à 18:45

PASCALE *****

09/10/2006

Mots à insérer :

GENTIL : garce, grâce, économie, envie, naïf, nature, tambour, timide, initier, intime, louer, libre

JOKERS : ami, lire, clair



Gentil...
Un clavier. Quelques touches et l’envie d’écrire, laissant libre court à une nature joueuse. S’initiant à d’autres jeux, d’autres défis, d’abord timides puis plus hardis. Dans un seul roulement de tambour, aussi léger que le bruissement des feuilles dans les arbres, mes doigts vont et viennent, sans réfléchir, agiles, sans jamais interrompre leur ballet et laissent sur la page moins blanche des alignements bien distincts devenant mots, puis phrases, puis texte : incompréhensible au départ mais prenant forme peu à peu. Grâce à la technique, ils reviennent en arrière, effacent, corrigent, repartent et se réjouïssent de peu. Ils savent que les amis seront, de toute façon, indulgents, et il ne se passe de jour sans qu’ils ne louent leur générosité . Pendant ce temps, l’œil lui, se retourne et jette un regard ravi à la liste imposée qui s’éclaircit. Il économise ses forces pour, en même temps, ne pas rater les touches qui, elles, les garces, se plaisent souvent à lui échapper. Elles font exprès de se mélanger mais les doigts ne sont pas naïfs au point de ne pas savoir les doubler. Et puis, s’ils dérapent, en deux clics, le mal est réparé et les touches en sont pour leurs frais.
Gentiment, je ralentis le rythme afin qu’elles se reposent un peu mais surtout, pour que j’y vois un peu plus clair !
Oserai-je lire ce texte malhabile, confus, écrit à la vitesse de frappe maximum ?
Oui ! Parce que ce que je veux vous dire c’est que tout est possible et que nul n’a le devoir d’écrire un chef-d’œuvre à chaque séance. Prendre un stylo et barbouiller une feuille peut sembler inutile, anodin, mais au bout du compte, et même s’il faut le retoucher, on se rend compte que ce qui est écrit à un sens. Que peut-être même il mériterait d’être réécrit, approfondi. Ou pas. Mais en tous cas, le mérite aura été d’essayer, de ne pas se priver de crainte du regard de l’autre, de parvenir à jouer avec les mots en leur donnant un sens à peu près cohérent. Et le reste, ce sera pour plus tard, un autre jour, à un moment ou l’inspiration, sans que l’on comprenne pourquoi d’ailleurs, sera plus présente, plus forte et plus complice.
Mais les mots, eux, auront touvé preneur et le défi sera relevé.
J’intime donc à mes doigts l’ordre de cesser leur danse : les jeux sont faits !

Pascale Martin-Debève pour le 9 octobre 2006



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 09/10/2006 à 23:00

PASCALE *****

09/10/2006

Mots à insérer :

Gentil : garce, grâce, économie, envie, naïf, nature, tambour, timide, initier, intime, louer, libre.
Jokers : ami(e), lire, clair.





N’économisant aucune envie, j’avais l’intime conviction que sitôt libre, sans tambour ni trompette, j’allais m’emparer d’une feuille vierge et laisser la nature guider ma main fébrile. D’abord timide, elle tentait de relier avec grâce quelques lettres entre elles. Des mots simples, naïfs ou gentils, s’initiant peu à peu à d’autres exercices, d’autres défis. Je venais tout juste de quitter mes amis. De la lecture à l’écriture, il était clair que nous marchions tous dans la même direction. Et la Vie a parfois beau être une drôle de garce, réserver des surprises de taille, rien, définitivement rien ne pouvait entamer la foi que j’avais en eux, en ma passion et en ce qui nous réunissait. A 17h23 je pouvais siroter tranquillement mon petit café : j’aurais un texte au moins. Seule sans l’être vraiment. Puisque mon cœur et mon âme étaient encore imprégnés de leur chaleureuse présence. Je louais leurs efforts. Talentueux, appliqués ou plus laborieux, mais fidèles à l’esprit du groupe dont tous, y compris moi, nous retirons une certaine force tranquille…


Pascale Martin-Debève pour le 09/10/06



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 09/10/2006 à 22:57

PASCALE *****

02/10/2006


Mots à insérer : VACANCES village, victoire, apostrophe, aime, colline, cheval, allées, alentour, noces, nouba, crochet, crasse, étang, étole, superbe, sosie,
JOKERS : pur, blanc, vierge.



VACANCES...


Quelque chose d’indéfinissable. Moments de partage, d’amitié, de réelle affection et surtout, moments privilégiés de paix, de communion avec la nature. Un petit paradis non loin d’Orthez dans le Béarn. Et le soir, le camping endormi, petit village de toile plongé dans le noir que seule venait titiller la veilleuse des sanitaires, moi je regagnais ma petite maison de vacances. J'aime particulièrement ce moment-là. Je ne remontais que la moustiquaire, omettant volontairement de fermer la porte du double toit. Puis, allongée sur mon lit pliant mais confortable, j'écoutais la nuit, je parlais aux étoiles : je leur racontais mes espoirs, ma capacité à aimer, le bonheur d’être ici, quelques victoires et parfois aussi je leur confiais quelques désillusions. Seuls les oiseaux de nuit me répondaient alors. Hou hou, quelle chance tu as, hullulait le hibou. Hou hou, quelle vilaine pensée que voilà reprenait son voisin. Selon le ton de mes confidences, les sons étaient enjoués, réprobateurs ou parfois plaintifs comme si les oiseaux compatissaient vraiment. Cela dit, j'étais si bien que les cris de soutien n'étaient guère nécessaires...
L’allée que j’empruntais, bordée de chênes majestueux, était terriblement impressionnante mais à deux pas à peine, les collines en prédisaient la fin. Je resserrais mon étole comme pour me protéger de mes craintes imaginaires. Alentour, tout n'était que noces ou plutôt non, noubas de festayres dont les flonflons assourdis ne parvenaient pas, pour autant, à entamer ma sérénité. Pour moi, tout était calme, pur, et vierge de civilisation. La rusticité de l'endroit était d'ailleurs la raison de la fidélité de nos clients. Clients devenus amis pour nombre d’entre eux. Je ne manquais jamais de faire un crochet par la piscine. Elle était idéalement désertée et luisait dans la nuit semblant éclairer le ciel. Elle était toute ronde, aussi calme qu’un étang et j’imaginais que les anges, eux, parlaient de « lune bleutée » tout en nous observant de là-haut. J'entendais le dernier hennissement d’un cheval qui cherchait le sommeil. Instants magiques... Puis, regagnant de ma superbe, j'affrontais courageusement la nuit pour retrouver mon petit abri.
Allongée sur le dos, j'oubliais le filet de la porte intérieure. Je communiais avec le ciel, les nuages et par de nombreuses nuits étoilées, avec la lune qui me souriait. J'y accrochais mon coeur et il souriait aussi à tous ceux que j'aimais. Eux-mêmes étaient-ils sensibles à ces appels ? Je l'ignorais et ne m’interrogeais pas davantage. J'aimais gratuitement, sans espoir de retour. C'est trop souvent le meilleur moyen de gâcher le présent, et puis, je songeais que les verbes « donner » et « recevoir » étaient synonymes imparfaits mais bien réels…
Parfois le vent se plaisait à jouer dans les ramures. J'entendais danser les feuilles des arbres et celles, trop faibles pour résister, quitter leurs géniteurs, pour voler de leurs propres ailes, libres le temps d’un instant, ignorant qu'elles allaient droit à la mort. J’entendais craquer les fines branches. Je songeais à la fragilité de mon logis d'été. Puis, lorsque l'orage s'en mêlait, je sentais se réveiller mes peurs d'enfant. Les éclairs illuminaient le terrain tout entier puis le tonnerre grondait, éclatait allant jusqu'à faire trembler les parois de ma maisonnette de tissu. Je me résonnais même si les arbres géants sous lesquels chaque campeur trouvait ses repères semblaient bien fragiles ! Ils ployaient l’échine sous le souffle d’éole. Mais me disais-je, depuis le temps qu'ils sont là ? Pourquoi moi ? Pourquoi ce soir ? Et rassurée, j'assistais au spectacle grandiose en enfouissant mes peurs d'enfant dans mon « subconchiant » ! Le silence était alors total. Même la lune ne parvenait plus à traverser l’épaisse couche de nuages noirs. Comment l'aurait-elle pu ? Les animaux se calfeutraient : qui dans le creux d’une branche, qui dans l'herbe folle, épaisse et grasse qui avait échappé à la dernière tonte. Minuscules ou majuscules, les mots apostrophaient déjà mon esprit subjugué. C'était effrayant et je frissonnais. Mais magnifique et je me réjouissais. Puis tout s’arrêtait : le noir laissait place au blanc des pages sur lesquelles j’allais déposer quelques mots.
Mon sosie s’emparait d’un autre lieu, d’un autre temps, d’une autre scène et s’appliquait gratuitement à le rendre véridique, pertinent, lisible, n’ignorant pourtant pas que l’émotion de l’instant était sans doute la chose la plus compliquée à mettre en mots . Surtout lorsque certains d’entre eux nous sont imposés !!

Pascale Martin-Debève pour le 2 octobre 2006.







Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 02/10/2006 à 20:23

PASCALE *****

23/09/2006

Il s'agissait ce jour-là d'écrire un texte en s'interdisant l'emploi de certaines lettres (au choix)




Un lipogramme : unité de poids représentant la masse graisseuse contenue dans un gramme de muscle. Sachant en ce qui me concerne que, si muscles il y a, ce dont parfois je doute, je serais (assez !) étonnée qu’il soit vraiment question de grammes ! Ou alors mis bout à bout pour approcher le quintal vite fait bien fait ! Peu importe d’ailleurs, ce n’est pas le sujet du jour !
Il s’agit donc d’expulser une lettre. Comme on expulse un indésirable. Mais moi, je les aime toutes ! Alors comment faire ? Laquelle choisir ? Lorsque je me relis, seules deux des 26 dont je dispose peuvent rester à l’ombre un instant. Et encore ! A condition de ne point les nommer ! C’est l’angoisse de la page blanche, la peur de l’oubli : et si j’en laissais passer une ? C’est la Bérézina, l’enfer des lettres, des mots, semblant résignés à leur triste sort momentané : et je les vois qui se bousculent au portillon. Et moi, et moi, et moi crie le petit « aggon » en crachant une noire fumée de colère ! Et moi et moi et moi crie le petit « èbre » dans sa tenue de bagnard, tout en essayant de forcer la porte verrouillée du « aggon » qui l’emmène vers un nouveau destin…

Et moi et moi leur dis-je ! Moi aussi j’en bave. Ce n’est pas facile ! Et puis trente minutes de patience et vous serez libres ! Libres de vous multiplier, vous accoupler, vous mesurer entre vous. Mais d’ici là, vous deux, silence !

Pascale.


Un lipogramme n’a rien àvoir avec les notions de poids hi hi hi ! Il s’agit d’un texte d'où sont délibérément exclues certaines lettres de l'alphabet. La notion a été inventée au sein de l'Oulipo. Le mot lipogramme vient des racines grecques leipein (enlever, laisser) et gramma (lettre).
Les lipogrammes littéraires les plus célèbres sont les romans de Georges Perecc, La Disparitionn, écrit sans utiliser la lettre e, et Les Revenentes, dans lequel e est au contraire la seule voyelle utilisée !





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 23/09/2006 à 15:25