PASCALE *****

Ecrire une carte postale...


Le temps est à nouveau beau et ensoleillé après avoir subi un orage sévère la nuit dernière où nous dormions au gîte.
Nous sommes partis de Foix il y a déjà trois jours et le sentier des Bonhommes est vraiment très bien balisé. Le sac à dos est un peu lourd mais je m'habitue. Les Pyrénées ariègeoises sont magnifiques, très boisées et sauvages car nous ne rencontrons pratiquement personne mis à part les gardien des gîtes où nous arrêtons le soir. Nous passerons la frontière demain et nous serons en Catalogne chez nos voisins espagnols. Une des copines, mal chaussée dès le départ a les pieds recouverts d'ampoules. Nous la soignons et pansons ses plaies. Elle a fini par marcher en claquettes aujourd'hui ! Je ne sais pas si elle pourra arriver au bout car il reste encore 7 jours de marche. Le moral est bon. Je t'embrasse bien fort.

Maman


Chère maman,

J'espère que tu vas bien et j'espère aussi que ton amie aura trouvé la force de finir cette randonnée. Depuis le temps que vous l’espériez ce voyage !
Je vous admire puisque comme tu le sais, pour moi, aller chercher ne serait-ce que le pain, à pied me demande déjà des efforts inouis.
Je me souviens très bien de Foix où tu m'as emmenée petite avec mémé. Nous étions allées voir le château illuminé et ma mémoire d’enfant est encore pleine de ces images qui avaient je ne sais quoi de magique. Je suis très occupée en ce moment si bien que je n'ai pas tellement de temps pour écrire. Ne m’en tiens pas rigueur surtout ! J’espère que lorsque tu arriveras en Catalogne tu trouveras un cyber-point. Et que nous pourrons échanger quelques lignes en tête-à-tête et en direct. Je t'embrasse. Je pense à toi et je t'aime.

Ta poupette.




Pascale (italique) et ?



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 03/02/2007 à 00:09

PASCALE *****

30/01/2007

Parti au crépuscule, d’un pas lent, il emprunterait les cieux.
Le cœur lourd dans cette nuit mourante, l’homme se recroquevillerait, direction l’horizon.
Ses mains engourdies effleureraient parfois quelque mouton qui se détacherait d’un ciel caressant.
La lune disparaîtrait et assombrirait encore plus la scène, annonçant pourtant et malgré nous, le soleil pour notre lendemain matin. Sans lui.
Les routes se refroidiraient très vite et aucune senteur ne parviendrait plus à nous émouvoir.
Pourtant en contournant une villa, c’est un parfum d’oranges amères qui nous ferait sourire. C’était il y a plusieurs matins, au petit déjeuner, avec lui.
Un troupeau de badauds deviserait tranquillement et nous regarderait passer. Quelques uns oseraient poser les yeux sur le convoi, secouant la tête en espérant se rendre plus libres que nous. Utopie.
Nous continuerions notre chemin, la lune monterait dans le ciel tandis que le dernier rayon de soleil disparaîtrait au même endroit.
Le temps serait gris, la brume se lèverait, nous aurions besoin d’autres lampions pour avancer.
Nous traverserions une touffe de mauvaise herbe à qui l’on aurait permis de pousser, et plus près, dans un tout petit espace plus chaud, quelques fleurs inclineraient leur tête colorée au-dessous des herbes, sans se faire remarquer. Comme pour mieux respecter notre silence.
Et monsieur l’univers ne saurait comment s’y prendre pour nous prouver combien la vie est belle malgré nos chagrins : chaque saison serait, est, une nouvelle naissance et sans fin elles se renouvellent, toujours de plus en plus belles.
Dans cet espoir, il est bon aussi de se presser d’en profiter au lieu de pleurer encore ou se plaindre.
L’atelier est en vue et pour une fois, c’est moi qui vous dit merci notamment à Christiane à qui j’ai momentanément emprunté le texte du jour, tout juste arrivé (je ne déposerai pas celui-ci). J’ai juste cherché un jeu différent parce que je n’avais pas le goût ou le courage de m’y mettre : reprendre un texte pour en changer les mots dans le sens inverse, mais il m’a échappé pour donner celui-ci !

Pascale le 22 janvier 2007.

(texte emprunté à Christiane L. : pour un exercice de style improvisé soit écrire l'inverse des mots ou à peu près et garder un sens cohérent au texte)

Partis de bon matin, d’un pas rapide, nous avons pris le chemin,
Le cœur léger dans cette aube naissante, la fille s’étire sur le sentier, direction la colline,
Les pieds alertes butent parfois sur quelques cailloux qui se détachent de la terre battue,
Le soleil pointe à l’horizon et l’embrase avec sa brillante couleur jaune, nous annonçant la pluie pour la soirée,
Les prés se réchauffent petit à petit, une bonne odeur de foin arrive à nos narines,
Nous contournons une ferme et c’est un relent de purin qui nous fait grimacer !
Un troupeau de vaches rumine tranquillement et nous regarde passer. Quelques unes osent tirer sur le lien qui les attache, secouant la tête en espérant se rendre libre.
Nous continuons notre chemin, le soleil monte dans le ciel tandis que le dernier croissant de lune disparaît à l’opposé,
Le temps est clair, la brume s’est évaporée, nous n’avons pas besoin de lampion pour avancer.
Nous longeons une haie de lauriers qu’on a oublié de tailler, et plus loin dans une zone humide, quelques iris dressent leur tête jaune au-dessus des herbes pour se faire remarquer.
Et dame nature sait s’y prendre pour nous montrer combien elle est belle : chaque printemps est une nouvelle naissance et sans fin elle se renouvelle, toujours de plus en plus belle.
Dans cet espace, il fait bon cheminer et il est bon aussi de s’arrêter pour le contempler.
La colline est en vue, nous y serons avant midi.

Chrisitiane L.)





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 30/01/2007 à 00:22

PASCALE *****

22/01/2007

Mots à insérer :

Tabac : tentation, tourner, article, artifice, besoin, bonheur, alcool, amitié, cigale, calcul.

JOKERS : bon, long, dur.




En entendant le mot « tabac » la tentation immédiate fut de tourner quelque pertinent article concernant l’usage de ce fallacieux artifice aux maux de toutes sortes. Besoin éperdu de bonheur étanché par un verre d’alcool, sous un nuage de fumée assassine, à qui même l’amitiè ne sert plus d’interdit.
Parfois cigale, polluant l’espace de ronds de fumées plus ou moins réussis, chantant à tout vent « la Vie ne vaut rien », d’autres fois elle devenait fourmi, calculant le prix d’un paquet, d’une journée, d’une semaine, d’un mois, d’une année et du temps que la maladie lui volerait peut-être. Songeant que finalement : « Rien ne vaut la Vie » !
Alors elle avait cessé elle aussi. Elle se sentait libre et le temps lui semblait soudain plus long. Et même si c’était parfois très dur, elle ne regretterait jamais son ancienne maîtresse !

- le tabac, c’est tabou, on en viendra tous à bout, chantonnait sa conscience en souriant, singeant quelque vaudeville cinématographique.

Se gardant pourtant bien de manquer de tolèrance.

- c’est vrai, je peux fumer ??
- ben oui ! J’ai fumé tu sais !

Et ses yeux piquent, sa gorge s’irrite et elle se rappelle. Puis se réjouit : j’ai bien fait d’arrêter ..

- heu, deux ou trois ou sinon, je te prête un gilet et tu vas sur le balcon ….


Pascale pour le 22 janvier 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 22/01/2007 à 18:51

PASCALE *****

15/01/2007

Mot à insérer :
Avion : alarme, assurance, vivant, vorace, irruption, incendie, ordre, orifice, noyer, numéro, sauvetage, sirop.
Joker : noir, nuage, feu.


AVION
Pendant que certaines se creusent la cervelle pour caser le mot avion, moi, j’écoute le signal d'alarme du pèse-personne qui avec l’assurance de celui qui sait tout, me taquine chaque matin. Presque vivants et très voraces, ils ont fait irruption dans ma vie sans crier gare, ces quelques kilos qu’incendie ma balance.
Elle me rappelle moi aussi à l’ordre, m'ordonnant de ne plus ouvrir cet orifice nommé bouche que pour minauder devant une ou deux nouilles noyées dans un bouillon léger. Le numéro de sauvetage accompli, deux nouilles dans 1/2 litre d’eau c’est vite avalé, je me régale d'une sorte de gélatine sirupeuse sensée remplacer fort avantageusement la divine mousse au chocolat de mon enfance.
L’œil noir, la tête dans les nuages, je surveillé du coin de l'oeil le plat de demain qui mijote doucement sur le feu : soupe d'endives au lait écrémé... Puis je hurle en silence...
Et puis tiens, je vais aller écrire un peu. Ça ne me remplira pas l'estomac mais ça me changera les idées.... Alors... Avion... Avion... Que puis-je bien écrire avec tous ces mots ?

Pascale Martin-Debève pour le 16 janiver 2007.







Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 15/01/2007 à 19:54

En 1918 à Paris, le téléphone est rare : imaginez la réaction de Marcel Proust (ou d’un autre) devant les merveilles (!) de la technologie contemporaine. En suivant son raisonnement (identification, usage, envie de l’utiliser, objection, jugement final) mettez vous à la place de l’auteur en voyant pour la première fois :
Un magnétophone, (ou MP3) un point argent, un congélateur, un téléphone portable, une calculette, un ordinateur, une caméra etc…





Cela faisait des années qu'il affûtait sa lame et le ballet magique était devenu un rituel indispensable avant chaque coupe. Qui n'avait pas sa danse se sentait immédiatement lésé et réclamait réparation haut et fort :

-- Oh dis donc Marcel, lui criait le boucher, un homme rougeaud et court sur pattes. Si j’aiguisais mes couteaux comme tu aiguises tes rasoirs, c'est du hachis que je ferais de mes tournedos !
Souvent le coiffeur souriait en répondant : « tu veux combien de tranches ? » et il lui caressait la nuque de son instrument coupant.

Et voilà que tout allait changer. Le fruit du progrès. Pour rester dans le vent, il allait falloir passer au rasoir électrique. Ou plus précisément : à la tondeuse électrique ! Comme si une coupe de cheveux n'était guère autre chose qu'un débrouissaillage de jardin. Le représentant lui avait même parlé de sabots, c’est dire !
Pourtant, au début, Marcel Truchon était plutôt content de la nouvelle. Il pensait ainsi gagner du temps. Économiser mousses et blaireaux. Éviter aussi ses petites coupures aux oreilles si « désagréables » pour la clientèle !
Mais voilà. D'abord, l’appareil était effectivement presque aussi bruyant qu’une tondeuse à gazon. (D'où son nom probablement) ensuite, il n'évitait pas l'usage de la lame puisque, aussi bien, il était impossible de raser la nuque proprement. Ce n'était plus de l'art mais du jardinage. Et Marcel n'avait pas la main verte, ça non !
-- oh dis donc Marcel rouspétait le boucher. Regarde mon crâne ! C'est bien trop court. On dirait le cul d'un cochon ! Heureusement qu’ça repousse...
Marcel riait jaune jurant qu'il ferait mieux la prochaine fois. Et vu la tonte, la prochaine fois se ferait attendre un peu plus que d'ordinaire !
Non vraiment, cette machine n'était peut-être pas l'instrument du diable mais il s'en passerait... Parce que, à cette heure, c’était plus une perte de temps qu’autre chose ! C'était vraiment décidé...


Pascale jeu du 8 janvier 2007.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 15/01/2007 à 00:41

PASCALE *****

09/01/2007

Mots à insérer :

Cadeau : coup, charme, aventure, avancer, destin, doute, étrenne, exulter, anticiper, acte, usurper, unique.
Joker : alors, bon, ciel.



Comme sous l’influence d’un cadeau empoisonné, elle était tombée d’un seul coup sous le charme de cet aventurier sans grand scrupule. Depuis elle avançait à tâtons dans le noir, cherchant à percer son destin immédiat. Ou plutôt, les desseins de cet homme dont elle doutait mais un peu tard, des honnêtes intentions. Il avait etrenné sa nouvelle décapotable payée avec son argent à elle, extorqué sous la menace, exultant comme l'enfant au pied du sapin. Elle anticipait souvent ses réactions possibles, cherchant un moyen de passer à l’acte et de fuir cet enfer. Usurpant son identité il avait été jusqu'à s’offrir un voyage. Voyage d'affaires avait-il précisé, lui indiquant ainsi qu'elle n'y avait pas sa place.
Pourtant, elle l’avait vu partir, accompagné d'une toute jeune femme. Il ne se cachait même pas. Pire, de sa façon unique, il l’avait saluée de la main tout en ouvrant galamment la portière à celle qui n'était sûrement pas son employée. Elle avait alors pris sa décision. Personne ne pouvait plus pour elle qu'elle-même ! Il y avait longtemps que le bon Dieu et les cieux l’avaient rayée de la carte céleste. Mais avant de partir, elle allait assurer ses arrières.
Ce sale type ne l’emporterait pas au paradis !
Elle ne mit pas longtemps à rassembler toutes leurs affaires communes au milieu de la salle à manger somptueuse. Elle hésita lorsqu'elle ajouta au tas déjà impressionnant le contenu de sa garde-robe.

- allez, hop, aucun souvenir…

Elle craqua une allumette. Puis une autre. Puis une autre encore. Enflamma avec application chacune des lourdes tentures des doubles fenêtres.
Puis elle partit sans se retourner.
Le lendemain, elle apprit dans le journal la mort des deux amants !
Leur avion avait été retardé et ils avaient secrètement élu domicile dans l'une des nombreuses chambres de rêve de la demeure dont il ne restait plus que des cendres.
Elle raconta qu’ils s’étaient séparés l’avant-veille. L'homme était déjà connu des services de police. Elle ne fut jamais inquiétée...

Moralité : bien mal acquis ne profite jamais, qui est pris qui croyait prendre et bien fait pour eux, voilà !

Pascale pour le 8 janvier 2007




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 09/01/2007 à 07:36

PASCALE *****

Juste Bonnes fêtes à tous
Pascale

Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 24/12/2006 à 15:18

PASCALE *****

20/12/2006

Mots à insérer :

SOUHAIT : soupir, sûr, oubli, obliger, unisson, univers, herbe, hôte, abandon, aide, innocent, idylle, tenace, tentation.
JOKERS : lumière, joie, or.






Je n'avais plus qu'un seul souhait : relever le défi et tenir compagnie à certaine dame de ma connaissance. Mais voilà me disais-je aussitôt en poussant un gros soupir de détresse. D'abord je suis sûre et certaine que j’oublierai vite la liste des mots obligatoires. Ensuite, qu'à l'unisson, toutes les lois de grammaire de l'univers se ligueraient elles aussi contre moi. Pour me narguer et me couper l'herbe sous le pied à chaque tentative d'épandage gracieux et ordonné. Quelques hôtes inattendus viendraient titiller ma plume me poussant à l'abandon des règles de prudence les plus élémentaires. Cette fois je repoussais l'aide du dictionnaire, moins innocent qu’on ne l'imagine. Car de nos anciennes idylles, je n'ai gardé que si peu en mémoire que ce n'était pas allongée dans lit, un bloc de papier reposant sur la couette, que ce lourd objet allait se rendre utile. Place forte s’il en fallait que mon alcôve. Elle suffirait à mon inspiration. Avec ténacité, je tentais un dernier subterfuge pour caser trois derniers troublions. Galèjades que ces trois mots . A la lumière de mes expériences passées, je savais que leur dernière heure est-il venue. Pourtant c'est avec joie que l'avant-dernier puis, plus timidement le dernier, s’avancèrent vers moi.
- Toi tu joues ! Or, moi, pendant ce temps, moi je reste seul en piste ! me dit le plus petit.
- Faux ! lui répondis-je. Relis-toi donc : tu y es ! Comme tous les autres ! Dans l’ordre que nous imposa le hasard.
- C'est ma foi vrai, me dit Or. Vite, vite, mais « OU E(s)T DONC NI-CAR » que je lui conte cette aventure…


Note à bênets : mais, où, et, donc, Or, ni, car : conjonction de coordination . Le texte n’a pas beaucoup plus de sens, forts de cette information mais enfin, il fut écrit avec plaisir.

Pascale pour le 18 décembre 2006.



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 20/12/2006 à 20:40

PASCALE *****

13/12/2006

Mots à insérer :
MUSIQUE : moment, miel, usure, urgent, silence, sol, infini, icône, qualité, quête, unité, urbain, évident, école.

JOKERS : jaune, feu, léger.




Réglée comme du papier à musique, c'est dans un moment de douce folie qu'elle avait recouvert le bois de son piano d'une fine couche de miel. L’usure du temps l'avait pourtant rendue presque aussi solide qu'une pâte de coings. Mais elle avait insisté. Frotté. Et gagné...
Il lui semblait alors tellement urgent de renoncer à ses terribles manies.
Le silence de la pièce, à peine rompu par le balancement de l'horloge, lui était devenu insupportable. Tic tac. Tic tac. Lui décomptant son temps bien trop vite...
Alors, peu à peu, elle avait instauré quelques rites. Vite devenus troublants, obsessionnels, irrésistibles. Toc toc lui chuchotait le sol en grinçant de toute la force de ses vieilles planches. Toc toc reprenait la pendule, aussi dérangée que le reste de la maisonnée.
À l'infini, à part quelques icônes à qui les pieuses qualités servaient de protection, à l'infini donc, ce n'était que vaines quêtes, récriminations en tous genres, désapprobation et elle sentait bien qu'elle flirtait dangereusement avec la folie.
Elle avait à peine 30 ans. Mais de la règle des trois unités, action, lieux et temps, il ne lui restait plus grand-chose, l'urbanisme ayant accompli son oeuvre jusqu'à ignorer ses propres enfants. Anonyme. Oubliée du monde.
Ce piano, c'était sa dernière richesse. Son dernier lien avec sa vie d’avant. Il lui était évidemment nécessaire. Vital même. De l'école de musique qu'elle fréquentait jadis, il ne lui restait que quelques feuillets épars et jaunis. Le reste, tout le reste, avait terminé sa course dans le feu de l’âtre. Elle avait brûlé ses souvenirs, un autre soir de douce folie. Aussi légère qu'une chrysalide vide, elle n'avait pas pu, pas su, qui peut le dire, déployer ses ailes. Elle s’était donc isolée, repliée puis recroquevillée...
Toc toc... Elle n’attendait personne. Toc toc...
Elle fit glisser ses pantoufles usées jusqu'à la porte, l'entrebâilla et sans même un regard pour le notaire, prit la lettre que l'homme souriant lui tendit :

-- Maitre Goupillon. Bonsoir Madame. Vous ne vous souvenez plus de moi ? Eh bien je vous confirme vous êtes bien l'unique héritière de feu votre grand oncle. C'est qu'il nous a fallu du temps pour vous retrouver... Vous voilà riche...

La jeune femme sourit vaguement. Du geste elle pria l'homme d'entrer. Puis elle indiqua un fauteuil usé que l'homme de loi refusa poliment. Elle s'approcha du piano. S’empara d’un chiffon doux. Et taquinant le silence, commença à caresser le dos de l’instrument pour y faire pénétrer l’onguent. Puis, toujours silencieusement, elle tira le tabouret, découvrit les dents blanches et noires et soudain, elle-même surprise, fit voler ses doigts sur le clavier. La pièce, comme par magie, devient soudain vivante, la femme transformée et le notaire abasourdi, assista au plus beau concert de sa vie.

Alors, je pourrais vous le demander :

- Qui donc a dit que l’argent ne fait pas le bonheur ! (hi hi)

Pascale pour le 12 décembre 2006.

Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/12/2006 à 19:13

PASCALE *****

C’est l’hiver : imaginez que vous êtes un animal domestique ou sauvage, une fleur, un arbre…





La température descend d’heure en heure. Tout là-haut dans le ciel, les nuages semblent se rétracter sur eux-mêmes. Du blanc cotonneux qui les illuminait jusqu'alors il ne reste que de fines lanières. Puis leur coeur vire au gris sombre. Parfois même au noir intense. Enfin, les gouttes d'eau ne résistent plus, gelant sur place avant de se laisser tomber, étoiles légères livrées aux caprices du vent. Il neige…
Ce matin-là, je l'avais pressenti bien avant les autres. Cela faisait des jours et des jours que je préparais ma future retraite. Aucun doute : l’hiver serait long et rigoureux. D'ailleurs je n'avais pour m’en convaincre qu'à regarder les hommes couper énergiquement des tonnes et des tonnes de bûches.
Alors moi aussi je creusais mon trou. Et au rythme de leur han han, moi je faisais crisser la terre entre mes dents. Parfois, au moyen de mes deux pattes molles, je repoussais les petites buttes ainsi formées. Et petit à petit je construisais un confortable abri. J'avais accumulé pas mal de réserves pour affronter les premiers frimas, et cette graisse associée au poids de ma propre maison rendait ma démarche pataude et hésitante. Mais je mettais du coeur à l'ouvrage. Il faut dire qu'il en allait de ma survie. De ma Vie même, si jamais quelqu'âme malfaisante venait à me « découvrir » ces prochains mois. Pour m'entraîner, j’obligeais déjà mon coeur à ralentir son rythme. C'est que bientôt, j’hibernerai et que la seule façon de me réveiller au printemps, c’était d'abord de mettre en sommeil. Corps et âme. Alors, pour le moment, j’avais encore besoin de tous mes esprits. Mais mon coeur pouvait bien déjà apprivoiser sa future solitude.
Ce qui est bien avec l’hibernation, cela, il faut le savoir, c'est que lorsque je me réveille, je ne me souviens de rien ! Je n'ai pas perdu plus d'1/5 de mon poids, et d’ailleurs lorsque je dévore les bonnes salades de Thomas, le jardinier voisin, je me demande toujours comment je peux être aussi gourmande parfois et jeûner d’autres fois aussi longtemps ! Les mystères et miracles de la nature sans aucun doute.
Mais voyons un peu... Le ciel se couvre, l'air est vif, presque piquant.

- « ça sent la neige » crie Thomas tout en filtrant une dernière fois ce purin d’ortie qu'il n’ira plus vendre désormais au village voisin.(!)


En effet, me dis-je. Ça sent la neige. Inutile de courir cependant. Il faut partir à point…
C'est que, moi, Philomène, tortue de jardin, je marche aussi vite que me le permettent mes courtes pattes, et même si je le voulais, je ne pourrais jamais dépasser le 5 m à l’heure. Enfin, quand je suis en forme... À quoi bon se presser d'ailleurs : carapace oscillante sur le dos, je vais et suis mon bonhomme de chemin. Il est tout tracé. Je m'installe dans mon petit coin. Ma petite butte. Mes paupières sont déjà lourdes. Lourdes comme du plomb. Et je crois que... Je crois que...

- maman. Maman. Il neige ! Elle est où Philomène ? Elle va avoir froid...
- mais non mon chéri. Philomène hiberne. Viens, rentrons, je vais t’expliquer...

J’ouvre une demi paupière, un demi-oeil, une demi-dernière fois. J'entrevois la femme et l'enfant. Et je plonge dans un autre monde... Je songe... Je suis une tortue? Un être humain ? Une tortue ? Un être...

Pascale jeu du 11 décembre 2006.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/12/2006 à 19:08