Maternage et éducation non violente ...

Personnellement, je ne pense pas que la violence éducative ordinaire
ait pour origine le manque de maternage si on entend ce terme par le
portage et la proximité maintenue entre mère (ou personne maternante)
et enfant.
Il y a des sociétés où les mères portent longtemps les enfants et où ils n'en sont pas moins frappés. Ils le sont même parfois plus tôt parce qu'ils sont portés.
D'après ce que j'ai pu savoir, c'est au moins le cas au Rwanda ou
dans certaines régions du Rwanda visitées par une animatrice LLL
Pour pouvoir les porter sans problème les mères frappent leur bébé très tôt chaque fois qu'il fait pipi ou caca pour qu'il prenne l'habitude de pleurer avant de faire.
Prévenues, elles peuvent donc le poser à terre avant d'être salies.
Dans d'autres régions d'Afrique, l'habitude est souvent de porter le
bébé et de beaucoup s'en occuper jusqu'à l'âge de trois ans, puis de
le sevrer brusquement et de le confier entièrement à quelqu'un
d'autre qui l'élève à la baguette. A peine plus tard, à partir de 5
ans, beaucoup sont confiés à un maître coranique très loin de leur
famille, parfois à l'étranger, et ils paient leur apprentissage du
Coran en allant mendier. Ils sont très souvent maltraités par leur
maître. C'est un énorme problème social aggravé par l'islamisme
intégriste. Des associations essaient de le résoudre ou du moins de
discuter avec les maîtres coraniques pour adoucir la situation des
enfants.Voir le lien

Autrement dit, allaitement, portage, maternage "de proximité" ne
sont pas du tout, contrairement à ce qu'on dit parfois, une garantie
d'éducation respectueuse.
La violence éducative peut démolir les bases que le
portage établit, au moins en ce qui concerne l'éducation à partir de
l'âge où les enfants ont commencé à être frappés et reproduisent donc
ce qu'ils ont subi.
Par contre, ce que je crois c'est que la dureté de l'éducation après
la période de portage (ou pendant !) rend possible et perpétue cette
dureté en atrophiant le sens de l'empathie à l'égard des souffrances
des enfants à partir d'un certain âge (voir aussi l'excision
pratiquée dans des sociétés où le portage est très fréquent).
D'autre part, la violence éducative a un effet de confusion radical
entre le bien et le mal à tous les sens de ces deux termes. Sous les
coups, l'enfant doit comprendre la douleur exactement à l'inverse du
sens d'alerte et de danger que lui donne instinctivement son corps,
puisque la douleur des coups est censée faire du bien et le plaisir
que recherchait l'enfant en ayant tel ou tel comportement qui déplaît
aux parents devient le mal. Donc, négation de l'instinct de
conservation. Et, bien sûr, renversement des valeurs morales : la
violence devient un bien. La violence éducative provoque une
véritable dénaturation.