Soyez ravis par vos enfants!

La non-violence au quotidien.

Accompagner ses enfants.

Les parents de la liste « parents conscients » gérée par la maison de l’enfant sont pleins de ressources ! ! !
Voilà la retranscription d’un mail très riche qu’une maman consciente a posté sur la liste.
Comment vivre la non-violence au quotidien…


Pour rester connecté à ses enfants.

Voilà ce qui marche pour moi (dans l'ordre et en partant de la base):
1. Etre reposée. C'est à dire dormir suffisamment et bien.
Ça veut dire aussi que parfois je fais des siestes, tant pis pour le ménage!
2. Bien m'alimenter. Ne pas sauter le petit-déj' par exemple ou "oublier de manger". Hypoglycémiée, je deviens imbuvable!!! J'ai toujours une barre de céréales dans mon sac... Trop de café ne me réussit pas non plus. Je veille aussi au manque de magnésium, essentiel pour la santé nerveuse.
3. M'oxygéner. Si je ne bouge pas assez, si on reste trop à l'intérieur, je risque plus de "péter un plomb". J'ai recommencé à faire du yoga avec les enfants le matin et c'est génial. Ça me détend et eux aussi.
4. Remplir mes réservoirs d'énergie, me ressourcer, me recentrer, faire des trucs qui me plaisent (surfer, écrire, parler à une copine, prendre un bain chaud relaxant, lire...) Certains ont besoin de faire du sport ou de pleurer un bon coup... de méditer ou de s'affaler devant la télé... chacun son truc.


Déjà, ça.... ça aide bien. Je suis moins "au taquet", mon seuil de tolérance est bien meilleur. (Tiens, un jour j'essaierai le rescue remedy quand la moutarde me montera au nez...)
Après, j'essaie d'écouter mes enfants et d'honorer leurs demandes. J'essaie (je fais ce que je peux mais je progresse) de voir pourquoi ils sont "demandants"/"lourds". Ont-ils eu leur dose de sommeil ? Sont-ils assez nourris? Se sont-ils assez dépensés? Ont-ils eu assez de contacts physiques? D'interaction? De câlins? Les ai-je écoutés suffisamment? Ont-ils été TROP stimulés? Est-ce qu'ils sont dans leur "rythme" ou "déphasés"?

Tiens par exemple, quand mon fils refusait que je l'attache dans son siège-auto, c'est qu'il savait qu'il avait un pipi à faire. Comme il allait être attaché pour une durée dont il n'avait aucune idée, il protestait vigoureusement car il ne voulait pas se faire dessus! Au lieu d'employer la force, je prenais 2 minutes, je lui proposais un coin approprié et immanquablement il faisait un pipi/un caca .... et se laissait attacher sans problème avec même, un grand sourire de reconnaissance... (plus tard, il a fait le signe "toilettes" de la langue des signes)


Quand ma fille (3 ans), qui sait très bien mettre ses chaussures ou aller aux WC seule, réclame mon aide, j'accepte sa demande car je sais que cette phase de "régression" est le signe de l'arrivée imminente d'une nouvelle étape de son développement. Là, par exemple, elle vient d'apprendre à coordonner ses mouvements pour se donner de l'élan toute seule sur la balançoire et a appris a manier des ciseaux :D

Parfois ça m'énerve... je voudrais que ça aille vite ou finir tranquillement ce que je suis en train de faire. Si je m'énerve, ça empire... Donc, je fais rapidement le vide en soufflant, je dis "oui bien sûr", j'y vais, je la regarde, je souris, je l'aide, je lui fais un bisou et voilà. Elle a sa dose et je n'ai pas cassé le fil entre nous ;-) Elle est satisfaite et sa joie/son calme me remplissent.
Quand il y a des situations difficiles, de plus en plus souvent, je me force à ARRETER ce que je fais. Je me dis qu'il n'y a RIEN de plus important que la relation avec mes enfants. Ils sont en devenir et TOUT compte! Je n'y arrive pas toujours... Parfois, mes priorités changent mais ça devrait arriver le moins souvent possible. C'est vraiment POSSIBLE de changer sur ce point! Par exemple, pendant un coup de téléphone, on peut dire "je vous rappelle plus tard" ou si on a des trucs sur le feu, éteindre! ... Si on a une crise à gérer et que ça va nous mettre en retard... eh ben, on sera en retard...


Par exemple aussi, au début, quand on allait à la bibliothèque pour les séances de lecture d'histoires, parfois elle ne s'intéressait pas et gesticulait, tournait, bref se divertissait toute seule... Moi ça me frustrait car j'étais contente d'avoir cette activité, de lui proposer un truc sympa et elle, n'en profitait même pas! Pire, j'étais embarrassée par son attitude et je lui en voulais même un peu. J'ai un peu insisté parfois pour qu'elle "coopère", et puis j'ai laissé tomber. Elle n'était pas prête. À moi de respecter ça aussi!
Tiens, récemment, on avait un rendez-vous avec notre groupe de jeu et on avait invité une thérapeute pour parler justement des difficultés avec les enfants. Il y avait là des femmes avec lesquelles j'avais eu pas mal d'échanges "virtuels" sur le net et j'étais très contente de pouvoir faire leur connaissance. Et bien ma fille n'était pas dans son meilleur jour et j'ai été obligée à plusieurs reprises de quitter la salle pour m'occuper d'elle assez longuement. Le pire c'est que son petit frère (1 an 1/2) nous suivait partout et était jaloux... Ça a été très dur pour moi, ça m'a beaucoup frustrée. Le groupe était sympa, les enfants étaient chouettes, j'avais organisé un pique-nique à l’arboretum voisin pour après... J'ai dû en faire mon deuil et partir avant la fin... J'ai eu du ressentiment sur le coup... Mais je suis restée calme et j'ai chialé en silence avant de démarrer la voiture... Ça a été un moment très dur mais j'avais aussi ma part de responsabilité car j'étais fatiguée, et puis c'était l'heure de leur sieste, il y avait beaucoup de gens nouveaux, de bruit... Elle s'est endormie sur le chemin de la maison, a fait une sieste de 3 heures et demie et s'est réveillée fraîche et charmante. Depuis, elle n'a plus été aussi "lourde"... C'était sûrement le point culminant... Après cela, le soufflé est retombé... Dommage pour moi que ce soit arrivé ce jour-là mais je ne peux pas lui en vouloir.


J'ai sûrement déjà raconté sur cette liste l'épisode du magasin et de la crise de pleurs. En résumé, elle avait fait le cirque et s'était couchée très tard la veille. Mon mari voulait que je l'empêche de faire la sieste la journée. Classique. Mais c'est vraiment une très mauvaise idée . Apprendre comment fonctionnent les mécanismes du sommeil aide beaucoup quand on est parent . J'aime bien le livre d'Elizabeth Pantley "Un sommeil paisible et sans pleurs"... Mais... il fallait que j'essaie, au moins pour la démonstration... Donc, je bourre la journée d'activités... Pas de chance, exténuée, elle s'endort sur le chemin du magasin, je la transpose dans la poussette, elle se réveille en pleurant et se focalise sur une grosse peluche qu'elle avait vue et qu'elle voulait... LA crise de toutes les crises!!! Je devais échanger un article... Impossible!!! Je retourne à la voiture, impossible de l'asseoir, elle se débattait, criait, elle était dans comme dans un état second. Moi j'étais bien vannée aussi et là, j'ai vu comme 2 options devant moi: A) montrer la supériorité de mes besoins (en finir en employant la force et partir à la maison rapidos en essayant d'ignorer cet enfant hurlant a l'arrière... hummm..) ou alors B) accepter, attendre, l'accompagner, ne pas aller au conflit. Je nous ai tous enfermés dans la voiture et j'ai attendu qu'elle se décharge... Ma patience a été mise à rude, rude épreuve, ça a duré TRÈS longtemps, elle ne se laissait même pas toucher, ce que j'ai respecté... Au bout d'un moment, je lui ai proposé de venir pleurer dans mes bras et là, elle a eu un soupir et m'a dit "oui" comme si elle avait attendu cela depuis des lustres.... Elle est restée blottie très longtemps. Ça m'a donné une sacrée leçon.

Il y a eu d'autres épisodes comme ça où elle était très, très "plantée" et où je lui ai proposé de venir dans mes bras se débarrasser de sa frustration/tristesse. Ça marche très bien, ça la sécurise et moi je ne me perds plus dans ma violence...
Mais il y a eu des épisodes aussi où ma violence me dépassait et où je n'ai pas été aussi cool... Elle m'implorait de venir dans mes bras pour se faire consoler lors d'un conflit et moi je refusais. Je ne me croyais pas en mesure de l'accepter. Je l'ai même déjà mise dehors (j'en suis pas fière) Je me suis mise 10 secondes à sa place et j'ai vite arrêté ce jeu destructeur. Maintenant, je remets les pieds sur terre et reconnecte avec mon enfant immédiatement. On est "ensemble" dans la difficulté/l'épreuve, pas les uns contre les autres et isolés, à ruminer dans son coin.


Quand il m'arrive de crier, de prendre un ton sec, de les engueuler, claquer les portes, taper du pied, jeter des objets (là non plus... pas fière), je me sens très triste, coupable et nulle. Et eux, ça les effraie, ça les traumatise. Le pire, c'est que ce comportement-là, ils le reproduisent quasi illico !!! ... Ce qui m'exaspère, évidemment, et alimente le cercle vicieux :( En plus, ça ne sert à rien du tout car leur détresse augmente!!!! Et ils vont me coller encore plus aux basques pour avoir leur dose, qui du coup a augmenté!!!!! :((((((
Je ne veux plus les terroriser, je ne veux plus qu'ils me craignent, je ne veux plus les humilier, je ne veux plus. Point barre.
À moi de m'organiser pour prévenir, gérer...
Si je m'emporte, c'est que je suis frustrée. C'est que je n'ai pas adopté les bons comportements... Je m'excuse toujours auprès d'eux, je les prends dans les bras. S'ils sont d'accord, on fait un "big family hug". Un vrai. Pas un juste pour la forme à la manière du "on fait la paix" forcé de mon enfance :(
S'ils sont "pénibles", c'est que je n'ai pas été suffisamment "in tune", que je n'ai pas été disponible, que je n'ai pas su reconnaître les messages qu'ils m'ont envoyés et/ou que je n'y ai pas répondu adéquatement, ce que je considère comme mon job!


Dans la mesure des mes moyens encore une fois, mais en progrès :)
- J’utilise la langue des signes (mes enfants ne sont pas malentendants mais c'est un formidable outil). Ça a aussi l'avantage de baisser le niveau de décibels ou de pouvoir communiquer à distance ou dans le brouhaha. J'aime bien les signes de "angry" et de "mad" par exemple, très expressifs. Si je veux qu'ils s'en servent, il faut que JE montre l'exemple.
- Je ne dis plus "tu m'énerves!" , "tu es pénible/lourd/chiant" mais "c'est trop pour moi/ j'y arrive pas/ je suis dépassée/ je suis énervée/en colère/sensible au bruit/ je n'ai pas assez dormi" ...
- Je n'utilise plus de tournures négatives, et si je donne un "ordre", je parle calmement, j'ajoute "s'il te plaît" et un sourire, je les regarde. Je ne dis plus "ne fais pas..." Je formule clairement ce que j'attends d'eux. Par exemple
"ne te mets pas debout sur cette chaise, tu vas tomber" mais "assieds-toi s'il te plaît, je préfère que tu sois stable" ou
"n'enferme pas ton frère" devient "libère-le, s'il te plaît, il n'aime pas ça" ou
"ne cours pas sur le parking" devient "reste près de moi, attrape mon pantalon, j'ai besoin de te savoir en sécurité" etc...
Ça m'a demandé un petit temps de préparation car j'ai repris beaucoup de mes petites phrases "assassines" pour les reformuler mais ça a grandement amélioré l'ambiance à la maison.
Peut-être que si mes enfants savaient lire, j'écrirais en grosses lettres "je suis en colère!". Le temps de chercher un papier et un crayon me permettrait peut-être de souffler ? hi hi hi, je me souviens avoir fait ça ado!

Les outils que je leur donne :
- La langue des signes. Ça leur permet de communiquer leurs sensations, besoins, émotions quand ils ne maîtrisent pas la parole. Les muscles des bras, des mains sont bien plus faciles à maîtriser que ceux de la bouche :) mon fils réclame des câlins comme ça dernièrement ou bien il me dit quand il veut téter pour s'endormir ou bien encore quand il s'est fait mal...
- J'ai demandé à ma fille de me dire quand je parle trop fort ou qu'elle a peur de moi. Je l'ai "autorisée" à me dire "stop!" Je lui ai demandé aussi qu'elle me dise elle aussi clairement ce qu'elle veut pour que je puisse changer la situation. Exemple" si je suis trop longtemps sur mon ordinateur ou au téléphone, maintenant elle me dit "maman, je voudrais que tu arrêtes et que tu viennes avec moi" ou "je veux pas que tu téléphones, je suis toute seule". Je prends ses souhaits en considération, je m'organise pour être avec elle. Depuis, elle a arrêté de me sauter sur le dos ou de s'accrocher à mes jambes ou de faire du bruit exprès pour attirer mon attention. Elle dit aussi "maman, crie pas à tes enfants, ça fait triste à tout le monde." Hum... Hier j'ai été un peu rude avec mon fils qui était dans mes pattes et elle m'a reprise en disant "maman, doucement, dis à S.: "S. , je voudrais que tu ailles là-bas, je veux passer..." :)
Quand elle a eu cette phase où elle mordait, poussait, écrasait son petit frère (et d'autres enfants aussi), je lui ai dit " tu as le droit de te mettre en colère, mais pas de faire mal. Tu peux dire "help" pour m'appeler à l'aide si tu sens que tu t'énerves trop, je viendrai vite. Mais si je n'arrive pas assez vite, tu peux aussi faire comme moi si tu veux" et j'ai tapé du pied, agité mes poings serrés et dit "j'ai envie de mordre, j'ai envie de mordre !!!! "tu fais comme le crocodile mais tu mords l'air!" On en a ri. Le fait de rire relâche les tensions. Embarrassée et surprise, elle n'a pas voulu me copier sur le moment. J'ai répété mon manège à plusieurs reprises et par la suite, je me suis rendu compte qu'elle utilisait cette stratégie efficacement :) Ça a servi de soupape et évité bien des morsures...



Je me demande aussi de plus en plus systématiquement, si ce qui me fait monter la moutarde au nez est un "big problem" ou une babiole.
Il a renversé le riz par terre et se vautre dedans? Bon le paquet ouvert n'avait pas à être dans le placard du bas et puis allez... no biggy! Il va découvrir une nouvelle texture, bien s'amuser, on va passer le balai et voilà. Comme j'ai hérité d'une phobie du gaspillage, je me dis que c'est le budget "jeu et matériel éducatif", lol. Ah puis tiens, on le sortira pour sa sœur quand elle se réveillera de sa sieste :)
Il veut encore jouer dans l'eau? Il a déjà pris 2 douches et j'ai x serviettes trempées à laver!? No biggy, c'est le budget piscine, il découvre les bulles et les volumes... La machine va me prendre 5 minutes à charger, et pareil pour le sèche-linge... En plus ils adorent le remplir et le vider... Les enfants aiment copier, participer, aider...
Elle veut un truc au supermarché mais je le trouve trop cher et je ne veux pas céder? Et si je lui proposais ce petit livre à 1 ou 2 dollars à la place ou cette feuille d'autocollants à 50 cents ? Paf, ça fait l'affaire, elle a une "nouveauté" qui rassasie sa curiosité, j'ai pas fait un gros sacrifice et en plus je crois que je lui apprends aussi une forme de générosité en lui montrant que j'aime bien lui faire plaisir. J'avoue que les rares fois où elle a insisté pour avoir un truc qui lui plaisait dans un magasin, il s'est révélé, que c'était d'excellents choix comme cette grosse peluche avec laquelle elle s'endort paisiblement et ce parapluie "Dora" (que JE n'aurais jamais choisi) qu'elle ne quitte plus et qui lui permet de protéger son petit frère de la pluie imaginaire dans la maison :)
Elle me colle? Je lui propose le tonga pour la porter, elle est ravie.
Ils se chahutent? Je m'approche d'eux au lieu de leur crier d'arrêter de la pièce d'à côté (no comment), je m'accroupis, je me mets à leur hauteur, je les prends dans les bras, on fait la comédie tous ensemble, on trouve une solution avec laquelle tout le monde peut vivre...
Ils sont demandants, pleurnichent pour un rien? On prend un bain moussant à trois. 30 minutes pour se retrouver et reconnecter. Une demi-heure... C'est quoi si ça nous permet à tous d'aller nous coucher sans pleurs et sans rancœur, hein????
Big problem ou pas? Si c'est pas un biggy avec un vrai danger, je ne perds plus mon énergie... Je "plie", oui! Et j'apprends (!) à y trouver beaucoup de plaisir... Mon plus grand bonheur, c'est le lien que je sens se reserrer et ça, ça n'a pas de prix, je trouve....



Rédigé par Natha le Mardi 7 Décembre 2004 à 00:00 | Lu 16311 fois