De saint Nicolas à saint Coca-Cola
Au commencement, le Père Noël était un saint : saint Nicolas. Au IIIe siècle, l’évêque de Myre était connu dans toute l’Anatolie (l’actuelle partie orientale de la Turquie) pour sa bienveillance. La légende raconte qu’il déposa en cachette des bourses remplies d’argent dans les bas qu’une famille plongée dans la misère avait accrochés à la cheminée. Il aurait également ressuscité trois enfants trucidés par un boucher. Il n’en faut pas plus pour faire de lui le saint patron des faibles et des enfants. Traversant l’espace et le temps, cette légende s’installe en Europe du Nord où elle se mélange avec des croyances païennes comme celle du généreux lutin Julenisse ou encore des dieux Gargan et Odin. Chaque 6 décembre, un vieil homme, rappelant saint Nicolas, vient donc distribuer des cadeaux aux petits enfants. Alors que les guerres de religions ensanglantent l’Europe, saint Nicolas (Sinter Klaas) trouve refuge aux États-Unis et devient Santa Claus. Au début du XIXe siècle, il inspire le romancier Clarke Moore qui en fait le personnage principal de La Nuit d’avant Noël où il apparaît pour la première fois avec ses fameux rennes. De plus en plus populaire, Santa Claus prit corps en 1863, à la une du Harper’s Illustrated Weekly, un grand hebdomadaire new-yorkais. Soixante-dix ans plus tard, le géant Coca-Cola en fit le héros d’une grande campagne publicitaire qui allait asseoir le mythe du Père Noël partout dans le monde.
Des gestes séculaires
Bûche, sapin de Noël, crèche, desserts… tous les petits gestes que l’on perpétue lors des fêtes de fin d’année, sans réellement y réfléchir, trouvent leurs origines aux confins des siècles et des cultures. La bûche est par exemple la version gourmande de la véritable bûche que les anciens brûlaient dans l’âtre, une fois par an, pour réchauffer la famille au complet, et que, parfois, les paysans étaient obligés de céder à leur seigneur. Le rite du sapin, quant à lui, nous vient des païens qui célébraient le solstice d’hiver (le jour le plus long de l’année et donc le retour progressif du dieu Soleil sur Terre) en décorant un arbre de fruits et de fleurs. C’est d'ailleurs en voulant contrer les rites païens et leurs idoles, qui lui faisaient de plus en plus d’ombre, que l’Église, au coeur du Moyen Âge, décida d’instaurer la tradition plus puritaine et vertueuse des crèches. Au XVIe siècle, elles ont gagné les maisons bourgeoises avant que les santons ne soient produits en masse, en Provence, dès le début du XIXe siècle. À partir des années trente, d’autres scènes de vie viennent s’ajouter à celle de la Nativité.
Noël d’ailleurs
Si le Père Noël est connu partout dans le monde, il a trempé, dans de nombreux pays, dans le chaudron magique d’antiques traditions locales. Ainsi, en Islande, on dénombre treize pères Noël aux allures de gnomes turbulents, tous plus étranges les uns que les autres. En Russie, la grand-mère (babuchka), qui apportait des cadeaux aux enfants, n’a pas survécu, comme tant d'autres rites slaves, à la révolution de 1917 et a laissé sa place à Ded Moroz, qui vient lui aussi célébrer le solstice d’hiver les bras chargés de présents. En Australie, le Père Noël vient tracté par… une planche de surf, évidemment ; tandis qu’au Mexique, c’est la sainte Vierge qui est célébrée à cette période. En Grèce, comme dans de nombreux autres pays, les cadeaux ne sont pas donnés le jour de la Nativité, mais le 1er janvier, alors que le pays célèbre la Saint-Basile. C'est ce grand homme à l'allure très austère qui apporte d'ailleurs les présents aux plus petits. Pour l'occasion, on cuisine une galette traditionnelle dans laquelle on cache une pièce apportant bonheur et prospérité à celui qui la trouve… Ça ne vous rappelle rien ?
A lire dans la même thématique
Suggestion de publications disponible dans la même thématique