Jacques Lacan, l’héritier de Freud

Jacques Marie-Émile Lacan est né le 13 avril 1901 à Paris au sein d’une famille aisée et catholique. Il fréquente le collège Stanislas et se révèle brillant en latin et grec, en études religieuses et s’intéresse fortement à la philosophie, notamment à Spinoza. Il est en relation avec les scientifiques et les écrivains de son temps qu'il voit à son collège ou à la librairie d’Adrienne Monnier qui accueille André Gide et Jules Romains, entre autres. D’après le Manifeste du surréalisme d’André Breton publié en 1924, le délire est créateur. Cette thèse passionne le jeune Lacan qui épouse cette idée.

Le premier écrit célèbre de Lacan est Hiatus irrationalis, paru en 1933 dans le Phare de Neuilly. Sa thèse s'intitule De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité. D’autre part, il écrit dans des revues surréalistes où diverses disciplines se rencontrent. Il se lie d’amitié avec des personnalités appartenant à ce mouvement : Queneau, Prévert, Tristan Tzara… Jacques Lacan étudie la neurologie et la psychiatrie et tente de soigner ses patients atteints principalement de psychose. Lacan s’intéresse aussi à la paranoïa féminine. Il écrit sur le cas de Marguerite qui a tenté d’assassiner la comédienne Huguette Duflos et sur les sœurs Papin qui ont tué leur maîtresse de maison et sa fille. Il consacre une bonne partie de sa vie à la psychanalyse et enrichit les concepts freudiens.

Pour Jacques Lacan, l’inconscient est structuré comme un langage qui est le pouvoir de symbolisation, où existent également des figures de style comme la métaphore et la métonymie. Ce langage est énoncé par un sujet (défini par ses caractéristiques irréductibles à un autre et à lui-même car il ne se connaît pas entièrement) qui parle. Lacan définit la jouissance comme une substance négative car elle est toujours insatisfaite et cause le désir ; si elle existait, elle serait la satisfaction complète des pulsions érotiques et de destruction de l’homme.

Il nomme objet a l'objet qui est désiré par le sujet et désigne aussi ce qui ne s’attrape pas par le biais du langage. Il explique que le lien social est un usage du discours pour que les sujets tiennent ensemble ; il distingue quatre discours : le discours du maître, le discours universitaire, le discours hystérique et le discours analytique. Il trouve également que toute personne a un narcissisme primaire et s'aime elle-même. Il est le théoricien du fameux stade du miroir : c'est un effet de phase par lequel l’être humain apprend à se reconnaître à partir d’une image que lui renvoie l’Autre (ce que le sujet rencontre de radicalement différent, au-delà de l'imaginaire). Intéressons-nous désormais aux portées cliniques des méthodes lacaniennes.

Avant toute psychanalyse, Lacan fait passer des entretiens préliminaires. Contrairement à Freud, les séances de psychanalyse ne sont pas forcément longues et elles sont coupées quand bon lui semble par le psychanalyste. Le divan est l’objet symbolique de la psychanalyse : cela évite au patient et au psychanalyste d'être tous les deux mal à l'aise du fait de la confrontation de leur regard. Tout comme Freud, Lacan considère qu’il y a un transfert c’est-à-dire que le patient se prend pour le psychanalyste et le désire. Le transfert est rapporté au sujet supposé savoir.

Lacan invente le concept de la passe : en fin d'analyse, le patient veut devenir à son tour psychanalyste, ce qui est possible. Enfin, il faut transmettre les idées de la psychanalyse et former des médecins compétents. Lacan a organisé son école en cartels : ce sont des petits groupes de quatre personnes qui décident de travailler sur un thème commun. Ils intègrent une cinquième personne qui reprend le travail et peut l'éclaircir en questionnant le groupe. Les écoles actuelles qui se réclament de Lacan ont conservé cette pratique du cartel ouverte aux non-analystes. La psychanalyse peut s’étudier également à l’université.

En résumé, la psychanalyse s’ouvre aux gens malades et également aux intellectuels capables de s’analyser. Cependant, il faut être prudent sur le choix du psychanalyste et faire attention de ne pas se faire escroquer car la formation des psychanalystes laisse parfois à désirer contrairement à ceux qui ont le titre de psychologue ou de psychiatre et qui sont formés respectivement par la faculté des lettres (en psychologie) et par la faculté de médecine.