Des risques de violences
L’année 2010, qui s’annonce cruciale pour le Sri Lanka, est inaugurée par des élections anticipées appelées par l’un des deux principaux candidats en lice, le président sortant Mahinda Rajapaksa. Le défi à relever sera immense pour le vainqueur qui aura pour tâche de mettre en œuvre la paix, à la suite de la violente offensive de 2009 contre le Tamil Eelam (LTTE), la guérilla qui revendiquait la création d’un Etat tamoul indépendant dans le Nord-est de l’ile depuis 1983, et qui a déposé les armes le 17 mai dernier. Malgré l’imposante victoire militaire de l’armée régulière contre la guérilla, la situation reste fortement instable, tandis que de nombreuses violences ont d’ores et déjà éclaté dans le pays. Les forces de police, près de 70 000 hommes, et les observateurs indépendants déployés dans tous le pays, faisaient en effet état d’au moins quatre morts et de plus de 800 incidents violents, à la veille des élections qui opposent deux des héros de la victoire contre le LTTE, le président sortant Mahinda Rajapaksa, et Sarath Fonseka, son ancien commandant des armées.
Un pays à reconstruire
La phase finale de la guerre a fait plus de 20 000 morts en 2009, et près de 300 000 déplacés civils, principalement tamouls, contraints de quitter la zone des combats et utilisés comme bouclier humain par les Tigres contre les soldats de l’armée. Parqués dans des camps de réfugiés sous surveillance militaire depuis la fin de l’offensive gouvernementale, quelque 100 000 civils doivent encore être libérés dans le courant du mois de janvier, selon le rapport de l’UNHCR publié en décembre dernier. Ces camps qui, selon le gouvernement, visaient à identifier les combattants du LTTE, ont été condamnés par l’ONU et de nombreuses associations des droits de l’homme, qui dénoncent également l’absence d’investigations concernant les crimes de guerre dont ont été victimes les populations civiles tamoule, musulmane et cingalaise.
Le futur président hérite donc d’une situation à haut risque où la paix reste à construire. Il devra répondre aux graves accusations de crimes de guerre et au problème humanitaire des déplacés tamouls dont une partie, estimée à plus de 100 000 personnes, a été pour le moment réinstallée dans des centres de transit. Le nouveau gouvernement devra également faire face à la reconstruction du pays durement touché par les bombardements, notamment dans les régions de Jaffna et de Vanni au Nord-est. Mais il s’agira surtout de créer les conditions d’une réconciliation nationale et les bases d’une intégration démocratique de la minorité tamoule hindoue, qui représente 12 % de la population, dont le vote reste à ce jour incertain mais qui sera décisif pour l’avenir politique du pays.
Le futur président hérite donc d’une situation à haut risque où la paix reste à construire. Il devra répondre aux graves accusations de crimes de guerre et au problème humanitaire des déplacés tamouls dont une partie, estimée à plus de 100 000 personnes, a été pour le moment réinstallée dans des centres de transit. Le nouveau gouvernement devra également faire face à la reconstruction du pays durement touché par les bombardements, notamment dans les régions de Jaffna et de Vanni au Nord-est. Mais il s’agira surtout de créer les conditions d’une réconciliation nationale et les bases d’une intégration démocratique de la minorité tamoule hindoue, qui représente 12 % de la population, dont le vote reste à ce jour incertain mais qui sera décisif pour l’avenir politique du pays.
L'avenir politique reste incertain
Les récents propos du président sortant, M. Rajapaksa, qui annonce avoir « supprimé le mot minorités de [son] vocabulaire » , sans avoir défini de politique d’intégration des minorités tamoules et musulmanes, soulèvent des incertitudes quant à la construction du nouveau paysage politique après la disparition du LTTE et au rôle démocratique que peuvent jouer ces minorités. Rajapaksa avait décidé, fort du soutien de la population après sa victoire sur le LTTE, d’anticiper les élections afin d’assurer son succès, mais l’opposition s’est fortement renforcée depuis quelques mois et son élection est aujourd’hui loin d’être sûre.
Soupçonnés de corruption et d’abus de pouvoir, le président sortant et sa famille ont perdu la confiance d’une partie de l’électorat. Pour autant, l’élection de Fonséka, soutenu par une grande partie de l’armée, ne constitue pas non plus un gage de stabilisation pour le pays. En effet, seule une enquête internationale et indépendante sur les crimes de guerre et les responsabilités peut ouvrir la voie à une reconstruction pacifique et pérenne du pays, comme l’a récemment rappelé le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
Soupçonnés de corruption et d’abus de pouvoir, le président sortant et sa famille ont perdu la confiance d’une partie de l’électorat. Pour autant, l’élection de Fonséka, soutenu par une grande partie de l’armée, ne constitue pas non plus un gage de stabilisation pour le pays. En effet, seule une enquête internationale et indépendante sur les crimes de guerre et les responsabilités peut ouvrir la voie à une reconstruction pacifique et pérenne du pays, comme l’a récemment rappelé le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
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