l'Hypovigilance, « la dette de sommeil » 2
Nous avons par ailleurs une « horloge » homéostatique : plus l'on veille, plus la pression de sommeil est importante... et plus l'on risque de s'endormir. C'est ce qu'on appelle la « dette de sommeil » aiguë. Elle guette notamment les chauffeurs routiers sur les longs trajets internationaux. Plus insidieuse, la dette de sommeil chronique résulte de l'accumulation de nuits trop courtes au fil des jours. Mais le résultat est le même : « si l'on prend le volant avec une telle dette de sommeil, le risque de somnolence est énorme, et la lutte illusoire », ainsi que l'explique le Dr Michel Tiberge.
Pragmatique, Damien Léger prône une « sieste » de 15 à 20 minutes : « Cela suffit généralement à retrouver une bonne vigilance », affirme-t-il. Autrement dit, le message est nouveau : jusqu'ici , on se contentait de conseiller aux automobilistes une petite pause toutes les deux heures lors des grands trajets. Aujourd'hui, il faut être plus précis : en cas de somnolence, un petit somme s'impose, sinon l'endormissement réapparaîtra inéluctablement dès que l'on reprendra le volant...
Les effets du bruit, de la lumière et de la température... D'autres facteurs liés, ceux-là, à l'environnement peuvent avoir une influence sur notre vigilance au volant. Ainsi, un bruit de fond, surtout s'il est élevé, monotone et régulier, a un effet soporifique : il agit comme un sédatif et augmente le risque d'assoupissement. En revanche, une émission de radio, si elle intéresse le conducteur, peut améliorer sa vigilance.
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On sait par ailleurs que la lumière de haute intensité joue un rôle positif en repoussant la sécrétion de mélatonine. À l'inverse, l'obscurité augmente la somnolence. Autant dire que la conduite de nuit doit être « consommée avec modération » et à éviter lorsque l'on manque - occasionnellement ou structurellement - de sommeil. Quant à la température extérieure, elle constitue un facteur délicat à manier. Si elle est trop élevée dans l'habitacle, elle diminue la vigilance... mais si elle est trop basse, elle risque de donner au cerveau le signal de l'endormissement !
L'alimentation modifie la vigilance Enfin, on est en train de découvrir que l'alimentation joue elle aussi un rôle non négligeable... Certes, l'existence de la somnolence post-prandiale est notoire, mais très peu de travaux expérimentaux permettent d'aller beaucoup plus loin dans la connaissance du sujet. Le Pr Charles-Yannick Guezennec, lors du dernier Médec5, s'en est étonné, avant de citer les quelques études à notre disposition. Notamment, une étude épidémiologique britannique qui montre une sensible augmentation de la fréquence des accidents de la circulation et des accidents domestiques dans la phase post-prandiale.
Par ailleurs, une étude qu'il a menée il y a quelques années avec des navigateurs du Fastnet permet de penser que l'absorption de glucides augmente la somnolence 30 à 60 minutes après ingestion. " Il est probable, explique le Pr Guezennec, qu'une alimentation riche en sucres puisse diminuer momentanément la vigilance d'un conducteur fatigué. Selon lui, une alimentation plus riche en protéines permettrait d'assurer un apport calorique identique et aurait un effet moins néfaste sur l'induction de petits épisodes de sommeil. Concrètement, le Pr Guezennec propose une alimentation fractionnée tout au long d'un voyage car, dit-il, elle est moins susceptible de provoquer des pics insuliniques qu'un gros repas.
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