infidélité conjugale, les dessous d’un mode de vie en pleine expansion

Quand on examine de près l’évolution de la notion d’infidélité à travers l’histoire, on s’aperçoit qu’au XIIe siècle, le mythe amoureux, celui de Tristan et Iseult, reposait déjà sur l’adultère. Petit retour en arrière… En fait, la fidélité est une invention récente ; l'infidélité conjugale remonte chez nous au Moyen-âge, à l’époque des troubadours. Plus récemment, en 1968, les enfants du baby-boom grandissent dans un environnement de libertinage et d'infidélité conjugale. En 2000, à une époque qui cultive le moi, l’individu se retrouve coincé entre amour de l’autre et amour de soi et infidélité conjugale. Les images de l’amour sont tantôt folles et parlent de liberté, tantôt conjugales et éprises de durée. Quoi qu’il en soit, la notion d’infidélité renvoie aux liens sacrés du mariage, de l’amour unique, et il n’est pas si facile de s’en déprendre. La fidélité semble être une valeur de nombreuses sociétés occidentales et l'infidélité conjugale est souvent synonyme de blasphème. Mais l’homme est-il fondamentalement monogame ? À peine 7 à 8 % des espèces animales seraient monogames. La fidélité ne semble donc pas inscrite dans la biologie. L’humain se situe entre les primates très polygames (comme les chimpanzés) et les très monogames (comme les gibbons).

Cependant, aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, Internet et tous les moyens de communication, avoir une aventure extraconjugale est devenu simple comme un coup de fil. Fini le camouflage du statut matrimonial sur les sites de rencontres ! La communauté Gleeden rassemble plus de 600 000 membres à travers le monde. Référence internationale, la plateforme est portée par une politique de confidentialité et de sécurité exigeante. Vous avez besoin d'une bulle d'oxygène ? Vous souhaitez vivre une idylle en toute discrétion, une rencontre adultère ?

Il est difficile d'avoir des statistiques précises sur l'infidélité conjugale et le pourcentage d'hommes et de femmes infidèles , les femmes ayant tendance à minimiser et les hommes à exagérer leur nombre de partenaires extraconjugaux. Gérard Mermet, sociologue, indique qu’en France, en moyenne, les hommes revendiquent 11,3 partenaires dans leur vie, et les femmes 3,4. Un sondage réalisé en 2005 montrait que 39 % des hommes et 25 % des femmes avaient trompé leur partenaire.

Le célèbre « Rapport Hite » sur les femmes et l’amour (Stock 1987) indique qu'aux États-Unis, 70 % des femmes ayant dépassé les cinq années de mariage déclarent avoir été infidèles au moins une fois contre 72 % des hommes. Selon des études sur les groupes sanguins, appuyées par des tests de paternité résultant de l'étude de l'ADN, on estime à qu’environ 4 % des enfants ne sont pas ceux du père de famille. Évelyne Sullerot, grande féministe, donne une estimation qui se monte au double.

A l’heure où un mariage sur 2 se termine en divorce, il semble que cela fonctionne. Alors, épiphénomène ou révolution des relations sentimentales ? Le professeur Geoffrey Miller, psychologue évolutionniste américain, salué par Richard Dawkins, biologiste et éthologiste britannique, et par des revues telles que Nature et New Scientist, affirma entre autre que l'adultère avait constitué un levier puissant d'évolution de l'espèce humaine.

Au-delà des codes comportementaux et des discours, ce que l’on met en jeu dans l’infidélité pose la question de soi et du couple. Parmi les causes d'infidélité, il y a notamment l’évolution des sentiments et une certaine forme de frustration dans les relations de couple. Il est vrai qu'il y a aussi une sorte de besoin d'exotisme, d’aventures. Cela peut aussi remonter à plus loin.

En effet, l’enfant mal aimé et blessé qui est en nous, toujours insatisfait nous pousse à aller de bras en bras. L'insatisfaction sexuelle, qui découle souvent de la fréquence des relations sexuelles pour les hommes ; le fait de ne plus se sentir désiré ou désirable et de pouvoir reconquérir à nouveau et l’entourage très tentant qui offre plein d’occasions font partie des raisons les plus fréquentes dans les cas d’infidélité.

Gérard Leleu, médecin psychothérapeute explique que l'adultère témoigne bien souvent d'un manque dans le couple. Les origines proviennent de besoins légitimes insatisfaits :
a) Lorsque l'un rend la vie impossible à l'autre (41%)
b) Lorsque l'un ressent un manque d'attention et de tendresse (36%)
c) Lorsque l'un ressent la perte de désir dans le couple (23%).

Alors qui a dit que l’on était heureux si l’on n’avait qu’un seul amour ? De nombreux hommes et femmes revendiquent le droit à des amours "plurielles" et rejoignent indirectement la pensée de Nietzche qui disait que « la morale est un manque d’occasion ». En outre soyez fidèles…à vos désirs !