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Validité des tests cliniques lors du diagnostic d’une lésion de syndesmose de la cheville.



Un diagnostic précis et correct d’une lésion de syndesmose de la cheville est essentiel pour effectuer un traitement opportun, efficace et sûr. Cependant, cette blessure est difficile à différencier de l’entorse externe de cheville. (1–3) Elle est souvent négligée car c’est une pathologie que l’on rencontre rarement (4-5) et représente entre 1% (6) et 24% (7) de toutes les entorses de la cheville. Il est décrit fréquemment une invalidité persistante, et une guérison prolongée (6,8,9) à la suite d’une lésion de la syndesmose, surement due à un mauvais diagnostic tardif (4,5) et un traitement inapproprié (10), d’où la nécessité d’effectuer un bilan clinique efficace pour faciliter le diagnostic rapide. La syndesmose de la cheville est composée de la membrane interosseuse et du ligament interosseux, du ligament tibio-fibulaire distal antérieur (LTFDA), ligament tibio-fibulaire distal postérieur (LTFDP) et du ligament transverse. (11-13) Cette nappe ligamentaire donne une grande stabilité à l’articulation tibio-fibulaire distale résistant aux forces axiales, rotations et translations. (14,15) Lorsqu’une tension maximale est appliquée sur les ligaments pendant la rotation externe du pied, le tibia et la fibula s’écartent, et ajouté à une dorsiflexion ou flexion plantaire entrainera une lésion ligamentaire de la syndesmose. (14) Bien qu’il existe une grande controverse autour du pathomécanisme, la dorsiflexion associée à la rotation externe du pied est le plus souvent retrouvé (3,6,8,10). Il existe peu de tests cliniques utilisés par les praticiens : palpation des ligaments tibio-fibulaires (10,16-18), dorsiflexion avec rotation externe (stress test) (4, 8,18,19) et le squeeze test (6,18-21). La description du pathomécanisme lésionnel, la douleur au niveau de la syndesmose, l’incapacité à supporter le poids et l’œdème sont des indications très importantes qui doivent nous éclairer. (22-24)
Aucune étude n’a investigué l’importance du bilan clinique lors du diagnostic de l’atteinte de la syndesmose (23). Le but de cette étude fut d’analyser la validité de quatre tests cliniques lors du diagnostic de la syndesmose de la cheville. Nous avons également recherché l’importance du tableau clinique lors du diagnostic. 

Méthode

 
Validité des tests cliniques lors du diagnostic d’une lésion de syndesmose de la cheville.

Validité des tests cliniques lors du diagnostic d’une lésion de syndesmose de la cheville.

Discussion

La validité des quatre tests cliniques les plus utilisés est modérée et les praticiens ne doivent pas utiliser un test unique pour établir un diagnostic d’atteinte de la syndesmose. La palpation ligamentaire douloureuse au niveau de la pince tibio-fibulaire est recommandée (validité >75%) ainsi que le squeeze test  (validité >75%). La dorsiflexion avec rotation externe du pied et la palpation douloureuse en tant que tests isolés sont suffisamment révélateurs pour le diagnostic d’une lésion de la syndesmose de la cheville. Nos résultats ont démontré que la dorsiflexion combinée avec une rotation externe du pied était le test le plus fiable lors du diagnostic. On retrouve également l’incapacité à effectuer un saut unipodal, ou à marcher tout de suite après la blessure. Ceci rappelle l’étude effectuée par Nussbaum et al10 qui révélait que pour tous les patients ayant subits une blessure au niveau de la syndesmose, étaient incapables de réaliser dix sauts unipodaux consécutifs sans douleur. Lorsque les tests sensitifs (douleur palpation ligamentaire et/ou test de dorsiflexion-rotation externe positif) et les tests cliniques spécifiques (squeeze test) sont positifs, nous forcément en présence d’atteinte lésionnelle de la syndesmose. Une étude récente non-publiée avec 62 sujets ayant un diagnostic confirmé par IRM ( 32 entorses de la syndesmose et 30 entorses externes ) a décrit une période de guérison de 62  de jours en moyenne pour la syndesmose, quatre fois plus que pour une entorse de cheville externe (15 jours).  

Conclusion

Il est impossible de se fier à un seul test clinique lors du diagnostic de l’entorse de la syndesmose de cheville. Un bilan bien mené à partir du tableau clinique de la blessure sera notre premier indice de suspicion. Les praticiens doivent associés les signes sensitifs, les symptômes et les tests (incapacité à sauter ou marcher après la blessure, douleur à la palpation des ligaments et test de dorsiflexion-rotation externe) aux tests spécifiques (squeeze test, douleur disproportionnée, ou au niveau du genou) afin de mesurer l’étendue de la blessure. 

Br J Sports Med 2015;49:323-329 doi:10.1136/bjsports-2013-092787. 
Amy D Sman, Claire E Hiller, Katherine Rae, James Linklater, Deborah A Black, Leslie L Nicholson, Joshua Burns, Kathryn M Refshauge



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