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Score ISIS et Luxation gléno-humérale



Score ISIS et Luxation gléno-humérale
Sans discussion possible, la luxation gléno-humérale antéro-médiale est la forme de luxation traumatique la plus répandue (95%). Les sportifs jeunes sont les plus concernés du fait de la pratique de certains sports à risque comme le judo, handball, ski, javelot… 
Même si le mécanisme traumatique peut varier selon l’activité en étant soit direct (chute sur le moignon de l’épaule, choc postérieur), soit indirect (mouvement d’armé contré, traction sur le bras, abduction-rotation externe forcée), la luxation est fréquemment rencontrée dans ces sports et la nature du traitement à mettre en place se pose souvent.
Afin d’éviter les récidives fréquentes, le traitement conservateur a été abandonné chez le sportif de haut niveau mais subsiste toujours aujourd’hui la question classique du choix chirurgical entre un « Bankart arthroscopique » (réinsertion labrale et retension capsulo-ligamentaire) ou un « Latarjet à ciel ouvert» (butée coracoïdienne).
Concernant la technique de Bankart, une analyse de la littérature [1] a montré que même avec les avancées techniques les plus récentes, le taux de récidive de l’instabilité après stabilisation arthroscopique varie entre 10 et 30%  et  on sait aujourd’hui que les récidives de l’instabilité sont liées au recul et qu’elles augmentent forcément avec le temps.
C’est pourquoi Balg et Boileau [2] ont codifié le Score ISIS (Instability Severity Index Score) qui permet grâce à 6 facteurs pronostiques pré-opératoires d’orienter l’indication thérapeutique en faveur de l’une ou de l’autre technique (Bankart vs Latarget). Ils se sont aperçu en effet que la présence de ces facteurs pouvait favoriser la récurrence de l’instabilité en cas d’intervention de Bankart, particulièrement s’ils sont associés.
 
Ces facteurs sont :
 
1) âge < 20 ans. 
2) niveau de la pratique sportive (compétition, loisir ou pas de sport)
3) type de sport pratiqué : contact, armée-contré ou sport « calme ».
4) hyperlaxité de l’épaule atteinte : hyperlaxité antérieure avec une rotation externe coude au corps >85° ou une hyperlaxité inférieure avec un test d’hyperabduction >20° de différentiel entre les 2 épaules.
5) lésion osseuse de Hill-Sachs (encoche sur la tête humérale) sur la radiographie de l’épaule de face en rotation externe.
6) lésion osseuse du rebord glénoïdien sur la radiographie de face (rebord fracturé ou émoussé). 
 

Score ISIS et Luxation gléno-humérale
Le score ISIS intègre ces 6 facteurs de risque en leur attribuant à chacun un nombre de points déterminé en fonction de leur gravité. Plus le nombre de points sera haut, moins l’indication d’un bankart arthroscopique sera retenue et inversement.
 
 
 
Si le Score ISIS > 6 POINTS : indication de butée vissée type LATARJET.
Si le Score ISIS < 3 POINTS : indication de BANKART arthroscopique
Si  3 < Score ISIS < 6 POINTS : risque de récidive du BANKART arthroscopique > 10 %. Nécessité de faire une butée ou de réaliser un geste complémentaire à la technique arthroscopique.

 
Conclusion : le score ISIS est une aide précieuse pour décider de l’indication opératoire d’une luxation gléno-humérale antéro-médiale. Toutefois, les règles qu’il applique ne permettent de façon absolue d’éradiquer tous les risques de récidive post-opératoire. En effet, il s’agit seulement d’un indicateur qui permet de faire un premier “tri sélectif” des patients. Il présente sans aucun doute des insuffisances. La participation à des sports à risque, par exemple, a été sous-estimée lors de l’étude de Boileau : certains patients avaient arrêté le sport en préopératoire ou avaient changé de sport… alors qu’ils ont repris des sports à risque (avec armé-contré ou contact) après l’intervention. A l’interrogatoire, il faudrait donc s’attacher à déterminer la pratique d’un sport à risque en préopératoire mais également le désir de reprendre un sport à risque ou en compétition en postopératoire pour intégrer ces données dans le score. 
En résumé, le score ISIS est un score prédictif simple, basé sur des informations préopératoires, facilement recueillies lors de l’interrogatoire du patient, de son examen clinique préopératoire et de radiographies de l’épaule que tout chirurgien demande en routine. Ce score permet au chirurgien de faire un premier “tri sélectif” des patients susceptibles de bénéficier d’une stabilisation arthroscopique de l’épaule ou d’une butée coracoïdienne.
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu

 
 [1] Hobby J, Griffin D, Dunbar M, Boileau P. Is arthroscopic surgery for stabilisation of chronic shoulder instability as effective as open surgery? A Systematic Review And Meta-Analysis Of 62 Studies Including 3044 Arthroscopic Operations. Journal of Bone and Joint Surgery (American), 89-B, No. 9, 1188-1196, 2007.
[2] Y. Roussanne, F. Balg, P. Boileau. Le score ISIS (Instability Severity Index Score) : une approche rationnelle pour la sélection des patients dans la stabilisation antérieure arthroscopique de l’épaule. Revue de Chirurgie Orthopédique et Réparatrice de l'Appareil Moteur, Volume 93, Issue 7, Supplément 1, Novembre 2007, p147.
Site : 
- Chirurgie-orthopédique-nice.com
- Maitrise Orthopédique : P. Boileau, F. Balg. Quelles limites pour le “bankart arthroscopique” ? Intérêt d’un score pronostique préopératoire : le score ISIS (instability severity index score). Maitrise Orthopédique.