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Réhabilitation après chirurgie du LCA chez le sportif de haut niveau



La prise en charge d’une blessure chez le sportif de haut niveau demeure toujours très particulière. En effet, aujourd’hui bien plus que les simples enjeux sportifs viennent se greffer les enjeux financiers, où le nombre de jours d’absence devient bien plus qu’une simple question sportive. Au milieu de cette sphère particulière, le kinésithérapeute doit trouver sa place, pour proposer en collaboration avec l’équipe médicale, une prise en charge du sportif blesser qui soit optimale.
 
La réhabilitation du sportif après chirurgie réparatrice du LCA entre de façon plus qu’importante dans ce contexte. La durée d’absence relative à cette atteinte et les conséquences dégénératives possible sur le genou du sportif, demande toute l’attention des professionnels de santé. 
 
Prenons le cas du football, la rupture du LCA représente seulement 1% du total des lésions selon une étude de l’UEFA. Cependant, elle est celle qui entraîne le plus de jours d’arrêt par saison avec une médiane à 6,5 mois.
 
En plus de cela, les conséquences à long terme sur le genou après rupture du LCA sont désastreuses pour le sportif : récidive, autres lésions du genou (ménisque, ligaments latéraux), arthrose, arrêt de la carrière.
Au regard de ces complications et de l’importance de cette pathologie dans le sport de haut niveau, il paraît donc nécessaire de promouvoir une rééducation optimale et adaptée au sportif.
 
Plusieurs questions se posent au corps médical lors de la réhabilitation concernant un sportif venant de subir une greffe de LCA :
- Quel type de protocole utiliser ?
- Quels sont les objectifs de réhabilitation ? 
- Comment individualiser la prise en charge ? 
- Quels indicateurs seront utiles pour le retour à la compétition ?
- Comment prévenir la récidive ?
 
Autant de questions qui doivent aussi se poser à l’ensemble de notre profession dans d’autres structures que les structures sportives professionnels.
 
Nous ne souhaitons pas ici faire l’historique de la réhabilitation après chirurgie du LCA. Dans cet optique, trop de place serait faite aux interprétations de chacun, et rien d’intéressant ne semblerait permettre de faire avancer le débat.
Nous désirons simplement faire un point sur la réhabilitation du LCA, pour essayer de faire ressortir des lignes directrices, et éviter ainsi quelques chemins incongrus qui peuvent parfois nous amener sur les routes de la non-efficacité.
 
A ce jour, quelques études se sont penchées sur l’intérêt de suivre un programme de réhabilitation après chirurgie du LCA. La conclusion de ces dernières est assez alarmante. En effet, il en ressort qu’avec ou sans réhabilitation, les résultats fonctionnels sur le patient seraient similaires. Comme dans toute étude scientifique, certains biais sont à prendre en considération, il demeure donc possible de pondérer ces conclusions, cependant, ce type d’étude et l’interrogation qui en ressort ne doivent pas rester sous silence. 
 
Le rôle du kinésithérapeute est de proposer un programme de réhabilitation qui soit adapté au patient, en ayant conscience des impacts de sa rééducation sur la structure de ce dernier. 
Bien entendu, aujourd’hui, quelques grandes lignes ressortent et font consensus dans le processus de réhabilitation intéressant cette pathologie. 
 
En effet, les objectifs trophiques, articulaires et musculaires sont prépondérants dés le début de la réhabilitation. Cependant, comme pour tout objectif, il est important de choisir les techniques adéquats et efficaces. La notion de globalité doit rester prépondérante tout au long de la réhabilitation. 
Selon cette démarche, il est intéressant de noter l’intérêt d’un programme de renforcement du tronc dans l’optique d’un alignement segmentaire du membre inférieur, avec un effet spécifique sur les abducteurs de hanches.
 
Nous pourrions également parler du rôle du grand fessier dans l’alignement du membre inférieur et donc par conséquence de l’importance de sa prise en compte dans le processus de réhabilitation après chirurgie du LCA.
Nous voyons donc que beaucoup de facteurs doivent être pris en considération dans ce type de réhabilitation, et que la connaissance biomécanique demeure une base essentielle. 
 
Un des points les plus importants et ce quelque soit le « protocole » utilisé est le feu vert de retour au sport. Quels sont les items qui permettent au corps médical de donner la possibilité au sportif de reprendre son activité de façon totale ? 
Au regard des conséquences à long terme d’une récidive ou de l’utilisation quotidienne d’un genou quelque peu instable, il paraît donc primordial d’être précis sur cette décision.   
 
Actuellement, beaucoup de score dit fonctionnel fleurisse, pour tenter de rendre compte de la qualité fonctionnel du genou du patient. Les différents tel que le score de COFRAS ou l’IKDC ne peuvent-être satisfaisant dans l’optique d’une prise en charge d’un sportif de haut niveau. 
Cependant, un dernier test paraît plus intéressant. Celui-ci à pour objectif de prendre en compte les facteurs prédisposant au risque de lésion du LCA. Ce test est le LESS (Landing Error Scoring System). Il permettra de rendre compte lors d’un drop jump test et d’un saut vers l’avant (distance = 50% de la taille du patient) des éléments suivants : flexion de genou, valgus et rotation du genou, adduction et rotation fémoral.
 
Un article récent publié dans le BJSM (British Journal of Sport Medecine) ayant pour but de faire une revue de la littérature sur les variables associées avec le retour au sport après reconstruction du LCA, montre qu’aucune variable n’est aujourd’hui corrélé de façon significative avec le retour au sport.
 
Pour continuer sur notre exemple, aujourd’hui, en football, deux scores non spécifiques du genou semblent prendre le pas, dans l’optique du retour à la compétition. En effet, en fin de phase de réhabilitation le YO-YO Test et le RSSA test (Repeated Shuttle-Sprint Ability) permettent d’avoir connaissance des capacités énergétique et d’agilité du joueur. Cependant, ces deux derniers tests doivent de façon systématique être associés à des tâches motrices spécifiques au sport. De cette manière, le staff médical pourra donner le « feu vert » au sportif pour un retour à la compétition dans des conditions optimisées. Dans cette même démarche, Myer et al. ont récemment proposés une batterie de tests modifiés issus des tests réalisés en NFL (Football Américain). Ces tests ont pour but d’objectiver la qualité des mouvements du tronc, des hanches et du genou dans des actions spécifiques au sport. 
 
Conclusion
 
Ce que nous pouvons dire sur la réhabilitation du sportif de haut niveau après chirurgie du LCA en 2014 est, que la place est en train de se faire pour une prise en charge globale. Nous entendons par prise en charge globale d’avoir conscience et connaissance des implications biomécaniques des processus de réhabilitation et de leur mise en place.
 
Actuellement, bons nombres de « protocoles » ont tendance à orienter nos pratiques vers la mise en place de phases dans la réhabilitation. Chaque phase possédant des objectifs précis, pour au final répondre à l’objectif de départ, la reprise de la compétition dans des conditions optimales.
Cependant, beaucoup d’interrogation demeure sur des sujets importants, tel que les critères de retour au sport, c’est ce que nous avons souhaité faire ressortir ici.
 
Dans ce contexte, le kinésithérapeute doit prendre sa place pour proposer son expertise dans la mise en place de la réhabilitation, pour pouvoir interagir de façon rationnelle avec les autres professionnels de santé.
Ainsi, il permettra au sportif de haut niveau de retrouver son niveau antérieur dans un contexte de santé optimal. 
Comme toujours les notions de santé et de performance interagissent de façon permanente. 
 
Bibliographie 
 
1 - Suggestions From the Field for Return to Sports Participation Following Anterior Cruciate Ligament Reconstruction: Soccer, MARIO BIZZINI, DAVE HANCOCK, FRANCO IMPELLIZZERI, april 2012 | volume 42 | number 4 | journal of orthopaedic & sports physical therapy.
 
2 - Effect of physiotherapy attendance on outcome after anterior cruciate ligament reconstruction: a pilot study, J A Feller, K E Webster, N F Taylor, R Payne, T Pizzari, Br J Sports Med 2004;38:74–77.
 
3 - Variables associated with return to sport following anterior cruciate ligament reconstruction: a systematic review, Sylvia Czuppon, Brad A Racette, Sandra E Klein, Marcie Harris-Hayes, Br J Sports Med 2014.
 
4 - Anterior cruciate ligament injury in elite football: a prospective three-cohort study
 Markus Walde´n, Martin Ha¨gglund, Henrik Magnusson, Jan Ekstrand, Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc (2011).
 
5 - High risk of new knee injury in elite footballers with previous anterior cruciate ligament injury M Walde´n, M Ha¨gglund, J Ekstrand, Br J Sports Med 2006.
 
6 - Endurance running and the evolution of Homo, Dennis M. Bramble and Daniel E. Lieberman, NATURE |VOL 432 | 18 NOVEMBER 2004