La lombalgie est une pathologie commune chez les athlètes soumis à de fortes contraintes mécaniques lors de la pratique de leur sport. Il est aujourd’hui assez bien documenté que certaines douleurs vertébrales ou lésions de la moelle épinières sont plus fréquentes chez les athlètes que dans la population générale [1-3]. Par exemple, il a été trouvé chez 33% des footballeurs américains jouant dans l’élite une hyperconcavité des plateaux vertébraux avec protrusion discale contre 8% dans une population contrôle du même âge sans que cela ne semble provoquer de symptôme lombo-sacré ou avoir un effet sur la durée de carrière du joueur [4,5]. Ainsi les phénomènes dégénératifs discaux sont plus fréquents chez les athlètes dus aux forces importantes de compression et de cisaillement lors de blocages, décélérations ou accélérations du corps à plus ou moins grandes amplitudes articulaires lombaires. Les sportifs doivent aujourd’hui, dans le sport moderne, avoir la capacité de tolérer des charges élevées et d’effectuer des mouvements répétitifs complexes au cours d’une saison souvent de plus en plus longue et chargée en compétitions diverses pour les plus grands clubs [6-8]. Le type de sport incriminé peut aussi donner des pathologies vertébrales plus ou moins spécifiques. Les spondylolipathies semblent ainsi plus communes dans certains sports (football américain, aviron, plongeon, gymnastique, arts martiaux, rugby) et surtout dans les sports de lancer qui ont par exemple les taux de spondylolisthésis les plus importants [9-12].
Il existe à l’heure actuelle de nombreuses pistes de traitement pour soigner la lombalgie incluant la médication, la physiothérapie, la thérapie manuelle et la réhabilitation (renforcement musculaire, étirements, mobilité, exercices cardio-vasculaires…) [13,14]. Une des formes de renforcement musculaire ayant reçu une attention particulière dans la littérature scientifique et auprès des médias de la santé est le gainage. Appelé « core stability exercise » chez les anglo-saxons, il est défini communément comme « l’ensemble des exercices qui renforce la musculature vertébrale (spinaux et abdominaux) et particulièrement ceux qui constituent le plan profond de cette musculature (transverse de l’abdomen pour le plan antérieur et multifides pour le plan postérieur) » [15]. Il existe aujourd’hui quelques preuves scientifiques montrant que le gainage est efficace dans le traitement de la lombalgie chronique dans la population [16-17]. Cependant, il a été aussi avancé que se concentrer exclusivement sur un ou deux muscles profonds dans des exercices de renforcement de la musculature vertébrale est une vision erronée et simpliste car tant les muscles superficiels dynamiques que les muscles profonds statiques contribuent à la stabilité de la colonne lombaire. Mc Gill et al [18] postule d’ailleurs simplement que « tout exercice qui stimulent des schémas moteurs et qui assure la stabilité vertébrale par la répétition constitue un exercice de gainage ». Une méta-analyse récente qui définissait globalement le gainage comme « le renforcement de la capacité à assurer la stabilité de la colonne vertébrale en position neutre » soulignait que les exercices mentionnaient ci-dessus étaient plus efficaces que des exercices généraux dans le traitement de la lombalgie chronique dans la population en générale [19].
La différence qu’il existe entre les athlètes et la population en générale (gestes répétitifs, exigences et niveau physique de base plus élevés) justifie des moyens d’évaluation spécifiques à cette population sportive. L’objectif de cette étude était donc de procéder à l’examen systématique des données scientifiques disponibles certifiant l’efficacité du gainage pour le traitement de sportifs lombalgiques.
Cette étude a été réalisé selon les lignes directrices PRISMA (31) avec un protocole défini. Cinq bases de données ont été retenu (Medline, AMED, CINAHL, SportDiscus and Embase) sur un intervalle de temps s’étendant de la création de ces dernières à fin juin 2012 sans restriction linguistique et utilisant en ensemble de MeSH et mots clés tels que « Athletes », « Low Back Pain » et « Core Stability Exercices ». Les auteurs ont trouvé seulement un petit nombre d’études (5 sur 677 potentiels articles) portant sur l’utilisation du gainage comme traitement de la lombalgie chez le sportif, dont seulement deux essais contrôlés randomisés [20-24]. Il existait une hétérogénéité importante entre les études incluses dans l’analyse et une faible qualité globale des données disponibles.
La plupart des études ont reporté des améliorations cliniques importantes et statistiquement significatives au niveau de l’intensité de la douleur au cours du traitement des patients lombalgiques faisant du gainage. Deux essais contrôlés randomisés dont un avec un faible risque de biais a démontré des différences cliniques importantes et statistiquement significatives sur des marqueurs de douleurs et fonctionnels lorsque l’on privilégie le gainage au traitement conventionnel [24]. Les différences retrouvées dans les différentes études étaient l’âge des sportifs, le type de sport qu’ils pratiquaient et les différentes formes de gainage réalisées lors de l’étude. Cette hétérogénéité a empêché une méta-analyse. De plus, aucune des études retenues n’avait réalisé un suivi à long terme et les tailles d’échantillons étaient petites.
Les exercices de gainage ont récemment fait état d’une surveillance accrue dans la littérature. Une étude indique que le gainage est la forme d’exercice la plus fréquemment recommandée par les physiothérapeutes irlandais [25]. Des revues systématiques antérieures et méta-analyses ont démontré que des programmes d’exercices de stabilité vertébrale pouvaient être efficaces pour des patients lombalgiques et particulièrement chez une population chronique [14-16, 19]. Les trois études incluant des sportifs lombalgiques chroniques ont reporté des résultats significatifs en faveur d’un programme de gainage [20, 23, 24]. La seule étude qui a spécifiquement inclue des sportifs lombalgiques en phase aigüe n’a pas démontré d’amélioration significative de la douleur [21]. Ces résultats sont similaires à ceux retrouvés dans la population en générale.
Les points forts de cette étude ont été la recherche dans plusieurs bases de données combinée à des auteurs indépendants évaluant les résultats de la littérature concernant la qualité et le risque de biais. Cependant, le nombre relativement faible d'études qui répondait aux critères d'inclusion et la faible qualité globale des études incluses pourraient conduire à des biais dans les conclusions. En outre, l'inclusion des études comparatives non randomisées et des études non contrôlées dans cette revue pourrait être également une source de biais. Une autre limitation réside dans le fait que seulement les articles en anglais ont été récupérés bien que la recherche ait été menée dans toutes les langues. Enfin, il est également possible qu'il y ait eu un biais de publication en ce qui concerne l'utilisation des termes « exercices de gainage chez les athlètes avec douleur lombaire », compte tenu de la popularité de ces derniers dans les médias populaires.
L'hétérogénéité des études incluses (par exemple, les caractéristiques de l'athlète, Les formes de gainage) limite l'interprétation des résultats de cet examen et de leur applicabilité dans la pratique clinique. Il est également reconnu que certains sujets lombalgiques incluent dans la population générale peuvent être des athlètes de différents sports et à différents niveaux de compétition. Toutefois, ces études incluent également les non-athlètes et ne pas analyser précisément les résultats des athlètes par rapport aux non-athlètes.
Les sources de douleurs lombaires étant variées (discales, articulaires, musculaires, myo-fasciales, neurologiques, posturales…) et les récidives potentiellement accrues avec l’âge et l’affaiblissement des capacités physiques, il semble intéressant de mettre en place un programme de gainage adapté tant au sportif qu’à son sport. De prévention ou curatif pour le lombalgique chronique, il n’est pas déterminé à l’heure actuelle dans la littérature scientifique quelle forme de gainage est la plus efficace car les protocoles varient d’une étude à l’autre. Cependant, un mixte de gainage statique et dynamique incluant divers supports instables ou de renforcement (Swiss ball, Medicine ball, TRX, Bosu, Elastiques, Sand bag, Water bag…etc…) et stimulant le plan profond (rentrer le ventre, expiration ou apnée expiratoire, contraction du périnée, auto-grandissement, placement du bassin) et superficiel (mouvement choisi dans l’exercice) parait aujourd’hui une bonne base de départ dans la mise en place d’un programme de gainage efficace et non délétère quel que soit l’âge. De statique au départ, le gainage doit aussi être rapidement dynamique et comporter des exercices de coordination avec des chaines musculaires croisées. Trop souvent il est réalisé dans des axes simples et ne reflète pas la réalité physiologique de l’activité. Ce n’est pas pour rien que les sprinters se blessent souvent les ischio-jambiers dans les virages des pistes d’athlétisme ou que les sportifs se bloquent le dos sur des contraintes de poussée en rotation.
Il est un dernier point qui, je pense, est fondamental à prendre en compte. Certes les contraintes mécaniques durant les heures d’entrainements peuvent être très délétères pour la colonne mais les contraintes posturales durant les heures « off » des sportifs (posture prolongée en flexion lombaire devant la télé, en voiture…) rajoutent une charge prolongée sur les structures tissulaires déjà fortement sollicitées pendant l’activité sportive. Cette charge faible mais continue peut, à elle seule, conduire également à la lésion. Il suffira alors d’une petite contrainte en match ou à l’entrainement pour faire déborder le vase déjà trop plein et provoquer une lésion plus ou moins irréversible.
Il est donc clair, au vu de cette revue de littérature, que d’autres recherches sont nécessaires sur ce sujet. Les chercheurs et les cliniciens doivent essayer de déterminer si le gainage devrait être utilisé dans un mode curatif ou préventif des blessures lombaires ou dans un but d’amélioration des performances. Il parait logique qu’une utilisation combinée serait la meilleure mais des recherches futures doivent encore en préciser les modalités .
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] Ong A, Anderson J, Roche J. A pilot study of the prevalence of lumbardisc degeneration in elite athletes with lower back pain at the Sydney 2000 Olympic Games. Br J Sports Med. 2003;37:263–266.
[2] Hangai M, Kaneoka K, Hinotsu S, et al. Lumbar intervertebral disk degeneration in athletes. Am J Sports Med. 2009;37:149–155.
[3] Gerbino PG, D’Hemecourt PA. Does football cause an increase in degenerative disease of the lumbar spine? Curr Sports Med Rep. 2002;1:47–51.
[4] Moorman CT, Johnson DC, Pavlov H, et al. Hyperconcavity of the lumbar vertebral endplates in the elite football lineman. Am J Sports Med. 2004;32:1434–1439.
[5] Paxton ES, Moorman CT, Chehab EL, et al. Effect of hyperconcavity of the lumbar vertebral endplates on the playing careers of professional american football linemen. Am JSports Med. 2010;38:2255–2258.
[6] Gatt CJ, Hosea TM, Palumbo RC, et al. Impact loading of the lumbar spine during football blocking. Am J Sports Med. 1993;25:317–321.
[7] Reed JJ, Wadsworth LT. Lower back pain in golf: a review. Curr Sports Med Rep. 2010;9:57–59.
[8] Ferdinands RED, Kersting U, Marshall RN. Three-dimensional lumbar segment kinetics of fast bowling in cricket. J Biomech. 2009;42:1616–1621.
[9] Soler T, Calderón C. The prevalence of spondylolysis in the Spanish elite athlete. Am J Sports Med. 2000;28:57–62.
[10] Trainor TJ, Trainor MA. Etiology of low back pain in athletes. Curr Sports Med Rep. 2004;3:41–46.
[11] Sakai T, Sairyo K, Suzue N, et al. Incidence and etiology of lumbar spondylolysis: review of the literature. J Orthop Sci. 2010;15:281–288.
[12] Johnson M, Ferreira M, Hush J. Lumbar vertebral stress injuries in fast bowlers: a review of prevalence and risk factors. Phys Ther Sport. 2012; 13:45–52.
[13]Standaert CJ, Herring SA, Pratt TW. Rehabilitation of the athlete with low back pain.
Curr Sports Med Rep. 2004;3:35–40.
[14] Hayden J, Van Tulder M, Malmivaara A, et al. Exercise therapy for treatment of non-specific low back pain. Cochrane Database Syst Rev. 2005;CD000335.
[15] Richardson C, Jull G, Hodges P, et al. Therapeutic Exercise for Spinal Segmental Stabilization in Low Back Pain: Scientific Basis and Clinical Approach. Edinburgh, United Kingdom: Churchill Livingstone; 1999.
[16] Bystrom M, Rasmussen-Barr E, Grooten WJA. Motor control exercises reduces pain and disability in chronic and recurrent low back pain. Spine. 2013;38:E350–E358.
[17] Macedo L, Maher C, Latimer J, et al. Motor control exercise for persistent, nonspecific low back pain: a systematic review. Phys Ther. 2009;89:9–25.
[18] McGill S, Grenier S, Kavcic N, et al. Coordination of muscle activity to assure stability of the lumbar spine. J Electromyogr Kinesiol. 2003;13:353–359.
[19] Wang X, Zheng J, Yu Z, et al. A meta-analysis of core stability exerciseversus general exercise for chronic low back pain. PLoS One. 2012;7: e52082.
[20] Ganzit GP, Chistotti L, Albertini G, et al. Isokinetic testing of flexor andextensor muscles in athletes suffering from low back pain. J Sports Med Phys Fitness. 1998;38:330–336.
[21] Harringe ML, Nordgren JS, Arvidsson I, et al. Low back pain in young female gymnasts and the effect of specific segmental muscle control exercises of the lumbar spine: a prospective controlled intervention study. Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc. 2007;15:1264–1271.
[22] Hides JA, Stanton WR, McMahon S, et al. Effect of stabilization trainingon multifidus muscle cross-sectional area among young elite cricketerswith low back pain. J Orthop Sports Phys Ther. 2008;38:101–108.
[23] Kumar S, Sharma V, Negi M. Efficacy of dynamic muscular stabilizationtechniques (DMST) over conventional techniques in rehabilitation ofchronic low back pain. J StrengthCond Res. 2009;23:2651–2659.
[24] Jackson JK, Shepherd TR, Kell RT. The influence of periodized resistancetraining on recreationally active males with chronic nonspecific low back pain. J Strength Cond Res. 2011;25:242–251
Il existe à l’heure actuelle de nombreuses pistes de traitement pour soigner la lombalgie incluant la médication, la physiothérapie, la thérapie manuelle et la réhabilitation (renforcement musculaire, étirements, mobilité, exercices cardio-vasculaires…) [13,14]. Une des formes de renforcement musculaire ayant reçu une attention particulière dans la littérature scientifique et auprès des médias de la santé est le gainage. Appelé « core stability exercise » chez les anglo-saxons, il est défini communément comme « l’ensemble des exercices qui renforce la musculature vertébrale (spinaux et abdominaux) et particulièrement ceux qui constituent le plan profond de cette musculature (transverse de l’abdomen pour le plan antérieur et multifides pour le plan postérieur) » [15]. Il existe aujourd’hui quelques preuves scientifiques montrant que le gainage est efficace dans le traitement de la lombalgie chronique dans la population [16-17]. Cependant, il a été aussi avancé que se concentrer exclusivement sur un ou deux muscles profonds dans des exercices de renforcement de la musculature vertébrale est une vision erronée et simpliste car tant les muscles superficiels dynamiques que les muscles profonds statiques contribuent à la stabilité de la colonne lombaire. Mc Gill et al [18] postule d’ailleurs simplement que « tout exercice qui stimulent des schémas moteurs et qui assure la stabilité vertébrale par la répétition constitue un exercice de gainage ». Une méta-analyse récente qui définissait globalement le gainage comme « le renforcement de la capacité à assurer la stabilité de la colonne vertébrale en position neutre » soulignait que les exercices mentionnaient ci-dessus étaient plus efficaces que des exercices généraux dans le traitement de la lombalgie chronique dans la population en générale [19].
La différence qu’il existe entre les athlètes et la population en générale (gestes répétitifs, exigences et niveau physique de base plus élevés) justifie des moyens d’évaluation spécifiques à cette population sportive. L’objectif de cette étude était donc de procéder à l’examen systématique des données scientifiques disponibles certifiant l’efficacité du gainage pour le traitement de sportifs lombalgiques.
Cette étude a été réalisé selon les lignes directrices PRISMA (31) avec un protocole défini. Cinq bases de données ont été retenu (Medline, AMED, CINAHL, SportDiscus and Embase) sur un intervalle de temps s’étendant de la création de ces dernières à fin juin 2012 sans restriction linguistique et utilisant en ensemble de MeSH et mots clés tels que « Athletes », « Low Back Pain » et « Core Stability Exercices ». Les auteurs ont trouvé seulement un petit nombre d’études (5 sur 677 potentiels articles) portant sur l’utilisation du gainage comme traitement de la lombalgie chez le sportif, dont seulement deux essais contrôlés randomisés [20-24]. Il existait une hétérogénéité importante entre les études incluses dans l’analyse et une faible qualité globale des données disponibles.
La plupart des études ont reporté des améliorations cliniques importantes et statistiquement significatives au niveau de l’intensité de la douleur au cours du traitement des patients lombalgiques faisant du gainage. Deux essais contrôlés randomisés dont un avec un faible risque de biais a démontré des différences cliniques importantes et statistiquement significatives sur des marqueurs de douleurs et fonctionnels lorsque l’on privilégie le gainage au traitement conventionnel [24]. Les différences retrouvées dans les différentes études étaient l’âge des sportifs, le type de sport qu’ils pratiquaient et les différentes formes de gainage réalisées lors de l’étude. Cette hétérogénéité a empêché une méta-analyse. De plus, aucune des études retenues n’avait réalisé un suivi à long terme et les tailles d’échantillons étaient petites.
Les exercices de gainage ont récemment fait état d’une surveillance accrue dans la littérature. Une étude indique que le gainage est la forme d’exercice la plus fréquemment recommandée par les physiothérapeutes irlandais [25]. Des revues systématiques antérieures et méta-analyses ont démontré que des programmes d’exercices de stabilité vertébrale pouvaient être efficaces pour des patients lombalgiques et particulièrement chez une population chronique [14-16, 19]. Les trois études incluant des sportifs lombalgiques chroniques ont reporté des résultats significatifs en faveur d’un programme de gainage [20, 23, 24]. La seule étude qui a spécifiquement inclue des sportifs lombalgiques en phase aigüe n’a pas démontré d’amélioration significative de la douleur [21]. Ces résultats sont similaires à ceux retrouvés dans la population en générale.
Les points forts de cette étude ont été la recherche dans plusieurs bases de données combinée à des auteurs indépendants évaluant les résultats de la littérature concernant la qualité et le risque de biais. Cependant, le nombre relativement faible d'études qui répondait aux critères d'inclusion et la faible qualité globale des études incluses pourraient conduire à des biais dans les conclusions. En outre, l'inclusion des études comparatives non randomisées et des études non contrôlées dans cette revue pourrait être également une source de biais. Une autre limitation réside dans le fait que seulement les articles en anglais ont été récupérés bien que la recherche ait été menée dans toutes les langues. Enfin, il est également possible qu'il y ait eu un biais de publication en ce qui concerne l'utilisation des termes « exercices de gainage chez les athlètes avec douleur lombaire », compte tenu de la popularité de ces derniers dans les médias populaires.
L'hétérogénéité des études incluses (par exemple, les caractéristiques de l'athlète, Les formes de gainage) limite l'interprétation des résultats de cet examen et de leur applicabilité dans la pratique clinique. Il est également reconnu que certains sujets lombalgiques incluent dans la population générale peuvent être des athlètes de différents sports et à différents niveaux de compétition. Toutefois, ces études incluent également les non-athlètes et ne pas analyser précisément les résultats des athlètes par rapport aux non-athlètes.
Les sources de douleurs lombaires étant variées (discales, articulaires, musculaires, myo-fasciales, neurologiques, posturales…) et les récidives potentiellement accrues avec l’âge et l’affaiblissement des capacités physiques, il semble intéressant de mettre en place un programme de gainage adapté tant au sportif qu’à son sport. De prévention ou curatif pour le lombalgique chronique, il n’est pas déterminé à l’heure actuelle dans la littérature scientifique quelle forme de gainage est la plus efficace car les protocoles varient d’une étude à l’autre. Cependant, un mixte de gainage statique et dynamique incluant divers supports instables ou de renforcement (Swiss ball, Medicine ball, TRX, Bosu, Elastiques, Sand bag, Water bag…etc…) et stimulant le plan profond (rentrer le ventre, expiration ou apnée expiratoire, contraction du périnée, auto-grandissement, placement du bassin) et superficiel (mouvement choisi dans l’exercice) parait aujourd’hui une bonne base de départ dans la mise en place d’un programme de gainage efficace et non délétère quel que soit l’âge. De statique au départ, le gainage doit aussi être rapidement dynamique et comporter des exercices de coordination avec des chaines musculaires croisées. Trop souvent il est réalisé dans des axes simples et ne reflète pas la réalité physiologique de l’activité. Ce n’est pas pour rien que les sprinters se blessent souvent les ischio-jambiers dans les virages des pistes d’athlétisme ou que les sportifs se bloquent le dos sur des contraintes de poussée en rotation.
Il est un dernier point qui, je pense, est fondamental à prendre en compte. Certes les contraintes mécaniques durant les heures d’entrainements peuvent être très délétères pour la colonne mais les contraintes posturales durant les heures « off » des sportifs (posture prolongée en flexion lombaire devant la télé, en voiture…) rajoutent une charge prolongée sur les structures tissulaires déjà fortement sollicitées pendant l’activité sportive. Cette charge faible mais continue peut, à elle seule, conduire également à la lésion. Il suffira alors d’une petite contrainte en match ou à l’entrainement pour faire déborder le vase déjà trop plein et provoquer une lésion plus ou moins irréversible.
Il est donc clair, au vu de cette revue de littérature, que d’autres recherches sont nécessaires sur ce sujet. Les chercheurs et les cliniciens doivent essayer de déterminer si le gainage devrait être utilisé dans un mode curatif ou préventif des blessures lombaires ou dans un but d’amélioration des performances. Il parait logique qu’une utilisation combinée serait la meilleure mais des recherches futures doivent encore en préciser les modalités .
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] Ong A, Anderson J, Roche J. A pilot study of the prevalence of lumbardisc degeneration in elite athletes with lower back pain at the Sydney 2000 Olympic Games. Br J Sports Med. 2003;37:263–266.
[2] Hangai M, Kaneoka K, Hinotsu S, et al. Lumbar intervertebral disk degeneration in athletes. Am J Sports Med. 2009;37:149–155.
[3] Gerbino PG, D’Hemecourt PA. Does football cause an increase in degenerative disease of the lumbar spine? Curr Sports Med Rep. 2002;1:47–51.
[4] Moorman CT, Johnson DC, Pavlov H, et al. Hyperconcavity of the lumbar vertebral endplates in the elite football lineman. Am J Sports Med. 2004;32:1434–1439.
[5] Paxton ES, Moorman CT, Chehab EL, et al. Effect of hyperconcavity of the lumbar vertebral endplates on the playing careers of professional american football linemen. Am JSports Med. 2010;38:2255–2258.
[6] Gatt CJ, Hosea TM, Palumbo RC, et al. Impact loading of the lumbar spine during football blocking. Am J Sports Med. 1993;25:317–321.
[7] Reed JJ, Wadsworth LT. Lower back pain in golf: a review. Curr Sports Med Rep. 2010;9:57–59.
[8] Ferdinands RED, Kersting U, Marshall RN. Three-dimensional lumbar segment kinetics of fast bowling in cricket. J Biomech. 2009;42:1616–1621.
[9] Soler T, Calderón C. The prevalence of spondylolysis in the Spanish elite athlete. Am J Sports Med. 2000;28:57–62.
[10] Trainor TJ, Trainor MA. Etiology of low back pain in athletes. Curr Sports Med Rep. 2004;3:41–46.
[11] Sakai T, Sairyo K, Suzue N, et al. Incidence and etiology of lumbar spondylolysis: review of the literature. J Orthop Sci. 2010;15:281–288.
[12] Johnson M, Ferreira M, Hush J. Lumbar vertebral stress injuries in fast bowlers: a review of prevalence and risk factors. Phys Ther Sport. 2012; 13:45–52.
[13]Standaert CJ, Herring SA, Pratt TW. Rehabilitation of the athlete with low back pain.
Curr Sports Med Rep. 2004;3:35–40.
[14] Hayden J, Van Tulder M, Malmivaara A, et al. Exercise therapy for treatment of non-specific low back pain. Cochrane Database Syst Rev. 2005;CD000335.
[15] Richardson C, Jull G, Hodges P, et al. Therapeutic Exercise for Spinal Segmental Stabilization in Low Back Pain: Scientific Basis and Clinical Approach. Edinburgh, United Kingdom: Churchill Livingstone; 1999.
[16] Bystrom M, Rasmussen-Barr E, Grooten WJA. Motor control exercises reduces pain and disability in chronic and recurrent low back pain. Spine. 2013;38:E350–E358.
[17] Macedo L, Maher C, Latimer J, et al. Motor control exercise for persistent, nonspecific low back pain: a systematic review. Phys Ther. 2009;89:9–25.
[18] McGill S, Grenier S, Kavcic N, et al. Coordination of muscle activity to assure stability of the lumbar spine. J Electromyogr Kinesiol. 2003;13:353–359.
[19] Wang X, Zheng J, Yu Z, et al. A meta-analysis of core stability exerciseversus general exercise for chronic low back pain. PLoS One. 2012;7: e52082.
[20] Ganzit GP, Chistotti L, Albertini G, et al. Isokinetic testing of flexor andextensor muscles in athletes suffering from low back pain. J Sports Med Phys Fitness. 1998;38:330–336.
[21] Harringe ML, Nordgren JS, Arvidsson I, et al. Low back pain in young female gymnasts and the effect of specific segmental muscle control exercises of the lumbar spine: a prospective controlled intervention study. Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc. 2007;15:1264–1271.
[22] Hides JA, Stanton WR, McMahon S, et al. Effect of stabilization trainingon multifidus muscle cross-sectional area among young elite cricketerswith low back pain. J Orthop Sports Phys Ther. 2008;38:101–108.
[23] Kumar S, Sharma V, Negi M. Efficacy of dynamic muscular stabilizationtechniques (DMST) over conventional techniques in rehabilitation ofchronic low back pain. J StrengthCond Res. 2009;23:2651–2659.
[24] Jackson JK, Shepherd TR, Kell RT. The influence of periodized resistancetraining on recreationally active males with chronic nonspecific low back pain. J Strength Cond Res. 2011;25:242–251