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Lésion myo-aponévrotique des ischio-jambiers : deux protocoles d’exercices

Les termes de déchirures, élongations, claquages, devenus obsolètes depuis plusieurs années, font place naturellement au terme de lésion myo-aponévrotique. Le développement et la création des concepts de compréhension mécanique et ingéniérique, la stratégie thérapeutique et tous l'environnement autour de cette classification dorénavant acquise, a été crée et enseigné par Kinesport sous mon élan depuis de longues années. Rappelons que les premiers constats de lésions myo-aponévrotiques par les échographes datent de 1996... les premiers protocoles que j'ai crée sous justification ont fait leur preuve depuis une dizaine d'année et seront à nouveau expliqués lors du congrès ECOSEP à STUTTGART. Même si ils restent encore beaucoup de choses à tester, même si ils restent encore beaucoup de choses à justifier, même si .... le simple fait de faire évoluer les choses est une avancée. Dans ce cadre, citons le travail excentrique , à juste dose, comme un élément déterminant de la bonne réussite thérapeutique. De facto, l'étude suivante permet de justifier à nouveau de son importance.

Arnaud BRUCHARD



Lésion myo-aponévrotique des ischio-jambiers : deux protocoles d’exercices
La lésion myo-aponévrotique des ischio-jambiers est la blessure la plus courante dans le football professionnel [1, 2]. En effet, une équipe professionnelle de 25 joueurs peut « compter » environ sur 5 blessures aux ischio-jambiers chaque saison, soit plus de 80 jours de football perdus [1]. En outre, les lésions des ischio-jambiers sont un groupe hétérogène constitué de différents types de blessures aux localisations et tailles différentes et qui rendent les recommandations concernant la réhabilitation et le pronostic de guérison difficiles [3, 4]. 
Comme on le constate malheureusement souvent, le taux de rechutes dans le football est élevés [5] ce qui, dans la plupart des cas, indique sans doute l'insuffisance des programmes de réadaptation et / ou le retour prématuré sur les terrains de football.
 
Une nouvelle étude prospective randomisée d’Asking publié dans le BJSM en mars dernier [6] a comparé 2 protocoles de rééducation de lésions myo-aponévrotiques des ischio-jambiers chez des footballeurs professionnels suédois. 
Un total de 75 joueurs (femmes/hommes) ayant eu avec une lésion musculaire aigue confirmée par IRM, ont été affectés au hasard à l’un des deux protocoles de rééducation suivant : 37 joueurs ont été affectés à un protocole mettant l’accent sur des exercices d’allongement excentrique sub-maximaux (L-protocole) et 38 joueurs à un protocole comportant des exercices conventionnels de renforcement musculaire des ischio-jambiers (C-protocole). 
L’objectif principal de cette étude était de comparer l’efficacité de ces deux protocoles de réadaptation. Les autres objectifs étaient d’étudier les corrélations possibles entre les types de blessures, l’emplacement, la taille, la douleur à la palpation et le délai de retour sur le terrain.
Les résultats mesurés étaient le nombre de jours nécessaires pour revenir à 100% dans l’équipe et rejouer les matchs. Les récidives musculaires éventuelles ont été enregistrées au cours d’une période de 12 mois après le retour sur le terrain.
 
Chaque protocole de réhabilitation comportait trois exercices différents (vidéos démonstratives dans l’article du BJSM) : l’exercice 1 était principalement destiné à accroître la souplesse, l’exercice 2 était un exercice combiné pour la stabilisation et la force du tronc/bassin et l’exercice 3 était plus un exercice de musculation spécifique. Tous les exercices ont été effectués dans le plan sagittal. L’intensité et le volume de travail des séances ont été faits aussi égale que possible entre les deux protocoles. Les séances ont été supervisées, au moins une fois par semaine, pendant toute la période de réadaptation, et la vitesse et la charge ont été augmentés au fil du temps. Le critère de non douleur devait être respecté sur toutes les séances. 
Mécanisme traumatique : l’étude constate que 72% des lésions myo-aponévrotiques étaient survenues sur une course de vitesse ou une accélération (sprint-type) et 28% étaient des lésions d’overstretching survenant sur un pied levé, un tacle ou une position de fente (stretching-type). 
 
Localisation : 
- dans 69% des blessures, la lésion primaire est située dans le chef long du biceps fémoral et dans 48% de ces cas, il y avait une blessure secondaire située dans le semi-tendineux (80%).
- dans 21% des blessures, la lésion primaire est situé dans le semi-membraneux et dans 44% de ces cas, il y avait aussi une blessure secondaire. 
Remarque : une nette majorité des blessures primaires de type « sprint » était situé dans la longue portion du biceps fémoral (94%) alors que l’atteinte du semi-membraneux (74%) était plus fréquente lors d’une blessure type « stretching ». 
Le retour sur le terrain était significativement plus court pour les joueurs du L-protocole (moyenne de 28 jours (8-58 j)), comparativement au C-protocole (moyenne de 51 jours (12-94 j)). 
Quel que soit le protocole, les lésions « sprinting-type » ont mis moins de temps à guérir que les lésions d’overstretching survenant sur un pied levé, un tacle ou une position de fente (stretching-type). Ainsi, pour le L-protocole, la moyenne de retour sur le terrain était respectivement de 23 vs 43 j et pour le C-protocole respectivement de 41 vs 74 j. Le L-protocole était significativement plus efficace que le C-protocole dans les deux types de blessures. Une rechute a été enregistrée, dans le C-protocole (6 mois post-blessure). 
De même, l’analyse de corrélation a montré que plus la distance ischion-site lésionnel (ou pic douloureux) était faible, plus le délai de retour sur le retour était long. Une taille plus importante d’œdème était également corrélée à une reprise plus tardive.

 
Conclusion :
Le retour sur le terrain suite à une lésion myo-aponévrotique des ischio-jambiers peut être considérablement affectée par le choix du protocole de rééducation. Dans cette étude sur des joueurs de football professionnels suédois, le délai moyen a été raccourci de 51 à 28 jours (45%) par substitution d’exercices de travail excentrique sub-maximal (L-protocole) à un protocole plus classique d’étirement et de renforcement musculaire concentrique (C-protocole).






 
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] Ekstrand J, Hägglund M, Waldén M. Epidemiology of muscle injuries in professional football. Am J Sports Med 2011; 13:1226–32.
[2] Hägglund M, Waldén M, Ekstrand J. Injuries among male and female elite football players. Scand J Med Sci Sports 2009; 19:819–29.
[3] Askling C, Saartok T, Thorstensson A. Type of acute hamstring strain affects flexibility, strength, and time to return to pre-injury level. Br J Sports Med 2006; 40: 40–4.
[4] Askling C, Tengvar M, Saartok T, et al. Proximal hamstring strains of stretching type in different sports. Injury situations, clinical and magnetic resonance characteristics, and return to sport. Am J Sports Med 2008; 36: 1799–804.
[5] Hägglund M, Waldén M, Ekstrand J. Previous injury as a risk factor for injury in elite football: a prospective study over two consecutive seasons. Br J Sports Med 2006; 40:767–72.
[6] Askling C, Tengvar M, Thorstensson A. Acute hamstring injuries in Swedish elite football: a prospective randomised controlled clinical trial comparing two rehabilitation protocols.Br J Sports Med Published Online First: 27 March 2013