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Les pathologies de poignet chez le tennisman



L’objectif de cette étude de revue est de déterminer l’étendue du problème concernant les douleurs/blessures de poignet chez le tennisman, d’identifier les structures osseuses et tissulaires susceptibles d’être atteintes par la pratique du tennis et enfin d’explorer les facteurs pouvant être responsables de ces pathologies de poignet.
Le complexe poignet/main a un rôle essentiel dans la production du coup au tennis car il forme l’ultime lien dans la chaine cinétique entre le corps et la raquette. Quand le tennisman joue, les charges internes appliquées au poignet (muscles et forces de torsion) et externes (résultant de l’interaction entre la balle et la raquette) sont susceptibles de contribuer aux douleurs et aux blessures. Les forces de torsion internes générées par la musculature de la main et du poignet sont influencées par la force du grip, le type de grip adopté par le joueur (Figure 1), l’alignement du buste lorsque le joueur tape dans la balle, le type de spin appliqué à la balle et par la taille du manche de la raquette. Les forces de torsion externes sont fonction de la taille de la raquette et de son poids, de la tension du tamis et de la localisation de la balle lorsqu’elle touche le tamis. Ces forces de torsion externes sont augmentées de manière importante lorsque la balle impacte le tamis de façon décentrée.
 
Figure 1 :
Les pathologies de poignet chez le tennisman

Méthodologie


 
Les recherches ont été menées à partir de bases de données informatiques (Scopus, Pubmed, Web of Science, SPORTDiscus and Google Scholar) sur une période étendue de 1960 à Janvier 2016. Les mots clés utilisés sont « injury » or « pain », « sport/tennis », « wrist », « tennis », « epidemiology », « coaching », « biomecanics ». Les études retenues pour cette revue bibliographique devaient répondre aux critères suivants :
  • Inclure des données épidémiologiques sur les douleurs/blessures chez le tennisman
  • Inclure des informations sur des blessures spécifiques retrouvées chez le tennisman
  • Inclure des informations concernant la biomécanique, l’acquisitions des gestes techniques, le coaching ou l’entrainement relatives à la pratique du tennis et au développement de pathologie ou de douleurs de poignet.
 

Epidémiologie


 
La première information ressortant de cette étude est que le pourcentage de blessures concernant le poignet a nettement augmenté dans les études récentes. En effet, les études plus anciennes (1986-1995) (1,2) montrent un pourcentage compris entre 2,3 et 3,8% alors que les études plus récentes (3,4) indiquent un pourcentage nettement plus élevé : 7,6 à 11,8%.
Deuxièmement, en 1986, Reece et Al. (4) mirent en évidence que la fréquence des douleurs/pathologies de poignet (2,3%) était nettement inférieure aux autres pathologies reconnues chez le tennisman comme les pathologies de l’épaule (9,1%), du coude (7,4%) et de la colonne lombaire (5,1%). Cependant, ces chiffres ont tendance à changer dans les études plus récentes (1), surtout chez les femmes pratiquant le tennis. En effet, 13,6% des pathologies concernent le poignet, contre 11,8% pour l’épaule, 4,9% pour le poignet et 4,9% pour la région lombaire/sacrum/pelvis.
En 2016, McCurdie et Al. (5), montrèrent que 12% des pathologies concernant les joueuses de tennis étaient localisées au niveau du complexe poignet/main, ce qui constitue un pourcentage équivalent aux blessures lombaires/bassin (12%), et un pourcentage supérieur par rapport aux pathologies d’épaule (10%) et de coude (6%).
Cette augmentation dans la fréquence relative des pathologies/douleurs de poignet pourrait être due au changement d’équipement (cadres de raquette plus rigides et tamis en polyesther) et type de grip (6,7), ainsi que les changements associés à la façon de taper la balle dans la mesure où la réalisation d’une importante quantité d’effets est un objectif important au tennis(8). Ce pourcentage est également potentiellement dû à la prévalence du revers à deux mains, très présent dans le jeu moderne (9,10), le joueur étant ainsi susceptible de blesser ses deux poignets (dominant/non-dominant).
La plupart des études utilisent des échantillons mixes d’hommes et de femmes sans forcément différencier les données rapportées en fonction du sexe et les résultats diffèrent quant à la prédisposition d’un sexe par rapport à l’autre à ce type de lésion (1, 2, 5, 11, 12). De plus, le niveau de preuve rapporté par les présentes études épidémiologiques est insuffisant pour déterminer les âges et niveaux de jeux favorisant les pathologies de poignet, cependant certaines semblent survenir après des arrêts prolongés (supérieurs à 3 mois) de la pratique du tennis (7,13,14).
 
Pathologies de poignets et facteurs associés
 
Excepté de rares descriptions de chutes sur un poignet en hyper-extension, les pathologies traumatiques sont rares chez le tennisman (15) et il faut catégoriser de manière prudente les blessures traumatiques du poignet car une symptomatologie aigue (fracture de stress par exemple) peut-être la manifestation clinique d’une mal-adaptation chronique des tissus (20) et de la chaine cinétique (21).
A la différence des pathologies de membres inférieurs, les pathologies de poignets et du membre supérieur en général sont généralement dûes à une surutilisation, en raison des contraintes répétées appliquées au poignet lorsque la balle tape sur la raquette (8, 16, 17, 18, 19).
Tagliafico et Al. (7) ont rapporté que plus des 3 quarts de leur échantillon de population présentaient des douleurs de poignet localisées au niveau ulnaire et que deux tiers de toutes les blessures mettaient en jeu le tendon de l’extenseur ulnaire du carpe. De plus, 90% des joueurs présentant des lésions du tendon de l’extenseur ulnaire du carpe utilisent le Western Grip ou le Semi-Western Forehand Grip. L’utilisation de ce type de ce grip comparé à l’Eastern Grip positionne l’articulation métacarpo-phalangienne de l’index en arrière du manche de la raquette et augmente ainsi l’extension du poignet, l’inclinaison ulnaire et la supination.
De plus, les douleurs de poignet latéralisées à l’ulna sont également assez fréquentes du côté non dominant du fait de l’augmentation de l’utilisation du revers à deux mains (8). De nombreux cas ont été rapportés de fractures de fatigue au niveau de l’extrémité distale de l’ulna du côté non dominant exclusivement (19, 22-25). De la même façon, Montalvan et Al. (26) ont observé une grande majorité de cas d’instabilité du tendon de l’extenseur ulnaire du carpe et de rupture étaient causées par le revers à deux mains avec comme cause majeure le positionnement du poignet en supination.
Cependant, pour réaliser l’effet, l’avant-bras et le poignet sont sensés réaliser une pronation, qui est contrée au niveau du poignet par une supination relative due à l’inertie de la raquette et de l’impact de la balle. Ce phénomène est accentué lorsque la balle impacte la raquette de façon décentrée.
Une autre cause de lésion ulnaire du poignet est l’erreur de grip. En effet, la répétition de coup contre la loge Hypothénar peut créer des lésions du crochet de l’hamatum (15, 27, 28, 29).
Certaines pathologies de poignet ont été associées à la variance ulnaire (position de l’ulna par rapport à l’extrémité distale du radius), (18, 19, 30) :
  • Une variance positive (ulna plus distal que le radius) est associée au syndrome d’impaction de l’ulna et à des lésions du fibro-cartilage triangulaire.
  • Une variance négative (ulna plus proximal que radius) est généralement impliquée dans des lésions de l’os lunaire.
Les lésions radiales sont quant-à elles plutôt associées à l’Eastern Forehand Grip : tendinopathie du fléchisseur radiale du carpe et tendinopathie de De Quervains.
 
Les autres facteurs
 
  • Une technique insuffisante : en effet, les joueurs moins expérimentés ont tendance à utiliser l’Eastern et le continental Forehand Grip quand ils réalisent un revers à une main, ce qui crée une contrainte très importante sur les muscles extenseurs du poignet par augmentation de la flexion du poignet lors de l’impact de la balle sur la raquette. De plus, le fait que la balle impacte la raquette de façon décentrée de façon plus fréquente que chez le joueur expérimenté (31-36) augmente la probabilité de survenue de la blessure.
  • La spécialisation précoce dans un sport expose très tôt à la compétition et aux entrainements à haute intensité. Des asymétries importantes dans la flexion/extension ont été observées chez des joueuses junior à haut niveau (37-45).
 

Conclusion


 
Il apparait que les pathologies de poignet représentent un problème courant chez le tennisman dans le jeu moderne dans lequel le western et semi western forhand grip ainsi que le revers à deux mains prédominent. Il parait important que les cliniciens s’occupant de joueur de tennis soient capables d’associer le type du grip à la potentielle lésion qu’il peut engendrer ; un revers à deux mains devra orienter le praticien vers le poignet non dominant, de la même façon que l’utilisation du western ou semi western forhand grip devra l’orienter vers une lésion latéralisée du côté ulnaire du poignet. Les informations contenues dans cette revue de littérature peuvent également permettre au tennisman, au coach, et aux autres membres du staff d’améliorer les performances tout en évitant la perte de temps précieux que la blessure engendre.
 

Article principal


 
Wrist injuries in tennis players : a narrative review, Max Stuelcken, Daniel Mellifont, Adam Gorman, Mark Sayers, Sports Med, 2016
 
 
 
Bibliographie
 
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