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Les effets de la durée du ré-échauffement à la mi-temps sur la performance de sprint intermittent.



Introduction


 
La quantité de sprint à haute intensité, connue pour être un indicateur important de performance pour les athlètes et les arbitres dans les sports collectifs, a tendance à diminuer dans la phase initiale de la seconde mi-temps. On observe une diminution jusqu’à 10%, comparé à la même phase en première mi-temps. De plus, on rapporte une augmentation significative du risque de lésion musculaire (sans contact) durant la phase initiale de la seconde mi-temps. La baisse des qualités en sprint et l’augmentation des blessures sont imputées seraient dû à un manque de préparation physique préalable à la seconde mi-temps.
Une traditionnelle mi-temps passive entraine une chute plus importante de la température (corporelle et musculaire).
 
L’efficacité de la mise en place d’un ré-échauffement (RW pour Re Warmup) à la mi-temps a été investiguée dans de précédentes études. Néanmoins, alors que le RW semble procurer des bénéfices, une récente revue indique que le temps utilisé dans les précédentes études (6-7 min), pourrait ne pas être applicable pour les matchs actuels. En effet, des auteurs ont suggéré que seulement 3 minutes étaient disponibles pour des activités de RW durant la mi-temps, le reste étant occupé pour l’aspect tactique, nutritionnel, et/ou pour des préparatifs médicaux pour la seconde partie de match. À la connaissance des auteurs, l’efficacité d’une courte durée de RW sur la performance n’a pas encore été investiguée.
 
L’augmentation de la disponibilité de l’oxygène est l’un des facteurs les plus importants pour améliorer la performance du sprint intermittent, en augmentant la contribution aérobie pour la resynthèse d’ATP durant le sprint et accélère la resynthèse de la phosphocréatine après le sprint. L’échauffement favorise le transport de l’oxygène au muscle, par vasodilatation des vaisseaux sanguins et l’augmentation du flux vasculaire. De là, le RW aurait la même influence sur ces mécanismes.
 
Objectif
 
L’objectif de cette étude est d’investiguer les effets de différentes durées de RW sur la performance de sprint intermittent.
 
Méthode
 
La population de l’étude est constituée de 13 hommes sains, s’entrainant plus de 2 fois par semaine. Chaque participant participe à trois essais consistant à 2 périodes de 40 minutes d’exercice intermittent, séparées d’un mi-temps de 15 minutes. Les différentes interventions à la mi-temps sont les suivantes :
  • 15 min de repos assis (contrôle)
  • 7 min de RW : 7 min de pédalage à 70% de la FCmax
  • 3 min de RW : 3 min de pédalage à 70% de la FCmax
Le protocole complet de l’étude est représenté sur la figure ci-dessous :

Les effets de la durée du ré-échauffement à la mi-temps sur la performance de sprint intermittent.
La performance après la mi-temps est évaluée par un protocole de pédalage en sprint intermittent (PPSI), qui consiste en 20 répétitions du cycle de 2 minutes suivant :
  • 10 secondes de repos passif.
  • 5 secondes de sprint maximal avec une résistance de 7,5% du poids du corps.
  • 105 secondes d’exercice de basse intensité (50% VO2max, à 80 RPM)
 
Les autres mesures effectuées sont :
  • La mesure du sprint (le travail de chaque sprint est calculé en multipliant la puissance moyenne par la durée (5s), en utilisant le logiciel Monark ATS Software)
  • Mesures des gaz respiratoires
  • Mesures de l’oxygénation musculaire
  • La fréquence cardiaque et la mesure de l’effort perçu.
 
Résultats
 
  • Le travail moyen lors des phases de sprint maximal était plus élevé lors des 10 premières minutes du PPSI pour les 2 groupes RW par rapport au groupe contrôle. En revanche, on ne décèle pas de différence significative entre les différents groupes, pour le travail moyen, pour les intervales de 10-20 min, 20-30 min et 30-40 min. Les résultats pour le travail moyen sont représentés sur la figure ci-après :

Les effets de la durée du ré-échauffement à la mi-temps sur la performance de sprint intermittent.
 
 
  • De même, dans les 10 premières minutes du PPSI, le changement de la concentration d’hémoglobine oxygénée durant les 105 s à 50% de VO2max, la consommation d’oxygène, la production de dioxyde de carbone, et les ratios d’échange respiratoire étaient tous plus élevés pour les groupes RW par rapport au groupe contrôle.
  • L’évaluation de l’effort perçu était plus élevée après l’intervention à la mi-temps était plus élevé pour les groupe RW par rapport au groupe contrôle.
  • Il n’y a pas eu de différence significative dans les mesures entre les 2 groupes RW.
 
Conclusion
 
Le RW de 3 minutes a eu une influence positive équivalente au programme de RW de 7 minutes, sur les performances de sprint intermittent, dans les 10 minutes suivant la reprise après la mi-temps. Pour rappel, Towlson et al (2013) avaient suggéré qu’un RW de 7 minutes pouvait ne pas être approprié lors des matchs de football professionnel, en raison du temps imparti limité, de l’ordre de 3 minutes. Or, à travers la présente étude, les bénéfices physiologiques constatés entre le groupe RW de 3 et 7 minutes sont équivalents. Il est donc tout à fait envisageable de proposer lors de la mi–temps, une activité aérobie de l’ordre de 70% de la VO2max, durant 3 min, et faire bénéficier à l’effectif d’une conservation des bienfaits physiologiques du ré échauffement, sans empiéter sur les autres obligations de cette période stratégique.
 
 
Article Original : Takuma Yanaoka, Kyoko Kashiwabara, Yuta Masuda, Jumpei Yamagami, Kuran Kurata, Shun Takagi, Masashi Miyashita and Norikazu Hirose. The Effect of Half-time Re-Warm up Duration on Intermittent Sprint Performance.  Journal of Sports Science and Medicine (2018) 17, 269-278 http://www.jssm.org

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