Le ski alpin est l'un des sports d'hiver les plus populaires au monde, même s'il a toujours été associé à un risque élevé de blessure. Des études antérieures ont montré que le taux global de blessures chez les skieurs récréatifs est d'environ trois blessures par 1000 skieurs journées [1,3]. Cependant, il existe seulement quelques études qui ont examiné le risque de blessure chez les skieurs de compétition, en particulier chez les skieurs juniors. Il existe des différences dans les modèles généraux de blessures et d'incidents entre les skieurs faisant de la compétition et les skieurs récréatifs. Dans les études d'événements simples, l'incidence a été estimée à 1,9 à 4 pour 1000 courses au niveau compétition [4,5]. Des études plus anciennes ont montré que 72-83% des coureurs de ski ont eu au moins une blessure grave au cours de leur carrière [6,7]. Flørenes et al. ont estimé le taux de blessure de la FIS World Cup 2006-2008 à plus de 36,7 pour 100 athlètes [8].
Les types de blessures liées au ski alpin ont changé au fil du temps, tout comme les technologies d'équipement et de revêtement des skis ont évolué. On peut supposer que les changements de matériel de ski et des techniques modernes de revêtement des skis ont conduit à des réductions du taux global de blessures, en particulier des fractures de la cheville et des fractures du tibia [1,9-12]. Le genou a été signalé comme le site le plus commun de blessures, représentant 20 à 27% de toutes les blessures au ski [1-3,9-12].
Même si le matériel de ski a connu de grands changements au cours des dix dernières années, le taux de blessures du LCA chez les skieurs alpins en compétition est élevé et n'a pas diminué ces dernières années [13]. Avec le nouveau type de skis, le mécanisme "Slip and Catch" (en flexion et rotation médiale) de la lésion du LCA est devenu le mécanisme de blessures du LCA le plus commun chez les skieurs de compétition [14]. Le consensus général est que le mécanisme de blessure en flexion-rotation médiale est surtout lié à l'équipement de ski [15]. La Fédération Internationale de Ski (FIS) a publié de nouvelles réglementations de ski avant le début de saison 2012-2013.
Le but de la présente étude publiée lors de la précédente saison hivernale était d'enquêter rétrospectivement sur les schémas de blessures et leurs taux en Finlande au niveau compétition en ski alpin à la fois pendant les compétitions et pendant les entraînements, et de réaliser un questionnaire en continu à propos des blessures en ski alpin en Finlande.
Méthodes
Les blessures chez les coureurs de ski de tout âge, des enfants aux adultes, ayant été eues lors de compétitions de ski alpin ou lors de sessions d'entraînement sur des pistes de Finlande ont été rétrospectivement étudiées. La période d'étude a commencé dès le début de la saison de 2008-2009 jusqu'à la fin de la saison de 2009-2010. Les critères d'inclusion était une blessure aiguë d'un athlète ayant une licence pour la compétition et résultant en un arrêt des entraînements pendant une période d'au moins une semaine. Les blessures des skieurs de loisirs ont été exclues afin de se concentrer sur le ski de compétition et d'entraînement. Les blessures suite à des microtraumatismes répétés ont été également exclues de la présente étude.
Après l'identification d'un athlète remplissant les critères d'inclusion, la collecte des données a été effectuée directement auprès de l'athlète (ou de son tuteur en cas de personne mineure) par une communication personnelle et par un questionnaire écrit standardisé. La plupart des athlètes étaient interrogés, et le questionnaire rempli, lors de l'événement de ski en question. Si l'athlète n'était pas vu, le questionnaire écrit était envoyé par mail.
Les données recueillies comprenaient les caractéristiques des patients, le mécanisme de l'accident de ski, l'utilisation d'équipements de protection, la nature des blessures, de même que le diagnostic spécifique de blessure, les soins donnés, le temps de la période de récupération hors-ski, et les résultats subjectifs à 6 mois après lésion. Les résultats subjectifs ont été évalués par une échelle en cinq paliers : aucun, léger, modéré, majeur ou grave (incapable de skier) inconfort pour skier à 6 mois après lésion. Les statistiques descriptives sont présentées par les moyennes et les écarts-types. Les données catégorielles sont présentées par les fréquences, les proportions et les pourcentages. Pour comparer le genre et l'âge, le test du Chi2 a été utilisé pour les variables catégorielles. Les valeurs de p pour les comparaisons sont présentées.
Résultats
Au cours de la période d'étude de deux ans, en moyenne 661 athlètes de tous les âges ont pris part à des courses de ski alpin an en Finlande. Il y avait une domination masculine (65%) par rapport aux femmes (35%). La plupart des concurrents de ski alpin actifs sont des adolescents en Finlande ; 82% étaient âgés entre 9 et 15 ans (adultes 18%).
Il y a eu 61 blessures (36 hommes et 25 femmes) remplissant les critères d'inclusion au cours de la période de l'étude (26 blessures au cours de la saison 2008-2009 et 35 au cours de celle de 2009-2010). L'âge moyen des femmes blessées était de 14 ans (10 à 36 ans, écart-type 3,1) et celui des hommes de 14 ans (9 à 32 ans, écart-type 4,9), respectivement. Il n'y avait pas de différence entre les incidences des blessures entre hommes et femmes.
Il n'y a pas eu de blessures mortelles au cours de la période d'étude. Quarante-cinq (74%) des blessures ont nécessité une admission à l'hôpital avec une durée moyenne de séjour d'une journée. La raison la plus courante d'admission était une opération chirurgicale (26 cas), une prise en charge non chirurgicale (16 cas), et un questionnaire post-commotion après un traumatisme crânien (4 cas). Trois des opérations ont été effectuées au niveau des membres supérieurs et 23 aux membres inférieurs, respectivement. Deux athlètes ont renoncé à leur carrière après avoir subi leur blessure, mais seulement une retraite était purement en raison de la blessure (au niveau de la jambe) empêchant le ski alpin à un niveau de compétition.
Les extrémités inférieures étaient la zone du corps la plus souvent blessée (64%). A l'extrémité supérieure il y a eu 17 blessures, et 4 à la tête. Il y a aussi eu une blessure abdominale, mais aucun traumatisme thoracique ou rachidien n'a été observé.
Dix-sept (28%) de toutes les blessures étaient au niveau des extrémités supérieures. Presque toutes étaient des fractures, seule une était une luxation scapulo-humérale. La blessure la plus courante était une fracture à la main (y compris les doigts). Aucune fracture distale du radius n'a été observée. Toutes, sauf une fracture du pouce, ont été traitées de manière non chirurgicale. L'incidence des blessures des membres supérieurs et des mains était similaire entre les hommes et les femmes. Aucun des skieurs avec une blessure du membre supérieur n'a décrit une sensation plus importante qu'un inconfort moyen en skiant 6 mois après blessure. Le temps moyen de la période de récupération sans ski était de 51 jours (7 à 120 jours).
Plus de la moitié de toutes les blessures signalées étaient situées aux membres inférieurs, 21 d'entre elles étant des blessures au genou et 16 des fractures de la jambe (tibia et fibula). L'incidence des blessures au membre inférieur était significativement plus élevée chez les femmes comparées aux hommes (p = 0,02).
Huit des blessures au genou étaient des atteintes du ligament croisé antérieur (LCA). Le nombre de blessures distales du membre inférieur (blessures au sein de la chaussure de ski) était faible. Toutes les blessures du LCA et 6 des fractures de la jambe ont été traitées chirurgicalement. Les blessures ligamentaires du genou étaient plus fréquentes chez les femmes (p = 0,02). Presque tous (88%) les skieurs avec une fracture de la jambe et tous ceux avec une blessure du LCA ont décrit une sensation meilleure qu'un inconfort moyen au bout de 6 mois après blessure. La durée moyenne de la période de récupération sans ski était de 175 jours (150 à 180 jours) après blessure du LCA et 115 jours (45 et 180 jours) après fracture de la jambe.
Discussion
Il y a quelques différences dans les modes globaux de blessures entre la présente étude menée auprès des skieurs de compétitions et ceux rapportés chez les skieurs récréatifs ; les auteurs ont observé moins de blessures aux mains et à la tête, mais le nombre de fractures de la jambe (tibia et fibula) était plus élevé [1-3,17]. Le faible nombre de blessures à la tête par rapport aux skieurs récréatifs peut s'expliquer à la fois par l'utilisation obligatoire d'un casque de protection en ski alpin et par l'abaissement du risque de collision avec un autre skieur puisqu'il n'y a qu'un seul skieur sur le parcours au cours des compétitions [18-21].
Dans la présente étude, la plupart des coureurs de ski étaient des adolescents et ne participaient pas aux disciplines à vitesse maximale, ce qui est clairement reflété dans les résultats. En général, les entraînements à haute vitesse et les courses sont faits dans une bien moindre mesure que les disciplines à vitesse relativement plus faibles telles que le slalom et le slalom géant. Plus la vitesse et les sauts sont importants, plus le risque de blessures majeures au niveau de la tête, du thorax, de l'abdomen et du rachis est important.
A noter que le risque d'une fracture tibiale en ski a été rapportée comme étant 4 fois plus élevé pour un enfant que pour un adulte [23].
Le problème le plus fréquent chez les skieurs professionnels est la blessure au genou, et le diagnostic spécifique le plus fréquent est une rupture complète du LCA [8]. Il a été rapporté que les femmes ont un risque plus important de blessure du LCA par rapport aux hommes [25-27]. Les raisons définies de cela sont encore inconnues, mais il a été déclaré que la probabilité d'une lésion du LCA est affectée par le cycle menstruel chez la femme [27], et que la force musculaire et l'équilibre à la fois en bas du torse et aux extrémités ont un impact majeur sur le risque de blessure du LCA. Dans la présente étude, les femmes représentaient un tiers de la population d'étude et avaient les trois quarts de toutes les blessures du LCA observées.
La nature rétrospective de cette étude ainsi que le nombre relativement petit de patients sont les principales limites de l'étude. Dans la présente enquête rétrospective, il ne peut être exclu que quelques blessures mineures répondant aux critères d'inclusion ont pu ne pas être signalées en raison de leur nature relativement bénigne ; les athlètes peuvent avoir soit oublié certaines de leurs blessures datant de la saison précédente et/ou ne souhaitaient peut-être pas rendre compte d'autres. Dans les cas de blessures graves, telles que les fractures de la jambe ou les atteintes du LCA, l'exposition est relativement fiable. Le faible nombre de patients peut également entraîner des biais. Le nombre relativement faible de certaines blessures rend les comparaisons statistiques sujettes à des biais et même impossibles dans certains cas. Une erreur de type B doit rester à l'esprit lors de l'interprétation des résultats. Par conséquent, les données actuelles ne représentent pas l'épidémiologie nationale en tant que telle, mais elles donnent une image globale de la présentation des blessures parmi les coureurs de ski alpin, principalement des juniors, en Finlande.
Conclusion
La prévalence élevée de blessures aux membres inférieurs par rapport à de précédentes études est alarmante. Le nombre croissant de blessures au niveau des jambes et du LCA est préoccupant et des actions devraient être mises en place pour lutter contre cette tendance. Les clubs de ski et en particulier les formateurs devraient être actifs à faire en sorte que les skieurs aient un équipement adéquat et de bons ajustements de leur système de chaussage.
La seule façon de surveiller les effets des changements apportés en termes de sécurité est continue et nécessite de réaliser régulièrement et systématiquement une revue des blessures. Il est nécessaire que cela soit fait par la fédération nationale officielle de ski alpin. La présente étude rétrospective menée sur deux ans sera la base pour une enquête continue à propos des blessures en ski alpin en Finlande.
Article de référence
Alpine skiing injuries in Finland - a two-year retrospective study based on a questionnaire among Ski racers. Stenroos AJ, Handolin LE. BMC Sports Sci Med Rehabil. 2014 Feb 24;6(1):9. doi: 10.1186/2052-1847-6-9.
Références
1. Johnson B, Ettlinger C, Shealy JE: Update on injury trends in alpine skiing. ASTM International 2009, 17:11–22.
2. Davidson TM, Laliotis A: Alpine skiing injuries - a nine year study. West J Med 1996, 164(4):310–314.
3. Ekeland A, Sulheim S, Rødven A: Injury rates and injury types in alpine skiing, telemarking and snowboarding. ASTM International 2005, 15:31–39.
4. Ekeland A, Dimmen S, Lystad H: Completion rate and injuries in alpine races during the 1994 Olympic Winter Games. Scand J Med Sci Sports 1996, 6:287–290.
5. Bergström KA, Bergström A, Ekeland A: Organisation of safety measures in an alpine world junior championship. Br J Sports Med 2001, 35:321–324.
6. Margreiter R, Raas E, Lugger LJ: The risk of injury in experienced Alpine skiers. Orthop Clin North Am 1976, 7(1):51–54.
7. Johnson RJ, Mote CD Jr, Ekeland A, Ekeland A, Nordsletten L, Lystad H: Previous skiing injuries in alpine Olympic racers. In Skiing trauma and safety: eleventh volume, ASTM STP 1289. Edited by Johnson RJ, Mote CD Jr, Ekeland A. Philadelphia: American Society for Testing and Materials; 1997:7–13.
8. Florenes TW, Bere T, Nordsletten L, Heir S, Bahr R: Injuries among male and female world Cup alpine skiers. Br J Sports Med 2009, 43:973–978.
9. Goulet C, Regnier G, Grimard G: Risk factors associated with alpine skiing injuries in children. Am J Sports Med 1999, 27(5):644–650.
10. Sherry E, Fenelon L: Trends in skiing injury type and rates in Australia-A review of 22,261 injuries over 27 years in the Snowy Mountains. MedJAust 1991, 155:513–515.
11. Wasden CC, McIntosh SE, Keith DS, McCowan C: An analysis of skiing and snowboarding injuries on Utah slopes. J Trauma 2009, 67(5):1022–1026.
12. Burtscher M, Gatterer H: Effects of modern ski equipment on the overall injury rate and the pattern of injury location in Alpine skiing. Clin J Sport Med 2008, 18(4):355–357.
13. Pujol N, Blanchi MP, Chambat P: The incidence of anterior cruciate ligament injuries among competitive Alpine skiers: a 25-year investigation. Am J Sports Med 2007, 35:1070–1074.
14. Bere T, Flørenes T, Krosshaug T, Koga H, Nordsletten L, Irving C, Muller E, Cortas Reid R, Senner V, Bahr R: Mechanisms of anterior cruciate ligament injury in world Cup alpine skiing. Am J Sports Med 2011, 45(7):326–327.
15. Spörri J, Kröll J, Amesberger G, Blake O, Muller E: Perceived key injury risk factors in world Cup alpine ski racing—an explorative qualitative study with expert stakeholders. Br J Sports Med 2011, 45:1303–1309.
16. Johnson RJ: Prevention of cruciate ligament injuries. In Feagin JA The crucial ligaments. New York, NY: Chuchill Livingstone; 1988:349–356.
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21. Lystad H: Collision injuries in Alpine skiing. In Skiing trauma and safety: seventh volume, ASTM STP 1022. Edited by Johnson RJ, Mote JR CD, Binet MH. Philadelphia: American Society for Testing and Materials; 1989:69–74.
22. FIS ISS: 2006–2011 SAFETY IN ALPINE SKI RACING. In 2011. By FIS and Oslo Sports Trauma Research Center, presented by FIS in Salzburg.
23. Blitzer CM, Johnson RJ, Ettlinger CF, Aggeborn K: Downhill skiing injuries in children. Am J Sports Med 1984, 12(2):142–147.
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25. Raschner C, Platzer HP, Patterson C, Hildebrandt C: The relationship between ACL injuries and physical fitness in junior austrian alpine ski racers – a 10 year longitudinal study. Br J Sports Med 2011, 45:310–311.
26. Hunter RE: Skiing injuries. Am J Sports Med 1999, 27:381–389.
27. Liu SH, Al-Shaikh RA, Panossian V, Finerman GA, Lane JM: Estrogen affects the cellular metabolism of the anterior cruciate ligament: a potential explanation for female athletic injury. Am J Sports Med 1997, 25:704–709.
Les types de blessures liées au ski alpin ont changé au fil du temps, tout comme les technologies d'équipement et de revêtement des skis ont évolué. On peut supposer que les changements de matériel de ski et des techniques modernes de revêtement des skis ont conduit à des réductions du taux global de blessures, en particulier des fractures de la cheville et des fractures du tibia [1,9-12]. Le genou a été signalé comme le site le plus commun de blessures, représentant 20 à 27% de toutes les blessures au ski [1-3,9-12].
Même si le matériel de ski a connu de grands changements au cours des dix dernières années, le taux de blessures du LCA chez les skieurs alpins en compétition est élevé et n'a pas diminué ces dernières années [13]. Avec le nouveau type de skis, le mécanisme "Slip and Catch" (en flexion et rotation médiale) de la lésion du LCA est devenu le mécanisme de blessures du LCA le plus commun chez les skieurs de compétition [14]. Le consensus général est que le mécanisme de blessure en flexion-rotation médiale est surtout lié à l'équipement de ski [15]. La Fédération Internationale de Ski (FIS) a publié de nouvelles réglementations de ski avant le début de saison 2012-2013.
Le but de la présente étude publiée lors de la précédente saison hivernale était d'enquêter rétrospectivement sur les schémas de blessures et leurs taux en Finlande au niveau compétition en ski alpin à la fois pendant les compétitions et pendant les entraînements, et de réaliser un questionnaire en continu à propos des blessures en ski alpin en Finlande.
Méthodes
Les blessures chez les coureurs de ski de tout âge, des enfants aux adultes, ayant été eues lors de compétitions de ski alpin ou lors de sessions d'entraînement sur des pistes de Finlande ont été rétrospectivement étudiées. La période d'étude a commencé dès le début de la saison de 2008-2009 jusqu'à la fin de la saison de 2009-2010. Les critères d'inclusion était une blessure aiguë d'un athlète ayant une licence pour la compétition et résultant en un arrêt des entraînements pendant une période d'au moins une semaine. Les blessures des skieurs de loisirs ont été exclues afin de se concentrer sur le ski de compétition et d'entraînement. Les blessures suite à des microtraumatismes répétés ont été également exclues de la présente étude.
Après l'identification d'un athlète remplissant les critères d'inclusion, la collecte des données a été effectuée directement auprès de l'athlète (ou de son tuteur en cas de personne mineure) par une communication personnelle et par un questionnaire écrit standardisé. La plupart des athlètes étaient interrogés, et le questionnaire rempli, lors de l'événement de ski en question. Si l'athlète n'était pas vu, le questionnaire écrit était envoyé par mail.
Les données recueillies comprenaient les caractéristiques des patients, le mécanisme de l'accident de ski, l'utilisation d'équipements de protection, la nature des blessures, de même que le diagnostic spécifique de blessure, les soins donnés, le temps de la période de récupération hors-ski, et les résultats subjectifs à 6 mois après lésion. Les résultats subjectifs ont été évalués par une échelle en cinq paliers : aucun, léger, modéré, majeur ou grave (incapable de skier) inconfort pour skier à 6 mois après lésion. Les statistiques descriptives sont présentées par les moyennes et les écarts-types. Les données catégorielles sont présentées par les fréquences, les proportions et les pourcentages. Pour comparer le genre et l'âge, le test du Chi2 a été utilisé pour les variables catégorielles. Les valeurs de p pour les comparaisons sont présentées.
Résultats
Au cours de la période d'étude de deux ans, en moyenne 661 athlètes de tous les âges ont pris part à des courses de ski alpin an en Finlande. Il y avait une domination masculine (65%) par rapport aux femmes (35%). La plupart des concurrents de ski alpin actifs sont des adolescents en Finlande ; 82% étaient âgés entre 9 et 15 ans (adultes 18%).
Il y a eu 61 blessures (36 hommes et 25 femmes) remplissant les critères d'inclusion au cours de la période de l'étude (26 blessures au cours de la saison 2008-2009 et 35 au cours de celle de 2009-2010). L'âge moyen des femmes blessées était de 14 ans (10 à 36 ans, écart-type 3,1) et celui des hommes de 14 ans (9 à 32 ans, écart-type 4,9), respectivement. Il n'y avait pas de différence entre les incidences des blessures entre hommes et femmes.
Il n'y a pas eu de blessures mortelles au cours de la période d'étude. Quarante-cinq (74%) des blessures ont nécessité une admission à l'hôpital avec une durée moyenne de séjour d'une journée. La raison la plus courante d'admission était une opération chirurgicale (26 cas), une prise en charge non chirurgicale (16 cas), et un questionnaire post-commotion après un traumatisme crânien (4 cas). Trois des opérations ont été effectuées au niveau des membres supérieurs et 23 aux membres inférieurs, respectivement. Deux athlètes ont renoncé à leur carrière après avoir subi leur blessure, mais seulement une retraite était purement en raison de la blessure (au niveau de la jambe) empêchant le ski alpin à un niveau de compétition.
Les extrémités inférieures étaient la zone du corps la plus souvent blessée (64%). A l'extrémité supérieure il y a eu 17 blessures, et 4 à la tête. Il y a aussi eu une blessure abdominale, mais aucun traumatisme thoracique ou rachidien n'a été observé.
Dix-sept (28%) de toutes les blessures étaient au niveau des extrémités supérieures. Presque toutes étaient des fractures, seule une était une luxation scapulo-humérale. La blessure la plus courante était une fracture à la main (y compris les doigts). Aucune fracture distale du radius n'a été observée. Toutes, sauf une fracture du pouce, ont été traitées de manière non chirurgicale. L'incidence des blessures des membres supérieurs et des mains était similaire entre les hommes et les femmes. Aucun des skieurs avec une blessure du membre supérieur n'a décrit une sensation plus importante qu'un inconfort moyen en skiant 6 mois après blessure. Le temps moyen de la période de récupération sans ski était de 51 jours (7 à 120 jours).
Plus de la moitié de toutes les blessures signalées étaient situées aux membres inférieurs, 21 d'entre elles étant des blessures au genou et 16 des fractures de la jambe (tibia et fibula). L'incidence des blessures au membre inférieur était significativement plus élevée chez les femmes comparées aux hommes (p = 0,02).
Huit des blessures au genou étaient des atteintes du ligament croisé antérieur (LCA). Le nombre de blessures distales du membre inférieur (blessures au sein de la chaussure de ski) était faible. Toutes les blessures du LCA et 6 des fractures de la jambe ont été traitées chirurgicalement. Les blessures ligamentaires du genou étaient plus fréquentes chez les femmes (p = 0,02). Presque tous (88%) les skieurs avec une fracture de la jambe et tous ceux avec une blessure du LCA ont décrit une sensation meilleure qu'un inconfort moyen au bout de 6 mois après blessure. La durée moyenne de la période de récupération sans ski était de 175 jours (150 à 180 jours) après blessure du LCA et 115 jours (45 et 180 jours) après fracture de la jambe.
Discussion
Il y a quelques différences dans les modes globaux de blessures entre la présente étude menée auprès des skieurs de compétitions et ceux rapportés chez les skieurs récréatifs ; les auteurs ont observé moins de blessures aux mains et à la tête, mais le nombre de fractures de la jambe (tibia et fibula) était plus élevé [1-3,17]. Le faible nombre de blessures à la tête par rapport aux skieurs récréatifs peut s'expliquer à la fois par l'utilisation obligatoire d'un casque de protection en ski alpin et par l'abaissement du risque de collision avec un autre skieur puisqu'il n'y a qu'un seul skieur sur le parcours au cours des compétitions [18-21].
Dans la présente étude, la plupart des coureurs de ski étaient des adolescents et ne participaient pas aux disciplines à vitesse maximale, ce qui est clairement reflété dans les résultats. En général, les entraînements à haute vitesse et les courses sont faits dans une bien moindre mesure que les disciplines à vitesse relativement plus faibles telles que le slalom et le slalom géant. Plus la vitesse et les sauts sont importants, plus le risque de blessures majeures au niveau de la tête, du thorax, de l'abdomen et du rachis est important.
A noter que le risque d'une fracture tibiale en ski a été rapportée comme étant 4 fois plus élevé pour un enfant que pour un adulte [23].
Le problème le plus fréquent chez les skieurs professionnels est la blessure au genou, et le diagnostic spécifique le plus fréquent est une rupture complète du LCA [8]. Il a été rapporté que les femmes ont un risque plus important de blessure du LCA par rapport aux hommes [25-27]. Les raisons définies de cela sont encore inconnues, mais il a été déclaré que la probabilité d'une lésion du LCA est affectée par le cycle menstruel chez la femme [27], et que la force musculaire et l'équilibre à la fois en bas du torse et aux extrémités ont un impact majeur sur le risque de blessure du LCA. Dans la présente étude, les femmes représentaient un tiers de la population d'étude et avaient les trois quarts de toutes les blessures du LCA observées.
La nature rétrospective de cette étude ainsi que le nombre relativement petit de patients sont les principales limites de l'étude. Dans la présente enquête rétrospective, il ne peut être exclu que quelques blessures mineures répondant aux critères d'inclusion ont pu ne pas être signalées en raison de leur nature relativement bénigne ; les athlètes peuvent avoir soit oublié certaines de leurs blessures datant de la saison précédente et/ou ne souhaitaient peut-être pas rendre compte d'autres. Dans les cas de blessures graves, telles que les fractures de la jambe ou les atteintes du LCA, l'exposition est relativement fiable. Le faible nombre de patients peut également entraîner des biais. Le nombre relativement faible de certaines blessures rend les comparaisons statistiques sujettes à des biais et même impossibles dans certains cas. Une erreur de type B doit rester à l'esprit lors de l'interprétation des résultats. Par conséquent, les données actuelles ne représentent pas l'épidémiologie nationale en tant que telle, mais elles donnent une image globale de la présentation des blessures parmi les coureurs de ski alpin, principalement des juniors, en Finlande.
Conclusion
La prévalence élevée de blessures aux membres inférieurs par rapport à de précédentes études est alarmante. Le nombre croissant de blessures au niveau des jambes et du LCA est préoccupant et des actions devraient être mises en place pour lutter contre cette tendance. Les clubs de ski et en particulier les formateurs devraient être actifs à faire en sorte que les skieurs aient un équipement adéquat et de bons ajustements de leur système de chaussage.
La seule façon de surveiller les effets des changements apportés en termes de sécurité est continue et nécessite de réaliser régulièrement et systématiquement une revue des blessures. Il est nécessaire que cela soit fait par la fédération nationale officielle de ski alpin. La présente étude rétrospective menée sur deux ans sera la base pour une enquête continue à propos des blessures en ski alpin en Finlande.
Article de référence
Alpine skiing injuries in Finland - a two-year retrospective study based on a questionnaire among Ski racers. Stenroos AJ, Handolin LE. BMC Sports Sci Med Rehabil. 2014 Feb 24;6(1):9. doi: 10.1186/2052-1847-6-9.
Références
1. Johnson B, Ettlinger C, Shealy JE: Update on injury trends in alpine skiing. ASTM International 2009, 17:11–22.
2. Davidson TM, Laliotis A: Alpine skiing injuries - a nine year study. West J Med 1996, 164(4):310–314.
3. Ekeland A, Sulheim S, Rødven A: Injury rates and injury types in alpine skiing, telemarking and snowboarding. ASTM International 2005, 15:31–39.
4. Ekeland A, Dimmen S, Lystad H: Completion rate and injuries in alpine races during the 1994 Olympic Winter Games. Scand J Med Sci Sports 1996, 6:287–290.
5. Bergström KA, Bergström A, Ekeland A: Organisation of safety measures in an alpine world junior championship. Br J Sports Med 2001, 35:321–324.
6. Margreiter R, Raas E, Lugger LJ: The risk of injury in experienced Alpine skiers. Orthop Clin North Am 1976, 7(1):51–54.
7. Johnson RJ, Mote CD Jr, Ekeland A, Ekeland A, Nordsletten L, Lystad H: Previous skiing injuries in alpine Olympic racers. In Skiing trauma and safety: eleventh volume, ASTM STP 1289. Edited by Johnson RJ, Mote CD Jr, Ekeland A. Philadelphia: American Society for Testing and Materials; 1997:7–13.
8. Florenes TW, Bere T, Nordsletten L, Heir S, Bahr R: Injuries among male and female world Cup alpine skiers. Br J Sports Med 2009, 43:973–978.
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10. Sherry E, Fenelon L: Trends in skiing injury type and rates in Australia-A review of 22,261 injuries over 27 years in the Snowy Mountains. MedJAust 1991, 155:513–515.
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