Joel T. Fuller et al.
Introduction
L'utilisation de chaussures minimalistes a été suggérée comme un moyen de prévention des blessures, car ces chaussures peuvent faciliter les changements de la biomécanique de course (21), intéressant ainsi de nombreux coureurs. (33) À ce jour, la majorité des recherches a tenté de déduire l'innocuité à long terme des chaussures minimalistes à partir d'études biomécaniques à court terme sur les forces d'impact, la cinétique articulaire et l'activité musculaire (8,30,43). Mais il existe peu d'études prospectives validant ces changements biomécaniques comme prédicteurs du risque de blessures (1,22,44). Par conséquent, il reste beaucoup de débats sur la sécurité de l'utilisation de chaussures minimalistes, malgré le grand volume de recherches entreprises dans ce domaine.
De plus relativement peu d'études ont comparé de façon prospective le risque de douleur et de blessure liées à la course entre les chaussures minimalistes et les chaussures conventionnelles (32,34).
D'autres facteurs intrinsèques (Ex., Masse corporelle 4,23) et extrinsèque (Ex. Distance d'entraînement 16,24,41), et pas seulement les chaussures, sont importants pour une participation sécuritaire à la course (39). Cependant, la recherche fait défaut pour déterminer comment ces facteurs de risque influencent la douleur et les blessures subies par les coureurs utilisant des chaussures minimalistes.
Le but de cette étude était de comparer la douleur et les blessures liées à la course entre les chaussures minimalistes et conventionnelles chez les coureurs entraînés. Un objectif secondaire de cette étude était d'étudier les interactions entre le type de chaussure, la masse corporelle et la distance d'entraînement hebdomadaire quant à la douleur liée à la course et aux résultats des blessures.
Méthodes
Participants
Soixante et un coureurs de fond masculins (Moyennes d’âge : 27 ans, de masse corporelle : 74,6 kg, de distance d'entraînement hebdomadaire : 25 km) ont été recrutés pour cette étude.
Cette étude de la douleur et des blessures représente les résultat secondaires d'un essai clinique dont l'objectif principal était d'étudier les effets à long terme des chaussures minimalistes sur les performances de course. (7)
Les participants admissibles étaient âgés de 18 à 40 ans, n'avaient pas d'expérience de course avec des chaussures minimalistes et utilisaient une attaque talon au moment de l'inscription. (7). Les coureurs étaient inclus s'ils s'entraînaient au moins 15 km / semaine et pouvaient courir 5 km en moins de 23 minutes.
Protocole d'étude
Cette étude a utilisé un modèle d'essai contrôlé randomisé en groupes parallèles.
Les participants ont été randomisés à un groupe de chaussures (conventionnel ou minimaliste)
Les coureurs de chaque groupe ont augmenté graduellement le temps passé à courir dans leurs chaussures allouées et ont réduit le temps passé à courir dans leurs chaussures de course habituelles pendant 26 semaines. (7) Le temps passé à courir dans les chaussures attribuées était d'environ 5% (10 minutes) du temps d'entraînement hebdomadaire total pendant la semaine 1 et augmentait de 5% chaque semaine avant d'atteindre 100% de l’entraînement hebdomadaire totale des semaines 20 à 26.
Entraînement hebdomadaire
Tous les participants ont suivi un programme d'entraînement normalisé pendant les semaines 1 à 6 de l'intervention, soit 2 séances d'intervalle à 85% à 90% de la fréquence cardiaque maximale et 2 séances de course continue à 65% à 80% de la fréquence cardiaque maximale. Après la période initiale de rodage de six semaines, au cours de laquelle chaque entraînement a été maîtrisé, les participants ont reçu l'ordre de poursuivre leur entraînement hebdomadaire habituel de course jusqu'à la fin de l'étude (7).
Conditions de chaussures
Les participants ont été répartis entre :
- Les chaussures conventionnelles : Asics Cumulus Asics : 12% sur l’index minimaliste (6)
- Les chaussures minimalistes : Asics Piranha SP4 : 72% sur l'indice minimaliste (6)
Les participants ont effectué des évaluations hebdomadaires de la pire douleur liée à la course qu'ils ont éprouvée au niveau du pied, de la cheville, du mollet, du tibia, du genou, de la cuisse et du bas du dos. La douleur dans chaque zone corporelle a été évaluée au moyen de cartes corporelles et d'échelles visuelles analogiques de 100 mm (EVA)
Résultats
31 coureurs ont été alloués à des chaussures minimalistes, et 30 coureurs ont été alloués aux chaussures conventionnelles.
Distance d'entraînement et utilisation de la chaussure
Les coureurs des deux groupes ont passé avec succès 100% de l’entraînement hebdomadaire dans les chaussures allouées sans différence entre les groupes (P = 0,70)
Douleur liée à la course
Une interaction chaussures x temps a été trouvée pour la douleur hebdomadaire au niveau du genou (P = .02). L'entraînement en chaussures minimalistes a augmenté la douleur au niveau du genou pendant les semaines 7 à 26 (35% -100% d'utilisation de chaussures) mais pas les semaines 1 à 6 (5% -30% d'utilisation de chaussures) (figure 3A). Une tendance similaire a été observée pour la douleur hebdomadaire au niveau du mollet (P = 0,10 ; Figure 3B), mais pas pour le pied, la cheville, du tibia de la cuisse et des lombaires.
Les principaux effets de la chaussure ont été observés pour les douleurs hebdomadaires à la cheville, au mollet, au tibia et au genou, mais pas pour les douleurs au pied, à la cuisse ou au bas du dos (Tableau 1)
Nous avons trouvé des interactions chaussures x distance de course hebdomadaires pour la douleur au mollet (P = 0,01), à la cheville (P = 0,02) et au tibia (P = 0,01) mais pas au pied, à la cuisse ou au bas du dos.
La douleur hebdomadaire augmentait dans les chaussures minimalistes par rapport aux chaussures conventionnelles lorsque les distances d'entraînement hebdomadaires étaient plus grandes (figure 4). Les modèles linéaires à effets fixes ont prédit que les chaussures minimalistes pourraient provoquer des augmentations cliniquement significatives (augmentation de 0,10 mm des scores EVA) dans la douleur hebdomadaire liée à la course, au mollet lorsque la distance d'entraînement hebdomadaire était supérieure à 35 km / semaine et à la cheville et au tibia lorsque la distance d'entraînement hebdomadaire était supérieure à 40 km / semaine (Figure 4).
La douleur hebdomadaire augmentait dans les chaussures minimalistes par rapport aux chaussures conventionnelles lorsque les distances d'entraînement hebdomadaires étaient plus grandes (figure 4). Les modèles linéaires à effets fixes ont prédit que les chaussures minimalistes pourraient provoquer des augmentations cliniquement significatives (augmentation de 0,10 mm des scores EVA) dans la douleur hebdomadaire liée à la course, au mollet lorsque la distance d'entraînement hebdomadaire était supérieure à 35 km / semaine et à la cheville et au tibia lorsque la distance d'entraînement hebdomadaire était supérieure à 40 km / semaine (Figure 4).
Blessure liée à la course
11 coureurs (37%) ont subi une blessure liée à la course dans le groupe de chaussures conventionnelles par rapport à 16 coureurs (52%) dans le groupe de chaussures minimalistes. 10 lésions de la jambe et du pied sont survenues dans le groupe des chaussures minimalistes par rapport à 6 dans le groupe des chaussures conventionnelles (Tableau 1).
On a observé une interaction chaussure x poids corporel pour le temps écoulé avant la première lésion liée à la course (HR [minimalisme x masse corporelle], 1,13, IC à 95%, 1,03 à 1,24, P = 0,01).
Pour les coureurs utilisant des chaussures minimalistes, la probabilité de subir une blessure augmentait de plus en plus avec un poids corporel supérieure à 71,4 kg et inversement (Figure 5).
Le modèle estimait que 68% des coureurs pesant 85,7 kg et utilisant des chaussures minimalistes subiraient une blessure après 26 semaines de course contre 22% des coureurs pesant 85,7 kg et utilisant des chaussures conventionnelles (RR 3.09, Figure 6).
Douleur liée à la course
Les chaussures minimalistes ont augmenté la douleur à la cheville, au mollet, au tibia et au genou tout au long du suivi de 26 semaines sans pour autant que ces différences soient significatives.
Plusieurs études ont rapporté que les coureurs ressentaient de la douleur dans les jambes et les pieds lors de la transition vers des chaussures minimalistes (9,14,34). Cependant, le protocole de transition aux chaussures minimalistes utilisé dans notre étude semble prévenir la douleur ressentie par les coureurs, en particulier pendant les semaines 1 à 6.
La distance d'entraînement hebdomadaire a influencé la quantité de douleur ressentie par les coureurs passant à des chaussures minimalistes. Les coureurs s'entrainant à plus de ~ 35 km / semaine ont expérimenté une augmentation cliniquement significative de la douleur liée à la course au niveau du mollet et, dans une moindre mesure, de la cheville et du tibia (Figure 4).
Nos résultats suggèrent qu'il pourrait ne pas être approprié pour tous les coureurs d'augmenter leur temps de course en chaussures minimalistes du même pourcentage chaque semaine. Une augmentation de 5% par semaine semble convenir aux coureurs s'entrainant à moins de 35 km / semaine. Mais des augmentations hebdomadaires plus conservatrices pourraient être nécessaires pour les coureurs dépassant ce seuil d'entraînement. Nos résultats indiquent que les coureurs doivent éviter d'augmenter la distance hebdomadaire de plus de 1,70 km (5% x 35 km = 1,75 km) par semaine.
Blessure liée à la course
Les chaussures minimalistes augmentent le risque de blessures liées à la course chez les coureurs pesant plus de 71,4 kg. Le ratio de risque était plus que doublé pour les coureurs lourds (85,7 kg) utilisant des chaussures minimalistes, et ils étaient environ trois fois plus susceptibles de subir une blessure pendant 26 semaines de course. Cette augmentation du risque de blessures concorde avec l'étude de Ryan et ses collègues (34) qui ont étudié l'incidence des blessures chez les coureurs passant à des chaussures minimalistes.
Une explication possible du risque accru de blessures chez les coureurs plus lourds utilisant des chaussures minimalistes est la relation directe entre la force et la masse (c'est-à-dire la deuxième loi de Newton) (28) Les chaussures minimalistes peuvent ainsi augmenter les forces verticales de réaction au sol (GRF) de 37 fois le poids corporels par seconde lorsque les coureurs utilisent une foulée arrière-pied.
A noter que l’interaction entre la chaussure et la masse corporelle a indiqué que les chaussures minimalistes pourraient diminuer le risque de blessures liées à la course chez les coureurs pesant moins de 71,4 kg. Ces potentiels effets bénéfiques suggèrent qu'une étude plus approfondie des effets des chaussures minimalistes sur le risque de blessure chez les patients légers (<71,4 kg) est justifiée.
Le risque d’apparition d'une blessure liée à la course lors de la transition vers des chaussures minimalistes s’aggrave avec une augmentation de la masse corporelle, notamment pour les coureurs de 85,7 kg et plus. Le passage à des chaussures minimalistes a entrainé une augmentation cliniquement significative de la douleur liée à la course au mollet et, dans une moindre mesure, à la cheville et au tibia lorsque la distance d'entraînement était supérieure à 35 km / semaine. Les coureurs passant à des chaussures minimalistes ne devraient pas augmenter la distance hebdomadaire minimale entre les chaussures de plus de 1,70 km par semaine. Les coureurs plus lourds devraient envisager d'éviter de courir dans des chaussures minimalistes.
Cette étude renforce le fait que la transition vers les chaussures minimalistes doit se faire de manière ultra progressive. Elle apporte un regard nouveau en quantifiant qu’une augmentation de 5% de la distance hebdomadaire en chaussures minimalistes semble adaptée pour les coureurs s’entrainant moins de 35 km par semaine mais qu’une augmentation encore plus progressive est nécessaire pour les coureurs dépassant ce seuil.
De même le poids corporel est un facteur à prendre en compte dans la progression de la transition vers le minimalisme.
Joel T. Fuller, Dominic Thewlis, Jonathan D. Buckley Body Mass and Weekly Training Distance Influence the Pain and Injuries Experienced by Runners Using Minimalist Shoes, A Randomized Controlled Trial. The American Journal of Sports Medicine, DOI: 10.1177/0363546516682497 2017 The Author(s)
Références
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7. Fuller JT, Thewlis D, Tsiros MD, Brown NAT, Buckley JD. The long- term effect of minimalist shoes on running performance and injury: design of a randomised controlled trial. BMJ Open. 2015; 5(8):e008307.
8. Giandolini M, Arnal PJ, Millet GY, et al. Impact reduction during run- ning: efficiency of simple acute interventions in recreational runners. Eur J Appl Physiol. 2013;113(3):599-609.
9. Giandolini M, Horvais N, Farges Y, Samozino P, Morin JB. Impact reduction through long-term intervention in recreational runners: mid- foot strike pattern versus low-drop/low-heel height footwear. Eur J Appl Physiol. 2013;113(8):2077-2090.
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16. Kluitenberg B, van Middelkoop M, Diercks R, van der Worp H. What are the differences in injury proportions between different populations of runners? A systematic review. Sports Med. 2015;45(8):1143-1161.
21. Lieberman DE. What we can learn about running from barefoot run- ning: an evolutionary medical perspective. Exerc Sport Sci Rev. 2012;40(2):63-72.
22. Lorimer AV, Hume PA. Achilles tendon injury risk factors associated with running. Sports Med. 2014;44(10):1459-1472.
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28. Mullineaux DR, Milner CE, Davis IS, Hamill J. Normalization of ground reaction forces. J Appl Biomech. 2006;22(3):230-233.
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33. Rothschild CE. Primitive running: a survey analysis of runners’ interest, participation, and implementation. J Strength Cond Res. 2012;26(8):2021-2026.
34. Ryan M, Elashi M, Newsham-West R, Taunton J. Examining injury risk and pain perception in runners using minimalist footwear. Br J Sports Med. 2014;48(16):1257-1262.35. Saragiotto BT, Yamato TP, Lopes AD. What do recreational runners think about risk factors for running injuries? A descriptive study of their beliefs and opinions. J Orthop Sports Phys Ther. 2014;44(10):733-738.
39. van Gent RN, Siem D, van Middelkoop M, van Os AG, Bierma- Zeinstra SM, Koes BW. Incidence and determinants of lower extrem- ity running injuries in long distance runners: a systematic review. Br J Sports Med. 2007;41(8):469-480.
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43. Willy RW, Davis IS. Kinematic and kinetic comparison of running in standard and minimalist shoes. Med Sci Sports Exerc. 2014; 46(2):318-323.
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11 coureurs (37%) ont subi une blessure liée à la course dans le groupe de chaussures conventionnelles par rapport à 16 coureurs (52%) dans le groupe de chaussures minimalistes. 10 lésions de la jambe et du pied sont survenues dans le groupe des chaussures minimalistes par rapport à 6 dans le groupe des chaussures conventionnelles (Tableau 1).
On a observé une interaction chaussure x poids corporel pour le temps écoulé avant la première lésion liée à la course (HR [minimalisme x masse corporelle], 1,13, IC à 95%, 1,03 à 1,24, P = 0,01).
Pour les coureurs utilisant des chaussures minimalistes, la probabilité de subir une blessure augmentait de plus en plus avec un poids corporel supérieure à 71,4 kg et inversement (Figure 5).
Le modèle estimait que 68% des coureurs pesant 85,7 kg et utilisant des chaussures minimalistes subiraient une blessure après 26 semaines de course contre 22% des coureurs pesant 85,7 kg et utilisant des chaussures conventionnelles (RR 3.09, Figure 6).
Discussion
Douleur liée à la course
Les chaussures minimalistes ont augmenté la douleur à la cheville, au mollet, au tibia et au genou tout au long du suivi de 26 semaines sans pour autant que ces différences soient significatives.
Plusieurs études ont rapporté que les coureurs ressentaient de la douleur dans les jambes et les pieds lors de la transition vers des chaussures minimalistes (9,14,34). Cependant, le protocole de transition aux chaussures minimalistes utilisé dans notre étude semble prévenir la douleur ressentie par les coureurs, en particulier pendant les semaines 1 à 6.
La distance d'entraînement hebdomadaire a influencé la quantité de douleur ressentie par les coureurs passant à des chaussures minimalistes. Les coureurs s'entrainant à plus de ~ 35 km / semaine ont expérimenté une augmentation cliniquement significative de la douleur liée à la course au niveau du mollet et, dans une moindre mesure, de la cheville et du tibia (Figure 4).
Nos résultats suggèrent qu'il pourrait ne pas être approprié pour tous les coureurs d'augmenter leur temps de course en chaussures minimalistes du même pourcentage chaque semaine. Une augmentation de 5% par semaine semble convenir aux coureurs s'entrainant à moins de 35 km / semaine. Mais des augmentations hebdomadaires plus conservatrices pourraient être nécessaires pour les coureurs dépassant ce seuil d'entraînement. Nos résultats indiquent que les coureurs doivent éviter d'augmenter la distance hebdomadaire de plus de 1,70 km (5% x 35 km = 1,75 km) par semaine.
Blessure liée à la course
Les chaussures minimalistes augmentent le risque de blessures liées à la course chez les coureurs pesant plus de 71,4 kg. Le ratio de risque était plus que doublé pour les coureurs lourds (85,7 kg) utilisant des chaussures minimalistes, et ils étaient environ trois fois plus susceptibles de subir une blessure pendant 26 semaines de course. Cette augmentation du risque de blessures concorde avec l'étude de Ryan et ses collègues (34) qui ont étudié l'incidence des blessures chez les coureurs passant à des chaussures minimalistes.
Une explication possible du risque accru de blessures chez les coureurs plus lourds utilisant des chaussures minimalistes est la relation directe entre la force et la masse (c'est-à-dire la deuxième loi de Newton) (28) Les chaussures minimalistes peuvent ainsi augmenter les forces verticales de réaction au sol (GRF) de 37 fois le poids corporels par seconde lorsque les coureurs utilisent une foulée arrière-pied.
A noter que l’interaction entre la chaussure et la masse corporelle a indiqué que les chaussures minimalistes pourraient diminuer le risque de blessures liées à la course chez les coureurs pesant moins de 71,4 kg. Ces potentiels effets bénéfiques suggèrent qu'une étude plus approfondie des effets des chaussures minimalistes sur le risque de blessure chez les patients légers (<71,4 kg) est justifiée.
Conclusion
Le risque d’apparition d'une blessure liée à la course lors de la transition vers des chaussures minimalistes s’aggrave avec une augmentation de la masse corporelle, notamment pour les coureurs de 85,7 kg et plus. Le passage à des chaussures minimalistes a entrainé une augmentation cliniquement significative de la douleur liée à la course au mollet et, dans une moindre mesure, à la cheville et au tibia lorsque la distance d'entraînement était supérieure à 35 km / semaine. Les coureurs passant à des chaussures minimalistes ne devraient pas augmenter la distance hebdomadaire minimale entre les chaussures de plus de 1,70 km par semaine. Les coureurs plus lourds devraient envisager d'éviter de courir dans des chaussures minimalistes.
L’avis de Kinesport
Cette étude renforce le fait que la transition vers les chaussures minimalistes doit se faire de manière ultra progressive. Elle apporte un regard nouveau en quantifiant qu’une augmentation de 5% de la distance hebdomadaire en chaussures minimalistes semble adaptée pour les coureurs s’entrainant moins de 35 km par semaine mais qu’une augmentation encore plus progressive est nécessaire pour les coureurs dépassant ce seuil.
De même le poids corporel est un facteur à prendre en compte dans la progression de la transition vers le minimalisme.
Article original
Joel T. Fuller, Dominic Thewlis, Jonathan D. Buckley Body Mass and Weekly Training Distance Influence the Pain and Injuries Experienced by Runners Using Minimalist Shoes, A Randomized Controlled Trial. The American Journal of Sports Medicine, DOI: 10.1177/0363546516682497 2017 The Author(s)
Références
1. Aderem J, Louw QA. Biomechanical risk factors associated with ilio- tibial band syndrome in runners: a systematic review. BMC Muscu- loskelet Disord. 2015;16(1):356.
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8. Giandolini M, Arnal PJ, Millet GY, et al. Impact reduction during run- ning: efficiency of simple acute interventions in recreational runners. Eur J Appl Physiol. 2013;113(3):599-609.
9. Giandolini M, Horvais N, Farges Y, Samozino P, Morin JB. Impact reduction through long-term intervention in recreational runners: mid- foot strike pattern versus low-drop/low-heel height footwear. Eur J Appl Physiol. 2013;113(8):2077-2090.
14. Hryvniak D, Dicharry J, Wilder R. Barefoot running survey: evidence from the field. J Sport Health Sci. 2014;3(2):131-136.
16. Kluitenberg B, van Middelkoop M, Diercks R, van der Worp H. What are the differences in injury proportions between different populations of runners? A systematic review. Sports Med. 2015;45(8):1143-1161.
21. Lieberman DE. What we can learn about running from barefoot run- ning: an evolutionary medical perspective. Exerc Sport Sci Rev. 2012;40(2):63-72.
22. Lorimer AV, Hume PA. Achilles tendon injury risk factors associated with running. Sports Med. 2014;44(10):1459-1472.
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34. Ryan M, Elashi M, Newsham-West R, Taunton J. Examining injury risk and pain perception in runners using minimalist footwear. Br J Sports Med. 2014;48(16):1257-1262.35. Saragiotto BT, Yamato TP, Lopes AD. What do recreational runners think about risk factors for running injuries? A descriptive study of their beliefs and opinions. J Orthop Sports Phys Ther. 2014;44(10):733-738.
39. van Gent RN, Siem D, van Middelkoop M, van Os AG, Bierma- Zeinstra SM, Koes BW. Incidence and determinants of lower extrem- ity running injuries in long distance runners: a systematic review. Br J Sports Med. 2007;41(8):469-480.
41. Walter SD, Hart LE, McIntosh JM, Sutton JR. The Ontario cohort study of running-related injuries. Arch Intern Med. 1989;149(11):2561-2564.
43. Willy RW, Davis IS. Kinematic and kinetic comparison of running in standard and minimalist shoes. Med Sci Sports Exerc. 2014; 46(2):318-323.
44. Wright AA, Taylor JB, Ford KR, Siska L, Smoliga JM. Risk factors associated with lower extremity stress fractures in runners: a system- atic review with meta-analysis. Br J Sports Med. 2015;49(23): 1517-1523.