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La lésion de Franklin-Naismith : une variante sévère de « Hip Pointer »



INTRODUCTION

Le terme «Hip Pointer», inventé par Blazina en 1967, désigne une blessure impliquant un traumatisme direct de la crête iliaque provoquant une contusion ou un hématome sous-périosté. Ces blessures sont courantes dans les sports de contact.
 
La lésion typique de « hip pointer » se caractérise par une douleur localisée et une sensibilité palpable sévère sur une distance variable de la crête iliaque. Les athlètes peuvent souvent retourner sur le terrain et, dans les sports professionnels, la douleur peut être contrôlée par une injection locale d’anesthésique. Ces athlètes récupèrent généralement en 1 à 3 semaines.
 
Dans cet article il s’agit de présenter une variante plus grave de cette blessure, dans laquelle la douleur est plus intense au moment de la blessure, de la crête iliaque à la paroi abdominale antérolatérale voisine. De plus, la douleur est mal contrôlée par une injection anesthésique locale et l'athlète présente une morbidité notable et a besoin de nombreuses semaines ou mois pour se rétablir.
La lésion de Franklin-Naismith : une variante sévère de « Hip Pointer »

ETUDE DE CAS :

Ce rapport de cas présente deux joueurs professionnels australiens du club de football des Swans de Sydney, qui ont subi une variante grave de la blessure de « hip pointer » pendant un match. Ces 2 athlètes ont subi un « degloving » interne (un traumatisme pelvien dans lequel le tissu sous-cutané est arraché du fascia sous-jacent, créant une cavité remplie d'hématome et de graisse liquéfiée), et une lésion par avulsion de l'insertion de l’oblique interne sur la crête iliaque, entraînant une formation importante d'hématome.
 
Pour rappel, le muscle oblique interne provient de la crête iliaque, du fascia thoraco-lombaire et du ligament inguinal. Il s'insère dans les bords inférieurs des côtes 10 à 12 et de la ligne blanche. Ce muscle permet la flexion et la rotation du tronc tout en soutenant et en comprimant les viscères ; par conséquent, les dommages causés à une partie du muscle peuvent être très débilitants, en particulier pour un athlète professionnel.

Le test de « resisted oblique sit-up » est utilisé comme suivi de la cicatrisation, celui-ci mettant en contrainte les éléments lésé (oblique interne, paroi abdominal) (photo) :
La lésion de Franklin-Naismith : une variante sévère de « Hip Pointer »

  • L'athlète 1 a disputé 4 autres matchs (dans les phases finales) de la saison 2016, dont l'aboutissement est la grande finale. Avant chaque match, il subissait une aspiration de l'hématome guidée par échographie et une injection de ropivacaïne pour pouvoir jouer. Pendant tout ce temps, il a participé à un programme de renforcement progressif de sa région lombo-pelvienne, se concentrant initialement sur les contractions isométriques, puis progressivement en passant à des exercices plus difficiles comprenant du gainage en planche latérale et frontale, afin de renforcer et de remodeler la paroi abdominale antéro-latérale endommagée. Au cours des dernières étapes de sa rééducation, il a effectué un renforcement dynamique de la région thoraco-lombaire, en utilisant du matériel de gymnastique (poids libres, poulies et programme de Pilates).
    L'athlète 1 s'est rétabli hors saison (8 semaines) et s'est complètement rétabli sans douleur, ayant retrouvé une force normale à son retour. Après 18 mois, une IRM de suivi (imagerie sagittale uniquement) a été réalisée et a montré une résolution complète de l'hématome lié à la tension du muscle oblique interne de la crête iliaque, avec quelques cicatrices et une modification graisseuse du défaut musculaire. L'IRM n'a pas révélé de recollement anatomique du muscle oblique interne à la crête iliaque, mais plutôt une zone de fibrose (photo ci-dessous).
 
  • Bien que l'on pensait que les injections de PRP faciliteraient la guérison, l'athlète 2 a eu une rééducation beaucoup plus longue que l'athlète 1 et est revenu au jeu six semaines après la blessure initiale. Compte tenu de la connaissance de la blessure que l'équipe médicale avait contractée auprès de l'athlète 1, l'athlète 2 a été réhabilité de manière très similaire, avec une période initiale de mesures anti-inflammatoires, suivie d'une phase de renforcement et de remodelage par étapes. Comparé à l'athlète 1, l'athlète 2 a connu une douleur et un dysfonctionnement plus graves, ce qui a prolongé sa rééducation. En particulier, l'athlète 2 était très troublé par la douleur et la faiblesse du fléchisseur de la hanche droite, associées à l'hématome / sérome gravitant à travers les tissus de sa crête iliaque, affectant profondément la capacité de marche et de frappe.
    Contrairement à l'athlète 1, l'athlète 2 n'avait pas besoin d'injections anesthésiques locales pour jouer à son retour. Les deux athlètes ont utilisé des protections thermoplastiques sur la crête iliaque blessée afin de minimiser les traumatismes ultérieurs. Comme pour l'athlète 1, l'athlète 2 a retrouvé son fonctionnement normal sans douleur pendant l’intersaison.
    L'athlète 2 a eu une IRM de suivi (imagerie sagittale seulement) six mois après la blessure, ce qui a permis de mettre en évidence des résultats identiques à ceux de l'athlète 1. La différence dans le temps de suivi de l'IRM entre les athlètes 1 et 2 a été attribuée aux circonstances. Aucune hernie clinique ou radiologique n’a été constatée chez aucun des athlètes.
La lésion de Franklin-Naismith : une variante sévère de « Hip Pointer »

CONCLUSION :

Un traumatisme au niveau du bassin et du grand trochanter peut entraîner des lésions sous-cutanées par dégloving. Un hématome ou un sérome important se développe par voie sous-cutanée et est limité à l'intérieur par un fascia (par exemple, la lésion de Moral-Lavallee). L'infection et la nécessité d'une évacuation et d'une réparation chirurgicale compliquent souvent ces lésions importantes. L'avulsion complète des 3 couches de la paroi abdominale antérolatérale a été décrite et résulte le plus souvent d'un traumatisme à haute énergie (AVP).  Ces lésions ont été associées à des complications importantes, notamment une douleur prolongée, une dysfonction et le développement d'une hernie lombaire nécessitant une intervention chirurgicale.
 
De par la décision (par 2 fois) de remettre le sportif sur le terrain bien qu’une lésion musculaire ait été mis en évidence, et aux vues des séquelles entrainées, nous suggérons la plus grande prudence quant à remettre un sportif présentant une lésion musculaire sur le terrain.

Article original :

Sinem Gultekin, and Thomas Cross : The Franklin-Naismith Lesion A Severe Variant of Hip Pointer. The Orthopaedic Journal of Sports Medicine, 7(1), 2325967118820507 DOI: 10.1177/2325967118820507

Référence :
 
1. Blazina ME. The “hip-pointer,” a term to describe a specific kind of athletic injury. Calif Med. 1967;106(6):450.
2. Boyd K, Peirce N, Batt M. Common hip injuries in sport. Sports Med. 1997;24(4):273-288.
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4. Hak D, Olson S, Matta J. Diagnosis and management of closed internal degloving injuries associated with pelvic and acetabular fractures: the Moral-Lavallee lesion. J Trauma. 1997;42(6):1046-1051.
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abdominal wall insertion onto the iliac crest in an Australian football
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