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L’entraînement en altitude augmente t-il les performances des athlètes de haut niveau ?




Introduction
 
Depuis sa vulgarisation dans les années 1960, l’entraînement en altitude est devenu un mode d’entraînement  communément accepté et a donné naissance à une véritable industrie mondiale. Les sportifs de haut niveau, les entraîneurs et les organisations sportives  adhèrent maintenant assez largement à ce type d’entraînement.
 
Au cours de ces dernières années, de nombreuses installations sportives ont été construites dans le monde entier pour améliorer les performances dans 2 grandes familles de sports, les sports d’endurance et de force/puissance.
 
Les installations pour les entraînements en hypoxie sont également apparues dans des salles traditionnelles permettant aux athlètes de s’entraîner dans des conditions reproduisant l’hypoxie des entraînements en altitude.  Malheureusement, la justification scientifique réelle de ce type d’entraînement n’est pas aussi forte que les bénéfices que l’on pourrait imaginer.
 
Bien qu’une centaine de publications soient maintenant retrouvées dans la littérature scientifique, peu d’entre elle utilise un groupe contrôle, ou bien un procédé en double aveugle contrôlé par placébo.
 
Une récente méta-analyse sur ce sujet a conclu que les gains des performances qui ont été observées après entraînement en altitude pouvaient être liés  à un effet placébo.
Néanmoins, on pourrait faire valoir que malgré ce possible effet placébo, l’essentiel est d’obtenir au final une augmentation des performances. Même si ce point de vue pourrait se suffire à lui même, il reste important d’élucider d’un point de vue scientifique le véritable effet de l’entraînement en altitude.
 
Les auteurs de l’article présenté aujourd’hui ont pris le rôle d’avocats du diable, afin de présenter une évaluation critique de l’état actuel des connaissances concernant les effets de l’entraînement en altitude afin de pointer les carences des recherches actuelles pour améliorer les recherches futures.
 
Conclusions et orientations des recherches futures
 
Malgré un scepticisme des auteurs, la conclusion générale est que le LHTH (vivre et s’entraîner en altitude) et le LHTL (s’entraîner en altitude et vivre au niveau de la mer) pourraient augmenter la performance physique pour certains (mais pas pour tous) athlètes, et que la réponse potentielle semble être assez réduite chez des athlètes avec un volume des globules rouges déjà élevé.
 
Il pourrait être spéculé que le LHTH ou le LHTL seraient en mesure d’augmenter le volume des globules rouges pour des athlètes élites de disciplines sportives ou un fort volume de globules rouges n’est pas nécessairement une condition préalable à une haute performance. Dans ces disciplines,  une masse d’hémoglobine élevée pourrait peut être augmenter les performances par l’augmentation du pouvoir tampon du sang plutôt que  par l’augmentation de la capacité de transport de l’oxygène par le sang.
 
Le LLTH et l’entraînement hypoxique intermittent ne semblent pas améliorer la capacité d’endurance ni les performances en normoxie. Les auteurs ne soutiennent donc pas les recherches sur des sportifs des sports d’endurance.
 
Malheureusement, les recherches scientifiques recommandant l’entraînement en altitude ne sont pas assez solides, de même que les recommandations faites aux athlètes de haut niveau.
 
La méthodologie appliquée aux études scientifiques est particulièrement importante et permet de tirer des conclusions solides et la publication de ces études dans des revues de haut rang ce qui est assez rare en ce qui concerne  les études sur l’entraînement en altitude.
 
Par Erwann Le Corre
 
Article Original :
Carsten Lundby, Gregoire P Millet, Jose A Calbet, Peter Bärtsch and Andrew W Subudhi.
Does ‘altitude training’ increase exercise performance in elite athletes? Br J Sports Med 2012;46:792–795. doi:10.1136/bjsports-2012-091231