Que celui qui n’a pas entendu parler au moins une fois de gainage ou des termes “core stability” lève la main. A l’heure où le fitness sous toutes ses formes envahit notre vie moderne et tente de rentabiliser le faible temps alloué à notre corps, les séances physiques intenses mais courtes donnent de plus en plus la leçon aux entrainements classiques. De long et monotone il y a encore peu de temps pour la majorité des sportifs récréatifs, l’effort est désormais court et soutenu. Que ce soit au travers des programmes HIIT (High Intensity Interval Training) comme le programme Tabata ou le Cross Fit pour ne citer qu’eux, le travail physique intermittent développe certes musculairement ses athlètes mais charrie aussi bon nombre de blessés, dénués de tout gainage et dépassés alors physiologiquement par les contraintes exercées par les charges de travail. De compensation en compensation, le seuil de tolérance de l’organisme finit par être atteint et s’ensuit alors fatalement la blessure.
Littéralement traduit par « stabilité centrale (noyau, tronc) », le « core stability » (CS) se réfère à la « musculature profonde et superficielle située autour de la région lombo-pelvienne et dont le but est de maintenir une stabilité fonctionnelle et de permettre la production et le transfert de force du tronc vers les extrémités (Akuthota and Nadler, 2004; Shirey et al., 2012). Le CS est d’une importance capitale pour les athlètes quel que soit le sport et le niveau, car il fournit une stabilité proximale pour une mobilité distale la plus efficiente possible, particulièrement dans les cas où la stabilité vertébrale est requise (Akuthota et al., 2008; Panjabi, 1992). Fréquemment utilisé dans la prévention ou la réhabilitation des blessures, ce que l’on appelle en France « gainage » est devenu récemment (bien qu’utilisé dans le passé sous diverses formes…) un point important des programmes de préparation physique dans l’optimisation de la performance (Akuthota and Nadler, 2004; Sato and Mokha, 2009; Liemohn et al., 2005). De nombreuses activités sportives ou simples entrainements de fitness impliquent des sauts et requièrent par voie de conséquences des capacités physiques de réception et donc de décélération importantes. A ce titre, la technique de réception d’un drop jump (saut en contrebas) et les forces maximales qui en résultent ont été supposées comme potentiels indicateurs de risque de blessure aux membres inférieurs (McNair et al., 2000; Yeow et al., 2010). De même, il existe des preuves solides qui montrent que les femmes subissent des forces maximales d’amortissement suite à un saut (par kilo de masse corporelle) plus importantes que les hommes et sont plus à même de subir une blessure intrinsèque aux membres inférieurs (Barber-Westin et al., 2010; Myer et al., 2006 ; Seegmiller and McCaw, 2003; Shirey et al., 2012; Yeow et al., 2010, ). Dans la même optique, des liens entre des qualités faibles de gainage du tronc et des lésions du pivot ligamentaire central du genou (LCA) chez des athlètes féminines ont été décrites dans la littérature scientifique (Hewett et al., 2006; Leetun et al., 2004; Shirey et al., 2012 ; Zazulak et al., 2007). Plus spécifiquement, un contrôle neuromusculaire déficient peut augmenter le valgus dynamique du genou et les moments de force durant la réception d’un saut (Leetun et al., 2004) ce qui amplifie la contrainte mécanique sur le LCA (Shin et al., 2011). La stabilité dynamique du tronc et des membres inférieurs est donc fortement basée sur le contrôle neuromusculaire du complexe lombo-pelvi-fémoral (Hibbs et al., 2008; Okada et al., 2011; Oliver et al., 2012). De plus, Myer et al (2006) reporte qu’un programme d’entrainement neuromusculaire incluant proprioception (au sens d’équilibre ici) et principalement des exercices de gainage dynamique du tronc et du bassin réduisent significativement les forces d’impact à la réception de saut, résultats qu’un entrainement pliométrique ne fait pas. Bien que ces constats suggèrent avec évidence l’incorporation d’exercices de gainage à une routine d’entrainement afin de réduire les moments de force maximaux lors d’une réception de saut et par voie de conséquence le risque de blessure, l’impact que pourrait avoir un travail spécifique et isolé de gainage du tronc sur ces derniers paramètres reste inconnu. Un travail précédent a déjà évalué la première phase d’amortissement suite à un drop jump (réception en sautant d’un plinth) mais il a été proposé dans la littérature que l’analyse de la seconde phase de réception (deuxième appui après le saut maximal) pourrait être plus pertinente dans l’activité sportive. (Bates et al. 2013).
Ainsi le but de l’étude pilote présentée ci-dessous et publiée cette année dans le Journal of Human Kinetics [1] était de tenter d’établir si un programme spécifique de gainage du tronc pendant 6 semaines pouvait améliorer la cinématique de réception dans la première et seconde phase de réception lors d’un drop jump chez des athlètes féminines pratiquant la capoeira à un bon niveau (minimum 2 années de pratique). Le panel de l’étude était composé de 6 athlètes d’une moyenne d’âge de 27 ans (+/- 3.7) et n’ayant pas eu de blessures dans les 6 derniers mois. Un ensemble de 3 mesures de drop jump sur une plateforme de force ((hauteur du saut et moment de force au sol), mains sur les hanches, furent prisent au début de l’expérience puis à 6 semaines suivant un protocole bien défini. Concernant le programme de gainage, trois exercices statiques et trois dynamiques étaient réalisés 3 fois par semaines pendant 6 semaines.
Littéralement traduit par « stabilité centrale (noyau, tronc) », le « core stability » (CS) se réfère à la « musculature profonde et superficielle située autour de la région lombo-pelvienne et dont le but est de maintenir une stabilité fonctionnelle et de permettre la production et le transfert de force du tronc vers les extrémités (Akuthota and Nadler, 2004; Shirey et al., 2012). Le CS est d’une importance capitale pour les athlètes quel que soit le sport et le niveau, car il fournit une stabilité proximale pour une mobilité distale la plus efficiente possible, particulièrement dans les cas où la stabilité vertébrale est requise (Akuthota et al., 2008; Panjabi, 1992). Fréquemment utilisé dans la prévention ou la réhabilitation des blessures, ce que l’on appelle en France « gainage » est devenu récemment (bien qu’utilisé dans le passé sous diverses formes…) un point important des programmes de préparation physique dans l’optimisation de la performance (Akuthota and Nadler, 2004; Sato and Mokha, 2009; Liemohn et al., 2005). De nombreuses activités sportives ou simples entrainements de fitness impliquent des sauts et requièrent par voie de conséquences des capacités physiques de réception et donc de décélération importantes. A ce titre, la technique de réception d’un drop jump (saut en contrebas) et les forces maximales qui en résultent ont été supposées comme potentiels indicateurs de risque de blessure aux membres inférieurs (McNair et al., 2000; Yeow et al., 2010). De même, il existe des preuves solides qui montrent que les femmes subissent des forces maximales d’amortissement suite à un saut (par kilo de masse corporelle) plus importantes que les hommes et sont plus à même de subir une blessure intrinsèque aux membres inférieurs (Barber-Westin et al., 2010; Myer et al., 2006 ; Seegmiller and McCaw, 2003; Shirey et al., 2012; Yeow et al., 2010, ). Dans la même optique, des liens entre des qualités faibles de gainage du tronc et des lésions du pivot ligamentaire central du genou (LCA) chez des athlètes féminines ont été décrites dans la littérature scientifique (Hewett et al., 2006; Leetun et al., 2004; Shirey et al., 2012 ; Zazulak et al., 2007). Plus spécifiquement, un contrôle neuromusculaire déficient peut augmenter le valgus dynamique du genou et les moments de force durant la réception d’un saut (Leetun et al., 2004) ce qui amplifie la contrainte mécanique sur le LCA (Shin et al., 2011). La stabilité dynamique du tronc et des membres inférieurs est donc fortement basée sur le contrôle neuromusculaire du complexe lombo-pelvi-fémoral (Hibbs et al., 2008; Okada et al., 2011; Oliver et al., 2012). De plus, Myer et al (2006) reporte qu’un programme d’entrainement neuromusculaire incluant proprioception (au sens d’équilibre ici) et principalement des exercices de gainage dynamique du tronc et du bassin réduisent significativement les forces d’impact à la réception de saut, résultats qu’un entrainement pliométrique ne fait pas. Bien que ces constats suggèrent avec évidence l’incorporation d’exercices de gainage à une routine d’entrainement afin de réduire les moments de force maximaux lors d’une réception de saut et par voie de conséquence le risque de blessure, l’impact que pourrait avoir un travail spécifique et isolé de gainage du tronc sur ces derniers paramètres reste inconnu. Un travail précédent a déjà évalué la première phase d’amortissement suite à un drop jump (réception en sautant d’un plinth) mais il a été proposé dans la littérature que l’analyse de la seconde phase de réception (deuxième appui après le saut maximal) pourrait être plus pertinente dans l’activité sportive. (Bates et al. 2013).
Ainsi le but de l’étude pilote présentée ci-dessous et publiée cette année dans le Journal of Human Kinetics [1] était de tenter d’établir si un programme spécifique de gainage du tronc pendant 6 semaines pouvait améliorer la cinématique de réception dans la première et seconde phase de réception lors d’un drop jump chez des athlètes féminines pratiquant la capoeira à un bon niveau (minimum 2 années de pratique). Le panel de l’étude était composé de 6 athlètes d’une moyenne d’âge de 27 ans (+/- 3.7) et n’ayant pas eu de blessures dans les 6 derniers mois. Un ensemble de 3 mesures de drop jump sur une plateforme de force ((hauteur du saut et moment de force au sol), mains sur les hanches, furent prisent au début de l’expérience puis à 6 semaines suivant un protocole bien défini. Concernant le programme de gainage, trois exercices statiques et trois dynamiques étaient réalisés 3 fois par semaines pendant 6 semaines.
Les résultats ont montré après le programme de gainage une diminution significative du moment maximal d’amortissement lors de la phase de réception par rapport aux mesures prises avant l’intervention (respectivement 2943±552 N vs. 1714±235 N [P<.001]). Il n’y a eu aucun changement significatif au niveau de la masse corporelle ou de la hauteur du saut durant les tests (respectivement P=.528 and P=.877).
Cette étude montre que chez des athlètes féminines bien entrainées, l’addition d’un programme de gainage comprenant un ensemble d’exercices isométriques et dynamiques peut réduire les forces d’amortissement lors d’une réception d’un saut. Etant donné que de grandes forces d’amortissement sont associées à un risque augmenté de lésion du LCA, ce type de travail de renforcement pourrait contribuer à réduire le risque de blessure chez les athlètes à risque et d’une manière générale constituer une routine préventive pour le reste de l’équipe.
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] L Hayes, S Araujo and D Cohen. Six Weeks of Core Stability Training Improves Landing Kinetics Among Female Capoeira Athletes: A Pilot Study. Journal of Human Kinetics volume 45/2015, 27-37
Cette étude montre que chez des athlètes féminines bien entrainées, l’addition d’un programme de gainage comprenant un ensemble d’exercices isométriques et dynamiques peut réduire les forces d’amortissement lors d’une réception d’un saut. Etant donné que de grandes forces d’amortissement sont associées à un risque augmenté de lésion du LCA, ce type de travail de renforcement pourrait contribuer à réduire le risque de blessure chez les athlètes à risque et d’une manière générale constituer une routine préventive pour le reste de l’équipe.
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] L Hayes, S Araujo and D Cohen. Six Weeks of Core Stability Training Improves Landing Kinetics Among Female Capoeira Athletes: A Pilot Study. Journal of Human Kinetics volume 45/2015, 27-37