Etymologiquement, la fasciite plantaire est une inflammation du fascia plantaire, épaisse bande fibreuse de tissu conjonctif qui s’étend du calcaneus jusqu’aux articulations métatarso-phalangiennes. Cette inflammation peut être la résultante d’étiologies diverses et amener à plus ou moins courte échéance à des micros déchirures ou une rupture partielle. A point de départ inflammatoire, elle peut néanmoins, à l’image de la tendinose, devenir par la suite une dysfonction tissulaire purement mécanique si elle n’est pas traitée rapidement. En aigue, il faudra s’attacher pendant l’examen clinique à tenter de faire le distinguo entre une éventuelle lésion myo-aponévrotique (court fléchisseur plantaire/aponévrose) ou aponévrotique (atteinte de l’aponévrose ou inflammation de celle-ci : aponévrosite/fasciite) et ne pas se jeter classiquement sur un traitement stéréotypé de fasciite plantaire. Seul un traitement adapté à la pathologie garantira la réussite des soins. Tout part du diagnostic.
Souvent associée à la fasciite plantaire, l’épine calcanéenne de Lenoir est une proéminence osseuse en forme de lame aplatie se trouvant au point d’insertion du fascia plantaire sur le calcaneus. L’ensemble des contraintes inadaptées sur celui-ci entraine le développement de cellules osseuses formant une petite épine dans la direction de la traction exercée.
La fonction du fascia plantaire, comme la majorité des fascias, est de soutenir une structure (le pied) et d’y emmagasiner une énergie cinétique pour la restituer ensuite dans la marche, la course ou les sauts. Etiré de façon maximale lors de la position debout et lors de la fin de la phase d’appui, ce fascia peut subir des microtraumatismes répétitifs ou traumatiques si des contraintes mécaniques inadaptées et brutales lui est apposées. Un affaissement mécanique répétitif statique (pied plat) ou dynamique (pied valgus), une biomécanique anormale du membre inférieur, du bassin, une reprise d’activités pliométriques trop rapide et intense, un port de chaussures inadaptées (trop plates ou talons hauts), une contrainte d’étirement brusque à froid ou un excès de poids corporel peuvent contribuer, entre autres, à court ou moyen terme à déclencher une pathologie plus ou moins sévère du fascia plantaire.
Dans la littérature, la fasciite plantaire est relativement fréquente. On la retrouve chez presque dix pourcent des amateurs de course à pied et environ le même pourcentage dans la population en général. Elle est plus courante après la quarantaine due à la rigidité du tissu conjonctif qui accompagne l’âge.
Le traitement classique de la fasciite plantaire se base sur la régulation ou suppression des causes extrinsèques et intrinsèques ayant amené à la pathologie. Souvent stéréotypé (étirements, mobilisation, glace, AINS…) car non correctement démembrée pendant l’examen clinique (interrogatoire et bilan palpatoire), ce traitement se doit d’être ajusté précisément à la nature de l’atteinte sous-jacente qu’elle soit aigue ou chronique. En effet, un travail excentrique sous-maximal, des étirements de l’ensemble du système suro-achiléen calcanéo-plantaire, des ondes de choc ou un traitement anti-inflammatoire avec contention rigide associée n'aura pas le même effet.
D’ailleurs à ce propos, pourquoi réaliser des ondes de choc sur une « fasciite plantaire » s’il s’agit là d’un problème inflammatoire ? Parle-t-on alors plutôt d’une indication d’ondes de choc sur une cicatrice fibreuse, reliquat douloureux d’une ancienne lésion myo-aponévrotique ou d’une rupture partielle du fascia ? La connaissance des mots amène là encore à la connaissance des choses et évite les traitements erratiques.
Une étude coréenne intéressante présentée ci-dessous [1] était néanmoins d’analyser l’efficacité des ondes de choc extracorporelles sur le traitement de patients hémiplégiques atteints de « fasciite plantaire » chronique causée par la spasticité des fléchisseurs intrinsèques du pied et caractérisée à l’échographie par une épaisseur du fascia supérieur à 4 mm par rapport au côté sain. Cette recherche incluait un panel de 10 patients soixantenaires atteint d’hémiparésie datant de 6 mois à 2 ans, ayant une locomotion autonome et auquel on administrait 3 séances d’ondes de choc (1/semaine) à une fréquence de 4Hz, 1500 coups et une intensité de 0.089 mJ/mm2. Seulement après la dernière session, ils devaient réaliser un programme d’étirements du tendon achilléen et du fascia plantaire 30min/jour pendant 5 fois dans la semaine et ceci pendant 6 mois.
Les paramètres cliniques suivants étaient mesurés avant le traitement puis comparés à ceux obtenus après 6 semaines et 6 mois : densité du fascia plantaire (échographie), degré de spasticité (instrument de mesure tensionnel : Myotonometer), degré de douleur (échelle EVA) et la fonction de la marche (Functional Gait Assessment de 0-30 points).
Les résultats ont montré une diminution de la rigidité du fascia plantaire, de la spasticité et de la douleur et une amélioration de la marche après ce traitement (p<0.001). Ces changements furent significativement plus élevés 6 mois après la fin du traitement que 6 semaines après. Face à ces résultats positifs, les auteurs ont donc conclu que l’utilisation d’ondes de choc extracorporelles pouvait aider à réduire la tension du fascia plantaire, diminuer la douleur et améliorer la fonction de locomotion. Ces résultats rejoignent ceux publiés par Liang et al [2] qui ont montré qu’entre 6 et 24 semaines après un traitement par ondes de choc, on constatait une réharmonisation tensionnelle du fascia plantaire.
L’intérêt de cette étude, bien que réalisée chez une population particulière de patients atteints d’hémiplégie, souligne néanmoins l’intérêt des ondes de chocs dans le traitement des dysfonctions tissulaires chroniques afin de diminuer la douleur et rétablir la fonction.
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] Tae Gon K., Sea Hyun B., Gye Yeop K., Kyung Yoon K.The effects of extracorporeal shock wave therapy on stroke patients with plantar fasciitis. J. Phys. Ther. Sci. 27: 523–526, 2015
[2] Liang HW, Wang TG, Chen WS, et al.: Thinner plantar fascia predicts decreased pain after extracorporeal shock wave therapy. Clin Orthop Relat Res, 2007, 460: 219–225.
Souvent associée à la fasciite plantaire, l’épine calcanéenne de Lenoir est une proéminence osseuse en forme de lame aplatie se trouvant au point d’insertion du fascia plantaire sur le calcaneus. L’ensemble des contraintes inadaptées sur celui-ci entraine le développement de cellules osseuses formant une petite épine dans la direction de la traction exercée.
La fonction du fascia plantaire, comme la majorité des fascias, est de soutenir une structure (le pied) et d’y emmagasiner une énergie cinétique pour la restituer ensuite dans la marche, la course ou les sauts. Etiré de façon maximale lors de la position debout et lors de la fin de la phase d’appui, ce fascia peut subir des microtraumatismes répétitifs ou traumatiques si des contraintes mécaniques inadaptées et brutales lui est apposées. Un affaissement mécanique répétitif statique (pied plat) ou dynamique (pied valgus), une biomécanique anormale du membre inférieur, du bassin, une reprise d’activités pliométriques trop rapide et intense, un port de chaussures inadaptées (trop plates ou talons hauts), une contrainte d’étirement brusque à froid ou un excès de poids corporel peuvent contribuer, entre autres, à court ou moyen terme à déclencher une pathologie plus ou moins sévère du fascia plantaire.
Dans la littérature, la fasciite plantaire est relativement fréquente. On la retrouve chez presque dix pourcent des amateurs de course à pied et environ le même pourcentage dans la population en général. Elle est plus courante après la quarantaine due à la rigidité du tissu conjonctif qui accompagne l’âge.
Le traitement classique de la fasciite plantaire se base sur la régulation ou suppression des causes extrinsèques et intrinsèques ayant amené à la pathologie. Souvent stéréotypé (étirements, mobilisation, glace, AINS…) car non correctement démembrée pendant l’examen clinique (interrogatoire et bilan palpatoire), ce traitement se doit d’être ajusté précisément à la nature de l’atteinte sous-jacente qu’elle soit aigue ou chronique. En effet, un travail excentrique sous-maximal, des étirements de l’ensemble du système suro-achiléen calcanéo-plantaire, des ondes de choc ou un traitement anti-inflammatoire avec contention rigide associée n'aura pas le même effet.
D’ailleurs à ce propos, pourquoi réaliser des ondes de choc sur une « fasciite plantaire » s’il s’agit là d’un problème inflammatoire ? Parle-t-on alors plutôt d’une indication d’ondes de choc sur une cicatrice fibreuse, reliquat douloureux d’une ancienne lésion myo-aponévrotique ou d’une rupture partielle du fascia ? La connaissance des mots amène là encore à la connaissance des choses et évite les traitements erratiques.
Une étude coréenne intéressante présentée ci-dessous [1] était néanmoins d’analyser l’efficacité des ondes de choc extracorporelles sur le traitement de patients hémiplégiques atteints de « fasciite plantaire » chronique causée par la spasticité des fléchisseurs intrinsèques du pied et caractérisée à l’échographie par une épaisseur du fascia supérieur à 4 mm par rapport au côté sain. Cette recherche incluait un panel de 10 patients soixantenaires atteint d’hémiparésie datant de 6 mois à 2 ans, ayant une locomotion autonome et auquel on administrait 3 séances d’ondes de choc (1/semaine) à une fréquence de 4Hz, 1500 coups et une intensité de 0.089 mJ/mm2. Seulement après la dernière session, ils devaient réaliser un programme d’étirements du tendon achilléen et du fascia plantaire 30min/jour pendant 5 fois dans la semaine et ceci pendant 6 mois.
Les paramètres cliniques suivants étaient mesurés avant le traitement puis comparés à ceux obtenus après 6 semaines et 6 mois : densité du fascia plantaire (échographie), degré de spasticité (instrument de mesure tensionnel : Myotonometer), degré de douleur (échelle EVA) et la fonction de la marche (Functional Gait Assessment de 0-30 points).
Les résultats ont montré une diminution de la rigidité du fascia plantaire, de la spasticité et de la douleur et une amélioration de la marche après ce traitement (p<0.001). Ces changements furent significativement plus élevés 6 mois après la fin du traitement que 6 semaines après. Face à ces résultats positifs, les auteurs ont donc conclu que l’utilisation d’ondes de choc extracorporelles pouvait aider à réduire la tension du fascia plantaire, diminuer la douleur et améliorer la fonction de locomotion. Ces résultats rejoignent ceux publiés par Liang et al [2] qui ont montré qu’entre 6 et 24 semaines après un traitement par ondes de choc, on constatait une réharmonisation tensionnelle du fascia plantaire.
L’intérêt de cette étude, bien que réalisée chez une population particulière de patients atteints d’hémiplégie, souligne néanmoins l’intérêt des ondes de chocs dans le traitement des dysfonctions tissulaires chroniques afin de diminuer la douleur et rétablir la fonction.
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] Tae Gon K., Sea Hyun B., Gye Yeop K., Kyung Yoon K.The effects of extracorporeal shock wave therapy on stroke patients with plantar fasciitis. J. Phys. Ther. Sci. 27: 523–526, 2015
[2] Liang HW, Wang TG, Chen WS, et al.: Thinner plantar fascia predicts decreased pain after extracorporeal shock wave therapy. Clin Orthop Relat Res, 2007, 460: 219–225.