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Évaluation de la force, de la souplesse et de la mécanique de la course chez des hommes avec syndrome de la bandelette ilio-tibiale



Le syndrome de la bandelette ilio-tibiale (SBIT) apparaît chez 5 à 14% des coureurs et est la principale cause de douleur latérale au genou et la seconde cause de douleur générale du genou dans cette population [32]. Malgré sa haute prévalence, peu de choses sont connues concernant l'étiologie de cette condition. Le développement d'un SBIT est considérée comme incluant des facteurs extrinsèques (ex. volume d'entraînement, port de chaussures) de même que des facteurs intrinsèques (ex. souplesse, force, mécanique de course, etc.) [1,30,32].
 
Les programmes classiques de kinésithérapie mettent généralement l'accent sur les facteurs intrinsèques contribuant au SBIT. Bien qu'il y ait eu des rapports limités sur le rôle de ces facteurs intrinsèques individuellement, il n'y a eu aucune analyse exhaustive de ces facteurs au sein du même groupe. De plus, de précédentes études ont porté sur les hommes et les femmes, ou sur les femmes uniquement.
 
La cinématique anormale de course, des amplitudes spécifiquement excessives de la hanche et du genou dans les plans frontal et transversal, sont souvent cités comme des facteurs importants en ce qui concerne le développement du SBIT [10,13,23,32]. Les sites de fixation de la BIT rendent cette structure particulièrement vulnérable. En proximal, la BIT est attachée au bassin à la fois par le tenseur du fascia lata et par les muscles fessiers [3,22]. En distal, son insertion comprend l'épicondyle fémoral et le tubercule de Gerdy [3,22]. Par conséquent, une plus grande adduction du genou et de la hanche, de même qu'une rotation de hanche et de genou, peuvent augmenter la contrainte en traction sur la BIT.
 
 
Objectifs

 
L'objectif de cette étude était d'évaluer les différences de force d'abduction et de rotation latérale de la hanche, la longueur de la BIT (test de Ober), et la mécanique de la hanche et du genou pendant la course chez des sujets masculins avec SBIT comparés à des sujets sains contrôles. En se basant sur ce qui est déjà connu sur les facteurs intrinsèques pouvant contribuer au SBIT, il a été émis l'hypothèse que les coureurs masculins avec SBIT auraient significativement une abduction et une rotation latérale de hanche plus faibles, une longueur diminuée de la BIT, une adduction de genou et de hanche augmentées, et des angles de rotation médiale et hanche et latérale de genou augmentés comparé au groupe contrôle.
 
Schéma d'étude
 
Étude transversale de laboratoire.
 
Méthodes
 
Trente-quatre hommes ont participé (17 sains, 17 SBIT). Les groupes été comparables au début en termes d'âge, de distance de course par semaine (soit au moins 16 km par semaine), de poids et de taille. Le nombre des sujets a été choisi pour détecter une taille de l'effet modérée avec une puisssance statistique raisonnable (β=0,8).
La force de la hanche a été mesurée avec un dynamomètre manuel [4,16,17] et la souplesse de la BIT a été évaluée en utilisant un inclinomètre tout en effectuant le test de Ober [25,27]. Les données cinématiques et cinétiques tridimensionnelles ont été obtenues au cours de la course grâce à une analyse instrumentée de la marche, en courant sur un tapis de course à une vitesse de 3,3m/s [26]. Les variables cinématiques d'intérêt comprenaient les angles articulaires de la hanche et du genou dans les plans frontal et transversal au moment de la position de départ. Des tests t sur échantillons indépendants ainsi que les tailles d'effet ont été utilisés pour évaluer les différences entre les groupes.
Si les variables étaient montrées comme statistiquement significatives, la pertinence clinique était établie en utilisant la taille de l'effet et le changement minimum détectable (CMD) :les résultats étaient considérés comme cliniquement significatif si la taille de l'effet était plus grande que 0,5 [5] et que la différence entre les groupes était plus importante que le CMD.
 
Résultats
 
Comparés au groupe contrôle, les personnes avec SBIT avaient une mesure au test Ober significativement plus basse (1,2°), des rotateurs latéraux de hanche plus faibles (1,2 Nm / kg), une plus grande rotation médiale de la hanche (3,7°), et une plus grande adduction du genou (3,6°). Toutefois, seules la rotation médiale du genou et l'adduction de hanche ont dépassé le score de changement minimal détectable.
Aucune différence n'a été trouvée pour la force d'abduction de hanche ou pour l'angle d'adduction de hanche.
 
Conclusions
 
D'après les résultats, les hommes coureurs avec SBIT montrent pendant la course une rotation médiale de hanche et des angles d'adduction de genou significativement plus importants, une force de rotation latérale de hanche moindre, et une longueur diminuée de la BIT. Bien que statistiquement différente, l'amplitude de la différence de longueur de la BIT et celle de la force des rotateurs latéraux de hanche n'excèdent pas le score du CMD, suggérant que d'autres facteurs comme le contrôle neuromusculaire de la hanche et du genou peuvent jouer un large rôle dans la cinématique altérée de hanche et de genou chez les hommes atteints du SBIT.
 
 
 
Article de référence
 
Noehren B, Schmitz A, Hempel R, Westlake C, Black W. Assessment of strength, flexibility, and running mechanics in men with iliotibial band syndrome. J Orthop Sports Phys Ther. 2014 Mar;44(3):217-22.
 
 
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