KINESPORT KINESPORT


   



Efficacité thérapeutique des anti-inflammatoires non stéroïdiens versus thérapie par l’exercice chez les patients lombalgiques non spécifiques : une étude prospective



Introduction


 
La lombalgie non spécifique (LNS) est devenue un problème mondial de santé public. Sa prévalence vie entière est estimée à 84 %, sa prévalence est d’environ 23%, avec 11 à 12 % de la population souffrant d’incapacité à cause d’elle.
 
Généralement, le traitement pour les patients souffrant de LNS chronique est conservateur, s’appuyant sur la médication et/ou l’exercice.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont démontré leur efficacité thérapeutique dans la LCNS. Mais il a aussi été reporté que 3 à 23% des patients utilisant des AINS ont dû les arrêter à cause d’effets secondaires.
Une autre possibilité de traitement – l’exercice – a montré son efficacité chez les patients souffrant de LNSC. Plusieurs études ont montré que la thérapie par l’exercice pouvait améliorer la souplesse du tronc, la force, l’endurance, les capacités aérobies, et la stabilité (7-12). L’exercice entraine ainsi une amélioration de la fonction et des activités de la vie quotidienne (AVQ).
 
L’objectif de cette étude était d’analyser l’effet thérapeutique des traitements par AINS comparé au traitement par exercice chez les patients souffrant de LNSC.
 

Méthode


 
Dans cette étude prospective, 40 patients diagnostiqués LCNS étaient répartis aléatoirement en 2 groupes. 
Efficacité thérapeutique des anti-inflammatoires non stéroïdiens versus thérapie par l’exercice chez les patients lombalgiques non spécifiques : une étude prospective

Le groupe AINS contenait 18 participants : 8 hommes et 10 femmes. Leur médication comprenait du celocoxib (100mg) 2 fois/jour, et un inhibiteur de pompe à protons une fois/jour (pour prévenir les problèmes gastro-intestinaux). Les patients devaient également se rendre au minimum une fois / semaine chez le médecin pour ajuster la posologie et contrôler les effets secondaires en fonction des notations du patient.
 
Le groupe exercice comprenait 22 patients : 10 hommes et 12 femmes. Chacun s’est vu remettre une brochure descriptive d’exercices thérapeutiques et d’éducation biomécanique. Le programme d’exercices, réalisé à la maison par le patient, comprenait 2 types d’exercices pour le tronc :
- Renforcement : Exercice site up + Exercice d’extension du tronc
- Etirements : Abdominaux, dos, iliopsoas, fessiers et ischios-jambiers.
La posologie était de 2 séries de 10 répétitions minimum par jour.
Comme le groupe AINS, les patients devaient se rendre une fois par semaine minimum chez le médecin pour vérifier qu’ils avaient bien compris les exercices et les mécanismes biomécaniques.
 
Dans le groupe AINS, 2 patients ont été perdus à cause de problèmes gastriques.
Dans le groupe exercice, 4 patients ont été perdus à cause de complications d’autres pathologies : tumeur maligne (n=1), pathologie cardiaque (n=2) et maladie de Ménière (n=1).
 
Les résultats ont été enregistrés en 2 temps : avant traitement, et 3 mois après le début du traitement.
Les données mesurées étaient :
  • La douleur : EVA (14)
  • L’incapacité et la qualité de vie : Roland Morris Disability Questionnaire score (RDQ) (15)
  • La santé autorapportée : 36-Item Short-Form Health Survey (SF-36) (16-18)
 

Résultats


 
Les 2 groupes étaient identiques au départ au regard de l’âge (40-50 ans), du sexe, de l’état fumeur, de la proportion de patient réalisant des tâches manuelles. 
Efficacité thérapeutique des anti-inflammatoires non stéroïdiens versus thérapie par l’exercice chez les patients lombalgiques non spécifiques : une étude prospective

Efficacité thérapeutique des anti-inflammatoires non stéroïdiens versus thérapie par l’exercice chez les patients lombalgiques non spécifiques : une étude prospective

Efficacité thérapeutique des anti-inflammatoires non stéroïdiens versus thérapie par l’exercice chez les patients lombalgiques non spécifiques : une étude prospective
Douleur mesurée par EVA :
  • Amélioration significative pour les 2 groupes entre début et 3 mois de traitement (p<0,05) (Tableau 3A et 3B)
  • Pas de différence significative en fin de traitement entre les groupes (p>0,05) (Tableau 4)
 
Incapacité et qualité de vie mesuré par RDQ score :
  • Pas d’amélioration significative pour le groupe AINS (Tableau 3A)
  • Amélioration significative pour le groupe exercice (Tableau 3B)
 
Santé auto-rapportée par SF-36
  • Pas d’amélioration significative pour le groupe AINS pour aucun des items (Tableau 3A)
  • Amélioration significative pour 1 des items pour le groupe exercice : douleur corporelle (Tableau 3B)
 

Discussion


 
La présente étude montre que les patients souffrant de LCNS sont améliorés après 3 mois au niveau de la douleur que ce soit par traitement par AINS ou exercices.
Néanmoins, aucun des scores du SF-36 relatif à la qualité de vie associée à la santé n’a changé chez les patients traités par AINS alors que l’item douleur corporelle a changé après 3 mois de traitement chez les patients traités par exercice.
 
L’effet thérapeutique des AINS a été reconnu dans les recommandations mondiales de la gestion des LNSC (2-15). Néanmoins, certaines études ont rapporté que ce traitement devait être discontinu pour certains patients du fait des effets secondaires (6). Ce qui est confirmé dans notre étude avec 2 atteintes gastro-intestinales sur 17 patients (11,7%).
 
Un des objectifs principaux de la thérapie par exercice et de renforcer et d’améliorer la souplesse des muscles du tronc (20). Shirado et all (12) ont même démontré que les exercices avaient une efficacité supérieure aux AINS sur une population japonaise.
Néanmoins, sur notre étude, 4 des 22 patients (18,2%) ont été perdus à cause des suites d’autres pathologies.
 
Les résultats de notre étude montrent que les 2 traitements peuvent avoir des effets différents. Les AINS pourraient être plus efficaces par rapport à la douleur, alors que la pratique d’exercices serait plus appropriée pour améliorer la qualité de vie. La LCNS étant souvent accompagnée de facteurs psycho-sociaux, il peut être intéressant d’avoir une approche multiforme.
 
De futures études sont requises avec un suivi à plus long terme, une population plus importante, et en évaluant et comparant d’autres agents pharmacologiques comment les antidépresseurs versus la thérapie par exercice.
 

Texte d’origine



Naoto Takahasho, Jun-ici Omata, Masumi Iwabuchi, Hironari Fukuda, Osamu Shirado. Therapeutic efficacity of nonsteroidal anti-inflammatory durg therapy versus exercise therapy in patients with chronic non specific low back pain : a prospective study. Fukushima J.Med. SCi., Vol.63, No.1, 2017
 
Bibliographie

Efficacité thérapeutique des anti-inflammatoires non stéroïdiens versus thérapie par l’exercice chez les patients lombalgiques non spécifiques : une étude prospective