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Effets d’une technique sur le diaphragme sur les Ischios Jambiers et la colonne vertébrale



L’organisation de la structure corporelle de l’être humain bien que fascinante, n’en demeure pas moins complexe pour l’ensemble des thérapeutes qui s’y intéressent. En effet, l’ensemble des relations et des interactions qui s’y produisent, rendent bien souvent délicat l’objectif de déterminer l’effet réel et le point de départ d’une action thérapeutique. Dans ce cadre précis, les liens qui peuvent exister entre les systèmes musculaires, intéressent bon nombre de thérapeutes depuis de nombreuses années, si bien que plusieurs théories sur les chaînes musculaires se sont développées et cela depuis des années maintenant.
La structure complexe du muscle diaphragme, et le rôle important qui lui est associé dans les chaînes posturales statiques et dynamiques, rendent nécessaire l’évaluation des conséquences à distance, des techniques manuelles sur ce dernier. 

Pour rappel, le diaphragme est le muscle respiratoire essentiel, principal et indispensable. Il sépare en haut la cavité thoracique d’en bas la cavité abdominale. En forme de coupole, il est au niveau du 4ème espace intercostal à droite et 5ème espace intercostal à gauche, lors de l’expiration forcée. Ses insertions sont au niveau des 6 dernières côtes latéralement, de l’appendice xiphoïde en avant et par l’intermédiaire de ses piliers postérieurs en arrière (insertions en jusqu’en L2/L3, T10/T12, arcade du psoas, arcade du carré des lombes). Il se termine au niveau du centre tendineux où convergent tous les piliers.

Hamaouoi et al. en 2007 rapportent dans le journal Gait Posture, qu’un défaut d’extensibilité musculaire localisé entraîne un raccourcissement sur des muscles éloignés. En d’autres termes, le défaut de fonctionnement d’un muscle, entraine par voie de conséquence des effets à distance via les chaînes musculaires.
Par exemple, il est souvent associé au défaut d’extensibilité des ischios jambiers, des perturbations de la gestuelle, des diminutions de la mobilité pelvienne, des perturbations  de la répartition des pressions au sein de la colonne vertébrale, mais aussi des altérations des courbures vertébrales. Cependant, le lien de cause à effet entre la raideur éventuelle des IJ et les désordres lombaires, ne sont pas bien documentés dans la littérature actuelle.
Malgré tout, l’investigation des liens qui peuvent exister entre différents muscles, s’avère nécessaire dans le cadre d’une prise en charge thérapeutique globale.
 
Dans cette idée, l’étude de Valenza MC et al. parue dans le Journal of Sport Rehabilitation en Juin 2015 nous semble intéressante : The Immediate Effects of Doming of the Diaphragm Technique in Subjects With Short Hamstring Syndrome: A Randomized Controlled Trial. Cette dernière avait pour but d’évaluer l’effet d’une technique réalisée sur le diaphragme (technique du Doming) sur l’extensibilité des IJ et la mobilité vertébrale. 
L’hypothèse de l’étude était qu’une technique de normalisation sur le diaphragme, avait des effets sur les muscles de la chaîne postérieure.

Un groupe de 60 personnes présentant un syndrome court des IJ a participé à l’étude. Deux groupes de 30 personnes ont été formés, l’un recevant la technique Doming et l’autre une technique placebo.  Pour rappel, la technique du doming est utilisée pour redonner au diaphragme une position de repos optimal. Cette technique est utilisée pour créer un meilleur gradient de pression entre le thorax et l’abdomen en augmentant la phase expiratoire. La technique est censée améliorer la contraction du muscle diaphragme et le relaxer pour optimiser sa fonction. Lors de l’étude, la technique a été réalisée par un thérapeute d’au moins 7 ans d’expérience.

 

Lors de la technique placebo, la mise en place d’une sonde à ultrason non branchée sur le processus xiphoïde durant 5 minutes, a permis de mettre le patient dans la même position, et sur une durée identique, que les sujets du groupe recevant la technique du doming.
Les mesures d’extensibilité sur les IJ ont été réalisées avec l’utilisation du test de flexion debout et de l’angle poplité.
Les mesures de la mobilité vertébrale ont été réalisées à l’aide du test de Schöber modifié et aux mesures en flexion, extension et flexion latérales cervicales à l’aide d’un goniomètre.
L’ensemble de ces mesures ayant été réalisées avant et après la mise en place du protocole.
 
Résultats
Les résultats montrent un changement significatif lors des tests pour l’extensibilité des IJ et la mobilité vertébrale, pour le groupe ayant reçu la technique du doming sur le diaphragme (p < 0,001).
Cependant, le groupe contrôle ne montre aucune différence avant et après les tests pour toutes les mesures.
La comparaison entre les groupes montre également une différence significative entre les deux groupes (p < 0,05) pour les mesures d’extensibilité des IJ et de mobilité de la colonne vertébrale.
 
 

Pour conclure, les auteurs expriment le fait, que la mise en place de la technique du doming sur le diaphragme améliore les résultats lors des tests d’extensibilité des IJ et lors des tests de mobilité de la colonne vertébrale, chez les patients avec un syndrome court des IJ.
Ils concluent que cette technique peut donc être un outil intéressant avec un effet immédiat sur les IJ courts.
Les limites de l’étude sont à mettre en lien avec l’absence de données sur les résultats à long terme, mais aussi avec l’utilisation d’une sonde à ultrasons en comparaison à une technique manuelle.
 
Conclusion
Nous pouvons donc dire que la normalisation du diaphragme par des techniques manuelles, est un point non négligeable à considérer lors de la prise en charge globale d’un patient. Comme nous venons de le voir, les effets à distance en particulier sur l’extensibilité des IJ et sur la mobilité vertébrale, lors de la mise en place de la technique du doming sur le diaphragme, nous laissent entrevoir les impacts de ce muscle sur l’ensemble d’une chaîne musculaire.
De notre point de vue, il sera important d’aller vérifier le bon état de fonctionnement du diaphragme, lors de la prise en charge d’un patient, pour une pathologie musculo-squelettique entre autre, tant ce dernier prend une place centrale que ce soit d’un point de vue anatomique ou fonctionnel.
 Germain Saniel


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