Comme nous l’avions vu dans un précèdent speed meeting (Syndrome fémoro-patellaire et adolescents : l’art de la patience), le syndrome fémoro-patellaire (SFP) est une pathologie courante et difficile, que l’on retrouve majoritairement chez les adolescents actifs ou les jeunes adultes et présentant des symptômes classiques de douleurs antérieures de genou se déclenchant le plus souvent aux accroupissements, à la course et à la descente des escaliers. Un débord latéral excessif de la patella a été cliniquement associé à un SFP et serait dû à une dysfonction du vaste médial oblique (VMO) du quadriceps comparativement au vaste latéral (VL) car ces muscles ont un rôle « antagoniste » mais nécessaire à un alignement correct de la patella dans la trochlée fémorale. Etant très difficile de mesurer directement et de façon isolée la force relative de chacun de ces deux « muscles », une évaluation de la taille de ces derniers serait sûrement une alternative clinique intéressante afin de déterminer s’il existe une dysfonction ou non du VMO. En effet, une plus grande atrophie du VMO comparativement au VL a été avancée dans le SFP et la recherche s’emploie désormais à trouver des outils qui pourraient valider scientifiquement cette hypothèse.
Si l’IRM est clairement considéré comme le gold standard dans la mesure de la taille circonférentielle du quadriceps, ce dernier est un examen long et coûteux et qui forcement empêche une utilisation fréquente et répandue chez les cliniciens (médecins ou kinésithérapeutes). De ce fait, l’utilisation de l’échographie en temps réel serait une alternative viable, pertinente et directement disponible dans les établissements de soins. De même, les mesures échographiques de l’épaisseur du quadriceps ont une bonne fiabilité et reproductibilité, sont rapidement effectuées et seraient de même fortement corrélées à la force du muscle.
Une revue systématique a trouvé, à partir d’une méta-analyse de mesures faites par imagerie, une atrophie du quadriceps chez les patients présentant un SFP unilatéral. Ces résultats n’étaient pourtant pas retrouvés à partir de mesures circonférentielles de cuisse effectuées chez ces patients [1] Ces résultats suggèrent que la prise manuelle de circonférence musculaire n’est pas aussi sensible que l’évaluation par imagerie et que l’utilisation de l’échographie pourrait par conséquent être une alternative intéressante à l’IRM. Le fait de savoir si une amyotrophie localisée ou générale du quadriceps est présente peut en effet considérablement influencer le plan de traitement thérapeutique. En pratique courante, une analyse visuelle subjective de l’amyotrophie localisée du VMO est souvent faite en comparaison avec le membre opposé supposé « sain » et reste malheureusement pour l’ensemble des thérapeutes la seule solution vu que la prise circonférentielle n’est pas validée. Ainsi donc, l’échographie pourrait permettre, dans le cas d’un SFP unilatéral, une analyse désormais objective et comparative de la taille du VMO et du VL entre les deux membres inférieurs du patient.
Le but de l’étude présentée ci-dessous [3] était d’étudier la validité des mesures de l’épaisseur du quadriceps grâce à l’utilisation de l’échographie en temps réel, en étudiant la corrélation IRM existante ou non sur la mesure de l’épaisseur, l’aire de section transversale (CSA) et le volume musculaire. Le premier objectif était de déterminer la validité de l’échographie dans la prise de mesure de l’épaisseur du VMO, VL, VM (vaste médial), VI (vaste intermédiaire) et DF (droit fémoral). Le second objectif était d’étudier les ratios d’épaisseur musculaire pouvant exister entre d’un côté le VMO et VM et de l’autre côté, le VL du quadriceps et de constater si oui ou non (ces ratios pouvant être différents sur un SFP unilatéral), ils l’étaient également sur les mesures IRM.
Les résultats de l’étude démontrent que les mesures de l’épaisseur musculaire réalisées par le le biais de l’échographie sont fortement corrélées avec celles faites par l’IRM pour tous les muscles supeficiels du quadriceps (VMO, VM, VL et RF). Il en est de même concernant la mesure du CSA et du volume pour les muscles VM, VL et RF. Concernant la mesure de l’atrophie sélective de la région médiale du quadriceps (VMO, VM), les ratios d’épaisseur entre le VMO, VM et VL, furent similaires entre l’échographie et l’IRM mais n’ont pu être déterminés isolement pour chaque membre inférieur.
Ainsi, les résulats de cette étude soulignent que l’utilisation de l’échographie est une alternative fiable, rapide et accesible dans la prise de mesure d’épaisseur de muscles superficiels. Cependant, des études ultérieures avec des échantillons plus importants devront être réalisées afin de déterminer s’il est possible d’évaluer de façon isolée un ratio négatif entre le VM et le VL sur un SFP unilatéral. Ceci pourrait alors avoir des conséquences non-négligeables sur la prise en charge de cette pathologie longue et fastidieuse. Répondant lentement et difficilement aux techniques kinésithérapiques actuelles, le SFP pourrait alors être mieux encadré par une stimulation accrue du VMO s’il est confirmé par des études plus importantes une atrophie spécifique de ce dernier au détriment d’une atrophie généralisée du quadriceps. Cela dit, il restera encore à déterminer comment agir de manière localisée sur cette portion médiale du quadriceps. Et là encore, c’est une autre histoire ...
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] Speed meeting « Syndrome fémoro-patellaire et adolescents: l’art de la patience »: The 6-year trajectory of non-traumatic knee symptoms (including patellofemoral pain) in adolescents and young adults in general practice: a study of clinical predictors. Br J Sports Med Nov 2014.
[2] Giles, L. S., Webster, K. E., McClelland, J. A., & Cook, J. (2013). Does quadriceps atrophy exist in individuals with patellofemoral pain? A systematic literature review with meta-analysis.
Journal of Orthopaedic and Sports Physical Therapy.
http://dx.doi.org/10.2519/jospt.2013.4833. Epub ahead of print 9 Sept 2013 (Epub ahead of print 9 Sept 2013)
CrossRef | Scopus (1)See all ReferencesGiles, Webster, McClelland, & Cook, 2013.
[3] Lachlan S. Giles, Kate E. Webster, Jodie A. McClelland, Jill Cook. Can ultrasound measurements of muscle thickness be used to measure the size of individual quadriceps muscles in people with patellofemoral pain? Physical Therapy in Sport 16 (2015) 45e52
Si l’IRM est clairement considéré comme le gold standard dans la mesure de la taille circonférentielle du quadriceps, ce dernier est un examen long et coûteux et qui forcement empêche une utilisation fréquente et répandue chez les cliniciens (médecins ou kinésithérapeutes). De ce fait, l’utilisation de l’échographie en temps réel serait une alternative viable, pertinente et directement disponible dans les établissements de soins. De même, les mesures échographiques de l’épaisseur du quadriceps ont une bonne fiabilité et reproductibilité, sont rapidement effectuées et seraient de même fortement corrélées à la force du muscle.
Une revue systématique a trouvé, à partir d’une méta-analyse de mesures faites par imagerie, une atrophie du quadriceps chez les patients présentant un SFP unilatéral. Ces résultats n’étaient pourtant pas retrouvés à partir de mesures circonférentielles de cuisse effectuées chez ces patients [1] Ces résultats suggèrent que la prise manuelle de circonférence musculaire n’est pas aussi sensible que l’évaluation par imagerie et que l’utilisation de l’échographie pourrait par conséquent être une alternative intéressante à l’IRM. Le fait de savoir si une amyotrophie localisée ou générale du quadriceps est présente peut en effet considérablement influencer le plan de traitement thérapeutique. En pratique courante, une analyse visuelle subjective de l’amyotrophie localisée du VMO est souvent faite en comparaison avec le membre opposé supposé « sain » et reste malheureusement pour l’ensemble des thérapeutes la seule solution vu que la prise circonférentielle n’est pas validée. Ainsi donc, l’échographie pourrait permettre, dans le cas d’un SFP unilatéral, une analyse désormais objective et comparative de la taille du VMO et du VL entre les deux membres inférieurs du patient.
Le but de l’étude présentée ci-dessous [3] était d’étudier la validité des mesures de l’épaisseur du quadriceps grâce à l’utilisation de l’échographie en temps réel, en étudiant la corrélation IRM existante ou non sur la mesure de l’épaisseur, l’aire de section transversale (CSA) et le volume musculaire. Le premier objectif était de déterminer la validité de l’échographie dans la prise de mesure de l’épaisseur du VMO, VL, VM (vaste médial), VI (vaste intermédiaire) et DF (droit fémoral). Le second objectif était d’étudier les ratios d’épaisseur musculaire pouvant exister entre d’un côté le VMO et VM et de l’autre côté, le VL du quadriceps et de constater si oui ou non (ces ratios pouvant être différents sur un SFP unilatéral), ils l’étaient également sur les mesures IRM.
Les résultats de l’étude démontrent que les mesures de l’épaisseur musculaire réalisées par le le biais de l’échographie sont fortement corrélées avec celles faites par l’IRM pour tous les muscles supeficiels du quadriceps (VMO, VM, VL et RF). Il en est de même concernant la mesure du CSA et du volume pour les muscles VM, VL et RF. Concernant la mesure de l’atrophie sélective de la région médiale du quadriceps (VMO, VM), les ratios d’épaisseur entre le VMO, VM et VL, furent similaires entre l’échographie et l’IRM mais n’ont pu être déterminés isolement pour chaque membre inférieur.
Ainsi, les résulats de cette étude soulignent que l’utilisation de l’échographie est une alternative fiable, rapide et accesible dans la prise de mesure d’épaisseur de muscles superficiels. Cependant, des études ultérieures avec des échantillons plus importants devront être réalisées afin de déterminer s’il est possible d’évaluer de façon isolée un ratio négatif entre le VM et le VL sur un SFP unilatéral. Ceci pourrait alors avoir des conséquences non-négligeables sur la prise en charge de cette pathologie longue et fastidieuse. Répondant lentement et difficilement aux techniques kinésithérapiques actuelles, le SFP pourrait alors être mieux encadré par une stimulation accrue du VMO s’il est confirmé par des études plus importantes une atrophie spécifique de ce dernier au détriment d’une atrophie généralisée du quadriceps. Cela dit, il restera encore à déterminer comment agir de manière localisée sur cette portion médiale du quadriceps. Et là encore, c’est une autre histoire ...
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] Speed meeting « Syndrome fémoro-patellaire et adolescents: l’art de la patience »: The 6-year trajectory of non-traumatic knee symptoms (including patellofemoral pain) in adolescents and young adults in general practice: a study of clinical predictors. Br J Sports Med Nov 2014.
[2] Giles, L. S., Webster, K. E., McClelland, J. A., & Cook, J. (2013). Does quadriceps atrophy exist in individuals with patellofemoral pain? A systematic literature review with meta-analysis.
Journal of Orthopaedic and Sports Physical Therapy.
http://dx.doi.org/10.2519/jospt.2013.4833. Epub ahead of print 9 Sept 2013 (Epub ahead of print 9 Sept 2013)
CrossRef | Scopus (1)See all ReferencesGiles, Webster, McClelland, & Cook, 2013.
[3] Lachlan S. Giles, Kate E. Webster, Jodie A. McClelland, Jill Cook. Can ultrasound measurements of muscle thickness be used to measure the size of individual quadriceps muscles in people with patellofemoral pain? Physical Therapy in Sport 16 (2015) 45e52