Paradoxalement à une société qui se sédentarise, une large frange de citadins se met à pratiquer une activité physique. Conscients des désordres physiques, physiologiques et psychologiques que notre monde moderne provoque sur nous à moyen et long terme, ces derniers investissent souvent brutalement le monde du sport. Mais cet engouement croissant des individus pour « la dépense calorique et le mouvement » les expose alors en contrepartie à des blessures potentielles, souvent dues à une préparation physique insuffisante voire inexistante. Le meilleur exemple étant la pratique des sports d’hiver mêlant une activité physique intense et exigeante à une absence de préparation. Il en résulte alors souvent un cortège de blessures de décembre à mars.
Face à ses coûts de santé directs et indirects élevés et dans l’optique de promouvoir un « sport-santé » en toute sécurité, beaucoup de propositions préventives sont de plus en plus proposées actuellement. Au cours des deux dernières décennies, les connaissances sur la prévention et le traitement des blessures sportives et ce, dans différents sports, a augmenté de façon exponentielle.
Toutefois, la mise en œuvre à grande échelle de cette volonté de « prévenir plutôt que de guérir » et ses coûts inhérents d'intervention par des protocoles de traitement efficaces se révèlent être un véritable défi futur.
Toutes les pistes de travail étant bonnes à explorer, une tentative par le milieu interactif du smartphone est tentée depuis quelques années via les applications téléchargeables. Ces solutions mobiles sont particulièrement intéressantes pour la diffusion de l’'information relative à la prévention et au traitement des blessures majoritairement rencontrées dans le cadre sportif et pour lesquelles la demande d’information est souvent forte et instantanée.
Si l’on observe les chiffres, on constate que l’accès aux plates-formes mobiles n’est pas un facteur limitant car il a été estimé qu'environ 80% de la population mondiale possède désormais un mobile [1]. Cela équivaut à plus de cinq milliards de téléphones mobiles dans le monde, dont environ un milliard sont des smartphones. De même, près de 90% des utilisateurs de smartphones utilisent leur téléphone tout au long de la journée et l'utilisation d'applications mobiles a augmenté de 43 min par jour en juin 2009 à 94 min par jour en décembre 2011 [2].
Et bien que la plate-forme Android ait la plus grande part de marché, les utilisateurs d'iOS téléchargent le plus grand nombre d'applications différentes par mois.
En réponse à ce développement grandissant des applications et à cet apport « e-préventif » de certaines, une étude parue ce mois-ci dans le BJSM [3] s’est attardée à établir la liste des applications disponibles et de confronter leurs prétentions réelles dans la prévention des blessures liées à la pratique sportive face aux éléments de preuve scientifiques disponibles actuellement.
L'App Store US a été utilisée. Les mots-clés recherchés furent « blessure », « prévention » et « réhabilitation ». Les familles d’applications « santé et fitness », « sports » et « médical » contenant une visée préventive dans le nom de l’application, dans sa description ou sa représentation graphique ont été également incluses. Les recherches ont été menées pour les applications iPhone et iPad.
Résultats : Sur les 64 873 applications recensées, 18 répondaient aux critères d'inclusion mais seulement 4 de ces applications contenait des arguments pour lesquelles des preuves scientifiques étaient disponibles: 3 applications concernent l’entorse de la cheville (« Ankle », « Elastoplast » et « Medical i-Rehab Anklesprain ») et 1 application fournie une routine préventive contre la blessure du ligament croisé antérieur (« iPrevent ACL injuries »).
Cette étude met en avant le fait paradoxal que les applications contenant des conseils fondés sur les preuves bien qu’en moyenne, moins coûteuses, avait cependant une note d’utilisateur inférieure (appréciation subjective de l’acheteur). Ainsi, il semble que les applications ayant le manque de preuves le plus important sont le plus téléchargés par les clients. C'est peut-être parce qu'elles se trouvent plus facilement et/ou parce que les développeurs d'applications commerciales comprennent le moteur de recherche d'iTunes mieux que les scientifiques. La plupart des développeurs étant en effet guidés plus par un but commercial que scientifique.
Une limite de l'étude est que le moteur de recherche de l'App Store n'est pas fait pour une recherche scientifique rigoureuse. Après chaque requête de recherche, chaque application doit être vérifiée car il n'est pas possible d'organiser les résultats de recherche par catégorie. Par conséquent, il est probable que toutes les applications qui énoncent des mesures préventives n’aient pas été incluses dans l’étude. Une autre limite est l'absence de preuves actuelles pour certaines pistes de prévention. En effet, il est possible que certaines mesures de prévention liées à des blessures sportives n’aient pas été évaluées scientifiquement et donc définies comme « absence de preuve » par défaut.
L’intérêt de cet article, cependant, est que c'est le premier à examiner les applications de smartphones qui prétendent proposer des contenus préventifs pour les blessures liées à l’activité physique et au sport. La faiblesse de résultats positifs démontrée par la procédure de l’étude démontre néanmoins avec force tout l’intérêt de développer cette part de marché disponible tant pour la santé économique des programmeurs que celle des sportifs occasionnels ou assidus.
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] http://www.go-gulf.com/blog/smartphone.
[2] http://blog.flurry.com/bid/80241/Mobile-App-Usage-Further-Dominates-Web-Spurred-by-Facebook
[3] D. M. van Mechelen, W. van Mechelen, E. A. L. M Verhagen. Sports injury prevention in your pocket?! Prevention apps assessed against the available scientific evidence: a review. Br J Sports Med Published Online First: 19 March 2013 doi: 10.1136/bjsports-2012-092136
Face à ses coûts de santé directs et indirects élevés et dans l’optique de promouvoir un « sport-santé » en toute sécurité, beaucoup de propositions préventives sont de plus en plus proposées actuellement. Au cours des deux dernières décennies, les connaissances sur la prévention et le traitement des blessures sportives et ce, dans différents sports, a augmenté de façon exponentielle.
Toutefois, la mise en œuvre à grande échelle de cette volonté de « prévenir plutôt que de guérir » et ses coûts inhérents d'intervention par des protocoles de traitement efficaces se révèlent être un véritable défi futur.
Toutes les pistes de travail étant bonnes à explorer, une tentative par le milieu interactif du smartphone est tentée depuis quelques années via les applications téléchargeables. Ces solutions mobiles sont particulièrement intéressantes pour la diffusion de l’'information relative à la prévention et au traitement des blessures majoritairement rencontrées dans le cadre sportif et pour lesquelles la demande d’information est souvent forte et instantanée.
Si l’on observe les chiffres, on constate que l’accès aux plates-formes mobiles n’est pas un facteur limitant car il a été estimé qu'environ 80% de la population mondiale possède désormais un mobile [1]. Cela équivaut à plus de cinq milliards de téléphones mobiles dans le monde, dont environ un milliard sont des smartphones. De même, près de 90% des utilisateurs de smartphones utilisent leur téléphone tout au long de la journée et l'utilisation d'applications mobiles a augmenté de 43 min par jour en juin 2009 à 94 min par jour en décembre 2011 [2].
Et bien que la plate-forme Android ait la plus grande part de marché, les utilisateurs d'iOS téléchargent le plus grand nombre d'applications différentes par mois.
En réponse à ce développement grandissant des applications et à cet apport « e-préventif » de certaines, une étude parue ce mois-ci dans le BJSM [3] s’est attardée à établir la liste des applications disponibles et de confronter leurs prétentions réelles dans la prévention des blessures liées à la pratique sportive face aux éléments de preuve scientifiques disponibles actuellement.
L'App Store US a été utilisée. Les mots-clés recherchés furent « blessure », « prévention » et « réhabilitation ». Les familles d’applications « santé et fitness », « sports » et « médical » contenant une visée préventive dans le nom de l’application, dans sa description ou sa représentation graphique ont été également incluses. Les recherches ont été menées pour les applications iPhone et iPad.
Résultats : Sur les 64 873 applications recensées, 18 répondaient aux critères d'inclusion mais seulement 4 de ces applications contenait des arguments pour lesquelles des preuves scientifiques étaient disponibles: 3 applications concernent l’entorse de la cheville (« Ankle », « Elastoplast » et « Medical i-Rehab Anklesprain ») et 1 application fournie une routine préventive contre la blessure du ligament croisé antérieur (« iPrevent ACL injuries »).
Cette étude met en avant le fait paradoxal que les applications contenant des conseils fondés sur les preuves bien qu’en moyenne, moins coûteuses, avait cependant une note d’utilisateur inférieure (appréciation subjective de l’acheteur). Ainsi, il semble que les applications ayant le manque de preuves le plus important sont le plus téléchargés par les clients. C'est peut-être parce qu'elles se trouvent plus facilement et/ou parce que les développeurs d'applications commerciales comprennent le moteur de recherche d'iTunes mieux que les scientifiques. La plupart des développeurs étant en effet guidés plus par un but commercial que scientifique.
Une limite de l'étude est que le moteur de recherche de l'App Store n'est pas fait pour une recherche scientifique rigoureuse. Après chaque requête de recherche, chaque application doit être vérifiée car il n'est pas possible d'organiser les résultats de recherche par catégorie. Par conséquent, il est probable que toutes les applications qui énoncent des mesures préventives n’aient pas été incluses dans l’étude. Une autre limite est l'absence de preuves actuelles pour certaines pistes de prévention. En effet, il est possible que certaines mesures de prévention liées à des blessures sportives n’aient pas été évaluées scientifiquement et donc définies comme « absence de preuve » par défaut.
L’intérêt de cet article, cependant, est que c'est le premier à examiner les applications de smartphones qui prétendent proposer des contenus préventifs pour les blessures liées à l’activité physique et au sport. La faiblesse de résultats positifs démontrée par la procédure de l’étude démontre néanmoins avec force tout l’intérêt de développer cette part de marché disponible tant pour la santé économique des programmeurs que celle des sportifs occasionnels ou assidus.
Texte écrit par Arnaud Douville de franssu
[1] http://www.go-gulf.com/blog/smartphone.
[2] http://blog.flurry.com/bid/80241/Mobile-App-Usage-Further-Dominates-Web-Spurred-by-Facebook
[3] D. M. van Mechelen, W. van Mechelen, E. A. L. M Verhagen. Sports injury prevention in your pocket?! Prevention apps assessed against the available scientific evidence: a review. Br J Sports Med Published Online First: 19 March 2013 doi: 10.1136/bjsports-2012-092136