INTRODUCTION
Un programme de réhabilitation basé sur des critères progressifs composés d’outils fiables et valides est souhaitable lors de la gestion des blessures musculaires aux ischio-jambiers [1 ; 2]. Malheureusement, des critères spécifiques et progressifs ne sont que très rarement décrits et validés.
Le clinicien est quant à lui au centre de la prise en charge de la blessure des athlètes pour faire évoluer les programmes de réhabilitation [1 ; 2]. L’étape la plus importante et la plus complexe est vraisemblablement la décision de retour à l’activité sportive (« Return to sport » : RTS) en raison de l’impact sur la disponibilité du sportif et sur le risque de récidive. Comme pour le reste de la rééducation, cette décision est prise avec peu de critères validés.
Pour tous les athlètes et particulièrement pour les athlètes professionnels, l’évaluation fonctionnelle spécifique sur le terrain est largement acceptée comme approche pratique pour évaluer la fin de la prise en charge de la blessure et autoriser le retour à l’entraînement [1 ; 3]. Néanmoins, une revue de littérature de 2005, s’intéressant au RTS, conclue que critères et niveau de preuves sont insuffisants, recommandant que les futures études se concentrent sur l’évaluation isocinétique afin de guider le retour sur le terrain [3]. Malgré cette recommandation il subsiste un manque de consensus pour déterminer l’utilité de l’évaluation isocinétique comme critère de RTS [4].
Creighton et al. proposent un modèle décisionnel pour le RTS basé sur 3 étapes incluant l’évaluation isocinétique et des tests spécifiques sur le terrain dans la première étape [5]. Il est souvent admis, que le muscle lésé dans la période de retour sur le terrain, doit atteindre un niveau de force équivalent au membre sain, avec une différence tolérée de 5% à 10% [6].
L’hypothèse de l’étude présentée aujourd’hui, publiée en janvier 2014 dans le BJSM [7], est que malgré l’achèvement d’un programme de rééducation basé sur des critères progressifs permettant une guérison clinique complète, la normalisation de la fonction isocinétique n’est pas toujours atteinte.Ainsi, l’objectif de cette étude est d’évaluer les variables isocinétiques d’une cohorte de joueurs de football professionnels blessés aux ischio-jambiers qui ont terminé une programme de rééducation en 6 étapes comprenant une réathlétisation fonctionnelle spécifique sur le terrain.
Méthodes
- Sujets : Cette étude fait partie d’un essai contrôlé randomisé sur les effets du plasma riche en plaquettes sur les blessures aux ischio-jambiers.
Pour cette étude, ont été inclus les joueurs répondant aux critères d’éligibilités présentés ci-contre, puis ont suivi un programme de rééducation basé sur des critères progressifs en 6 étapes, incluant la réussite à des tests fonctionnels de terrain (« functional field testing » = FFT), spécifiques au football.
Les données ont été recueillies entre novembre 2009 et mai 2013.
- Programme de rééducation : Les participants ont suivi le programme de réhabilitation comprenant de la physiothérapie standard ainsi qu’une gamme d’exercices du renforcement musculaire, du gainage, des exercices d’agilité (voir programme ci-dessous), encadrés par 3 kinésithérapeutes expérimentés dans le suivi d’athlètes de haut niveau.
- Tests spécifiques FFT : Après la réussite des 3 premières étapes du programme de réhabilitation, les dernières étapes ont été supervisées par un réathlétiseur. Le programme consistait à une augmentation progressive du volume et de l’intensité avec sprints, changements de direction, sauts, passes, tirs, courses intermittentes, exercices d’attaque en 1 contre 1 et de défense reproduisant la fatigue musculaire et une compétitivité proche des situations réelles de jeu.
La réussite de ces tests a été définie comme la capacité à réaliser l’ensemble des situations spécifiques sans limitation ni symptômes évidents avec validation d’un médecin du sport le jour des tests.
- Tests isocinétiques : Suite aux tests FFT, les athlètes ont été évalués sur un appareil isocinétique (Biodex).
Un échauffement standardisé de 6’ sur vélo avec une résistance équivalente à 1,5 fois le poids du corps à cadence libre, généralement autour de 85 rpm) puis 4’ d’échauffement libre, typiquement composé d’étirements activo-dynamiques, de gammes athlétiques ou d’étirements libres a été réalisé.
Avant chaque test, a été effectué un échauffement sur l’appareil isocinétique avec un minimum de 3 essais avant chaque test. Des encouragements verbaux ont été donnés.
Le test a été fait selon les modalités suivantes :
o 5 répétitions - 60°/s - Qcon / IJcon
o 10 répétitions - 300°/s - Qcon / IJcon
o 5 répétitions - 60°/s - IJexc
La première étape pour le RTS s’est basée sur l’examen médical, y compris le succès et l’achèvement asymptomatique du programme de réhabilitation décrit ci-dessus et les résultats isocinétiques. Le test isocinétique n’a été qu’un élément d’une stratégie globale du modèle du RTS. Si au cours de l’évaluation le médecin constatait une impossibilité de reprise, le joueur était invité à prolonger sa réhabilitation avant nouvelle évaluation.
- Sujets : Cette étude fait partie d’un essai contrôlé randomisé sur les effets du plasma riche en plaquettes sur les blessures aux ischio-jambiers.
Pour cette étude, ont été inclus les joueurs répondant aux critères d’éligibilités présentés ci-contre, puis ont suivi un programme de rééducation basé sur des critères progressifs en 6 étapes, incluant la réussite à des tests fonctionnels de terrain (« functional field testing » = FFT), spécifiques au football.
Les données ont été recueillies entre novembre 2009 et mai 2013.
- Programme de rééducation : Les participants ont suivi le programme de réhabilitation comprenant de la physiothérapie standard ainsi qu’une gamme d’exercices du renforcement musculaire, du gainage, des exercices d’agilité (voir programme ci-dessous), encadrés par 3 kinésithérapeutes expérimentés dans le suivi d’athlètes de haut niveau.
- Tests spécifiques FFT : Après la réussite des 3 premières étapes du programme de réhabilitation, les dernières étapes ont été supervisées par un réathlétiseur. Le programme consistait à une augmentation progressive du volume et de l’intensité avec sprints, changements de direction, sauts, passes, tirs, courses intermittentes, exercices d’attaque en 1 contre 1 et de défense reproduisant la fatigue musculaire et une compétitivité proche des situations réelles de jeu.
La réussite de ces tests a été définie comme la capacité à réaliser l’ensemble des situations spécifiques sans limitation ni symptômes évidents avec validation d’un médecin du sport le jour des tests.
- Tests isocinétiques : Suite aux tests FFT, les athlètes ont été évalués sur un appareil isocinétique (Biodex).
Un échauffement standardisé de 6’ sur vélo avec une résistance équivalente à 1,5 fois le poids du corps à cadence libre, généralement autour de 85 rpm) puis 4’ d’échauffement libre, typiquement composé d’étirements activo-dynamiques, de gammes athlétiques ou d’étirements libres a été réalisé.
Avant chaque test, a été effectué un échauffement sur l’appareil isocinétique avec un minimum de 3 essais avant chaque test. Des encouragements verbaux ont été donnés.
Le test a été fait selon les modalités suivantes :
o 5 répétitions - 60°/s - Qcon / IJcon
o 10 répétitions - 300°/s - Qcon / IJcon
o 5 répétitions - 60°/s - IJexc
La première étape pour le RTS s’est basée sur l’examen médical, y compris le succès et l’achèvement asymptomatique du programme de réhabilitation décrit ci-dessus et les résultats isocinétiques. Le test isocinétique n’a été qu’un élément d’une stratégie globale du modèle du RTS. Si au cours de l’évaluation le médecin constatait une impossibilité de reprise, le joueur était invité à prolonger sa réhabilitation avant nouvelle évaluation.
Résultats
52 joueurs ont été inclus dans l’étude, avec un âge moyen de 24,9 ans. Les lésions ont été classées suivant la classifcation IRM (Peetrons) :
- Grade 0 : Négatif
- Grade 1 : Œdème (27%)
- Grade 2 : Perturbations architecturales ruptures partielles (48%)
- Grade 3 : Rupture musculaire
Le temps moyen entre la blessure et le test isocinétique a été de 21 jours. Les caractéristiques isocinétiques des joueurs sont ci-dessous :
Le pourcentage des joueurs avec un déficit de 10% pour les ischio-jambiers en concentrique (60°/s et 300°/s) et en excentrique (60°/s) était respectivement de 39%, 29% et 28%. Le tableau 3 présente les données isocinétiques de la population récidivante en comparaison avec le reste de la population.
Aucune différence significative n’a été trouvée lorsque l’on compare le pic de couple des joueurs sans récidive (N=46), des joueurs avec récidive (N=6).
Conclusions
Dans cette étude, les auteurs observent qu’il persiste pour 67% des footballeurs blessés aux ischio-jambiers ayant cliniquement récupérées, un déficit musculaire isocinétique de plus de 10%.
Le casse-tête créé par ces résultats est que malgré une autorisation de RTS fondée sur la réussite du programme de réhabilitation, des déficits isocinétiques seront encore présents pour 67% des joueurs.
La normalisation de la force isocinétique des ischio-jambiers ne semble pas être nécessaire pour la réussite du programme de réhabilitation spécifique.
En raison du faible taux de rechutes, le possible lien entre le déficit de force isocinétique et la majoration du risque de récidives reste aujourd’hui inconnu.
52 joueurs ont été inclus dans l’étude, avec un âge moyen de 24,9 ans. Les lésions ont été classées suivant la classifcation IRM (Peetrons) :
- Grade 0 : Négatif
- Grade 1 : Œdème (27%)
- Grade 2 : Perturbations architecturales ruptures partielles (48%)
- Grade 3 : Rupture musculaire
Le temps moyen entre la blessure et le test isocinétique a été de 21 jours. Les caractéristiques isocinétiques des joueurs sont ci-dessous :
Le pourcentage des joueurs avec un déficit de 10% pour les ischio-jambiers en concentrique (60°/s et 300°/s) et en excentrique (60°/s) était respectivement de 39%, 29% et 28%. Le tableau 3 présente les données isocinétiques de la population récidivante en comparaison avec le reste de la population.
Aucune différence significative n’a été trouvée lorsque l’on compare le pic de couple des joueurs sans récidive (N=46), des joueurs avec récidive (N=6).
Conclusions
Dans cette étude, les auteurs observent qu’il persiste pour 67% des footballeurs blessés aux ischio-jambiers ayant cliniquement récupérées, un déficit musculaire isocinétique de plus de 10%.
Le casse-tête créé par ces résultats est que malgré une autorisation de RTS fondée sur la réussite du programme de réhabilitation, des déficits isocinétiques seront encore présents pour 67% des joueurs.
La normalisation de la force isocinétique des ischio-jambiers ne semble pas être nécessaire pour la réussite du programme de réhabilitation spécifique.
En raison du faible taux de rechutes, le possible lien entre le déficit de force isocinétique et la majoration du risque de récidives reste aujourd’hui inconnu.
Texte écrit par Erwann Le Corre
Bibliographie
[1] Thorborg K. Why hamstring eccentrics are hamstring essentials. Br J Sports Med 2012;46:463–5.
[2] Mendiguchia J, Brughelli M. A return-to-sport algorithm for acute hamstring injuries. Phys Ther Sport 2011;12:2–14.
[3] Orchard J, Best TM, Verrall GM. Return to play following muscle strains. Clin J Sport Med Off J Can Acad Sport Med 2005;15:436–41.
[4] Delvaux F, Rochcongar P, Bruyere O, et al. Return-to-play criteria after hamstring injury: actual medicine practice in professional soccer teams. Br J Sports Med 2013;47:e3.
[5] Creighton DW, Shrier I, Shultz R, et al. Return-to-play in sport: a decision-based model. Clin J Sport Med 2010;20:379–85.
[6] Croisier J-L, Forthomme B, Namurois M-H, et al. Hamstring muscle strain recurrence and strength performance disorders. Am J Sports Med 2002;30:199–203.
[7] Tol JL, et al. At return to play following hamstring injury the majority of professional football players have residual isokinetic deficits. Br J Sports Med 2014;0:1–7. doi:10.1136/bjsports-2013-093016
Bibliographie
[1] Thorborg K. Why hamstring eccentrics are hamstring essentials. Br J Sports Med 2012;46:463–5.
[2] Mendiguchia J, Brughelli M. A return-to-sport algorithm for acute hamstring injuries. Phys Ther Sport 2011;12:2–14.
[3] Orchard J, Best TM, Verrall GM. Return to play following muscle strains. Clin J Sport Med Off J Can Acad Sport Med 2005;15:436–41.
[4] Delvaux F, Rochcongar P, Bruyere O, et al. Return-to-play criteria after hamstring injury: actual medicine practice in professional soccer teams. Br J Sports Med 2013;47:e3.
[5] Creighton DW, Shrier I, Shultz R, et al. Return-to-play in sport: a decision-based model. Clin J Sport Med 2010;20:379–85.
[6] Croisier J-L, Forthomme B, Namurois M-H, et al. Hamstring muscle strain recurrence and strength performance disorders. Am J Sports Med 2002;30:199–203.
[7] Tol JL, et al. At return to play following hamstring injury the majority of professional football players have residual isokinetic deficits. Br J Sports Med 2014;0:1–7. doi:10.1136/bjsports-2013-093016