Contention de cheville

Introduction

Les entorses de cheville sont les blessures les plus communes dans de nombreuses pratiques sportives (basketball : 15,9%, volleyball : 45,6%, football : 21,2%...). Outre les incapacités fonctionnelles que cette pathologie engendre de façon transitoire, l’entorse de cheville donne souvent lieu à des symptômes résiduels tels que la douleur ou l’instabilité. Le taux de récidive va de 3 à 34% en fonction des études. Afin de prévenir l’entorse de cheville, certains athlètes utilisent des contentions.

1. Présentation théorique et description de la technique

Champs d’application

La contention de cheville peut être utilisées dans plusieurs cas de figure. La première étant à titre curatif. En effet, lors de la survenue d’une entorse de cheville, en fonction du stade lésionnel, il pourra être décidé que le sportif devra porter une contention dans un délai cohérent avec l’étendue de la lésion. D’autre part, la contention de cheville peut également être utilisée à titre préventif (c’est ce que nous considérons dans le présent article) : dans un objectif de prévention primaire, c’est-à-dire sans qu’il n’y ai eu d’épisode passé d’entorse de cheville ou dans un objectif de prévention secondaire impliquant un épisode initial d’entorse de cheville. Dans ce deuxième cas de figure, la contention aura pour but de réduire les symptômes persistant ou de prévenir la récidive.

Description

Il existe de nombreux types de contentions et de nombreuses marques. De manière générale il est possible de distinguer les contentions rigides, les contentions semi-rigides, les contentions souples et les contentions types « lace-up ». Les études présentées prennent en comptes tous les types de contentions type. La réalisation d’une contention souple type « strapp » est dépendante des capacités de réalisation de l’opérateur. Ce type de contention est à usage unique. Les avantages majeurs des autres contentions sont qu’elles sont réutilisables, ajustables, et lavables. Le design de la contention conditionnera les amplitudes qu’elle limitera (certaines recouvrent en grande partie l’avant-pied alors que d’autres se concentrent principalement au niveau de l’articulation talo-crurale).

Effets escomptés de la technique

L’objectif de la contention est de réduire la fréquence d’entorse de cheville en fournissant à l’articulation un support externe prophylactique. Ce support externe permettrait de diminuer les mouvements d’éversion et d’inversion qui représentent des mécanismes lésionnels potentiels et de ce fait diminuerait le stress appliqué aux ligaments.

2. Retour scientifique sur la technique

Étude n°1 : Ankle bracing is effective for primary and secondary prevention of acute ankle injuries, Barelds et Al, 2018

Le but de cette revue systématique est d’étudier l’efficacité de la contention de cheville dans un contexte de prévention secondaire et de prévention primaire chez des sportifs en la comparant à des conditions sans contentions. Pour la réalisation de cette méta-analyse, les auteurs ont inclus 6 essais contrôlés randomisés :

5 études ont comparé la contention de cheville à l’absence de traitement dans un objectif de prévention primaire. Les auteurs ont trouvé un rapport de risque significatif de 0,53, indiquant que les athlètes sans historique d’entorse de cheville portant une contention ont un risque diminué de 47% par rapport à ceux n’en portant pas.
6 études ont comparé la contention de cheville à l’absence de traitement dans un objectif de prévention secondaire. Les auteurs ont trouvé un rapport de risque significatif de 0,37 indiquant que les athlètes sans historique d’entorse de cheville portant une contention ont un risque diminué de 63% par rapport à ceux n’en portant pas.

Les auteurs n’ont pas mis en évidence de différences significatives entre contention souple, semi-rigide et rigide en terme d’efficacité. Le facteur le plus important de choix de la contention est le confort du sportif dans la mesure où il conditionnera la compliance. Sur la base de ces résultats, il est recommandé aux athlètes avec des antécédents d’entorse de cheville pratiquant des sports dans lesquels ce type de pathologie est fréquente, de porter une contention. D’après les auteurs, cette recommandation s’appliquerait également au sportifs sans antécédents d’entorse de cheville dans la mesure où après lésion les risques de récidive et de symptômes résiduels sont augmentés

Étude n°2 : The effect of bracing and balance training on ankle sprain incidence among athletes, Bellows et Al, 2018

Le but de cette revue était de comparer les effets des exercices d’équilibre et la contention dans un objectif de réduire l’incidence et le risque relatif d’entorse de cheville chez les athlètes de haut niveau avec ou sans historique d’entorse. Les études inclues rapportaient les résultats de 7195 athlètes de niveau compétitif au lycée au niveau professionnel. Les types de contention utilisées étaient la Mc David Ulralightâ, la DonJoy ankle stabilizingâ, et la Sport Stirrupâ (aircast). Les résultats montrent que les sportifs portant une contention avaient un risque réduit de 64% de présenter une entorse de cheville. Les athlètes réalisant des exercices d’entrainement pour l’équilibre présentaient eux, un risque réduit de 46% par rapport à ceux ne faisant rien. Les résultats concernant l’entrainement à l’équilibre doivent être utilisés avec précautions dans la mesure où les types d’exercices sont relativement hétérogènes.

Étude n°3 : Assessing performance, stability, and cleat comfort/support in collegiate club soccer players using prophylactic ankle taping, Sean Stryker et Al, 2016

Le but de cette étude était de déterminer si l’ajout d’un support externe au niveau de l’articulation de la cheville (strapp ou contention type manchon en néoprène) avait un effet sur la performance, la stabilité et le confort chez des joueurs de football portant des crampons standards. Les sujets ont été évalués sur un sprint de 40m environ, sur un saut vertical, sur un exercice de passe sur une cible, sur un exercice de passe de part et d’autre de cônes, sur la stabilité et par un système de scorring d’erreur d’équilibre. Les auteurs ont également évalué les amplitudes articulaires, le seuil de détection du mouvement passif, le confort et le support ressenti par le sportif pour chaque conditions : crampons seuls, strapp (Louisiana Wrap) et crampons, manchon néoprène et crampons. Les résultats montrent qu’il n’y a aucune différence de performance entre les 3 conditions. Les sensations rapportées par les sportifs concernant le support et le confort sont également similaires entre les différentes conditions. Il existe cependant des différences en terme de stabilité : les mouvements d’inversion et d’éversion sont significativement limitées par les contentions et le sont significativement plus avec le strapp.

Conclusion

Ces résultats montrent que l’utilisation d’une contention, de quelque nature qu’elle soit, permet d’augmenter la stabilité de la cheville et de ce fait permettrait de limiter la survenue d’entorse de cheville ou d’en éviter la récidive. La réserve qu’il est possible d’émettre concernant les contentions type strapp est que la limitation passive de l’amplitude d‘inversion retrouvée juste après la pose a complètement disparue après 45 minutes de jeu. Cette diminution de l’efficacité de la contention peut être limitée par l’utilisation de bandes adhésives non élastiques. Il serait intéressant de mettre en parallèle l’efficacité et l’impact sur la performance de tous ces types de contentions dans une seule et même étude.

Bibliographie

Ankle bracing is effecive for primary and secondary prevention of acute ankle injuries in athletes : a systematic review and meta-analyses, Barelds et Al Sports Medecin 2018, Doi : 10.1007/s40279-018-0993-2
The effect of bracing and balace training on ankle sprain incidence among athletes: a systematic review with meta-analyses, Rachel Beloows et Al, IJSPT Juin 2018, Doi : 10.26603/ijspt20180379

Assessing performance, stability, and cleat comfort/support in collegiate club soccer players using prophylactic ankle taping and bracing, Research in sports medicine, 2016, Doi : 10.1080/15438627.2015.1126274