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Concepts actuels en réadaptation pour l'instabilité antérieure traumatique de l'épaule



Concepts actuels en réadaptation pour l'instabilité antérieure traumatique de l'épaule

Introduction


L'articulation gléno-humérale est l'articulation diarthrodiale la plus souvent luxée dans le corps humain [1]. L'optimisation des structures dynamiques autour de l'articulation gléno-humérale fait partie intégrante de la restauration de la stabilité à la fois des épaules traitées de façon fonctionnelle et des épaules stabilisées chirurgicalement après une lésion d'instabilité antérieure.

Les objectifs de cet article sont de (1) passer en revue les preuves et les concepts actuels entourant la réadaptation dans les lésions de l'instabilité antérieure de l'épaule et les réparations chirurgicales ; (2) fournir le protocole de réadaptation de notre établissement et l'évaluation fonctionnelle et test de performance après chirurgie; et (3) identifier les zones pour les futurs travaux de rééducation antérieure de l'instabilité de l'épaule.
 

Réadaptation après un épisode d'instabilité antérieure traumatique


La majorité des personnes ayant subi une première luxation antérieure de l'épaule sont traitées de façon non opératoire, bien qu'il y ait une tendance croissante à envisager une prise en charge chirurgicale chez les patients plus jeunes (moins de 30 ans) et les personnes à haut risque comme les athlètes.
 
  • Phase aiguë = Phase 1
 
Les objectifs de la phase initiale d'après un événement d'instabilité important sont :
  • Réduire la douleur, l'inflammation et la protection musculaire.
  • Protéger la cicatrisation des tissus mous et minimiser les dommages de la capsule articulaire.
  • Minimiser les effets négatifs de l’immobilisation.
  • Rétablir la stabilité articulaire dynamique et la proprioception.
 
L’immobilisation demeure nécessaire. Mais une méta-analyse récente de six essais contrôlés randomisés comparant l’immobilisation en RE et RI n'a trouvé aucune différence entre les deux groupes dans le taux de récidive [9]. En outre, certaines personnes peuvent ne pas nécessiter d’immobilisation alors que d'autres peuvent en avoir besoin de 1-2 semaines selon les symptômes, le mécanisme et la laxité de l’épaule.
 
La mobilisation précoce de l'articulation gléno-humérale est initiée dans une amplitude protégée basée sur les symptômes de l'individu, et permettra de favoriser la guérison, d’améliorer l'organisation du collagène d’aider à diminuer la douleur. Des modalités telles que la glace et la stimulation nerveuse électrique transcutanée [11] peuvent également être des adjuvants utiles.

La restauration de la stabilité dynamique des articulations est initiée dans la phase aiguë et subaiguë avec l’utilisation d’exercices isométriques sous maximaux sans douleur pour minimiser l'atrophie musculaire de l'épaule.

Les exercices en chaîne cinétique fermée dans une amplitude protégée peuvent être effectués pour aider à restaurer la proprioception commune. Des exercices de stabilisation rythmiques pour faciliter les contractions musculaires dans le plan scapulaire en dessous de 30 ° peuvent également être réalisés. Les exercices scapulaires pour activer la musculature périscapulaire sont également importants (Fig. 1).

Concepts actuels en réadaptation pour l'instabilité antérieure traumatique de l'épaule
  • Phase intermédiaire – Phase II
 
Les objectifs de cette phase comprennent :
  • L'obtention d'un mouvement passif et actif presque complet.
  • Les exercices en flexion et RE/RI peuvent être débutés à 90 ° d'abduction, bien que la RE soit limitée à 45-50 ° jusqu'à 4 à 8 semaines afin d'éviter de stresser les structures capsulo ligamentaires en voie de guérison. [3]
Les exercices isotoniques sont commencés pendant la phase intermédiaire en mettant l'accent sur les rotateurs internes et externes et les muscles scapulaires pour maximiser la stabilité dynamique. Les exercices en chaîne cinétique fermée peuvent être complexifier. Des exercices supplémentaires sur l'omoplate, le tronc et la hanche aideront à assurer une bonne stabilité et une bonne posture.
 
  • Renforcement avancé et retour au sport après une blessure - Phase III
 
La progression des exercices isotoniques est réalisée dans cette phase, en particulier dans les positions fonctionnelles du sport y compris à 90 ° d'abduction.

A cause du lien entre fatigue, contrôle neuro musculaire et instabilité gléno humérale, on insistera sur des exercices à faible résistance mais grands nombres de répétitions (20 à 30).
 
Une augmentation graduelle de la résistance à l'aide d'exercices isotoniques tels que le développé couché et le tirage assis peuvent être incorporés dans les zones protégées. On veillera également à intégrer des exercices pliométriques en progression visant à améliorer le contrôle neuro-musculaire (exemple : lancer à 2 mains, puis 1 main contre un trampoline).
 

Réadaptation après réparation capsuloligamentaire antérieure - arthroscopique ou ouverte


 
  • Phase I : Phase immédiate après une réparation labrale antérieure (0-6 Semaines).
 
Divers auteurs ont suggéré 3 à 6 semaines d'immobilisation après réparation labrale [20, 23-25].
 
Pendant les deux premières semaines, la récupération de l’amplitude passive est initiée en fonction de la tolérance individuelle mais limitée.
À 3-4 semaines, la ROM est augmentée, mais toujours restreinte :  
  • Flexion passive à 90 °,
  • RE à 25-30 ° et la RI à 55-60 ° dans le plan scapulaire.
 
Des exercices de renforcement légers (isométrie, stabilisation rythmique, proprioception) sont effectués pour restaurer la stabilité dynamique des articulations.

L'objectif des 6 premières semaines après la chirurgie est de protéger la guérison du tissu réparé, réduire la douleur, le dysfonctionnement postural et promouvoir la stabilité dynamique et la restauration de l’amplitude passive et active assistée dans les amplitudes protégées pour limiter les effets délétères de l'immobilisation, et promouvoir l'organisation et la maturation des tissus de guérison grâce à un stimulus mécanique contrôlé. [18-22].
 
  • Phase II : phase intermédiaire après une réparation labrale antérieure (7-12 semaines)
Les objectifs de la phase intermédiaire de récupération sont de restaurer le ROM et de commencer les exercices de renforcement de la coiffe des rotateurs et des stabilisateurs scapulaires.
 
Le ROM, qui comprend le mouvement passif et actif, progresse lentement dans tous les plans, y compris les rotations internes et externes à 90 ° d'abduction. Un renforcement léger des rotateurs externes et des stabilisateurs scapulaires est effectué. L’entrainement en restriction du débit sanguin et les NMES sont des outils intéressants à utiliser pendant cette phase pour le renforcement. (Figure 3.a) (Voir Speed Meeting sur Blood Flow Restriction).

L'entraînement par restriction de débit sanguin (BFR) s'est avéré efficace pour augmenter la force musculaire et la circonférence de l'épaule [27]. La pertinence clinique de cet entrainement inclut la capacité de réaliser des gains de force plus tôt dans la réadaptation sans exiger des exercices à charge élevée, dont beaucoup pourraient être préjudiciables à la guérison des structures capsulo ligamentaires dans les premières phases de réadaptation.

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  • Phase III: Phase de protection minimale après une réparation labral antérieure (12-20 semaines)
L'objectif de cette phase de récupération est de restaurer le ROM complet nécessaire aux activités de l'individu (sport, travail), d'améliorer la force musculaire, la puissance et l'endurance, et de commencer des activités fonctionnelles athlétiques.
 
Les exercices pliométriques sont généralement démarrés à faible vitesse et progressent à vitesse moyenne puis rapides à 16 semaines si l’athlète démontre un bon contrôle sans compensation aux vitesses inférieures.
 
Il est important d'évaluer régulièrement le maintien du ROM dans cette phase, en particulier la rotation interne et l'extensibilité capsulaire postérieure. Le « cross body internal stretch » a été instauré dans notre établissement pour obtenir et maintenir la rotation interne (figure 4).
 
Généralement, les athlètes et les lanceurs ne peuvent pas retourner en compétition complète avant 7 à 9 mois post chirurgie. Nous utilisons généralement l'évaluation fonctionnelle et le test de performance en conjonction avec leur examen clinique pour évaluer la capacité d'un athlète à revenir à une participation sportive complète

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  • Critères pour le retour au sport après réparation labrale antérieure de l’épaule
Contrairement aux blessures du LCA [28-30], il existe peu de données sur les critères de retour au sport après une réparation labrale antérieure arthroscopique.
Il est généralement admis que les aspects de l'examen de l'épaule qui intéressent la décision du retour au sport comprennent :
  • l'évaluation du ROM de la gléno-humérale,
  • la force de la coiffe des rotateurs,
  • la position et la force scapulaire,
  • les tests de performance fonctionnelle.
 
Des insuffisances de rotation interne allant de 18 à 25 ° ont été associées à un risque accru de blessure [32, 33, 34, 35]. Le ROM doit être <18 ° comparativement au côté sain et l'arc de mouvement total (valeurs combinées pour les rotations internes et externes) ne doit pas être supérieur à 5 ° [32]. En termes de force de la coiffe des rotateurs, un rapport isocinétique RE / RI de 66% ou un rapport isométrique RE / RI de 75-100% a été conseillé avec un écart maximal entre l'épaule dominante et non dominante de 10% maximum [12-15] .

Les données sur la mécanique et la symétrie scapulaires et leur importance dans la prévention du reinjury après une blessure à l'épaule ou une chirurgie sont limitées. Le trapèze inférieur et le serratus antérieur ont été associés à une faiblesse après une blessure chez les athlètes [12, 37, 38].

D'après des études normatives, la valeur limite pour la sonnette latérale de l'omoplate est d'environ 60 °  lors de l’élévation du bras avec une majoration de 10% de la force de l'épaule dominante dans les sports unilatéraux (tennis, volleyball) et des forces égales des deux côtés dans les sports bilatéraux (ex natation) [42, 43, 44].

Les tests de performance fonctionnelle pour l'épaule après une blessure et une réparation sont un domaine d'intérêt grandissant. Alors que les tests tels que le Y balance, le CKCUEST, et le lancer de medecin ball assis ont été décrits pour évaluer la stabilité statique et la performance de lancer de face respectivement. Mais le seuil auquel une performance équivaut à la prévention de la récidive n'est pas connue [45-47].
 

Conclusion



En conclusion, la réhabilitation après une instabilité antérieure de l'épaule et une réparation antérieure du labrum est primordiale non seulement pour la restauration de la fonction de l'épaule blessée ou opératoire, mais aussi pour la réduction potentielle du risque de rechute.

Le retour au sport après une réparation chirurgicale devrait être basé sur l'amplitude de mouvement, la restauration du contrôle neuromusculaire, la force et les tests fonctionnels. Compte tenu de la documentation disponible limitée fondée sur des données probantes, il existe un réel besoin de poursuivre le travail dans le domaine de la réadaptation après lésion et réparation d’une instabilité antérieure de l'épaule.
 

Texte d’origine


Current Concepts in Rehabilitation for Traumatic Anterior Shoulder Instability - Richard Ma & Olubusola A. Brimmo & Xinning Li & Lindsey Colbert
 
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