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Comparaison entre l'entraînement en force traditionnel et l'entraînement en contraste complexe chez les footballeurs.

Spineti J et al.



INTRODUCTION

Concevoir un programme efficace d’entraînement en résistance (RT) afin d’améliorer la performance des athlètes bien entraînés reste difficile. De nombreuses méthodes ont été étudiées, notamment l’entraînement en force classique (TST)1-3 et l’entraînement par contraste complexe (CCT)4-7, qui a gagné en popularité ces dernières années en raison de son efficacité. La méthode CCT consiste à alterner des exercices à forte charge avec des exercices à grande vélocité6,7.
Le CCT se base sur la potentialisation post-activation (PAP), qui est définie comme une augmentation de la performance après des contractions musculaires de forte intensité. La PAP est basée sur la charge du système neuromusculaire pour induire un état potentialisé, par le biais d'exercices de force, après quoi les performances sont améliorées dans les activités non chargées telles que le saut ou le sprint8.
Le TST est effectué dans un format standard dans lequel tous les ensembles d'un exercice donné sont exécutés successivement avant de passer à l'exercice suivant. En général, l'objectif du TST est de promouvoir la force maximale et l'hypertrophie musculaire pour améliorer les performances physiques. Cette méthode a souvent été utilisée dans les routines d'entraînement1. De plus, des études antérieures ont montré que le TST avait une influence positive sur le sprint et la performance de saut vertical chez les joueurs de football2,3.
 
  Il existe peu d’études comparant les effets du CCT et du TST sur les joueurs de football. En outre, aucune étude antérieure n'a comparé les effets de ces méthodes sur le sprint, la vitesse de changement de direction (COD) et la performance en saut chez les joueurs de football. Une telle comparaison pourrait fournir des informations importantes sur la meilleure prescription d’entraînement pour les jeunes joueurs.

Le but de cette étude était donc de comparer les effets de ces 2 méthodes sur le sprint, la vitesse de COD et la performance en saut chez des jeunes joueurs de football masculins pendant la saison de compétition. L’hypothèse est que le CCT entraînerait de meilleures améliorations en raison des vitesses angulaires plus élevées atteintes lors des actions concentriques de chaque répétition de ce programme d’entraînement.

METHODE :

Vingt-deux joueurs de football (âge : 18,4 ± 0,4 ans, masse corporelle : 70,2 ± 9,1 kg, taille : 179,9 ± 7,5 cm) ont été assignés au hasard à l’un des deux groupes suivants : TST (N. = 12) et CCT (N. = 10). L'étude a été menée à l'aide d'un plan expérimental randomisé sur une période de 8 semaines. Les participants affectés au groupe CCT ont réalisé des exercices de grande puissance associés à des exercices de grande vélocité. Les participants du groupe TST ont effectué des exercices de résistance sous une forme linéaire. Au cours de la période d'étude, des tests de sprint sur 5, 10, 20 et 30 m, ainsi que de COD et de squat jump (SJ) ont été appliqués. Une ANOVA à deux voies a été appliquée et le niveau alpha était P <0,05.
Comparaison entre l'entraînement en force traditionnel et l'entraînement en contraste complexe chez les footballeurs.

Le programme d’entrainement a été réalisé trois fois par semaine pour un total de 24 séances au cours des 8 semaines d’intervention. Avant de commencer la session CCT, les participants ont effectué un échauffement standard avec deux séries de six répétitions de sauts verticaux sous-maximaux. La séance d'entraînement a été réalisée en trois séquences. Chaque séquence était composée de 2 séries de 2 exercices exécutés par paires. Des intervalles de repos de 3 minutes ont été utilisés entre les séquences. Au cours des exercices, les participants ont été encouragés verbalement à effectuer chaque répétition aussi vite que possible. Chaque fois que les exercices de countermovement jump (CMJ) étaient effectués avec une vitesse moyenne ≥ 5% par rapport à la session précédente, la charge était augmentée de 5%18. Une description détaillée du CCT est présenté dans le tableau III.
Comparaison entre l'entraînement en force traditionnel et l'entraînement en contraste complexe chez les footballeurs.

RESULTATS : 

Les résultats ont montré que le CCT induisait des différences significatives sur le temps au sprint sur 5 m (1,032 s à 0,997 s, respectivement, avant et après l’intervention, taille de l’effet (ES) = -0,5, milieu; P = 0,04), au COD ( 5,963 s à 5,639 s, avant et après intervention, respectivement, ES -2,7, grand; P <0,001) et au SJ (30,9 cm à 34,4 cm, respectivement, avant et après intervention, ES = 0,8, grand; P <0,001). À l'inverse, le TST n'a pas révélé de différences significatives pour aucune des variables dépendantes (figure ci-dessous).
Comparaison entre l'entraînement en force traditionnel et l'entraînement en contraste complexe chez les footballeurs.

La taille de l’effet (ES) a montré une plus grande magnitude pour le groupe CCT par rapport au groupe TST pour les tests de sprint, de changement de direction et de saut. Plus précisément, le groupe CCT a montré de grands ES pour le test de vitesse de COD, de SJ et un ES modéré pour les temps au sprint sur 5 mètres. D'autre part, le protocole TST a montré des ES triviales pour toutes les variables analysées (Tableau IV).
Comparaison entre l'entraînement en force traditionnel et l'entraînement en contraste complexe chez les footballeurs.

DISCUSSION

Les principales conclusions de cette étude sont que le CCT a entraîné des améliorations significatives en termes de temps de sprint sur 5 m, de vitesse de COD et de saut chez les joueurs de football masculins pendant la saison de compétition. Par contre, le CCT n’a pas amélioré les performances sur 10 m, 20 m et 30 m dans ce groupe.
À l'inverse, le TST n'a pas entraîné de changement significatif de ces caractéristiques. Par conséquent, l’hypothèse initiale a été partiellement confirmée.
Une explication possible de l’amélioration du groupe CCT est due à la plus grande vélocité avec laquelle les exercices ont été effectués pendant les séances (P <0,05).
Des vitesses plus élevées pourrait améliorer l'adaptation des fibres musculaires à contraction rapide14,22. De plus, les exercices CCT ont une complexité et une spécificité accrues par rapport au TST et peuvent stimuler davantage le système nerveux central, favorisant ainsi une meilleure coordination intermusculaire et synchronisation plus grandes du recrutement des fibres musculaires23.
Une explication possible des légers changements survenus dans le groupe TST peut être attribuée au fait que ces personnes étaient déjà expérimentées et possédaient probablement les adaptations physiologiques et physiques fondamentales résultant de leur expérience antérieure du TST. En outre, une RT similaire à celle utilisée pour le protocole TST faisait déjà partie des routines de ces athlètes. Par conséquent, il est possible que le changement de méthode dans le protocole CCT, ait pu conduire aux meilleurs résultats observés dans ce groupe.
Par ailleurs, en ce qui concerne les résultats de la présente étude, des études antérieures ont montré que le TST avait une influence positive sur le sprint et le saut vertical des joueurs de football2,3.
Enright et al.2 ont montré qu’un programme de TST consistant en quatre séries de six répétitions maximales, conduit à une amélioration de la performance en SJ et au sprint sur 10 m après un entraînement d'endurance spécifique au football
Chelly et al.3 ont montré que plusieurs demi-squats (HS) exécutés avec des charges élevées deux fois par semaine sur une période de 8 semaines avaient une influence positive sur la phase d’accélération du sprint (5 premiers mètres), la vitesse maximale (entre les 35 m et 40 m) et la performance de saut chez des jeunes footballeurs.
La stratégie utilisée dans le groupe TST a entraîné une faible vitesse angulaire lors des dernières répétitions de chaque série en raison de la fatigue musculaire, ce qui a pour conséquence de réduire la puissance moyenne produite pour chaque série22.
Les résultats de la présente étude suggèrent que le protocole CCT peut influer sur la phase initiale de production de force, élément important lors du sprint sur 5 m, en SJ et lors des COD11.
Maio Alves et Faude corroborent ces résultats pour le sprint et le SJ mais pas pour la vitesse lors du COD5,6. Comme dans la présente étude, le protocole d’entraînement a été mené pendant la saison, mais avec des joueurs de football adultes professionnels, ce qui a probablement influencé les résultats.
 

CONCLUSION

En conclusion, le protocole CCT utilisé dans cette étude a été réalisé 3 fois par semaine pendant 8 semaines pendant la saison de compétition. Le travail en contraste se composant d’exercices de force couplé à des exercices de pliométrie ou de sprint, ont amélioré le sprint sur 5 m, le COD et le SJ. Le programme TST consistait en un format d'intensité et de nombre de répétitions modérés utilisant une vitesse angulaire faible à modérée qui n'était pas aussi efficace sur les mêmes variables.
En conclusion, le CCT peut constituer une stratégie importante lorsque le programme d’entraînement vise l’amélioration des premiers mètres en sprint, la vitesse de changement de direction et la puissance chez des joueurs de football en période de compétition.

Article original :

Spineti, J., Figueiredo, T., Willardson, J., de Oliveira Bastos, V., Assis, M., de Oliveira Fernandes, L., ... & Simão, R. (2019). Comparison between traditional strength training and complex contrast training on soccer players. The Journal of sports medicine and physical fitness59(1), 42-49.

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