En complément à un précédent speed meeting traitant de l’Encéphalopathie Traumatique Chronique (http://www.kinesport.info/Commotions-cerebrales-et-ETC_a2049.html), nous vous proposons ce mardi, une mise au point sur la prise en charge de terrain des commotions cérébrales en marge de l'actualité de Hugo Lloris le week end dernier.
Le principe de précaution se doit d’être appliqué en raison des graves conséquences à court, moyen et long terme(s), que cela peut engendrer (diminution de la performance, augmentation du risque de blessures, effet cumulatif sur le dysfonctionnement cérébral).
Certaines fédérations, comme le rugby, ont mis en place une prise en charge et un suivi strict de ce type de traumatisme. Même si de nombreux sports que nous pouvons encadrer ne présentent pas de règlementation spécifique, rien ne nous interdit d’appliquer les recommandations existantes dans d’autres sports.
DEFINITIONS ET EPIDEMIOLOGIE
La commotion est un dysfonctionnement de courte durée des fonctions cérébrales induit par l’application soudaine de force d’inertie sur la tête (choc direct sur la tête ou le cou, mais également indirect : accélération ou décélération brusque). Les commotions cérébrales font parties de la catégorie des traumatismes crâniens légers. Bien que bénignes dans la majorité des cas, elles n’en sont pas à prendre sérieusement en considération avec 0,2% à 3,1% des cas présentant une hémorragie intracrânienne.
Lors des trois premiers matchs de la saison 2012-2013 de TOP 14, 6 joueurs ont été victimes de commotions cérébrales. Avec près de 40 à 45 cas répertoriés chaque année au rugby et au minimum 100 000 cas par an uniquement dans le domaine du sport, la prise en charge de la commotion cérébrale est un véritable enjeu de santé publique.
Une des règles d’or lors d’une commotion est la sortie du sportif immédiate du terrain. Comme nous avons pu le constater le week-end dernier avec Hugo Lloris (choc à la tête avec perte brève de connaissance), cette règle n’est pas systématiquement appliquée…
ELEMENTS DIAGNOSTIC ET CONDUITE A TENIR SUR LE TERRAIN
En l’absence du médecin, les éléments suivants devront guider notre évaluation :
- Observation des signes et symptômes suivants :
Indicateur | Signe |
Symptômes | Maux de tête, vertiges, troubles de la vue |
Signes Physiques | Perte de conscience, regard absent, vomissement, attitude de jeu inadaptée, troubles de l’équilibre, réactions lentes |
Modifications comportementales | Émotions inappropriées, irritabilité, nervosité ou anxiété |
Détérioration cognitive | Ralentissement du temps de réaction, confusion/désorientation, concentration et attention faibles, perte de mémoire concernant les événements ayant eu lieu avant et/ou après la commotion |
Troubles du sommeil | Somnolence |
- Perte de connaissance au moment de l’impact : Pas de réponse, incapacité à exécuter des ordres simples (ouvrir les yeux, serrer la main…)
- Il ne répond pas à toutes les questions du score de Maddocks (carton à intégrer dans notre pharmacie de terrain). Voir ci-contre.
- Obnubilation : Répétition de questions malgré les réponses que nous lui apportons, propos incohérents ou inadaptés.
- Crise convulsive
- Troubles de l’équilibre
- Si aucun médecin n’est présent et en cas de suspicion de commotion cérébrale, le joueur devra y être emmené afin d’établir un diagnostic complet.
Vous trouverez ci-dessous une vidéo explicative.
- Il ne répond pas à toutes les questions du score de Maddocks (carton à intégrer dans notre pharmacie de terrain). Voir ci-contre.
- Obnubilation : Répétition de questions malgré les réponses que nous lui apportons, propos incohérents ou inadaptés.
- Crise convulsive
- Troubles de l’équilibre
- Si aucun médecin n’est présent et en cas de suspicion de commotion cérébrale, le joueur devra y être emmené afin d’établir un diagnostic complet.
Vous trouverez ci-dessous une vidéo explicative.
Reprise de l’activité physique : l’exemple du rugby
Classification de Cantu
· Grade 1 : Pas de perte de connaissance, amnésie ou symptomatologie durant moins de 30 min: pas de délai particulier
· Grade 2 : Perte de connaissance de moins d'une minute, amnésie ou symptômes de plus de 30 min mais de moins de 24h : délai d’une semaine
· Grade 3 : Perte de connaissance de plus d'une minute ou amnésie supérieure à 24h, symptômes présents encore à 7 jours : délai de deux semaines
Planification de la reprise d’activité
La reprise ne se fera pas avant la disparition complète des symptômes et la récupération des facultés cognitives.
Le premier jour, le joueur ne doit pas rester seul et ne doit pas conduire.
Chaque palier sera validé en cas d’absence de réapparition de symptômes durant les 24h suivantes et en relation avec le médecin spécialiste.
· Palier 1 : Durant les premiers jours, le repos devra être physique et cognitif : Eviter le travail intellectuel, les jeux vidéos, la lecture …jusqu’à ce que les symptômes aient disparu.
· Palier 2 : Travail aérobie doux (vélo, piscine, marche). L’intensité devra être inférieure à 70% de la FC maximale. Entraînement sans résistance.
· Palier 3 : Entraînement physique normal. Courses et exercices sans contact.
· Palier 4 : Entraînement sans contact. Progression vers des exercices plus complexes (par exemple les passes). Possibilité de commencer un entraînement progressif de résistance.
· Palier 5 : Entraînement avec contact. Après délivrance d’un certificat de santé, participation aux entraînements normaux.
· Palier 6 : Retour à la compétition
En raison des risques sur la santé, en particulier en cas de cumul, il sera nécessaire de pouvoir identifier les signes d’une commotion cérébrale afin de préserver l’intégrité physique du joueur et cela même en cas d’absence du médecin.
Quelque soit le sport, le kinésithérapeute de terrain devra être en mesure d’apporter une prise en charge efficace avec un schéma décisionnel le plus cohérent possible.
Bibliographie :
- J.F. Chermann. KO, le dossier qui dérange. Ed Stock, 2010.
- Groupe Commotion. Traumatisme crânien et rugby professionnel et haut niveau
- (Commotion cérébrale)
- Groupe Commotion. Commission médicale de la LNR et commission médicale Haut Niveau de la FFR. Juin 2011
- CNOSF. Colloque sur la commotion cérébrale liée aux activités physiques et sportives. Février 2012.
- Dr De Beaumont. Les effets cumulatifs des commotions cérébrales dans le sport. Psychologie Québec. Vol. 29, n°02, p. 35-38. Mars 2012
- http://www.irbplayerwelfare.com/
- http://www.ffr.fr/index.php/ffr/rugby_francais/comite_medical/commotions_cerebrales
Classification de Cantu
· Grade 1 : Pas de perte de connaissance, amnésie ou symptomatologie durant moins de 30 min: pas de délai particulier
· Grade 2 : Perte de connaissance de moins d'une minute, amnésie ou symptômes de plus de 30 min mais de moins de 24h : délai d’une semaine
· Grade 3 : Perte de connaissance de plus d'une minute ou amnésie supérieure à 24h, symptômes présents encore à 7 jours : délai de deux semaines
Planification de la reprise d’activité
La reprise ne se fera pas avant la disparition complète des symptômes et la récupération des facultés cognitives.
Le premier jour, le joueur ne doit pas rester seul et ne doit pas conduire.
Chaque palier sera validé en cas d’absence de réapparition de symptômes durant les 24h suivantes et en relation avec le médecin spécialiste.
· Palier 1 : Durant les premiers jours, le repos devra être physique et cognitif : Eviter le travail intellectuel, les jeux vidéos, la lecture …jusqu’à ce que les symptômes aient disparu.
· Palier 2 : Travail aérobie doux (vélo, piscine, marche). L’intensité devra être inférieure à 70% de la FC maximale. Entraînement sans résistance.
· Palier 3 : Entraînement physique normal. Courses et exercices sans contact.
· Palier 4 : Entraînement sans contact. Progression vers des exercices plus complexes (par exemple les passes). Possibilité de commencer un entraînement progressif de résistance.
· Palier 5 : Entraînement avec contact. Après délivrance d’un certificat de santé, participation aux entraînements normaux.
· Palier 6 : Retour à la compétition
En raison des risques sur la santé, en particulier en cas de cumul, il sera nécessaire de pouvoir identifier les signes d’une commotion cérébrale afin de préserver l’intégrité physique du joueur et cela même en cas d’absence du médecin.
Quelque soit le sport, le kinésithérapeute de terrain devra être en mesure d’apporter une prise en charge efficace avec un schéma décisionnel le plus cohérent possible.
Bibliographie :
- J.F. Chermann. KO, le dossier qui dérange. Ed Stock, 2010.
- Groupe Commotion. Traumatisme crânien et rugby professionnel et haut niveau
- (Commotion cérébrale)
- Groupe Commotion. Commission médicale de la LNR et commission médicale Haut Niveau de la FFR. Juin 2011
- CNOSF. Colloque sur la commotion cérébrale liée aux activités physiques et sportives. Février 2012.
- Dr De Beaumont. Les effets cumulatifs des commotions cérébrales dans le sport. Psychologie Québec. Vol. 29, n°02, p. 35-38. Mars 2012
- http://www.irbplayerwelfare.com/
- http://www.ffr.fr/index.php/ffr/rugby_francais/comite_medical/commotions_cerebrales
a4c76f44e58ff74c9b592f0f1198ba06.pdf
(92.43 Ko)
20f71165569adfab46924e52c74f0eb0.pdf (147.75 Ko)
7ae10b3baf0f2c08948f4a36449c30da.pdf (1.39 Mo)
Presentation_Protocole_Commotion_Cerebrale.pdf (1.54 Mo)
20f71165569adfab46924e52c74f0eb0.pdf (147.75 Ko)
7ae10b3baf0f2c08948f4a36449c30da.pdf (1.39 Mo)
Presentation_Protocole_Commotion_Cerebrale.pdf (1.54 Mo)
LE CAS LLORIS
"Evidemment le joueur est un professionnel, il insiste pour retourner sur le terrain. Mais il n’est pas lucide, la partie de son cerveau qui a été choquée est justement celle qui permet la prise de décision." a ainsi dénoncé le Pr Jacques Touchon, du service de neurologie du CHU de Montpellier, au Nouvelobs.
"Cet entraineur a effectivement fait un choix aberrant et dangereux pour son joueur. En cas de perte de connaissance, non seulement, il faut sortir le joueur du terrain immédiatement mais il ne devrait même pas reprendre l’entrainement avant d’avoir vu un neurologue !"
Articles et podcast du Professeur Jacques Touchon ici :
http://pourquoi-docteur.nouvelobs.com/KO-de-Lloris---les-medecins-critiquent-son-maintien-sur-le-terrain-4185.html
"Evidemment le joueur est un professionnel, il insiste pour retourner sur le terrain. Mais il n’est pas lucide, la partie de son cerveau qui a été choquée est justement celle qui permet la prise de décision." a ainsi dénoncé le Pr Jacques Touchon, du service de neurologie du CHU de Montpellier, au Nouvelobs.
"Cet entraineur a effectivement fait un choix aberrant et dangereux pour son joueur. En cas de perte de connaissance, non seulement, il faut sortir le joueur du terrain immédiatement mais il ne devrait même pas reprendre l’entrainement avant d’avoir vu un neurologue !"
Articles et podcast du Professeur Jacques Touchon ici :
http://pourquoi-docteur.nouvelobs.com/KO-de-Lloris---les-medecins-critiquent-son-maintien-sur-le-terrain-4185.html