KINESPORT KINESPORT


   



Blood Flow Restriction et Sécurité clinique.

Sécurité clinique de l’entrainement sous-restriction vasculaire. Un examen complet de l’impact du métabo-réflexe musculaire dans les pathologies cardio-vasculaire.



L’entrainement sous restriction vasculaire (BFRT) s’est largement popularisé au cours des dernières années de par les effets positifs qu’il engendre sur la force et le volume musculaire avec une charge faible. Cette modalité d’entrainement semble donc particulièrement intéressante dans le domaine clinique. Cependant, certains auteurs avaient rapporté que le BFRT pouvait avoir des effets négatifs mais que le risque n’était pas plus élevé qu’un entrainement traditionnel. Dans ce contexte, une étude japonaise portant sur plus de 120 000 sujets incluant diverses caractéristiques cliniques (pathologies cardio-vasculaires et cérébro-vasculaires, sujets âgés, obésité, diabètes,…) n’a pas rapporté d’effet indésirable majeur. Il faut toutefois rester prudent, la littérature manque encore d’études prospectives à long terme dans ce type de population où les risques d’effets indésirables sont plus importants. Un domaine nécessitant des recherches plus approfondies sur la sécurité liée au BFRT est son potentiel à promouvoir des réponses cardio-vasculaires augmentées induites  par le métabo-réflexe musculaire.
 
Le métabo-réflexe est un composant de l’exercice pressor-reflex (EPR) avec le mécano-réflexe. L'EPR est responsable du maintien d’un apport sanguin suffisant vers le muscle lors de l’exercice et est activé en partie par les fibres afférentes de type 3-4. Lors d'exercices de résistance classiques, ces afférences détectent les modifications (mécaniques et métaboliques) de l'environnement musculaire, les transmettent au cerveau et celui-ci réagit en augmentant la fréquence cardiaque, la pression artérielle et le débit cardiaque.

Blood Flow Restriction et Sécurité clinique.
Oliveira et al. (2019) ont récemment exprimé leurs préoccupations quant à l'influence des exercices de restriction vasculaire sur le métabo-réflexe musculaire chez les sujets atteints de maladies chroniques et leurs préoccupations quant à l'adoption rapide de cette approche en pratique clinique.

Ensemble, les données expérimentales chez les animaux et les humains démontrent des conséquences cardio-vasculaires négatives en raison d'une activation excessive du métabo-réflexe résultant de la limitation du flux sanguin pendant l'exercice.
Ces résultats cardiovasculaires négatifs sont particulièrement remarquables chez les sujets atteints de maladies chroniques telles que l'insuffisance cardiaque, l’hypertension et les pathologies artérielles périphériques.
La diminution de l’apport en O2 au muscle et l’accumulation locale de métabolites lors du BFRT peuvent engendrer un métabo-réflexe exacerbé chez les sujets souffrant de pathologie cardiaque. La résultante sera une augmentation anormale de la réponse cardiaque dont les conséquences peuvent être dramatiques.

Récemment des études ont commencé à évaluer la réponse hémodynamique des différentes modalités d’entrainement (LI-BFR, LI et HI)

Blood Flow Restriction et Sécurité clinique.
  • LI-BFR vs LI :
74% des études (14/19), incluant diverses populations, ont rapporté que LI-BFR provoque une augmentation plus importante de la pression sanguine (BP). Il est important de préciser que les protocoles de BFRT utilisés variaient selon les études. Certains auteurs utilisaient des pressions standardisées (i.e 100-200 mmhg) d’autres se basaient sur un pourcentage du limb occlusion pressure (LOP) (50 -130%) et les largeurs des manchons variaient entre (3 et 18 cm). De plus, les séances d’entrainement présentaient une grande disparité (protocole continu à l’échec ou intermittent). Autant de variables qui peuvent avoir un impact considérablement différent sur le stress mécanique et métabolique imposé à la structure et par voie de conséquence sur le système cardio-vasculaire.
 
  • LI-BFR vs HI :
Les données sont plus équivoques entre ces deux groupes puisque 50% des études (6/12) ont rapporté une BP plus élevée dans le groupe LI-BFR, 42% ont rapporté l’inverse et 8% n’ont pas constaté de différence. Ces résultats doivent également être interprétés avec précaution au regard des différents protocoles utilisés. 
De plus, si l’on regroupe les études évaluant des sujets jeunes et sains, 71% d’entre elles (5/7) ont rapporté une diminution ou un niveau comparable de la BP entre les deux groupes. Par contre, chez les sujets plus âgés souffrant d’hypertension, 80% des études (4/5) ont rapporté que le LI-BFR avait un impact plus important sur la BP.

Les sujets atteints de maladie chronique (i.e hypertension) ou présentant des facteurs de risques cardio-vasculaires (i.e âge) peuvent présenter une réponse cardiaque exacerbée lors d’un entrainement sous restriction vasculaire qui peut correspondre à une sensibilité plus importante du métabo-réflexe.
 
Conclusion :
Malgré les effets bénéfiques du BFRT sur les capacités musculaire, l’article de Oliveira et al. soulève le fait que chez certains sujets à risque, il peut se produire une réponse cardiaque anormale. Il est également important de préciser que cette étude reconnait que chez cette même population le BFRT peut avoir des effets secondaires positifs aigus et chroniques post-exercice sur la santé cardio-vasculaire par une diminution de la BP.
En considérant l’ensemble des éléments évoqués dans cet article, les auteurs proposent quelques recommandations.
  1. Le respect des guidelines et la prise en considération des sujets à risque.
  2. Un entrainement avec restriction vasculaire intermittente est moins contraignant qu’une restriction continue.
  3. Individualiser le niveau de pression et appliquer un pourcentage du LOP permettant de minimiser les risques (40%).
  4. Adapter la charge de travail.
 
Article original:
Cristina-Oliveira, M., Meireles, K., Spranger, M. D., O'Leary, D. S., Roschel, H., & Peçanha, T. (2019). Clinical safety of blood flow restricted training? A comprehensive review of altered muscle metaboreflex in cardiovascular disease during ischemic exercise. American Journal of Physiology-Heart and Circulatory Physiology.