Introduction
La déchirure du ligament croisé antérieur (LCA) est parmi les blessures liées au sport les plus fréquentes, et de ce fait la chirurgie reconstructrice du LCA est l’une des procédures les plus communes dans le domaine de la médecine du sport [1]. Les données épidémiologiques révèlent que la majorité des patients sont jeunes et sportifs, avec de fortes attentes en termes de récupération fonctionnelle et de retour au sport [2]. Il existe des publications florissantes concernant les procédures de reconstruction du LCA : plusieurs techniques différentes ont été documentées au cours des dernières années et, malgré des résultats cliniques globalement satisfaisants rapportés au suivi à moyen et long termes, le LCA est encore souvent un sujet majeur de recherche clinique et pré-clinique [3].
La chirurgie du LCA est un exemple classique d’intégration entre la biomécanique et la biologie : les progrès réalisés ces dernières années peuvent être attribués aux grands pas effectués en matières de connaissances des propriétés biomécaniques et biologiques du LCA et de ses processus de cicatrisation [4-8]. Bien que presque toutes les techniques disponibles permettent des résultats satisfaisants, la reconstruction du LCA n’est pas une procédure à la réussite à 100% : tous les patients ne sont pas capables de recouvrer leur niveau d’activité sportif antérieur, et plusieurs facteurs peuvent influencer les critères cliniques, tels que le type de greffe utilisé, ou encore la laxité pré-opératoire du genou [2,9].
Alors que les sportifs professionnels sont de plus en plus exigeants quant au délai avant reprise du sport, les recherches s’orientent vers de nouvelles stratégies capables d’améliorer la cicatrisation du LCA, de réduire le taux d’échec et d’accélérer le délai de récupération. Parmi les différentes options possibles, l’approche récente du plasma riche en plaquettes (PRP), qui est une technique de dérivé de sang autologue, est déjà largement appliquée en pratique orthopédique, en particulier dans le traitement du cartilage dégénératif et des lésions tendineuses, et tend à gagner en intérêt [10-12]. Le PRP est une source de plusieurs facteurs de croissance (FC) et d’autres molécules bioactives qui peuvent permettre la cicatrisation des tissus et réguler l’homéostasie articulaire [13,14]. C’est un produit facilement disponible, obtenu directement du sang veineux du patient et son utilisation est autorisée chez les athlètes, car les contrôles anti-dopage ne considèrent pas ce dérivé sanguin comme une substance à bannir [15]. De plus, c’est un produit qui peut être préparé et utilisé directement après. Le potentiel de cicatrisation du PRP a été montré dans plusieurs études cliniques et pré-cliniques [13,16,17], révélant que cette action est directement orientée vers tous les tissus articulaires, allant des ménisques jusqu’au cartilage en passant par les tissus mous comme la synovie, les tendons et les ligaments : les effets du PRP sont nombreux, incluant un stimulus anabolique pour les cellules, une augmentation des dépôts de la matrice extra-cellulaire, et même un effet anti-inflammatoire dans l’environnement articulaire [13].
Face à un tel potentiel, la possibilité d'appliquer ce produit biologique pour améliorer la chirurgie reconstructrice du LCA semble attrayante : le PRP pourrait non seulement permettre une meilleure ligamentisation du greffon utilisé pour la reconstruction du LCA, et de manière plus rapide, réduire les facteurs pro-inflammatoires libérés immédiatement après la chirurgie, mais pourrait aussi contribuer à une meilleure intégration de la greffe à l'intérieur des tunnels osseux, ce qui éviterait leur élargissement et les échecs au fil du temps. En outre, le PRP pourrait être utilisé pour accélérer la guérison et réduire la morbidité du site donneur
sur le site de la prélèvement de la greffe du tendon.
L’objectif de l’étude que nous présentons ici est de réaliser une revue systématique des preuves cliniques et pré-cliniques actuelles concernant l’application de PRP comme augmentateur biologique, et de de déterminer la sécurité et l’efficacité de cette approche biologique pour améliorer la chirurgie de reconstruction du LCA.
Matériel et méthodes
La recherche a été conduite sur PubMed le 20 février 2014 selon des mots-clés en rapport avec le sujet. L’échelle PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic
Reviews and Meta-Analysis) a été utilisée. Les processus de recherché et d’analyse ont été réalisés séparément par deux observateurs indépendants. Des critères d’inclusion et d’exclusion ont été utilisés.
Résultats et discussion
La recherche a identifié 60 résultats, mais l’analyse finale n’a porté que sur 32 études.
La réduction du temps de récupération ainsi que la prévention de nouvelles blessures après reconstruction du LCA font partie des objectifs principaux chez les chirurgiens du sport. Ces dernières années, un grand nombre d’études ont été publiées afin de clarifier quelles sont les meilleures techniques chirurgicales et de considérer les différents types de greffes, de systèmes de fixation, ainsi que d’autres variables biomécaniques et techniques. L’augmentation biologique à travers l’administration de PRP est l’un des derniers sujets en vogue chez les chercheurs, avec le but d’améliorer la reconstruction du LCA à l’aide d’agents biologiques puissants. Parmi les études ayant porté sur l’animal, il a été observé sur le PRP était capable de conférer des propriétés biomécaniques supérieures telles qu’une meilleure résistance à la traction ainsi qu’une meilleure raideur linéaire de la greffe [26-34].
La réalisation de cette revue systématique a souligné que les résultats sont très controversés.
En accord avec les essais cliniques disponibles, il est possible de mettre en évidence certains points importants. Le premier est l’aspect sécurisé de du PRP. L’utilisation per-opératoire du PRP a été montée comme sans danger : dans aucun des essais cliniques considérés n’ont été trouvés d’effets indésirables lors de l’utilisation du PRP, ni infections, ni complications. Le PRP a même été montré comme réduisant la morbidité chirurgicale dans 2 études [24,25] du fait de l’étude de son rôle en tant que préservateur du site de greffe.
D’autres résultats en termes d’efficacité biologique pour le LCA réparé sont plus controversés. L’une des hypothèses de l’application de PRP a été qu’il améliorerait l’intégration de la greffe dans les tunnels. Certaines études ont montré que le PRP donnait de meilleurs résultats par rapport à la cicatrisation, mais il semblerait dans certaines que ce soit uniquement lors des phases précoces de cicatrisation. D’autres recherches sont nécessaires pour clarifier les phases propices à l’efficacité du PRP.
En ce qui concerne la possible efficacité du PRP dans la maturation de la greffe, là encore le débat est toujours ouvert. Alors que certains auteurs retrouvent une qualité de tissu de greffe supérieure avec PRP, d’autres ne retrouvent pas d’amélioration significative.
Certaines limites sont à noter au sein de cette revue systématique. Parmi elles, on peut citer l’hétérogénéité des techniques de reconstruction du LCA (types de greffe, types de tunnels, types de fixations). De même, les auteurs précisent que les techniques d’injection de PRP ne sont pas identiques au sein des études primaires : il peut être utilisé par une simple injection intra-articulaire après la procédure, il peut couvrir la greffe avant ou après sa fixation intra-articulaire, ou encore être injecté directement dans le greffon, ou même être combiné à d’autres substrats. Il est parfois également injecté directement dans les tunnels. Enfin, l’autre hétérogénéité réside dans les méthodes de préparation du PRP (donnant ainsi des concentrations en FC différentes).
Conclusion
Cette revue systématique souligne que les résultats cliniques sur l’utilisation du PRP pour la croissance du LCA sont controversés. L’utilisation per-opératoire de PRP a été prouvée comme étant sûre, et le PRP a effectivement montré qu’il peut même réduire la morbidité chirurgicale en favorisant la guérison du site de prélèvement de la greffe.
Selon les données actuelles, le PRP semble jouer un rôle positif dans les mécanismes de cicatrisation après une chirurgie du LCA en ce qui concerne la maturation de la greffe, alors que la majorité des études n’ont montré aucun avantage en termes d'intégration de la greffe, en particulier dans la prévention de l’élargissement du tunnel osseux. Enfin, le PRP n'a pas fourni un résultat clinique supérieur au suivi à court terme, alors que les données au suivi à plus long terme manquent pour aborder le bénéfice clinique global du PRP.
Article de référence
Andriolo L, Di Matteo B, Kon E, Filardo G, Venieri G, Marcacci M.PRP Augmentation for ACL Reconstruction. Biomed Res Int. 2015;2015:371746. doi: 10.1155/2015/371746. Epub 2015 May 5.
Références
[1] A. M. Buoncristiani, F. P. Tjoumakaris, J. S. Starman, M. Ferretti, and F. H. Fu, “Anatomic double-bundle anterior cruciate ligament reconstruction,” Arthroscopy, vol. 22, no. 9, pp. 1000–1006, 2006.
[2] K. B. Freedman, M. J. D’Amato, D. D. Nedeff, A. Kaz, and B. R. Bach Jr., “Arthroscopic anterior cruciate ligament reconstruction: a metaanalysis comparing patellar tendon and hamstring tendon autografts,” The American Journal of Sports Medicine, vol. 31, no. 1, pp. 2–11, 2003.
[3] H. S. Kim, J. K. Seon, and A. R. Jo, “Current trends in anterior cruciate ligament reconstruction,” Knee Surgery & Related Research, vol. 25, no. 4, pp. 165–173, 2013.
[4] S. Abe, M. Kurosaka, T. Iguchi, S. Yoshiya, and K. Hirohata, “Light and electron microscopic study of remodeling and maturation process in autogenous graft for anterior cruciate ligament reconstruction,” Arthroscopy, vol. 9, no.4,pp. 394–405, 1993.
[5] S. Cho, T. Muneta, S. Ito, K. Yagishita, and S. Ichinose, “Electron microscopic evaluation of two-bundle anatomically reconstructed anterior cruciate ligament graft,” Journal of Orthopaedic Science, vol. 9, no. 3, pp. 296–301, 2004.
[6] R. P. Falconiero, V. J. DiStefano, and T. M. Cook, “Revascularization and ligamentization of autogenous anterior cruciate ligament grafts in humans,” Arthroscopy, vol. 14, no. 2, pp. 197–205, 1998.
[7] S. M. Howell, K. E. Knox, T. E. Farley, and M. A. Taylor, “Revascularization of a human anterior cruciate ligament graft during the first two years of implantation,” The American Journal of Sports Medicine, vol. 23, no. 1, pp. 42–49, 1995.
[8] L. L. Johnson, “The outcome of a free autogenous semitendinosus tendon graft in human anterior cruciate reconstructive surgery: a histological study,” Arthroscopy, vol. 9, no. 2, pp. 131–142, 1993.
[9] C. Signorelli, T. Bonanzinga, N. Lopomo et al., “Do preoperative knee laxity values influence post-operative ones after anterior cruciate ligament reconstruction?” Scandinavian
Journal ofMedicine and Science in Sports, vol. 23,no. 4, pp. e219– e224, 2013.
[10] B. Di Matteo, G. Filardo, E. Kon, and M. Marcacci, “Plateletrich plasma: evidence for the treatment of patellar and Achilles tendinopathy—a systematic review,” MUSCULOSKELETAL SURGERY, vol. 99, no. 1, pp. 1–9, 2015.
[11] E. Kon, G. Filardo, B. Di Matteo, and M. Marcacci, “PRP for the treatment of cartilage pathology,” The Open Orthopaedics Journal, vol. 7, pp. 120–128, 2013.
[12] T. Yuan, C. Q. Zhang, and J. H. Wang, “Augmenting tendon and ligament repair with platelet-rich plasma (PRP),” Muscle, Ligaments and Tendons Journal, vol. 3, no. 3, pp. 139–149, 2013.
[13] G. Filardo, E. Kon, A. Roffi, B. Di Matteo, M. L. Merli, and M. Marcacci, “Platelet-rich plasma: why intra-articular? A systematic review of preclinical studies and clinical evidence on PRP for joint degeneration,” Knee Surgery, Sports Traumatology, Arthroscopy, 2013.
[14] N. A. Smyth, C.D.Murawski, L. A. Fortier, B. J. Cole, and J. G. Kennedy, “Platelet-rich plasma in the pathologic processes of cartilage: review of basic science evidence,” Arthroscopy, vol. 29, no. 8, pp. 1399–1409, 2013.
[15] L. Engebretsen, K. Steffen, J. Alsousou et al., “IOC consensus paper on the use of platelet-rich plasma in sports medicine,” British Journal of Sports Medicine, vol. 44, no. 15, pp. 1072–1081, 2010.
[16] N. Baksh, C. P. Hannon, C. D.Murawski, N. A. Smyth, and J. G. Kennedy, “Platelet-rich plasma in tendon models: a systematic review of basic science literature,” Arthroscopy, vol. 29, no. 3, pp. 596–607, 2013.
[17] S. G. Boswell, B. J. Cole, E. A. Sundman, V. Karas, and L. A. Fortier, “Platelet-rich plasma: a milieu of bioactive factors,” Arthroscopy, vol. 28, no. 3, pp. 429–439, 2012.
[24] A. M. de Almeida, M. K. Demange, M. F. Sobrado, M. B. Rodrigues, A. Pedrinelli, and A. J. Hernandez, “Patellar tendon healing with platelet-rich plasma: a prospective randomized controlled trial,” The American Journal of Sports Medicine, vol. 40, no. 6, pp. 1282–1288, 2012.
[25] M. Cervellin, L. de Girolamo, C. Bait, M. Denti, and P. Volpi, “Autologous platelet-rich plasma gel to reduce donorsite morbidity after patellar tendon graft harvesting for anterior cruciate ligament reconstruction: a randomized, controlled clinical study,” Knee Surgery, Sports Traumatology, Arthroscopy, vol. 20, no. 1, pp. 114–120, 2012.
[26] X. Xie, S. Zhao, H. Wu et al., “Platelet-rich plasma enhances autograft revascularization and reinnervation in a dog model of anterior cruciate ligament reconstruction,” Journal of Surgical Research, vol. 183, no. 1, pp. 214–222, 2013.
[27] X. Xie, H. Wu, S. Zhao, G. Xie, X. Huangfu, and J. Zhao, “The effect of platelet-rich plasma on patterns of gene expression in a dog model of anterior cruciate ligament reconstruction,” Journal of Surgical Research, vol. 180, no. 1, pp. 80–88, 2013.
[28] A. N.Mastrangelo, P. Vavken, B. C. Fleming, S. L.Harrison, and M. M. Murray, “Reduced platelet concentration does not harm PRP effectiveness for ACL repair in a porcine in vivo model,” Journal of Orthopaedic Research, vol. 29, no. 7, pp. 1002–1007, 2011.
[29] S. M. Joshi, A. N. Mastrangelo, E. M. Magarian, B. C. Fleming, and M. M. Murray, “Collagen-platelet composite enhances biomechanical and histologic healing of the porcine anterior cruciate ligament,”TheAmerican Journal of SportsMedicine, vol. 37, no. 12, pp. 2401–2410, 2009.
[30] M. M. Murray, M. Palmer, E. Abreu, K. P. Spindler, D. Zurakowski, and B. C. Fleming, “Platelet-rich plasma alone is not sufficient to enhance suture repair of the ACL in skeletally immature animals: an in vivo study,” Journal of Orthopaedic Research, vol. 27, no. 5, pp. 639–645, 2009.
[31] M. M.Murray, K. P. Spindler, E. Abreu et al., “Collagen-platelet rich plasma hydrogel enhances primary repair of the porcine anterior cruciate ligament,” Journal of Orthopaedic Research, vol. 25, no. 1, pp. 81–91, 2007.
[32] M. M. Murray, K. P. Spindler, P. Ballard, T. P. Welch, D. Zurakowski, and L. B. Nanney, “Enhanced histologic repair in a central wound in the anterior cruciate ligament with a collagenplatelet- rich plasma scaffold,” Journal of Orthopaedic Research, vol. 25, no. 8, pp. 1007–1017, 2007.
[33] M. M.Murray, K. P. Spindler, C. Devin et al., “Use of a collagenplatelet rich plasma scaffold to stimulate healing of a central defect in the canine ACL,” Journal of Orthopaedic Research, vol. 24, no. 4, pp. 820–830, 2006.
[34] A. Weiler, C. F¨orster, P. Hunt et al., “The influence of locally applied platelet-derived growth factor-BB on free tendon graft remodeling after anterior cruciate ligament reconstruction,”The American Journal of Sports Medicine, vol. 32, no. 4, pp. 881–891, 2004.
La déchirure du ligament croisé antérieur (LCA) est parmi les blessures liées au sport les plus fréquentes, et de ce fait la chirurgie reconstructrice du LCA est l’une des procédures les plus communes dans le domaine de la médecine du sport [1]. Les données épidémiologiques révèlent que la majorité des patients sont jeunes et sportifs, avec de fortes attentes en termes de récupération fonctionnelle et de retour au sport [2]. Il existe des publications florissantes concernant les procédures de reconstruction du LCA : plusieurs techniques différentes ont été documentées au cours des dernières années et, malgré des résultats cliniques globalement satisfaisants rapportés au suivi à moyen et long termes, le LCA est encore souvent un sujet majeur de recherche clinique et pré-clinique [3].
La chirurgie du LCA est un exemple classique d’intégration entre la biomécanique et la biologie : les progrès réalisés ces dernières années peuvent être attribués aux grands pas effectués en matières de connaissances des propriétés biomécaniques et biologiques du LCA et de ses processus de cicatrisation [4-8]. Bien que presque toutes les techniques disponibles permettent des résultats satisfaisants, la reconstruction du LCA n’est pas une procédure à la réussite à 100% : tous les patients ne sont pas capables de recouvrer leur niveau d’activité sportif antérieur, et plusieurs facteurs peuvent influencer les critères cliniques, tels que le type de greffe utilisé, ou encore la laxité pré-opératoire du genou [2,9].
Alors que les sportifs professionnels sont de plus en plus exigeants quant au délai avant reprise du sport, les recherches s’orientent vers de nouvelles stratégies capables d’améliorer la cicatrisation du LCA, de réduire le taux d’échec et d’accélérer le délai de récupération. Parmi les différentes options possibles, l’approche récente du plasma riche en plaquettes (PRP), qui est une technique de dérivé de sang autologue, est déjà largement appliquée en pratique orthopédique, en particulier dans le traitement du cartilage dégénératif et des lésions tendineuses, et tend à gagner en intérêt [10-12]. Le PRP est une source de plusieurs facteurs de croissance (FC) et d’autres molécules bioactives qui peuvent permettre la cicatrisation des tissus et réguler l’homéostasie articulaire [13,14]. C’est un produit facilement disponible, obtenu directement du sang veineux du patient et son utilisation est autorisée chez les athlètes, car les contrôles anti-dopage ne considèrent pas ce dérivé sanguin comme une substance à bannir [15]. De plus, c’est un produit qui peut être préparé et utilisé directement après. Le potentiel de cicatrisation du PRP a été montré dans plusieurs études cliniques et pré-cliniques [13,16,17], révélant que cette action est directement orientée vers tous les tissus articulaires, allant des ménisques jusqu’au cartilage en passant par les tissus mous comme la synovie, les tendons et les ligaments : les effets du PRP sont nombreux, incluant un stimulus anabolique pour les cellules, une augmentation des dépôts de la matrice extra-cellulaire, et même un effet anti-inflammatoire dans l’environnement articulaire [13].
Face à un tel potentiel, la possibilité d'appliquer ce produit biologique pour améliorer la chirurgie reconstructrice du LCA semble attrayante : le PRP pourrait non seulement permettre une meilleure ligamentisation du greffon utilisé pour la reconstruction du LCA, et de manière plus rapide, réduire les facteurs pro-inflammatoires libérés immédiatement après la chirurgie, mais pourrait aussi contribuer à une meilleure intégration de la greffe à l'intérieur des tunnels osseux, ce qui éviterait leur élargissement et les échecs au fil du temps. En outre, le PRP pourrait être utilisé pour accélérer la guérison et réduire la morbidité du site donneur
sur le site de la prélèvement de la greffe du tendon.
L’objectif de l’étude que nous présentons ici est de réaliser une revue systématique des preuves cliniques et pré-cliniques actuelles concernant l’application de PRP comme augmentateur biologique, et de de déterminer la sécurité et l’efficacité de cette approche biologique pour améliorer la chirurgie de reconstruction du LCA.
Matériel et méthodes
La recherche a été conduite sur PubMed le 20 février 2014 selon des mots-clés en rapport avec le sujet. L’échelle PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic
Reviews and Meta-Analysis) a été utilisée. Les processus de recherché et d’analyse ont été réalisés séparément par deux observateurs indépendants. Des critères d’inclusion et d’exclusion ont été utilisés.
Résultats et discussion
La recherche a identifié 60 résultats, mais l’analyse finale n’a porté que sur 32 études.
La réduction du temps de récupération ainsi que la prévention de nouvelles blessures après reconstruction du LCA font partie des objectifs principaux chez les chirurgiens du sport. Ces dernières années, un grand nombre d’études ont été publiées afin de clarifier quelles sont les meilleures techniques chirurgicales et de considérer les différents types de greffes, de systèmes de fixation, ainsi que d’autres variables biomécaniques et techniques. L’augmentation biologique à travers l’administration de PRP est l’un des derniers sujets en vogue chez les chercheurs, avec le but d’améliorer la reconstruction du LCA à l’aide d’agents biologiques puissants. Parmi les études ayant porté sur l’animal, il a été observé sur le PRP était capable de conférer des propriétés biomécaniques supérieures telles qu’une meilleure résistance à la traction ainsi qu’une meilleure raideur linéaire de la greffe [26-34].
La réalisation de cette revue systématique a souligné que les résultats sont très controversés.
En accord avec les essais cliniques disponibles, il est possible de mettre en évidence certains points importants. Le premier est l’aspect sécurisé de du PRP. L’utilisation per-opératoire du PRP a été montée comme sans danger : dans aucun des essais cliniques considérés n’ont été trouvés d’effets indésirables lors de l’utilisation du PRP, ni infections, ni complications. Le PRP a même été montré comme réduisant la morbidité chirurgicale dans 2 études [24,25] du fait de l’étude de son rôle en tant que préservateur du site de greffe.
D’autres résultats en termes d’efficacité biologique pour le LCA réparé sont plus controversés. L’une des hypothèses de l’application de PRP a été qu’il améliorerait l’intégration de la greffe dans les tunnels. Certaines études ont montré que le PRP donnait de meilleurs résultats par rapport à la cicatrisation, mais il semblerait dans certaines que ce soit uniquement lors des phases précoces de cicatrisation. D’autres recherches sont nécessaires pour clarifier les phases propices à l’efficacité du PRP.
En ce qui concerne la possible efficacité du PRP dans la maturation de la greffe, là encore le débat est toujours ouvert. Alors que certains auteurs retrouvent une qualité de tissu de greffe supérieure avec PRP, d’autres ne retrouvent pas d’amélioration significative.
Certaines limites sont à noter au sein de cette revue systématique. Parmi elles, on peut citer l’hétérogénéité des techniques de reconstruction du LCA (types de greffe, types de tunnels, types de fixations). De même, les auteurs précisent que les techniques d’injection de PRP ne sont pas identiques au sein des études primaires : il peut être utilisé par une simple injection intra-articulaire après la procédure, il peut couvrir la greffe avant ou après sa fixation intra-articulaire, ou encore être injecté directement dans le greffon, ou même être combiné à d’autres substrats. Il est parfois également injecté directement dans les tunnels. Enfin, l’autre hétérogénéité réside dans les méthodes de préparation du PRP (donnant ainsi des concentrations en FC différentes).
Conclusion
Cette revue systématique souligne que les résultats cliniques sur l’utilisation du PRP pour la croissance du LCA sont controversés. L’utilisation per-opératoire de PRP a été prouvée comme étant sûre, et le PRP a effectivement montré qu’il peut même réduire la morbidité chirurgicale en favorisant la guérison du site de prélèvement de la greffe.
Selon les données actuelles, le PRP semble jouer un rôle positif dans les mécanismes de cicatrisation après une chirurgie du LCA en ce qui concerne la maturation de la greffe, alors que la majorité des études n’ont montré aucun avantage en termes d'intégration de la greffe, en particulier dans la prévention de l’élargissement du tunnel osseux. Enfin, le PRP n'a pas fourni un résultat clinique supérieur au suivi à court terme, alors que les données au suivi à plus long terme manquent pour aborder le bénéfice clinique global du PRP.
Article de référence
Andriolo L, Di Matteo B, Kon E, Filardo G, Venieri G, Marcacci M.PRP Augmentation for ACL Reconstruction. Biomed Res Int. 2015;2015:371746. doi: 10.1155/2015/371746. Epub 2015 May 5.
Références
[1] A. M. Buoncristiani, F. P. Tjoumakaris, J. S. Starman, M. Ferretti, and F. H. Fu, “Anatomic double-bundle anterior cruciate ligament reconstruction,” Arthroscopy, vol. 22, no. 9, pp. 1000–1006, 2006.
[2] K. B. Freedman, M. J. D’Amato, D. D. Nedeff, A. Kaz, and B. R. Bach Jr., “Arthroscopic anterior cruciate ligament reconstruction: a metaanalysis comparing patellar tendon and hamstring tendon autografts,” The American Journal of Sports Medicine, vol. 31, no. 1, pp. 2–11, 2003.
[3] H. S. Kim, J. K. Seon, and A. R. Jo, “Current trends in anterior cruciate ligament reconstruction,” Knee Surgery & Related Research, vol. 25, no. 4, pp. 165–173, 2013.
[4] S. Abe, M. Kurosaka, T. Iguchi, S. Yoshiya, and K. Hirohata, “Light and electron microscopic study of remodeling and maturation process in autogenous graft for anterior cruciate ligament reconstruction,” Arthroscopy, vol. 9, no.4,pp. 394–405, 1993.
[5] S. Cho, T. Muneta, S. Ito, K. Yagishita, and S. Ichinose, “Electron microscopic evaluation of two-bundle anatomically reconstructed anterior cruciate ligament graft,” Journal of Orthopaedic Science, vol. 9, no. 3, pp. 296–301, 2004.
[6] R. P. Falconiero, V. J. DiStefano, and T. M. Cook, “Revascularization and ligamentization of autogenous anterior cruciate ligament grafts in humans,” Arthroscopy, vol. 14, no. 2, pp. 197–205, 1998.
[7] S. M. Howell, K. E. Knox, T. E. Farley, and M. A. Taylor, “Revascularization of a human anterior cruciate ligament graft during the first two years of implantation,” The American Journal of Sports Medicine, vol. 23, no. 1, pp. 42–49, 1995.
[8] L. L. Johnson, “The outcome of a free autogenous semitendinosus tendon graft in human anterior cruciate reconstructive surgery: a histological study,” Arthroscopy, vol. 9, no. 2, pp. 131–142, 1993.
[9] C. Signorelli, T. Bonanzinga, N. Lopomo et al., “Do preoperative knee laxity values influence post-operative ones after anterior cruciate ligament reconstruction?” Scandinavian
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[10] B. Di Matteo, G. Filardo, E. Kon, and M. Marcacci, “Plateletrich plasma: evidence for the treatment of patellar and Achilles tendinopathy—a systematic review,” MUSCULOSKELETAL SURGERY, vol. 99, no. 1, pp. 1–9, 2015.
[11] E. Kon, G. Filardo, B. Di Matteo, and M. Marcacci, “PRP for the treatment of cartilage pathology,” The Open Orthopaedics Journal, vol. 7, pp. 120–128, 2013.
[12] T. Yuan, C. Q. Zhang, and J. H. Wang, “Augmenting tendon and ligament repair with platelet-rich plasma (PRP),” Muscle, Ligaments and Tendons Journal, vol. 3, no. 3, pp. 139–149, 2013.
[13] G. Filardo, E. Kon, A. Roffi, B. Di Matteo, M. L. Merli, and M. Marcacci, “Platelet-rich plasma: why intra-articular? A systematic review of preclinical studies and clinical evidence on PRP for joint degeneration,” Knee Surgery, Sports Traumatology, Arthroscopy, 2013.
[14] N. A. Smyth, C.D.Murawski, L. A. Fortier, B. J. Cole, and J. G. Kennedy, “Platelet-rich plasma in the pathologic processes of cartilage: review of basic science evidence,” Arthroscopy, vol. 29, no. 8, pp. 1399–1409, 2013.
[15] L. Engebretsen, K. Steffen, J. Alsousou et al., “IOC consensus paper on the use of platelet-rich plasma in sports medicine,” British Journal of Sports Medicine, vol. 44, no. 15, pp. 1072–1081, 2010.
[16] N. Baksh, C. P. Hannon, C. D.Murawski, N. A. Smyth, and J. G. Kennedy, “Platelet-rich plasma in tendon models: a systematic review of basic science literature,” Arthroscopy, vol. 29, no. 3, pp. 596–607, 2013.
[17] S. G. Boswell, B. J. Cole, E. A. Sundman, V. Karas, and L. A. Fortier, “Platelet-rich plasma: a milieu of bioactive factors,” Arthroscopy, vol. 28, no. 3, pp. 429–439, 2012.
[24] A. M. de Almeida, M. K. Demange, M. F. Sobrado, M. B. Rodrigues, A. Pedrinelli, and A. J. Hernandez, “Patellar tendon healing with platelet-rich plasma: a prospective randomized controlled trial,” The American Journal of Sports Medicine, vol. 40, no. 6, pp. 1282–1288, 2012.
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