Anatomie du fascia plantaire et relation avec le tendon et le paratenon achiléen.

Bien que le fascia plantaire (FP) ait été étudié de nombreuses fois sur le plan biomécanique, l'analyse de ses propriétés microscopiques  ont été négligées, peu de recherches étant faites sur sa composition  en fibres élastiques, sur les caractéristiques de la matrice extracellulaire ou sur  les mesures de son innervation.

D’un point de vue fonctionnel et clinique, le FP est souvent mis en relation avec le triceps sural mais les raisons anatomiques de ce lien ne sont pas très claires. L’objectif de cette étude faite par Carla Stecco (fille de Luigi Stecco, fondateur de la méthode Manipulations Fasciales ®) et ses collaborateurs, était de mettre en exergue les propriétés macroscopiques et microscopiques du FP et d’étudier comment les pathologies  du tendon d’Achille  (TA) peuvent affecter le FP.

12 pieds de cadavres humains ont été embaumés et disséqués pour isoler le FP. Les échantillons de chaque FP ont été testés avec différents colorants histologiques et immuno-histochimiques. Dans une deuxième étape, 52 images par IRM obtenues à partir de patients se plaignant de douleurs non spécifiques de cheville ou de pied, ont été analysées en séparant en deux goupes sur la base de la présence ou de l’absence de signe de dégénérescence  du tendon et/ou d’inflammation des structures annexes (paratenon).

L’épaisseur du FP et celle du paratenon ont été évaluées dans les deux groupes et les analyses statistiques ont été effectuées.

Le FP est un tissu fermement adhérent aux muscles plantaires et à la peau. Mais l analyse de ses liens possibles avec le segment sural a montré que le FP était plus étroitement lié au paratenon achilléen qu au tendon achilléen et cela au travers du périoste du talon.
Le FP s’étend médialement et latéralement continuant sur  le fascia profond enveloppant respectivement l’abducteur de l’hallux et celui du 5. Le FP est riche en acide hyaluronique probablement produit  par des fibroblastes que ‘on pourrait décrire comme des « fasciacytes ». Les terminaisons  nerveuses libres ainsi que les corpuscules de Pacini et Ruffini sont présents particulièrement dans les portions latérales et médiales du FP et sur la surface musculaire des deux abducteurs, suggérant ainsi le rôle du FP dans la proprioception de la cheville.
L’étude radiologique, quant à elle, montre que 27 des 52 IRM  présentent des signes d’inflammation de structures du tendon d achille et/ou de dégénérescence (paraténonite et/ou tendinose). Le fascia plantaire est alors retrouvé plus épais chez les sujets présentant des signes pathologiques (différence d’épaisseur significative  P<0.001) et même d’une épaisseur supérieure à 4mm pour 5 des sujets pathologiques alors q aucun des non pathologiques n avaient un FP de plus de 4mm.  Or Mc Nally et Shetty (2010) ont établi que le seuil de 4.5 mm était considéré que la limite  pour apposer le diagnostic de fasciite plantaire. Par ailleurs, Mc Millan et al. (2009) ont montré que les patients souffrant de douleurs plantaires avaient généralement un FP plus épais.

De plus, il a été retrouvé une corrélation statistiquement significative entre l’épaisseur du FP et le paratenon.

Tous ces résultats suggèrent que le fascia plantaire joue un rôle non seulement dans le soutien de la voûte longitudinale du pied, mais aussi dans sa proprioception et de la coordination motrice périphérique.

Par ailleurs, la relation avec le paratenon est cohérente avec l’idée que les structures du triceps surale sont impliquées dans les pathologies du FP. Par voie de conséquence, le traitement du triceps sural est considéré comme appropriée dans la prise en charge de pathologies du fascia plantaire.
Enfin, la forte concentration d acide hyaluronique dans le FP souligne la possibilité d’utiliser des injections de l’acide hyaluronique dans le FP pour traiter les cas de fasciite plantaire.
 
Vous trouverez un article détaillé sur le fascia dans votre prochain Mag Kinesport, écrit par Marco Morelli, enseignant en Manipulations Fasciales