Introduction
L’aviron a évolué au niveau de la technique, de l’entraînement et des équipements particulièrement dans la seconde moitié du 20ème siècle.
La légèreté et l’hydrodynamique des bateaux modernes permettent d’optimiser les forces générées par le rameur. Les rames modernes augmentent la force que le rameur est capable d’appliquer dans l’eau en réduisant le glissement et donnant une meilleure prise.
L’aviron est un sport utilisant les leviers, ainsi les rameurs sont grands, individuellement forts avec de longues jambes par rapport à la taille du tronc.
Les muscles des rameurs sont principalement constitués de fibres lentes, leur physiologie adaptée aux tâches d’endurance.
Lors des entraînements, les rameurs réalisent des volumes très élevés, particulièrement au niveau international. L’entraînement combine des activités terrestres et aquatiques qui varient tout au long de l’année. L’entraînement terrestre se fait par l’intermédiaire d’un rameur-ergomètre même s’il existe des différences dans la cinématique entre un travail sur l’eau et celui sur ergomètre. Les évaluations en aviron sont difficiles à réaliser, ainsi les performances sur rameur-ergomètre sont fréquemment utilisées pour la sélection des équipes et pour le suivi des performances. Ces évaluations sont essentielles dans le programme d’entraînement du rameur.
La biomécanique du rameur est complexe et de nombreuses variables contribuent à la vitesse du bateau. Un certain nombre de segments corporels doivent travailler simultanément. Des forces élevées sont générées en plusieurs points spécifiques du rameur. En raison du pattern de mouvement cyclique et du haut volume d’entraînement, ces forces sont répétées des centaines de fois au cours d’un entraînement classique. Cette combinaison entre les forces appliquées sur le rameur et ces hauts volumes d’entraînement soumettent le rameur à un risque de blessure.
L’objectif de cette revue de littérature est d’examiner les facteurs liés à l’apparition des douleurs au dos des rameurs.
La lombalgie en aviron
La première étape dans la compréhension d’une blessure est d’effectuer un programme de surveillance des blessures [1] en utilisant une approche « cohorte prospective ».
La blessure la plus communément identifiée en aviron se situe au niveau du rachis lombaire [2-12]. Cependant l’objectif de tout programme de surveillance des blessures n’est pas seulement d’identifier le taux des blessures mais également les prédicteurs des blessures.
Revue de littérature
Une revue de littérature s’appuyant sur les bases de données EMBASE, PubMed, Pedro et AMED a été effectuée en utilisant les termes aviron, blessures, rameurs. La recherche a été réalisée en mai 2014. Seules 11 études sur 164 ont été sélectionnées, études s’intéressant spécifiquement aux blessures du rameur [2-12]. La méthodologie variée des études implique une comparaison difficile de ces études.
Sur ces 11 études, 3 ont recueilli des données de façon prospective. 2 études seulement ont rapporté une incidence de 1,5 et de 3,67 blessures/1000h de pratique [6,11]. Sur les 10 études qui ont rapporté la localisation la plus fréquente des blessures, 9 ont cité la colonne lombaire comme étant le site le plus touché en aviron, blessures allant de 2,4 à 51% des blessures [2-12].
Bien qu’il soit nécessaire d’avoir des données supplémentaires, il est admis que la colonne lombaire est la zone la plus fréquemment touchée. Ces données ont plus de sens une fois mis dans le contexte de l’incidence rapportée pour la population générale. En effet, l’incidence des lombalgies chez le rameur est susceptible d’être plus élevé que celui de la population générale (de 1,5% à 36% pour la population générale et de 32% à 51% chez le rameur dans le cadre d’études avec prévalence de 12 mois) [13].
Etudes portant spécifiquement sur les blessures lombaires
Peu d’études [14-19] ont spécifiquement examiné les maux de dos en aviron. Un problème commun à toutes ces études est la variation (ou l’absence) d’une définition claire de la lombalgie. Cela est observé dans de nombreuses autres études traitant des douleurs lombaires, ce qui n’a rien de surprenant si l’on considère que c’est un symptôme plutôt qu’une maladie.
Bahr et col. [15] ont comparé la prévalence de la lombalgie rétrospectivement chez des athlètes de sports d’endurance. Plus de la moitié des rameurs ont rapporté un épisode lombalgique au cours des 12 derniers mois (55%), comparable aux 63% du skieur, au 49,8% des athlètes de course d’orientation et au 47,5% du groupe témoin. Fait important à relever, les rameurs sont ceux qui ratent le plus d’entraînements à cause de blessures et ont le plus grand nombre de blessures nécessitant une hospitalisation par rapport aux autres groupes.
Une enquête menée sur une large cohorte de rameurs interuniversitaires bien que limitée par certains aspects méthodologiques, permet quelques conclusions utiles. Des anciens rameurs universitaires (n=1632) ont été interrogés pour enquêter sur les méthodes d’entraînement et les douleurs lombaires avant et pendant l’activité [16]. 32% des répondants ont signalé le développement de ces douleurs durant la période universitaire.
Les facteurs significativement associés au développement des douleurs lombaires sont l’âge, l’historique sportif en aviron avant l’âge de 16 ans, le type de rame utilisé, le type d’entraînement (utilisation d’appareils de musculation, d’exercices à poids de corps et/ou d’ergomètre), le nombre de sessions d’entraînement sur ergomètre > à 30minutes.
Les maux de dos sont plus susceptible de se développer l’hiver (39% des cas) que le printemps (33% des cas), l’automne (25% des cas) ou l’été (4% des cas). Ces résultats sont cohérents par rapport à une étude précédente [4] et mettent en avant le haut volume d’entraînements « terrestres » réalisés durant l’hiver. De nombreux répondants ont associé l’apparition des maux de dos à un ou plusieurs évènements spécifiques comme le fait de pratiquer l’aviron en plein air (72% des cas), la musculation avec charge additionnelle (50%), l’entraînement sur ergomètre (29%). Lorsque le type d’entraînement a été évalué, le seul prédicteur significatif des maux de dos pour des hommes relevé était des séances sur ergomètre supérieures à 30 minutes.
Wilson et col. [11] ont également constaté que le temps passé sur ergomètre était le facteur prédictif le plus significatif de l’apparition de douleurs lombaires.
Une étude antérieure s’est intéressée à comparer si les rameurs universitaires étaient plus susceptibles de développer des douleurs lombaires au cours de leur vie future que la population générale [17].
Les résultats ont montré que la population présentant des douleurs au dos durant le cursus universitaire était plus susceptible d’avoir des douleurs plus tard (78,9% vs 37,9%), bien que la prévalence des maux de dos des anciens rameurs universitaires n’était pas différente de celle de la population générale.
Une autre enquête portant sur la même cohorte a montré que les participants avec antécédents de douleurs au dos, avant la pratique de l’aviron , étaient plus susceptibles de développer des douleurs au dos durant leur pratique universitaire d’aviron par rapport à une population sans douleur pré-existantes (57,1% vs 36,6%) [18].
Ng et col. [19] ont interrogés des rameurs adolescents et ont trouvé une prévalence ponctuelle de 64,5% pour les hommes et de 52,8% pour les femmes par rapport à la prévalence moyenne de la population générale de 18,1% [13]. Dans un auto-questionnaire, les participants ont rapporté comme facteurs primaires favorisants de lombalgie, l’entraînement sur ergomètre, les longues séances d’entraînement et le « sweep rowing » (1 seule rame).
Ces résultats sont en contradiction avec une étude précédente portant sur des rameurs adolescents [4] n’ayant trouvé aucune association significative entre durée des séances sur ergomètre et lombalgie.
Il est à noter que les études portant sur des populations d’adolescents ont trouvé une incidence plus élevée de douleurs lombaires chez les hommes que chez les femmes [4,19], différences que l’on ne retrouve pas chez les adultes [16].
Les études portant sur la population générale [20] et sur les populations sportives [21] ont également identifié les antécédents de douleurs au dos comme l’un des meilleurs prédicteurs de blessures futures.
L’influence de la charge de travail sur la colonne lombaire combinée aux contraintes liées aux rames, mérite que des futures recherches identifient les facteurs pouvant être modifiés en particulier chez les rameurs loisirs.
Mécanismes sous-tendant les douleurs lombaires des rameurs
Lombalgies et aviron sont clairement associées. Mais quels mécanismes peuvent expliquer cette association ?
La pratique de l’aviron suppose une activité motrice cyclique de l’équipage nécessitant une très forte synchronisation, cohésion, précision du geste et une courbe force-temps similaire des différents rameurs. De plus, le rameur doit transférer ses qualités physiques de force et d’endurance en une haute technicité et coordination permettant la réalisation de d’une performance sportive.
Un certain nombre de facteurs sont avancés pour réaliser ce transfert. : Technique de rame, entraînement complémentaire (musculation), utilisation d’ergomètre, design de l’aviron [11,22-24]. Résoudre cette problématique passe par une meilleure connaissance de la biomécanique gestuelle du rameur durant une course. Un nombre croissant de travaux explore la cinématique du rameur pour aider à prévenir les blessures et améliorer la performance [25-31].
La recherche en laboratoire s’est principalement basée sur à la technique de rame sur ergomètre. Ce type de recherche présente l’avantage de pouvoir contrôler l’influence des facteurs externes tels que la vitesse du vent, l’état de l’eau … ainsi que de permettre l’étude des facteurs tels que la fatigue. Néanmoins, cela ne tient pas compte de la technique « sur l’eau ».
L’aviron a évolué au niveau de la technique, de l’entraînement et des équipements particulièrement dans la seconde moitié du 20ème siècle.
La légèreté et l’hydrodynamique des bateaux modernes permettent d’optimiser les forces générées par le rameur. Les rames modernes augmentent la force que le rameur est capable d’appliquer dans l’eau en réduisant le glissement et donnant une meilleure prise.
L’aviron est un sport utilisant les leviers, ainsi les rameurs sont grands, individuellement forts avec de longues jambes par rapport à la taille du tronc.
Les muscles des rameurs sont principalement constitués de fibres lentes, leur physiologie adaptée aux tâches d’endurance.
Lors des entraînements, les rameurs réalisent des volumes très élevés, particulièrement au niveau international. L’entraînement combine des activités terrestres et aquatiques qui varient tout au long de l’année. L’entraînement terrestre se fait par l’intermédiaire d’un rameur-ergomètre même s’il existe des différences dans la cinématique entre un travail sur l’eau et celui sur ergomètre. Les évaluations en aviron sont difficiles à réaliser, ainsi les performances sur rameur-ergomètre sont fréquemment utilisées pour la sélection des équipes et pour le suivi des performances. Ces évaluations sont essentielles dans le programme d’entraînement du rameur.
La biomécanique du rameur est complexe et de nombreuses variables contribuent à la vitesse du bateau. Un certain nombre de segments corporels doivent travailler simultanément. Des forces élevées sont générées en plusieurs points spécifiques du rameur. En raison du pattern de mouvement cyclique et du haut volume d’entraînement, ces forces sont répétées des centaines de fois au cours d’un entraînement classique. Cette combinaison entre les forces appliquées sur le rameur et ces hauts volumes d’entraînement soumettent le rameur à un risque de blessure.
L’objectif de cette revue de littérature est d’examiner les facteurs liés à l’apparition des douleurs au dos des rameurs.
La lombalgie en aviron
La première étape dans la compréhension d’une blessure est d’effectuer un programme de surveillance des blessures [1] en utilisant une approche « cohorte prospective ».
La blessure la plus communément identifiée en aviron se situe au niveau du rachis lombaire [2-12]. Cependant l’objectif de tout programme de surveillance des blessures n’est pas seulement d’identifier le taux des blessures mais également les prédicteurs des blessures.
Revue de littérature
Une revue de littérature s’appuyant sur les bases de données EMBASE, PubMed, Pedro et AMED a été effectuée en utilisant les termes aviron, blessures, rameurs. La recherche a été réalisée en mai 2014. Seules 11 études sur 164 ont été sélectionnées, études s’intéressant spécifiquement aux blessures du rameur [2-12]. La méthodologie variée des études implique une comparaison difficile de ces études.
Sur ces 11 études, 3 ont recueilli des données de façon prospective. 2 études seulement ont rapporté une incidence de 1,5 et de 3,67 blessures/1000h de pratique [6,11]. Sur les 10 études qui ont rapporté la localisation la plus fréquente des blessures, 9 ont cité la colonne lombaire comme étant le site le plus touché en aviron, blessures allant de 2,4 à 51% des blessures [2-12].
Bien qu’il soit nécessaire d’avoir des données supplémentaires, il est admis que la colonne lombaire est la zone la plus fréquemment touchée. Ces données ont plus de sens une fois mis dans le contexte de l’incidence rapportée pour la population générale. En effet, l’incidence des lombalgies chez le rameur est susceptible d’être plus élevé que celui de la population générale (de 1,5% à 36% pour la population générale et de 32% à 51% chez le rameur dans le cadre d’études avec prévalence de 12 mois) [13].
Etudes portant spécifiquement sur les blessures lombaires
Peu d’études [14-19] ont spécifiquement examiné les maux de dos en aviron. Un problème commun à toutes ces études est la variation (ou l’absence) d’une définition claire de la lombalgie. Cela est observé dans de nombreuses autres études traitant des douleurs lombaires, ce qui n’a rien de surprenant si l’on considère que c’est un symptôme plutôt qu’une maladie.
Bahr et col. [15] ont comparé la prévalence de la lombalgie rétrospectivement chez des athlètes de sports d’endurance. Plus de la moitié des rameurs ont rapporté un épisode lombalgique au cours des 12 derniers mois (55%), comparable aux 63% du skieur, au 49,8% des athlètes de course d’orientation et au 47,5% du groupe témoin. Fait important à relever, les rameurs sont ceux qui ratent le plus d’entraînements à cause de blessures et ont le plus grand nombre de blessures nécessitant une hospitalisation par rapport aux autres groupes.
Une enquête menée sur une large cohorte de rameurs interuniversitaires bien que limitée par certains aspects méthodologiques, permet quelques conclusions utiles. Des anciens rameurs universitaires (n=1632) ont été interrogés pour enquêter sur les méthodes d’entraînement et les douleurs lombaires avant et pendant l’activité [16]. 32% des répondants ont signalé le développement de ces douleurs durant la période universitaire.
Les facteurs significativement associés au développement des douleurs lombaires sont l’âge, l’historique sportif en aviron avant l’âge de 16 ans, le type de rame utilisé, le type d’entraînement (utilisation d’appareils de musculation, d’exercices à poids de corps et/ou d’ergomètre), le nombre de sessions d’entraînement sur ergomètre > à 30minutes.
Les maux de dos sont plus susceptible de se développer l’hiver (39% des cas) que le printemps (33% des cas), l’automne (25% des cas) ou l’été (4% des cas). Ces résultats sont cohérents par rapport à une étude précédente [4] et mettent en avant le haut volume d’entraînements « terrestres » réalisés durant l’hiver. De nombreux répondants ont associé l’apparition des maux de dos à un ou plusieurs évènements spécifiques comme le fait de pratiquer l’aviron en plein air (72% des cas), la musculation avec charge additionnelle (50%), l’entraînement sur ergomètre (29%). Lorsque le type d’entraînement a été évalué, le seul prédicteur significatif des maux de dos pour des hommes relevé était des séances sur ergomètre supérieures à 30 minutes.
Wilson et col. [11] ont également constaté que le temps passé sur ergomètre était le facteur prédictif le plus significatif de l’apparition de douleurs lombaires.
Une étude antérieure s’est intéressée à comparer si les rameurs universitaires étaient plus susceptibles de développer des douleurs lombaires au cours de leur vie future que la population générale [17].
Les résultats ont montré que la population présentant des douleurs au dos durant le cursus universitaire était plus susceptible d’avoir des douleurs plus tard (78,9% vs 37,9%), bien que la prévalence des maux de dos des anciens rameurs universitaires n’était pas différente de celle de la population générale.
Une autre enquête portant sur la même cohorte a montré que les participants avec antécédents de douleurs au dos, avant la pratique de l’aviron , étaient plus susceptibles de développer des douleurs au dos durant leur pratique universitaire d’aviron par rapport à une population sans douleur pré-existantes (57,1% vs 36,6%) [18].
Ng et col. [19] ont interrogés des rameurs adolescents et ont trouvé une prévalence ponctuelle de 64,5% pour les hommes et de 52,8% pour les femmes par rapport à la prévalence moyenne de la population générale de 18,1% [13]. Dans un auto-questionnaire, les participants ont rapporté comme facteurs primaires favorisants de lombalgie, l’entraînement sur ergomètre, les longues séances d’entraînement et le « sweep rowing » (1 seule rame).
Ces résultats sont en contradiction avec une étude précédente portant sur des rameurs adolescents [4] n’ayant trouvé aucune association significative entre durée des séances sur ergomètre et lombalgie.
Il est à noter que les études portant sur des populations d’adolescents ont trouvé une incidence plus élevée de douleurs lombaires chez les hommes que chez les femmes [4,19], différences que l’on ne retrouve pas chez les adultes [16].
Les études portant sur la population générale [20] et sur les populations sportives [21] ont également identifié les antécédents de douleurs au dos comme l’un des meilleurs prédicteurs de blessures futures.
L’influence de la charge de travail sur la colonne lombaire combinée aux contraintes liées aux rames, mérite que des futures recherches identifient les facteurs pouvant être modifiés en particulier chez les rameurs loisirs.
Mécanismes sous-tendant les douleurs lombaires des rameurs
Lombalgies et aviron sont clairement associées. Mais quels mécanismes peuvent expliquer cette association ?
La pratique de l’aviron suppose une activité motrice cyclique de l’équipage nécessitant une très forte synchronisation, cohésion, précision du geste et une courbe force-temps similaire des différents rameurs. De plus, le rameur doit transférer ses qualités physiques de force et d’endurance en une haute technicité et coordination permettant la réalisation de d’une performance sportive.
Un certain nombre de facteurs sont avancés pour réaliser ce transfert. : Technique de rame, entraînement complémentaire (musculation), utilisation d’ergomètre, design de l’aviron [11,22-24]. Résoudre cette problématique passe par une meilleure connaissance de la biomécanique gestuelle du rameur durant une course. Un nombre croissant de travaux explore la cinématique du rameur pour aider à prévenir les blessures et améliorer la performance [25-31].
La recherche en laboratoire s’est principalement basée sur à la technique de rame sur ergomètre. Ce type de recherche présente l’avantage de pouvoir contrôler l’influence des facteurs externes tels que la vitesse du vent, l’état de l’eau … ainsi que de permettre l’étude des facteurs tels que la fatigue. Néanmoins, cela ne tient pas compte de la technique « sur l’eau ».
Certaines études [25,26,28,32] ont souligné l’importance de la rotation du bassin sur les hanches ainsi que la rotation de la colonne vertébrale, indiquant qu’il était nécessaire d’avoir une bonne rotation antérieure bassin plutôt que d’une flexion extrême du rachis lombaire (position de départ) ainsi qu’une bonne rotation postérieure du bassin par rapport à une hyperextension du rachis lombaire (position d’arrivée).
Durant la pratique, en partie en raison de la fatigue, le geste technique se détériore conduisant à une augmentation de la flexion lombaire [26] et des mouvements dans le plan frontal [33]. Il semblerait également que le travail sur ergomètre exagère ces modifications techniques par rapport au travail « sur eau » [29].
Les rameurs débutants utilisent une importante flexion de la colonne lombaire avec une rotation pelvienne limitée, détériorant davantage le geste lors de l’augmentation de l’intensité de travail [30]. Bien que des changements similaires soient observés chez les rameurs élites, ceux-ci sont d’une plus faible ampleur [31].
Ce qui est intéressant dans ces deux populations de rameurs est l’effort généré pour maintenir la puissance développée au détriment de la technique.
Ceci a des impacts sur les blessures, particulièrement chez un athlète de retour à la compétition après une blessure ou chez un jeune athlète tentant d’obtenir une place au sein d’une équipe compétitive.
La relation entre une mauvaise technique et la blessure est encore incertaine, même si une étude portant sur des rameurs juniors internationaux a montré que l’expérience (et donc l’amélioration de la technique) pourrait réduire le risque de blessures dans cette population [4].
La modélisation mathématique de l’aviron a montré que les patterns de mouvements lombo-pelviens avaient un impact sur les charges imposées au rachis, plus précisément qu’une faible capacité de mouvement lombo-pelvien est associée à des charges accrues au niveau L4/L5 et L5/S1 (Buckeridge 2013—Imperial College London, PhD thesis).
Le défi reste encore de savoir comment utiliser ces informations dans la gestion et la prévention des blessures.
Des justifications scientifiques à la pratique
Les antécédents de douleurs au dos est un facteur prédictif de blessures et peut être identifié dès la pré-saison du rameur. Cela serait d’autant plus pertinent pour les personnes pratiquant l’aviron en activité loisir. Pour les personnes activement impliquées dans ce sport, un entraînement approprié et un travail sur les facteurs de risque (comme un travail sur ergomètre supérieur à 30 minutes) pourraient être proposés.
L’augmentation du risque de blessures au dos peut être expliqué par l’analyse cinématique qui a montré que la technique se dégrade lors d’une longue séance sur ergomètre à haute intensité, entraînant un impact négatif sur la charge imposée au rachis. De toute évidence, le contrôle de la technique de rame est essentiel aussi bien lors des séances « sur eau » que sur ergomètre.
Comprendre la cinématique et la cinétique peut aider à la compréhension des mécanismes d’apparition de la blessure. Modifier la façon de se déplacer des gens est difficile quelque soit l’environnement dans lequel ils se trouvent. Il est nécessaire de s’appuyer sur les résultats des études pour orienter les programmes d’entraînement. Des messages clairs sur la technique de rame, mettant l’accent sur la posture du corps, doivent être passées. Il est également évident que l’accent principal de ces recherches s’est porté sur la cinématique lombo-pelvienne. La recherche est aujourd’hui très pauvre quant à l’analyse biomécanique du membre inférieur et de l’activité musculaire.
Ainsi, ces manques nécessiteront, dans le futur, de nouvelles études.
Article traduit par Erwann Le Corre
Article original :
Wilson F, Gissane C, McGregor A. Ergometer training volume and previous injury predict back pain in rowing; strategies for injury prevention and rehabilitationBr J Sports Med 2014;48: 1534–1537
Bibliographie :
Durant la pratique, en partie en raison de la fatigue, le geste technique se détériore conduisant à une augmentation de la flexion lombaire [26] et des mouvements dans le plan frontal [33]. Il semblerait également que le travail sur ergomètre exagère ces modifications techniques par rapport au travail « sur eau » [29].
Les rameurs débutants utilisent une importante flexion de la colonne lombaire avec une rotation pelvienne limitée, détériorant davantage le geste lors de l’augmentation de l’intensité de travail [30]. Bien que des changements similaires soient observés chez les rameurs élites, ceux-ci sont d’une plus faible ampleur [31].
Ce qui est intéressant dans ces deux populations de rameurs est l’effort généré pour maintenir la puissance développée au détriment de la technique.
Ceci a des impacts sur les blessures, particulièrement chez un athlète de retour à la compétition après une blessure ou chez un jeune athlète tentant d’obtenir une place au sein d’une équipe compétitive.
La relation entre une mauvaise technique et la blessure est encore incertaine, même si une étude portant sur des rameurs juniors internationaux a montré que l’expérience (et donc l’amélioration de la technique) pourrait réduire le risque de blessures dans cette population [4].
La modélisation mathématique de l’aviron a montré que les patterns de mouvements lombo-pelviens avaient un impact sur les charges imposées au rachis, plus précisément qu’une faible capacité de mouvement lombo-pelvien est associée à des charges accrues au niveau L4/L5 et L5/S1 (Buckeridge 2013—Imperial College London, PhD thesis).
Le défi reste encore de savoir comment utiliser ces informations dans la gestion et la prévention des blessures.
Des justifications scientifiques à la pratique
Les antécédents de douleurs au dos est un facteur prédictif de blessures et peut être identifié dès la pré-saison du rameur. Cela serait d’autant plus pertinent pour les personnes pratiquant l’aviron en activité loisir. Pour les personnes activement impliquées dans ce sport, un entraînement approprié et un travail sur les facteurs de risque (comme un travail sur ergomètre supérieur à 30 minutes) pourraient être proposés.
L’augmentation du risque de blessures au dos peut être expliqué par l’analyse cinématique qui a montré que la technique se dégrade lors d’une longue séance sur ergomètre à haute intensité, entraînant un impact négatif sur la charge imposée au rachis. De toute évidence, le contrôle de la technique de rame est essentiel aussi bien lors des séances « sur eau » que sur ergomètre.
Comprendre la cinématique et la cinétique peut aider à la compréhension des mécanismes d’apparition de la blessure. Modifier la façon de se déplacer des gens est difficile quelque soit l’environnement dans lequel ils se trouvent. Il est nécessaire de s’appuyer sur les résultats des études pour orienter les programmes d’entraînement. Des messages clairs sur la technique de rame, mettant l’accent sur la posture du corps, doivent être passées. Il est également évident que l’accent principal de ces recherches s’est porté sur la cinématique lombo-pelvienne. La recherche est aujourd’hui très pauvre quant à l’analyse biomécanique du membre inférieur et de l’activité musculaire.
Ainsi, ces manques nécessiteront, dans le futur, de nouvelles études.
Article traduit par Erwann Le Corre
Article original :
Wilson F, Gissane C, McGregor A. Ergometer training volume and previous injury predict back pain in rowing; strategies for injury prevention and rehabilitationBr J Sports Med 2014;48: 1534–1537
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