Nos rivières se meurent à coup de médicaments





Mardi 24 Août 2010


La prise de médicaments n'est pas anodine





© 2010 - Brunet Isabelle
© 2010 - Brunet Isabelle
Les Français sont les champions du monde de la consommation de médicaments. Certains d’entre eux pourraient largement s’en passer. Mais, ils imaginent certainement qu’en prenant leurs petites pilules tous les jours, leur vie sera meilleure. S’ils veulent abîmer leur santé, cela les regarde.

Mais, là où je ne suis pas d’accord et où je m’insurge contre ces dévoreurs de médicaments, c’est qu’après qu’ils aient été ingurgités, ces derniers finissent par polluer nos rivières. Ils suivent un parcours des plus logiques : ils sont avalés, ils se diffusent dans le corps, leurs résidus se retrouvent dans les urines, le tout est éliminé dans les toilettes, la chasse d’eau évacue l’ensemble et, au final, les eaux usées se retrouvent dans les égouts, dans les rivières ou dans la mer.

Les stations d'épuration impuissantes

Pourtant, on aurait pu croire que les stations d’épuration permettent de traiter, de purifier totalement toutes les eaux usées. Hé bien, non. Des études ont montré que ces stations n’étaient pas suffisamment performantes et laissaient passer les résidus de médicaments dans les cours d’eau de toute la France. Les prélèvements montrent la présence de paracétamol, d’ibuprofène, d’anti-inflammatoires, d’antidépresseurs, de pilules contraceptives. Les résidus des eaux usées des hôpitaux et les antibiotiques administrés aux animaux d’élevage augmentent encore les taux.

Des conséquences terribles

Cet état des lieux a inévitablement des conséquences néfastes sur l’environnement, sur la flore et la faune. Ainsi, on a prélevé une quantité anormale de poissons mâles et on s’est aperçu que la population des grenouilles se féminise à cause des résidus des pilules contraceptives. Autre conséquence : les microbes semblent plus résistants aux traitements qu’auparavant.

D’autres études sont en cours pour analyser de manière plus précise l’impact de ces résidus de médicaments sur l’homme et sur la nature. Le 23 novembre 2009, Roselyne Bachelot a installé le Comité National de Pilotage, chargé de l’élaboration et du suivi du futur plan national sur les résidus de médicaments dans les eaux. Il n’y a plus qu’à attendre les résultats. Espérons qu’ils soient encourageants, d’autant plus que l’on ne sait pas encore si l’eau du robinet est contaminée par ces mêmes résidus. Le taux des résidus médicamenteux dans l’eau du robinet n’étant pas encore mesuré, il y a de fortes chances que l’on fasse des découvertes alarmantes dans les années qui viennent.

A nous de régler le problème

Il serait bon de prendre le problème à bras le corps dès maintenant. En réformant les stations d’épuration ? Il semble qu’un système 100 % fiable soit impossible à mettre en œuvre. En les remplaçant toutes par les usines d’eau potable ? Possible si l’on met sur la table une somme astronomique. La seule solution envisageable serait que la consommation de médicaments diminue fortement. Et, là, c’est l’affaire de tous.

Alors, avant de prendre un médicament, sans en avoir réellement besoin, réfléchissez bien au parcours qu’il subit. Vous hésiterez peut-être…

Première publication sur notre ancien site le Lundi 1er février 2010, modifié ce jour.




Brunet Isabelle et Gawelik Katy





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