A Paris, c'est la guerre entre propriétaires de biens et patrons de bar


Rédigé le Mercredi 7 Septembre 2016 à 10:10 | Lu 149 commentaire(s)


Rue Oberkampf, rue Saint-Maur, rue Jean-Pierre Timbaud... : dans ces rues du bas-Belleville connues pour ses nuits animées et la densité de ses bars, c'est une véritable guerre que se livrent propriétaires et patrons de bar. Chaque année, pour ces seules rues, en moyenne, près de 900 jours de fermetures administratives cumulées pour nuisances sont prononcés par les services de la Préfecture de police.


Remy se souviendra longtemps de son passage au Service des débits de boissons du commissariat du XIe. Ce tout frais gérant d'une cave à vins de la rue Jean-Pierre Timbaud, jouissant pourtant d'une très bonne réputation, a été convoqué par les policiers car on le soupçonne d'avoir organisé un concert dans son commerce un soir de la semaine précédente. Surpris par cette dénonciation, il se rend au commissariat. Là, il apprend qu'un propriétaire d'un bien situé dans l'immeuble au-dessus de son commerce l'a dénoncé "anonymement", selon le lieutenant de police qui le reçoit. Remy ne comprend pas et explique que si ses client sont autorisé à consommer du vin dans son établissement, il n'organise jamais aucun concert car ce n'est pas la vocation de son commerce. Le policier lui indique alors que le plaignant n'était pas sûr de l'endroit où aurait été organisé le concert, du fait que plusieurs bars sont mitoyens au même numéro de la rue. Remy ne décolère pas d'avoir été injustement dénoncé et d'avoir dû s'expliquer deux bonnes heures chez les policiers. Finalement, c'est un bar situé deux numéros plus bas qui a été sanctionné.

En 2014, les patrons de bar avaient fait "grève" le 21 juin, jour de la Fête de la Musique

Le patron de ce bar, Franck, jure ne pas avoir organisé non plus de concerts "depuis des lustres" ou plus exactement depuis 2014, année noire pour les bars parisiens des quartiers populaires. "Cette année-là, pas un seul bar du quartier n'avait pas été fermé une dizaine de jours, souvent sur de simples soupçons, sans preuves". Les patrons de bars s'étaient alors constitué en collectif et avait protesté en fermant leurs établissements le 21 juin pour protester "contre des mesures abusives contre les bars". "On veut tuer les bars de proximité", explique Hamid, le gérant d'un bar musical de la rue Oberkampf. Si la musique gêne les nouveaux propriétaires, ils n'ont qu'à pas choisir de venir ici, il existe un tas de quartiers tranquilles sur Paris, ici la fête c'est dans l'identité même de notre quartier. Ce n'est pas pour rien que notre quartier a été visé par les terroristes l'hiver dernier". Avec le printemps qui arrive et les beaux jours, les gérants de bars s'attendent à une reprise à la fois des dénonciations et par conséquent des mesures de fermetures administratives. "Nous avons fait en sorte d'insonoriser nos établissements, nous avons interdit les batteries, nous avons décidé de descendre le volume sonore de la musique que nous diffusons, et malgré cela, ça ne suffit jamais. Nous restons mobilisés pour défendre notre profession et l'identité de nos rues", conclut Hamid.
 



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