L’automne et ses couleurs rougeoyantes tendent à inspirer de nombreuses balades. Que l’on se promène seul ou en famille, la forêt conserve toujours cette capacité à étonner, émouvoir, émerveiller parfois. En cette période, apparaissent les premiers champignons, mais aussi, dans certaines régions, les châtaignes. Un fruit que les insulaires connaissent bien pour en avoir fait la base de leur alimentation pendant bien longtemps, en particulier aux périodes où la nourriture se faisait rare. Réduites en farine, les châtaignes se substituent régulièrement aux carences de production des céréales et permettent, lors des disettes, d’assurer un moyen d’alimentation à la population rurale. « Tant que nous aurons des châtaignes, nous aurons du pain », aurait lancé Pascal Paoli en 1758. Les Corses entretiennent logiquement une relation très particulière avec ce petit fruit. À la fin du XVIIe siècle, la Castagniccia prend le nom que nous connaissons encore aujourd’hui, preuve, s’il en fallait, de l’importance de l’arbre et de son produit dans la culture insulaire. Il ne s’agit pas simplement d’un produit emblématique de l’île, mais bien d’une partie importante de notre patrimoine. La foire qui lui est consacrée chaque année à Bocognano depuis trente ans tend évidemment à le démontrer. Les visiteurs s’y pressent, venant faire provision de farine. Tout l’hiver, elle servira à préparer la pulenda mais aussi i granaghjoli, des flans, des gâteaux, des biscuits... Chacun a son producteur favori. On goûte, on discute, on conseille, on donne des idées de recettes. Chaque microrégion a les siennes, sa manière de préparer les plats, sa façon de renouveler un produit ancestral que l’on aime retrouver. Bien entendu, toute l’île n’est pas productrice de châtaignes. Certaines régions y sont plus propices que d’autres, en particulier pour des raisons d’altitude et de richesse du sol, et recèlent de véritables forêts de châtaigniers. La Castagniccia porte évidemment plus que bien son nom. Mais elle n’est pas le seul endroit de Corse à faire la part belle à ces arbres. Face à cette microrégion du nord de l’île, s’élève le Niolu. Parfois désertique, souvent recouvert de neige, mais aussi, par endroits, de grands châtaigniers. On pense évidemment à la région d’Evisa et à la forêt d’Aïtone. Et tant d’autres ! Nombreux sont ceux qui vont régulièrement rendre visite à ces arbres centenaires, s’amusant à ramasser quelques bogues tombées ça et là. On attend avec une impatience non feinte que les fruits soient suffisamment mûrs pour être ramassés. La récolte engendre souvent des veillées au coin du feu à faire rôtir les châtaignes dans la fameuse poêle trouée, celle qui ne manque jamais d’interloquer les touristes quand ils la découvrent accrochée à un rebord de cheminée. Forcément, cela surprend ceux qui sont habitués à voir des vendeurs à la sauvette lancer le fameux « Chauds, les marrons, chauds » devant les grands magasins du boulevard Haussmann. Ceux-là n’auront sans doute jamais la même saveur pour les insulaires qui vivent dans les grandes villes et attendent avec impatience de pouvoir déguster le fruit grillé, bouilli, en soupe ou en pulenda, avec une odeur qui fait remonter les souvenirs d’enfance.
Une farine appréciée
Sur l’île, la châtaigne est cultivée au sein d’exploitations par environ 200 à 250 agriculteurs. Ces derniers, pour la plupart, la transforment en farine. On estime à 300 tonnes la quantité de farine produite annuellement. Les fruits sont séchés, décortiqués, parfois passés au four pour obtenir un goût biscuité plus prononcé. Ils sont ensuite triés manuellement et moulus exclusivement à la meule de granite, silex ou schiste pour garantir sa finesse. En novembre 2006, un décret a fixé les règles de la farine de châtaigne corse AOC, répondant à un cahier des charges précis. Un syndicat AOC a même été créé.
Une farine appréciée
Sur l’île, la châtaigne est cultivée au sein d’exploitations par environ 200 à 250 agriculteurs. Ces derniers, pour la plupart, la transforment en farine. On estime à 300 tonnes la quantité de farine produite annuellement. Les fruits sont séchés, décortiqués, parfois passés au four pour obtenir un goût biscuité plus prononcé. Ils sont ensuite triés manuellement et moulus exclusivement à la meule de granite, silex ou schiste pour garantir sa finesse. En novembre 2006, un décret a fixé les règles de la farine de châtaigne corse AOC, répondant à un cahier des charges précis. Un syndicat AOC a même été créé.