La Corse change d’aspect en automne, les activités sont autres, finis les bains de soleil ou les sorties aquatiques. La chasse, loisir privilégié, avec comme maître gibier le sanglier. Ce dernier, une fois abattu, finit souvent en civet ou en rôti. Des restaurants se sont spécialisés dans ce mets comme à Pietracorbara, où Cyril Giorgi, Béatrice et Roger Dufresne proposent dans leur menu corse le gibier du maquis. « Depuis 1965 que le restaurant des chasseurs* existe, nous proposons toujours ce mets. On achète notre animal, ensuite on le fait mariner 24 voire 48 heures dans une marinade constituée de tomates, arbouses, clous de girofle, carottes, oignons et autres aromates. La phase suivante consiste à le faire cuire entre une heure et quart et une heure et demie, pour l’attendrir et on le sert avec des lasagnes », explique Roger Dufresne. Si le sanglier est roi, d’autres gibiers ont la côte dans l’île et notamment les pigeons. Les palombes longues migratrices effectuent leur migration du nord vers le sud en provenance d’Europe de l’Est avec un passage par l’île de Beauté. C’est à la Saint-Luc, le 18 octobre, que débute ce flux. « Comme on dit sur le Continent, à la Saint-Luc, il se passe toujours un truc », raconte Jean-Charles Martinelli, vice-président de la fédération des chasseurs. En ce mois automnal, les chasseurs corses se postent aux cols d’Arcarota, U Saltu, E Rosse ou Muderi, là où passe le fameux flux migratoire. On se rend compte que les palombes changent d’attitude et sont moins présentes dans l’intérieur. « Elles longent de plus en plus les côtes, c’est peut-être un changement de route, la peur des éoliennes ? », se questionne le vice-président de la fédération des chasseurs, qui est aussi boucher. Quoi qu’il en soit, c’est sur les hêtres et les chênes qu’elles viennent se reposer et là, un bon chasseur peut déjà imaginer le plat fumant qu’il va en résulter.
